« Depuis la destruction et l’occupation de
la Côte d’Ivoire et l’assassinat du président Kadhafi par Sarkozy et ses
agents, écrit-il, les forces profondes à l’œuvre au sein de la société civile
camerounaise ne demandent qu’une seule chose : la France et les Français
doivent quitter l’Afrique. French, go home, telle est la lame de fond qui
traverse les sociétés africaines… Le mépris et l’arrogance sur lesquels vous
avez bâti votre politique de coopération en Afrique ont montré leurs limites.
Dès lors, la confrontation entre les peuples africains et une France plus
impériale que jamais, bien que décadente, paraît inévitable; l’on s’y prépare
déjà. C’est la tâche que s’assigne notre génération. »
Quand Sékou
Touré, Sylvanius Olympio, Modibo Keïta et Thomas Sankara se battaient contre la
Françafrique, quand ils réclamaient justice et liberté pour l’Afrique, les
consciences africaines n’étaient pas encore suffisamment éveillées. Ce n’est
plus le cas aujourd’hui car, si la jeunesse qui constitue la majorité de la
population africaine a compris qu’un demi-siècle de “coopération”
franco-africaine n’a rien apporté aux Africains de langue française, elle pense
aussi que le salut de l’Afrique francophone ne se trouve que dans la rupture
avec la France comme en témoignent les propos d’un jeune camerounais.
Si les Olympio,
Keïta, Sankara et Gbagbo ont été vaincus, il n’est pas certain que les leaders
que produira la nouvelle génération seront écrasés, eux aussi. Des échecs de
leurs devanciers, ils tireront sûrement des leçons. De plus, ils ne lésineront
sur aucun moyen pour assimiler et maîtriser ce que Cheikh Hamidou Kane appelait
« l’art de vaincre sans avoir raison » (cf. L’Aventure ambiguë). Si elle ne
veut pas tout perdre, la France gagnerait donc à changer d’approche dans son
rapport à ses ex-colonies. Elle devrait cesser de se prendre pour le nombril du
monde. Elle devrait surtout arrêter de croire que la force et la violence lui
permettront de soumettre et de voler indéfiniment les Africains. Ceci n’est ni
une prière qui lui est adressée ni une faveur qui lui est demandée mais un
conseil qui est donné à cette France qui se considère comme un grand pays alors
que ses choix et décisions à l’endroit de l’Afrique la rangent plutôt du côté
de la bassesse et de la barbarie. En un mot, je lui conseille de ne plus se
comporter comme si elle était le centre du monde. D’ailleurs, qui peut
prétendre que le monde est sa propriété privée ? Et qu’avons-nous que nous
n’ayons reçu ? Comme l’a bien perçu l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, le
monde dans lequel nous vivons « n’appartient
à aucune race en particulier, à aucune nation en particulier [mais] à tous ceux
qui veulent s’y tailler une place, à tous ceux qui cherchent à saisir les
nouvelles règles du jeu ̶ aussi déroutantes soient-elles ̶ pour
les utiliser à leur avantage ».
Mensonges
grossiers relayés par des médias sous influence, instrumentalisation de l’ONU
pour qu’elle adopte des résolutions scélérates, armes et logistique fournies à
un groupuscule de bandits pour renverser des chefs d’État refusant de s’aplatir
devant elle et de brader les richesses de leur pays, est une des nouvelles
trouvailles d’une France qui se dit pourtant attachée à la démocratie et à la
conquête du pouvoir par le vote. Que faire face à ceux qui en déstabilisant les
pays pour mieux piller les ressources des Africains espèrent renflouer les
caisses de l’État français et empêcher ainsi le déclin de la France ? La guerre
froide entre la Russie et les pays de l’OTAN est de retour et la question qui se
pose actuellement à l’Afrique n’est pas de savoir si cette confrontation est
une bonne chose ou non. La question est plutôt de savoir quels sont nos
intérêts et quelle puissance pourra nous aider à défendre ces intérêts sans
nous donner constamment des leçons sur l’organisation d’élections justes et
transparentes, sur le respect des droits de l’homme, sur la bonne gouvernance,
etc. Le Syrien Bachar El Assad a choisi de s’appuyer sur la Russie, membre du
Conseil de sécurité de l’ONU et grande puissance militaire, et jusqu’ici les
faits ne semblent pas lui donner tort. Et ce n’est pas un hasard si le Cubain
Fidel Castro a tenu tête pendant 50 ans à ceux qui voulaient sa peau. L’Afrique
francophone ne s’en sortira pas toute seule. Militairement démunie et n’étant
pas présente au Conseil de sécurité de l’ONU, elle ne peut compter sur ses
seules forces pour se défaire de la France. Elle a besoin d’un puissant allié
pour se débarrasser enfin de ceux qui n’excellent que dans le mensonge, le vol,
le viol, la violence, le pillage et la diabolisation des Africains dignes,
libres et indépendants d’esprit. Le moment est venu pour elle de signer des
accords gagnant-gagnant avec cet allié.
Clément-Jonas Damiba
Clermont-Ferrand (France) 07/05/2014
Clermont-Ferrand (France) 07/05/2014
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Source :
Ivorian.Net
8 mai 2014
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