mercredi 21 mai 2014

Mali : après l’attaque de Kidal lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara

Le président Ibrahima Boubacar Kéita : « Nous qualifions cela d'acte crapuleux et de lâche trahison… »  

Mes chers compatriotes,
Vous avez suivi les développements tragiques que les mouvements armés ont tenu à donner à la visite du Premier ministre à Kidal, samedi 17 mai 2014.
Cette visite avait pour but d'apporter aux populations éprouvées de nos régions septentrionales, un message fort de paix, d'espoir et de solidarité.
Avec une importante délégation, le Premier ministre et une dizaine de ministres ont été chaleureusement accueillis à Tombouctou et Gao.
Il n'en ira hélas pas de même à Kidal, où ils furent reçus sous des balles et des tirs à l'arme lourde de groupes armés.
Nous qualifions cela d'acte crapuleux et de lâche trahison de tous les engagements antérieurs, notamment ceux contenus dans les Accords de Ouagadougou.
Et ce n'est là, ni plus ni moins, qu'une déclaration objective de guerre à l'Etat du Mali, au moment où tout est mis en œuvre pour relancer les pourparlers devant conduire à une paix définitive au Nord, à travers un dialogue inclusif.
Bien qu'en nombre nettement insuffisant, conséquence de l'application de l'Accord préliminaire du 18 juin 2013, les soldats de l'armée régulière se sont vaillamment acquittés de leur mission de protection de la République et de ses institutions, face à des groupes armés qui, eux, ont mis à profit ledit accord pour reconstituer leurs forces, dans une insolente et incompréhensible liberté de mouvement et de manœuvre.
Sous les balles de snipers qui n'hésitent pas, à leur manière lâche, à se servir de femmes et d'enfants comme chair à canon, comme bouclier humain placé entre deux feux, des soldats de l'armée malienne ainsi que de paisibles citoyens, sont tombés.
Ils sont tombés dans la ville malienne de Kidal, malienne à tous égards.
Et même dans l'esprit comme dans la lettre de l'accord préliminaire de Ouagadougou, il ne peut subsister aucun doute sur l'appartenance de Kidal à la République du Mali dans ses frontières internationalement reconnues.
Y compris par les mouvements armés signataires de cet accord, devenus les sinistres signataires du bain de sang du 17 mai dernier dont le Mali n'a que faire.
Comble de l'abjection, l'armée malienne s'étant trouvée en situation d'assurer, seule, la sécurité des déplacements terrestres de la délégation du Premier ministre, les groupes armés ont investi le gouvernorat dès lors dégarni, ont pris en otage le personnel et les agents en place, et en ont froidement assassiné plusieurs.
Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis.
Devant nos soldats et agents de l'Etat morts sur le champ de l'honneur, en hommes d'honneur, nous nous inclinons.
La République et la nation s'inclinent.
Ils sont morts en mission, dignes fils du Mali qui ne saurait jamais les oublier !
En mon nom, au nom de la nation malienne, au nom de la République du Mali, je formule mes condoléances les plus sincères aux familles de tous ceux qui sont tombés lors de ce tragique événement. Aux blessés, je dis que le gouvernement entreprend tout ce qu'il est possible pour qu'ils recouvrent la santé au plus vite.
A nos courageux soldats, policiers, gendarmes et agents de l'Etat se trouvant à Kidal, que la folie des ennemis de la paix cherche à transformer en champ de bataille, je dis : le Mali est avec vous, la vérité est de votre côté, et tous ceux qui aiment la vérité sont avec vous. 

Mes chers compatriotes,
Le Premier ministre, dont je salue le courage, le sang-froid, l'esprit patriotique et le sens élevé de l'Etat, ne posait aucun acte de provocation à travers cette visite à Kidal.
Au contraire, suivant en cela mes instructions, et dans l'exercice de ses prérogatives, il s'y rendait pour écouter notre peuple, en prélude aux pourparlers dont les animateurs et les détails se mettent en place autour de l'ancien Premier ministre Modibo Kéita, aîné de valeur et de mérite.
On ne peut comprendre, ni justifier, l'attitude de ceux qui, après avoir souscrit ou adhéré à l'unité et l'intégrité territoriale du Mali, s'opposent à l'arrivée du Chef du Gouvernement de la République dans une partie du territoire national.
On ne peut comprendre, a fortiori accepter, qu'ils s'opposent par la violence, au point d'attenter à leur sécurité et à leur vie, à une mission de hauts responsables de l'Etat ayant pour objet la mobilisation de l'administration locale pour la paix.
On ne peut comprendre, encore moins tolérer que, dans l'environnement socio-politique qui est présentement le nôtre, largement ouvert au règlement politique des différends, et marqué par l'existence d'accords auxquels les uns et les autres ont adhéré, l'on ne puisse pas entamer un dialogue sincère devant déboucher sur un accord de paix définitif et global.
On ne peut comprendre que, précisément au moment où j'ai mis en place un dispositif devant concrétiser cette volonté de paix que j'ai fortement exprimée, et que partage l'immense majorité du peuple malien, des acteurs du processus de paix choisissent la violence comme mode d'expression et décident d'éventrer l'espoir de paix que les Maliens appellent de leurs vœux, avec l'accompagnement des organisations régionales et de la communauté internationale.
Pour ce qui nous concerne, nous ne faisons pas d'amalgame ; nous ne nous trompons pas d'analyse.
Nous savons que, malgré les gesticulations de ces fauteurs de trouble et de guerre, la Région de Kidal compte majoritairement des Maliens qui n'aspirent qu'à la paix, au bien-être et à la considération dont notre politique-phare, la décentralisation poussée jusqu'à la régionalisation, est porteuse.
A ces braves et honnêtes citoyens dont je mesure les difficiles conditions de vie, je réitère mon profond respect.
Je leur dis que les tragiques événements de Kidal qui nous endeuillent ne nous feront pas dévier du chemin que nous nous sommes tracés : le développement, le développement rapide et visible dans tout le Mali, sur l'ensemble du territoire malien. D'où les agences de développement régional qui seront mises en place et seront opérationnelles dans un délai de six mois, instruction ferme que j'ai donnée au gouvernement dès sa mise en place.
Oui, le développement harmonieux, intégré et intégral du pays !
De Diboli à Labezzanga, de Zegoua à Tinzawaten.
Partout, le Mali utile ! Nulle part, un Mali moins utile ! Et jamais, un citoyen malien privilégié par rapport à un autre !
Tous les citoyens sur le même pied d'égalité, toutes les régions logées à la même enseigne !
Mais personne ne prendra le Mali en otage. Personne !
Elu pour réunifier le pays, recoudre le tissu national fortement éprouvé, consolider la sortie de crise, car notre pays sort à peine de la crise la plus insidieuse de son histoire, je n'ai pas d'autre honneur que de remettre à mon successeur, demain, un Mali debout, uni et un.
Ce Mali debout, uni et un ; ce Mali qui arrive à nourrir, soigner et scolariser ses enfants ; ce Mali qui crée de l'emploi et prend en charge sa jeunesse, je m'y suis engagé et je ne faiblirai pas sur cette voie.
Plus jamais, une délégation de l'Etat ne sera prise à partie à Kidal.
Je ne laisserai pas ces mouvements armés, certains qualifiés de terroristes, d'autres désignés de manière commode comme rebelles, mais tous, réunis et solidaires à nouveau, comme ils le furent lorsqu'ils perpétraient, ensemble, l'horreur d'Aguelhoc, mais tous, de connivence avec le narcotrafic international, je ne les laisserai pas, disais-je, continuer à faire la loi, ni à Kidal, ni dans une autre partie de notre territoire.
D'autant qu'il n'est plus permis de douter de la collusion entre les mouvements armés sévissant dans le Septentrion malien et le terrorisme international : samedi dernier, les fanions d'AQMI et d'Ansardine flottaient en effet sur les véhicules des agresseurs, à côté de ceux du MNLA ; Qui plus est, la prise d'otages ainsi que leur exécution sommaire, constituent les meilleures illustrations, quoique macabres, de cette collusion.
Le Président que je suis, investi de la confiance des Maliens et tenu par la Constitution du Mali, assumera ses charges, toutes ses charges.
 
Le gouvernement du Mali jouera pleinement son rôle. En particulier, les auteurs de ces prises d'otages et exécutions sommaires seront poursuivis devant les juridictions nationales et internationales.
La souveraineté du Mali sur toute l'étendue de son territoire n'étant pas négociable, nos Forces de Défense et de Sécurité en reconstruction assumeront, totalement, les missions que la constitution malienne leur assigne et que les Maliens attendent d'elles. 
Ceci dit, chers compatriotes, le Mali ne perdra jamais de vue une de ses valeurs cardinales, à savoir le respect de ses engagements.
Nous allons donc au dialogue, convaincus que nous sommes que le salut passe impérativement par là. Le salut si, bien entendu, toutes les parties – le gouvernement du Mali, la communauté internationale, les mouvements armés – s'acquittent de leurs engagements, chacune à son niveau de responsabilité.
C'est à ce prix que sera capitalisé le formidable élan de solidarité internationale dont notre pays a bénéficié et pour laquelle je renouvelle la gratitude de toute la Nation. C'est à ce prix que peut prospérer le fragile processus de pacification et de réconciliation de notre pays. 

Source : Le Démocrate 21 mai 2014  
Titre original : Après l’attaque de Kidal, IBK brandit l’arme et la carotte  

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Oumar Mariko : « Serval et Minusma complices du MNLA… »


Bamako 19 mai 2014 : Manifestation
devant l'ambassade de France contre
la présence des troupes françaises au Mali.
Crédits photo : HABIBOU KOUYATE/AFP
Le secrétaire général du parti de la solidarité africaine pour la démocratie et l’Indépendance (SADI), Oumar Mariko, a accusé les forces françaises et de l’ONU d’être complices du MNLA dans les attaques de Kidal.
Le candidat à l’élection présidentielle de 2013 au Mali a déclaré à la BBC que les affrontements entre les groupes armés du Nord et les forces armées maliennes Samedi dernier se sont déroulés « sous l’œil complice de l’opération Serval et de la mission des Nations Unies au Mali. »
Saluant au passage la bravoure des forces tchadiennes, le Docteur Mariko s’est dit convaincu qu’il ne s’agissait que d’une « agression du MNLA, le mouvement national de libération de l’Azawad, rassurée certainement, dit-il, par ses arrières » et qu’il n’y avait pas d’autres groupes terroristes dans l’affrontement de Samedi dernier.
Bamako avait également soutenu que les militaires ont affronté des hommes de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad alliés à des jihadistes.
Une accusation réfutée par le MNLA, qui a soutenu avoir réagi à une attaque de ses positions par l’armée, faisant « une dizaine de soldats maliens morts ».
La Mission de l’ONU au Mali annoncé la libération lundi de 32 personnes au total, des fonctionnaires qui étaient retenus depuis samedi.
Le MNLA, l’un des trois groupes rebelles actifs dans le Nord du Mali, a confirmé dans un communiqué avoir remis les otages à des travailleurs humanitaires et à la MINUSMA.
Le gouvernement malien a annoncé que 36 personnes dont huit militaires ont été tuées lors des combats, survenus alors que les soldats maliens sécurisaient la délégation officielle.
A Kidal, le Premier ministre Moussa Mara était venu relancer les négociations de paix entre le gouvernement et les rebelles.
Le leader de l’opposition Omar Mariko remet en cause l’opportunité de la visite du Premier ministre malien dans le nord du pays car, dit-il, Moussa Mara avait annoncé dans sa déclaration de politique générale que « la résolution de la crise dans le Nord prendrait un peu de temps, ce qui supposait prendre le temps de renforcer les équipements de l’armée malienne, de la mettre en condition et d’ouvrir le dialogue avec les parties disposées à le faire dans le respect de l’intégrité et de l’unité nationale ».
Par ailleurs, les violences de ce week-end ont suscité des réactions d’hostilité envers la force Serval et la Minusma, accusées de passivité face aux rebelles touareg : « Libérez Kidal ! », « Minusma, à bas ! La France, à bas ! », a-t-on entendu lors des manifestations organisées à Bamako et Gao.
 (BBC Afrique)

Source : Connectionivoirienne.net 20 mai 2014

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