vendredi 9 mai 2014

LEUR MORALE (SUITE)


Les deux versions de « Chroniques afrosarcastiques », ou comment Venance Konan a changé d’opinion sur Blaise Compaoré en devenant le chroniqueur du règne des Ouattara…
Un article éclairant de Schade Adede. 
 
V. Konan (au centre) photographiant Ouattara
 Livre sur Blaise Compaoré et la crise ivoirienne : Venance Konan ou le double langage d’un chroniqueur des temps de guerre 
 

Ceci n’est pas une fiction hollywoodienne à la James Francis Cameron, encore moins un thriller inspiré de la mafia italienne. Loin s’en faut. C’est du Venance Konan tout craché, Monsieur Robert et les Catapila, Monsieur Nègreries, le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire 2013, le Directeur général de Fraternité Matin.
«Chroniques afro-sarcastiques. 50 ans d’indépendance, tu parles !» est un livre-bilan de la ruée des indépendances sur le continent noir, préfacé par le journaliste français Stephen Smith, que l’on peut se procurer en deux éditions. La première est disponible chez Favre depuis 2010 dans l’espace francophone européen. Quant à l’autre version copubliée en Côte d’Ivoire par Favre et Frat Mat Editions, précisément dans la Collection Passerelle, elle se lit depuis 2013. Si le titre reste inchangé, la couverture diffère d’une édition à l’autre. A travers l’œuvre, Venance Konan s’efforce de porter un regard critique sur «Les Noirs, les Blancs, les Jaunes, les Verts, le capitalisme, le communisme, les Ong, les puissants et les misérables, les grands et les petits chefs». Le journaliste-écrivain y peint sous un tableau sombre certains dirigeants politiques, tant français qu’africains, ainsi que leurs héritiers au trône. Parmi ces chefs d’Etat encore en exercice, Venance Konan épingle le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, au Chapitre III, précisément sous le titre «Blaise». 

Il dit… 

Le hic, c’est que dans cet ouvrage de 152 pages, Venance Konan enfile la peau d’un caméléon car il dit chez Favre et se dédit à Frat Mat Editions. «Il s’appelle Blaise Compaoré, mais on l’appelle tout simplement Blaise. Ou "le Beau Blaise". Il est effectivement beau, ténébreux et méchant juste comme il faut pour être un bon président africain». Ainsi il entame le portrait du président du Faso en pages 97 et 98 dans la version Favre retirée plus tard du marché ivoirien. «Blaise s’est fait un peu d’argent de poche en revendant des armes achetées en Libye à ses amis Charles Taylor au Liberia et Foday Sankoh en Sierra Leone. Ces deux charmants personnages s’en sont servis pour occire des dizaines de milliers de leurs compatriotes afin de s’installer au pouvoir. Dans la foulée, Blaise a aidé les rebelles ivoiriens à occuper le Nord de leur pays et à en piller les ressources, qu’ils ont eu la très bonne idée d’aller investir chez lui. Mais Foday Sankoh est mort en prison et Charles Taylor est traduit devant un tribunal international de La Haye. Ça ne sentait plus bon pour Blaise. La justice internationale ne comprend plus rien aux subtilités de la Françafrique. Du coup, Blaise se transforme en médiateur universel. C’est lui le médiateur de la crise togolaise, de la crise ivoirienne (n’est-ce pas que le pyromane est le mieux indiqué pour éteindre le feu ?) et dans la crise guinéenne. On finira par lui donner le Prix Nobel de la paix». Fin de la caricature de Blaise Compaoré. 

… et se dédit… 

Mais coup de théâtre ! Dans la nouvelle version du livre sorti aux Frat-Mat Editions, le journaliste-écrivain met de l’eau dans son vin pour ne pas subir le courroux de son maître Ouattara. «Il s’appelle Blaise Compaoré, mais on l’appelle simplement Blaise ou le beau Blaise. Il est effectivement beau et très peu bavard, ce qui ne fait qu’en ajouter à son charme» commence-t-il, toujours aux mêmes pages 97 et 98, avant de conclure : «On a accusé Blaise de beaucoup de choses, entre autres d’être trop copain avec Charles Taylor et Foday Sankoh qui ont dirigé des rébellions très sanglantes dans leurs pays respectifs que sont le Libéria et la Sierra Leone, et même d’avoir aussi aidé les rebelles ivoiriens à occuper le nord de leur pays. Quelle idée ! Comment penser tout cela d’un homme qui est devenu le grand médiateur de toute l’Afrique de l’Ouest ! Il fut effectivement le médiateur de la crise togolaise, de la crise ivoirienne, de la crise guinéenne. Ne mérite-t-il pas le Prix Nobel de la paix ? Il est au pouvoir depuis 1987 et on peut dire que le Burkina Faso, ancien pays très pauvre et poussiéreux a fait de grands bonds en avant et est devenu incontournable en Afrique de l’Ouest sur les plans culturel et diplomatique». 

…pour plaire au «Beau Blaise» 

Soudain et brusquement, pour plaire et se loger dans l’intimité du «Beau Blaise», tout en sauvant les relations entre le président burkinabé, Blaise Compaoré, qui s’est révélé partial en tant que facilitateur dans le long putsch contre le régime Gbagbo, Venance Konan a fait volte-face. Il a trouvé une «déhontée » parade à 180 degré. Le crime presque parfait est commis à la veille de la visite d’amitié et de travail de Compaoré à Yamoussoukro, en avril 2013, relative à la mise en œuvre du traité d’amitié et de coopération entre le Burkina et la Côte d’ivoire. C’est à ce moment qu’il décide de retirer des rayons des librairies ivoiriennes son «chef-d’œuvre » en vue de «monnayer» son militantisme au profit du Rhdp, particulièrement le Pdci.
La stratégie de Venance Konan a consisté à arracher les deux pages (97 et 98) de «Chroniques afrosarcastiques. 50 ans d’indépendance, tu parles !» pour les rééditer et les rendre consommables pour Ouattara et Compaoré.
En voilà des drôles de manière de balancer comme les testicules du mouton du Père Benfa, à la veille de la tabaski. Que les militants du Rdr ne soient pas surpris. Un jour ou l’autre, Venance Konan viendra gonfler leurs rangs. 

Schade Adede
 
 
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Source : Notre Voie 9 mai 2014

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