Un demi-siècle
après leur accession à la souveraineté, les pays africains n’arrivent toujours
pas à trouver le chemin du développement. L’Afrique est connue comme le
contient en retard dans tous les domaines. C’est le continent de la
malnutrition, de l’analphabétisme, des maladies endémiques et des guerres.
C’est aussi le continent que fuient massivement ses jeunes, risquant leurs
vies, à la recherche du travail et du
mieux-être.
La situation du continent est la conséquence des
relations entre l’Europe et l’Afrique cinq siècles durant.
De l’Antiquité jusqu’au Moyen-Age, l’Afrique a
connu un développement normal et a même eu ses périodes de gloire. L’une des
plus brillantes civilisations de l’Antiquité a vu le jour en l’Egypte, du
troisième au premier millénaire avant Jésus-Christ. L’Egypte était même en
avance, en témoignent les trésors architecturaux et artistiques encore visibles
aujourd’hui. L’élite grecque avait une grande admiration pour la civilisation
égyptienne. Hérodote, un historien grec du Vème siècle avant
Jésus-Christ, nous apprend que les Egyptiens avaient une civilisation de haut
niveau. La bible témoigne aussi de la puissance et de la richesse de l’Egypte
pharaonique.
La ville de Carthage, en Afrique du Nord, fut une
grande puissance maritime et commerciale qui a régné sur la Méditerranée
pendant plusieurs siècles. Elle fut la grande rivale de Rome et c’est après
plusieurs siècles de guerres, dites « puniques », que Rome a fini par
détruire Carthage en 149 avant Jésus-Christ.
Au Moyen-Age, de puissants empires se sont
constitués en Afrique de l’Ouest. Il s’agit du Ghana, du Mali et du Songhaï.
Les souverains de ces empires étaient connus par les arabo-berbères de
l’Afrique du Nord pour leur richesse en or[1].
Le commerce de l’or et de l’ivoire se faisait entre l’Europe et l’Afrique Noire
par l’intermédiaire des Arabes et des Berbères qui contrôlaient les routes du
Sahara.
Les grandioses ruines du Monomotapa témoignent de
la puissance de ce royaume de l’Afrique de l’Est. Ces empires n’avaient rien à
envier à la France ou à l’Espagne de l’époque.
A partir du XVIe siècle, l’exploitation
des grandes inventions, telles que le gouvernail et la boussole permet la
découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, en 1492. Le développement des
colonies du nouveau monde exige le développement du commerce des esclaves. Le
développement industriel de l’Europe a pour conséquence la naissance des
impérialismes dont l’Afrique a dû faire les frais.
DU XVIe
AU MILIEU DU XXe SIECLE
C’est au début du XVIe siècle que le
capitalisme marchand se transforme en capitalisme négociant, dominé par les
marchands-fabricants, les négociants-banquiers et les armateurs. Grâce aux
grandes découvertes des XIVe et XVe siècles, les
Européens vont aller à la conquête du monde. Les ambitions des puissances
européennes auront pour conséquences la traite négrière et l’édification de
grands empires coloniaux.
LA TRAITE NEGRIERE
La traite négrière est le commerce des Noirs
d’Afrique pratiqué, du début du XVIe à la fin du XIXe
siècle, par les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Français, les
Hollandais et les Américains.
Ce commerce a marqué de façon particulière
l’histoire de l’Europe, de l’Amérique et de l’Afrique.
Au XVIe siècle, les Européens avaient
découvert l’Amérique et y trouvèrent d’immenses richesses qu’il fallait
exploiter. Les grands pays européens envoyèrent ainsi sur les nouvelles terres
des colons constitués d’aventuriers, de bagnards et d’excommuniés de la
religion chrétienne. Les colons n’étaient pas assez nombreux pour
l’exploitation des terres et des mines. Les populations autochtones
amérindiennes, trouvées sur place, n’avaient pas résisté au travail forcé, à
l’alcool et aux maladies importées par les Européens. En effet, les Amérindiens
furent décimés par l’alcool et les maladies ; ils furent surtout massacrés
par les colons européens. La convoitise des terres leur appartenant donna lieu
à des massacres proches d’un génocide. On estime à plus de 50 millions les
amérindiens disparus au cours des guerres menées de 1622 à 1890. Il s’agit là
certainement du plus grand génocide de l’histoire.
Pour remplacer les Amérindiens, il fallait trouver
des travailleurs robustes et peu couteux. Les Européens se tournèrent vers
l’Afrique Noire où la traite des Noirs était déjà pratiquée par les Arabes à
travers le Sahara et l’Océan Indien. En quoi consiste la traite négrière, dite
commerce triangulaire ?
Des ports d’Europe partaient des bateaux négriers,
chargés de marchandises de peu de valeur. Il s’agissait principalement de
quincaillerie, d’eau de vie, de tissus, de poudre à canon et d’armes à feu,
destinés à l’achat des esclaves.
Arrivés en Afrique, les négriers parcouraient les
côtes pour acheter des esclaves aux rois et aux chefs de guerre. Quelquefois,
ils organisaient eux-mêmes des razzias à l’intérieur du continent pour remplir
d’esclaves leurs bateaux aménagés en conséquence.
Après trois ou quatre mois de séjour en Afrique,
les bateaux négriers rejoignaient les côtes américaines avec leurs marchandises
humaines. La traversée de l’Atlantique était une épreuve terrible pour les
esclaves enchainés et entassés dans les cales des bateaux. Beaucoup mouraient
de mauvais traitements et d’épuisement. Ceux qui se révoltaient étaient
fusillés. Certains, désespérés, se suicidaient.
Sur les côtes américaines et dans les îles, les
esclaves étaient vendus à de riches colons. Avec les gains obtenus, les
négriers s’approvisionnaient en or, argent, coton, sucre, café, cacao, tabac,
indigo et autres produits tropicaux qu’ils revendaient, très cher, en Europe.
Les royaumes très chrétiens d’Espagne, du Portugal,
d’Angleterre, de France, de Hollande inventèrent des raisons scientifiques et
morales pour justifier ce commerce odieux. Les noirs africains seraient,
d’après eux, des êtres inférieurs naturellement. Certains théoriciens se sont
même appuyés sur la Bible pour se donner bonne conscience. Ils prétendaient que
les Noirs étaient les descendants de Caïn, maudit par Dieu. Ils avançaient
aussi que la déportation des Noirs les arrachait aux ténèbres pour découvrir le
vrai Dieu. Souvent, avant de monter dans les bateaux négriers, les captifs
étaient baptisés par des prêtres. Ainsi, ce crime contre l’Humanité que
constituait la traite négrière était converti en une action humanitaire de
haute portée. A croire que les peuples noirs d’Afrique étaient les seuls de la
planète à n’être pas évangélisés au XVIe siècle. Il s’agissait en
réalité d’un gros mensonge. Les véritables motivations de ce scandaleux
commerce sont à chercher ailleurs.
La première raison est que le continent africain
était le plus proche de l’Amérique. Les voyages Europe/Afrique/Amérique/Europe
revenaient moins chers par rapport aux gros bénéfices qu’ils rapportaient. La
deuxième raison réside dans le fait que les Noirs étaient plus résistants que
les Amérindiens au travail forcé.
Les véritables mobiles de la traite négrière,
n’étaient pas d’ordre religieux ou humanitaire. Ce commerce n’avait qu’un
objectif, le profit. Les Européens ont découvert des matières premières en
Amérique dont l’exploitation exigeait une main d’œuvre nombreuse et
gratuite afin d’obtenir de gros profits. C’est ce qui explique le choix de
l’Afrique.
La traite négrière a eu des conséquences d’une très
grande portée pour l’Europe, l’Amérique et l’Afrique.
Cette activité a permis l’édification des grandes
fortunes qui ont fait de l’Europe et des Etats-Unis, les grandes puissances
économiques qu’elles sont encore aujourd’hui. Les profits dans ce commerce
étaient de l’ordre de 300 % à 800%. Notamment, les esclaves étaient achetés à
vil prix, et leur vente permettait aux négociants de s’approvisionner en
matières premières nécessaires aux industries naissantes de l’Europe. De plus,
les esclaves constituaient une main d’œuvre gratuite dans les plantations.
Ainsi, le commerce des esclaves africains et le
travail de ces esclaves ont été bénéfiques pour l’Europe et l’Amérique du Nord.
Qu’en est-il pour l’Afrique ?
La traite négrière a été une véritable catastrophe
pour le continent noir sur plusieurs plans.
Au plan démographique, on estime à plus ou moins 30
millions le nombre des esclaves qui sont arrivés en Amérique, au cours des
quatre siècles de traite négrière. A ce nombre, il faut ajouter au moins 10 à
15 millions de pertes dues aux guerres, aux razzias et aux mauvais traitements
au cours du transport de l’intérieur de l’Afrique vers les côtes et pendant la
traversée de l’Atlantique. Il faut aussi mentionner que le départ d’hommes et
de femmes en âge de procréer dépossédaient l’Afrique d’une partie de ses
futures générations. La traite négrière est, par conséquent, la principale
cause du dépeuplement de l’Afrique.
Au plan économique, la traite a privé le continent
noir de bras valides pour la production ainsi que de consommateurs. Pendant que
l’Europe et l’Amérique tiraient de ce commerce de grands profits, l’économie
africaine déclinait. En effet, le dépeuplement et l’insécurité ne favorisaient
ni l’agriculture, ni l’artisanat ni les échanges ordinaires. Alors que les
voyageurs arabes et berbères du Moyen-Age avaient vanté le niveau de
développement des grands empires de l’Ouest Africain, à la fin du XIXe
siècle l’Afrique n’est plus qu’un continent économiquement en déclin. Cela
parce que les roitelets africains, les bandes de guerriers et les aventuriers
européens privilégiaient le commerce des êtres humains à toute activité
économique.
Au plan politique, la traite négrière a favorisé la
dislocation des grands états bien structurés du Moyen-Age. Au cours des quatre
siècles de ce trafic, les Africains ont fui les villes et les zones densément
peuplées pour se réfugier dans les forêts et les régions montagneuses, à la
recherche de la sécurité. C’est ainsi que, guidés par l’instinct de survie, les
populations se sont divisées en petits groupes d’où un retour à la vie clanique
et tribale.
Au milieu du XIXe siècle, l’esclavage
est devenu moins rentable pour les puissances occidentales. Au même moment, des
esprits éclairés commençaient à critiquer la pratique de l’esclavage. En outre,
les révoltes des esclaves devenaient fréquentes et certains captifs
réussissaient à s’émanciper. (Haïti prend son indépendance en 1804). Les
Européens vont donc se résigner à l’abolition de l’esclavage et se tourner vers
d’autres méthodes d’exploitation en créant des empires coloniaux.
LES EMPIRES COLONIAUX
L’Europe et les Etats-Unis, en abandonnant
l’esclavage des Noirs, n’ont pas renoncé, pour autant, à l’exploitation des
peuples des autres continents. Un nouveau système d’exploitation va être
mis en place, il s’agit du colonialisme.
En 1880, à peine 1/10e du continent
africain était sous contrôle européen, 30 ans plus tard, c'est-à-dire en 1912,
seuls l’Ethiopie et le Libéria échappaient à ce contrôle. Entre temps, la
Conférence de Berlin s’était tenue.
En effet, c’est à cette Conférence, qui s’est tenue
du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, que le coup d’envoi de la colonisation
a été donné par l’organisation de la division et du partage de l’Afrique entre
les puissances européennes. Ont participé à cette conférence l’Allemagne,
la France, la Grande Bretagne, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Belgique,
les Pays Bas, l’Autriche-Hongrie, la Suède-Norvège, le Danemark, la Russie,
l’Empire Ottoman et les Etats-Unis.
A cette époque, la forte industrialisation de
l’Europe et de l’Amérique avait accru leurs besoins en matières premières et en
sources d’énergie. D’autre part, les produits sortis de leurs usines
nécessitaient des débouchés de plus en plus importants en termes de marchés. La
compétition menaçait d’être rude entre les différentes puissances. De surcroît,
la découverte de richesses minières en Afrique allait exciter l’appétit des uns
et des autres. C’est pour prévenir ou atténuer les conflits entre les
puissances industrielles européennes que fut organisée la Conférence de Berlin.
C’est ainsi que fut arrêtée la règlementation
fixant les modalités de prises de possession de territoires en Afrique. Par la
suite, le dépècement de l’Afrique s’est achevé par des négociations bilatérales
entre les puissances européennes, sans que, à aucun moment, l’avis des
Africains ne soit requis.
L’Afrique, affaiblie démographiquement et
économiquement par la traite négrière, a été une proie facile pour les pays
européens puissamment armés.
Pour donner une face humaine à la conquête, à l’exploitation
et à l’oppression des peuples africains, les Européens se sont abrités, encore
une fois, derrière un mobile humanitaire.
Arthur de Gobineau (1816-1882) avait développé, au
XIXe siècle, la théorie de la supériorité de la race blanche sur
toutes les autres races. C’est donc la conscience tranquille que les colons
blancs prétendirent apporter la civilisation et le vrai Dieu aux peuples dits
« primitifs ». L’Angleterre, la France, l’Espagne, le Portugal, la
Belgique et l’Allemagne se taillèrent alors d’immenses empires en Afrique. Le
XXe siècle sera celui des impérialismes et des rivalités entre les
différentes puissances européennes. Ces rivalités sont en grande partie
responsables des deux guerres mondiales du XXe siècle.
L’impérialisme est une méthode de domination d’un
pays sur d’autres pays. C’est la politique d’un pays qui conquiert d’autres
pays et les garde sous sa domination pour accroître sa puissance politique,
économique, militaire et culturelle. Voici ce que déclarait Jules Ferry, homme
d’Etat français du XIXe :
« La politique coloniale est fille de la politique industrielle.
Pour les Etats riches où les capitaux abondent et s’accumulent rapidement (…)
l’exportation est un facteur essentiel de prospérité publique car la consommation
européenne est saturée : il faut faire surgir des autres parties du globe
de nouvelles couches de consommateurs sous peine de mettre la société moderne
en faillite. C’est pour empêcher le génie britannique d’accaparer à son profit
exclusif les débouchés nouveaux qui s’ouvrent pour les produits de l’Occident
que l’Allemagne s’oppose à l’Angleterre. »[2]
A la fin de la première guerre mondiale, l’Allemagne vaincue fut
dépouillée de ses colonies que se partagèrent la France, la Grande Bretagne, la
Belgique et l’Afrique du sud.
Les véritables raisons qui ont occasionné
l’impérialisme européen sont bien la recherche des matières premières bon
marché pour les industries européennes et la quête de débouchés pour leurs
produits manufacturés.
La très grande majorité des Européens ont accepté
le colonialisme comme une bonne chose et pour leurs pays et pour leurs
colonies, jusqu’à la deuxième guerre mondiale. C’est ce conflit qui va
provoquer des transformations dans la conjoncture internationale et dans les
mentalités.
En effet, c’est en s’appuyant sur la théorie de
l’inégalité des races qu’Adolph Hitler a provoqué et conduit la seconde guerre
mondiale. Les Français et les Anglais furent alors victimes de cette théorie qu’ils
pratiquaient eux-mêmes dans leurs colonies.
Après la défaite de l’Allemagne, la doctrine de
l’inégalité des races est battue en brèche. C’est pourquoi, certains
intellectuels français et anglais vont désormais refuser de s’en prévaloir,
même dans les colonies. D’autre part, la charte de l’Organisation des Nations
Unies a adopté le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est
ainsi qu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale, sous la pression des
luttes anticoloniales avec le soutien des Etats-Unis et de l’Union Soviétique,
s’ouvre la période des indépendances.
En réalité, le colonialisme ne disparait pas, comme
le dit si bien Frantz Fanon en 1961 dans « Les damnés de la terre » :
« Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quitte avec nous
quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de
police. Pendant des siècles, les capitalistes se sont comportés dans le monde
sous-développé comme de véritables criminels de guerre. Les déportations, les
massacres, le travail forcé, l’esclavagisme ont été les principaux moyens
utilisés par le capitalisme pour augmenter ses réserves d’or et de diamants,
ses richesses et pour établir sa puissance. »
Le colonialisme va prendre une nouvelle forme, connue sous le nom de
néocolonialisme.
LES RELATIONS EUROPE/AFRIQUE
APRES LES INDEPENDANCES
APRES LES INDEPENDANCES
Le néocolonialisme désigne le maintien de la domination
des anciennes puissances coloniales sur leurs anciennes colonies, devenues
juridiquement indépendantes. Le néocolonialisme est construit sur des politiques
militaires, économiques et culturelles qui permettent de continuer à dominer
les pays nouvellement indépendants.
Les anciennes puissances coloniales, en se retirant
de leurs colonies, ont mis en place des mécanismes de domination. L’exemple de
la France est le plus caractéristique.
Avant d’accorder l’indépendance à ses colonies
d’Afrique Noire, la France a pris le soin de disloquer les fédérations de
l’Afrique Occidentale Française (AOF) créée en 1895 et de l’Afrique Equatoriale
Française (AEF) créée en 1910. La France a pu ainsi imposer, à chacune de ses
anciennes colonies des accords de coopération et de défense qui lui accordent
des droits exorbitants.
Moins d’un an après la proclamation de leur
indépendance (août 1960), le 24 avril 1961, la Côte-d’Ivoire, le Dahomey
(actuel Bénin) et le Niger signent avec la France des accords de coopération et
de défense.
A l’article 4 de ces accords, on peut lire :
« La République de Côte-d’Ivoire, la République du Dahomey et la
République du Niger reconnaissent à la République française la libre disposition
des installations militaires nécessaires aux besoins de la défense.
Les facilités visées à l’article 3 ci-dessus concernent :
La circulation sur les territoires, dans les espaces aériens et dans les
eaux territoriales ;
L’utilisation des infrastructures portuaires, maritimes et fluviales,
routières, ferroviaires, aériennes et les réseaux postaux et de
télécommunications ;
L’établissement et l’utilisation sur les territoires et dans les eaux
territoriales des balisages aériens et maritimes et des moyens de transmission
nécessaires à la sécurité et à l’accomplissement des missions des forces
armées ».
Ces accords empiètent aussi sur le domaine économique. La France met la
main sur les matières premières de ses anciennes colonies, elle contrôle aussi
leur monnaie.
En effet, dans l’annexe II, il est écrit :
Article 1er
« Les matières premières et produits classés stratégiques
comprennent :
Première catégorie : les hydrocarbures liquides ou gazeux ;
Deuxième catégorie : l’uranium, le thorium, le lithium, le
béryllium, leurs minerais et composés ;
Cette liste pourra être modifiée d’un commun accord, compte tenu des
circonstances ».
Article 4
« La République de Côte d’Ivoire, la République du Dahomey et la
République du Niger facilitent, au profit des forces armées françaises, le
stockage des matières premières et produits stratégiques. Lorsque les intérêts
de la défense l’exigent, elles limitent ou interdisent leur exportation à
destination d’autres pays ».
Article 5
« La République française est tenue informée par la République de
Côte d’Ivoire, la République du Dahomey et la République du Niger de la
politique qu’elles sont appelées à suivre ».
Ainsi l’exportation des matières premières et des produits
stratégiques doit être réservée par priorité à la République française,
exactement comme au temps colonial.
Pour ce qui est de la monnaie, la France en garde
le contrôle. C’est en 1945 que la France crée le franc des Colonies Françaises
d’Afrique, (CFA). En 1958, quand le général De Gaulle a mis sur pied la
communauté française, cette monnaie devint le franc de la Communauté Financière
d’Afrique (CFA). Après les indépendances, elle prend le nom de franc de la
Communauté Financière d’Afrique (CFA) pour l’Afrique de l’Ouest, de la
Coopération Financière d’Afrique (CFA) pour l’Afrique Centrale.
La France prétend avoir le devoir de veiller sur la
sécurité, le développement et le bon fonctionnement de ses anciennes
possessions. Elle leur propose, en quelque sorte, son parrainage. En échange,
ces pays mettent une partie de leur souveraineté entre les mains de la
puissance tutrice.
Le contenu des accords montre qu’il ne s’agit pas
d’une convention entre des pays souverains mais d’un pacte qu’un pays dominant
impose à des pays vassaux. En effet, quels avantages obtiennent les pays
africains signataires de ces accords en échange de leurs matières premières, de
l’utilisation de leurs territoires et de toutes leurs infrastructures ? La
France leur permet de faire appel aux forces armées françaises pour leur défense
intérieure et extérieure.
Les conditions des accords indiquent que les
objectifs de la France d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux dont parlait Jules
Ferry au XIXe siècle; il s’agit de s’approprier des matières
premières pour son industrie, d’acquérir des débouchés pour ses produits
manufacturés et enfin d’entretenir son prestige au plan international.
Les pays sous-développés en général et l’Afrique en
particulier continuent d’être exploités par l’occident grâce à un mécanisme de
domination dont les principaux organes sont la Banque Mondiale (BM), le Fonds
Monétaire International (FMI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Ces organismes ont imposé une mondialisation qui
consacre l’inégalité entre les pays développés et les pays sous-développés.
Cette inégalité étant évidemment en faveur des pays développés.
Le colonialisme et le néocolonialisme ont consacré
la pérennisation de tous les systèmes et mécanismes devant favoriser
l’exploitation et de l’oppression de l’Afrique Noire. Le maintien de la
balkanisation (c’est-à-dire le découpage de l’Afrique en une multitude de
petits territoires inopérants) empêchera la formation de grands ensembles
cohérents, capables de défendre leur souveraineté et de soutenir leur
développement. Aussi, l’Afrique continuera-t-elle à être fournisseuse de
matières premières et consommatrice de produits manufacturés occidentaux. Elle
sera soumise aussi à la consommation de la culture occidentale par la
domination des grandes chaines de communication telles que : BBC, pour la
Grande Bretagne, CNN et VOA, pour les USA, RFI pour la France etc. Ces médias
imposent dans leurs programmes, les visions unilatérales de leurs mandants à
travers l’Afrique.
Au vue de ce qui précède, on pourrait croire que
l’Europe est l’unique auteur du retard chronique de l’Afrique. Les Africains
n’auraient-ils pas une part de responsabilité dans le déclin de leur
continent ? Les Africains ont joué un rôle dans le déclin de leur continent.
Du XVIe au XIXe siècle, les
rois africains ont organisé des guerres intra-ethniques et inter-ethniques pour
se procurer des captifs à vendre aux négriers. Ceux qui vendaient leurs
compatriotes n’ignoraient pas le sort qui leur était réservé, au vue des
mauvais traitements qu’ils subissaient déjà sur la terre africaine.
A la fin du XIXe siècle, après que les
Européens aient décidé de se partager l’Afrique, à la conférence de Berlin, ce
sont des Africains qui vont constituer le gros des troupes de conquête.
Quelques dizaines d’officiers et de sous-officiers européens ont encadré des
milliers de supplétifs qui ont conquis le continent en une vingtaine d’années.
Des chefs traditionnels se sont alliés aux conquérants pour réduire les
peuples, les uns après les autres.
Enfin, au milieu du XXe siècle, après
les indépendances, les Européens ont encore profité de la complicité de la
majorité des chefs d’état africains pour continuer à exercer leur domination
sur le continent noir. Ces chefs d’Etat tiraient des avantages de l’appui
qu’ils apportaient aux anciens colonisateurs. Sous la protection militaire des
Européens, ces chefs fantoches pouvaient opprimer leurs peuples, s’enrichir
illicitement et s’éterniser au pouvoir. Depuis 1960, on dénombre plus de 50
interventions de la France dans ses anciennes colonies d’Afrique. Elle est
intervenue, soit pour maintenir au pouvoir des dictateurs « amis »,
soit pour déstabiliser des nationalistes « rebelles ». C’est ce qui
explique les chutes précipitées des uns (Sylvanus Olympio au Togo, Amani Diori
au Niger, Modibo Kéita au Mali, Thomas Sankara au Burkina-Faso, Laurent Gbagbo
en Côte-d’Ivoire) et les longs règnes des autres (Félix Houphouët-Boigny en
Côte d’Ivoire, Gnassingbé Eyadema au Togo, Mobutu Séssé-Séko au Zaïre, Blaise
Compaoré au Burkina Faso et Omar Bongo au Gabon).
Toutefois, la collaboration avec les anciens maîtres
ne fut pas toujours bénéfique pour longtemps. En effet, où sont, aujourd’hui,
les fortunes accumulées par les Félix Houphouët-Boigny, Jean-Bédel Bokassa, et
autres Mobutu Séssé-Séko ? A leur chute ou à leur mort, leurs fortunes ont été confisquées par les banques et les Etats européens ou
par les Etats-Unis.
La culpabilité des Africains apparait donc
clairement à toutes les étapes des relations entre l’Europe et l’Afrique. Cela
n’est pas sans conséquences sur le comportement, non seulement des Noirs
d’Afrique, mais aussi sur celui de toute la diaspora noire.
Cinq siècles d’oppression et de domination ont créé
un certain nombre de conduites chez la majorité des Noirs.
Le fait d’avoir été l’objet du commerce odieux
qu’est la traite négrière est une honte pour toute la race noire. Ce sentiment
de honte est d’autant plus redoutable qu’il s’est enfoui dans le subconscient
et s’est transformé en complexe d’infériorité. Les esclavagistes ont consolidé
ce sentiment par l’éducation qu’ils donnaient aux esclaves et par les
traitements qu’ils leur infligeaient. La privation d’identité à tous et les
châtiments cruels et infamants imposés à ceux qui ne se soumettaient pas, les
assassinats et les massacres ont ôté la dignité et le respect de soi aux
esclaves. Les traitements avilissants infligés aux colonisés, l’histoire écrite
et enseignée dans les colonies africaines, ensuite dans les Etats
culturellement dominés par l’Occident, n’ont fait que renforcer le complexe
d’infériorité chez les Africains.
C’est pourquoi, beaucoup d’Africains ont renoncé à
la lutte pour se libérer et regagner leur dignité.
Face à ces nombreux handicaps, les Africains
peuvent-ils encore prendre leur destin en main ?
Le sombre constat que nous venons de faire inviterait
au découragement, au renoncement et à la soumission. Cependant, le combat mené
par les générations passées et les victoires remportées encouragent à
persévérer.
En effet, depuis l’intervention des Européens en
Afrique, des générations d’Africains se sont battues pour une Afrique digne,
indépendante et prospère.
Après les indépendances et l’installation du
néocolonialisme, des Africains ont continué à résister. Citons quelques héros
de cette résistance : Sékou Touré en Guinée, Kwamé Nkrumah au Ghana, Patrice
Lumumba au Congo Kinshasa, Sylvanus Olympio au Togo, Robert Mugabe au Zimbabwé,
Julius Nyerere en Tanzanie et Kenneth Kaunda en Zambie.
Les nouvelles générations ont le devoir de
continuer le combat en vue de la libération complète du continent.
VERS DE NOUVEAUX RAPPORTS EUROPE/AFRIQUE
L’histoire nous apprend que des changements positifs
ont pu être réalisés grâce au combat des peuples contre les inégalités et
l’oppression. C’est ainsi que beaucoup de forteresses, dites imprenables, se
sont écroulées comme des châteaux de cartes. Le tout puissant Empire Romain,
les empires coloniaux, la ségrégation raciale aux États-Unis, le régime
d'Apartheid en Afrique du sud se sont effondrés.
Qui aurait cru, il y a 50 ans, qu'une fête nationale
célébrerait Martin Luther King aux Etats-Unis et qu’un noir accèderait à
présidence de ce pays ?
Qui aurait cru, il y a seulement 30 ans que Nelson
Mandela sortirait de prison pour diriger l'Afrique du sud, patrie de
l’apartheid ?
Il est donc possible aux Africains de reconquérir leur
souveraineté en se débarrassant du joug des anciennes puissances
coloniales. Mais à quelles conditions ?
La première condition est le retour à l’idéal
d’indépendance et d’union qui avait animé les fondateurs du Rassemblement
Démocratique Africain (RDA) en 1946, à Bamako et qui fut repris en 1963, à la
Conférence d’Addis-Abeba, où fut créée l’Organisation de l’Unité Africaine
(OUA).
Les Etats africains sont tous indépendants
aujourd’hui, mais il s’agit d’une indépendance juridique qui ne leur permet pas
de conduire eux-mêmes leur politique économique afin d’utiliser leurs
ressources naturelles et humaines au service de leurs peuples. En outre, cette
indépendance ne permet pas à ces pays d’assurer eux-mêmes leur sécurité. Or un
pays incapable d’assurer sa sécurité ne peut échapper à la recolonisation.
C’était pour éviter la recolonisation de l’Afrique
que Kwame Nkrumah avait fait, à la conférence d’Addis-Abeba, en 1963, cette
déclaration solennelle :
« Independence is only the
prelude to a new and more involved struggle for the right to conduct our own
economic and social affairs, to construct our society according to our
aspirations, unhampered by crushing and humiliating neo-colonialist controls
and interference. »
(« L’indépendance n’est que le prélude à
une nouvelle lutte pour le droit de gérer nos propres affaires économiques et
sociales pour construire notre société selon nos aspirations, sans être gênés
par la domination et les humiliants contrôles et ingérences néocoloniales.»)
A cette même conférence d’Addis-Abeba, Kwame Nkrumah avait indiqué la
voie pour parvenir à la véritable indépendance. Pour ce grand Africain, il
était temps qu’émergent des Etats Africains libres de déterminer leurs régimes
politiques sans influence extérieure. Il était temps que les Etats africains
s’approprient leurs ressources naturelles et les exploitent aux bénéfices de
leurs populations. Car c’est la souveraineté économique qui conduit à la
véritable souveraineté politique.
La deuxième condition, selon nous, est la maitrise
de leur histoire par les Africains et la diaspora africaine. Un adage dit que
celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut pas savoir où il va. C’est pourquoi
la connaissance de l’histoire est indispensable aux Africains. Il ne s’agit pas
seulement de l’histoire de la traite négrière et du colonialisme, mais de toute
l’histoire de l’Afrique et surtout de celle de ses périodes glorieuses. Il est
aussi indispensable que cette histoire ne soit pas écrite et enseignée à
travers le prisme des anciens colonisateurs, mais à travers celui des Africains
qui veulent prendre en main leur destin.
L’étude de l’histoire nous confirme que c’est
l’intervention de l’Europe en Afrique qui est la principale cause du retard de
ce continent ; c’est aussi ce qui explique l’existence d’une grande
diaspora noire à travers le monde. L’histoire commune des noirs doit les unir,
qu’ils vivent en Afrique ou sur d’autres continents et créer entre eux une
solidarité comparable à celle qui existe entre les Juifs du monde. Le désir de
solidarité donnera naissance au besoin d’unité. La création de grands ensembles
permettra à l’Afrique de rejeter la domination de l’occident Car un petit pays qui n’est indépendant que juridiquement est incapable
d’assurer seul sa sécurité et son développement. Ainsi, dans ce monde de
concurrence effrénée dans la recherche des matières premières et énergétiques,
un tel pays retombera toujours aux mains d’un autre impérialisme. C’est
pourquoi, l’unité est une nécessité pour les pays africains. Ils doivent
rejeter la balkanisation issue de la conférence de Berlin. Kwame Nkrumah avait
donc raison quand il affirmait, à la naissance de l’Organisation de l’Unité
Africaine (OUA) :
“We must unite now or
perish.”
(« Nous devons nous unir maintenant ou périr. »)
Parce
qu’elle n’a pas compris cette nécessité, l’Afrique est en train d’être
recolonisée. Pour continuer à dominer l’Afrique, l’Occident n’a pas intérêt à
ce que les anciennes colonies se regroupent en grands ensembles. C’est
pourquoi, les puissances occidentales s’acharnent à maintenir la balkanisation
du continent. Si, aujourd’hui, les Africains désirent recouvrer leur
souveraineté, au bénéfice de leurs peuples, il leur appartient de trouver,
eux-mêmes, les moyens de leur libération et de leur développement.
Il est illusoire de compter sur des forces
extérieures, d’où l’impératif pour les leaders politiques africains, d’évaluer
les richesses naturelles et humaines du continent afin de les mettre en valeur.
Les noirs d’Afrique doivent aussi se réconcilier avec
les noirs américains, descendants des esclaves. Au nom de leurs ancêtres, qui
portent en partie la responsabilité de la déportation des esclaves, les
Africains doivent demander pardon aux noirs d’Amérique afin que disparaisse en
eux le sentiment de culpabilité. Les noirs américains pourront, alors, se
défaire du ressentiment à l’égard de l’Afrique. Ainsi, l’ensemble de la
diaspora africaine pourra être sollicitée pour mettre au service du continent
ses revenus et son expertise.
Enfin, une des clés de réussite de l’Afrique se trouve
dans l’identification de ses faiblesses et tout particulièrement dans la
reconnaissance du complexe d’infériorité qui s’est enraciné dans le
subconscient de ses populations, depuis la traite négrière jusqu’au
néocolonialisme, en passant par la colonisation, soit depuis plus de cinq
siècles.
L’on sait que plus l’état de minorité a duré, plus le
complexe d’infériorité est résistant. Le cas des femmes est le plus probant.
Comme les femmes, les Africains ayant été maintenus dans l’ignorance de
l’histoire du monde et de leur propre histoire, n’ont retenu que ce que leurs
oppresseurs voulaient qu’ils retiennent. C’est pourquoi, certains Africains ont
fini par croire que leur situation actuelle s’explique par leur infériorité
naturelle. Cette croyance est à l’origine du manque de confiance des Africains
en eux et du défaitisme de beaucoup d’entre eux. Les exemples sont nombreux, de
l’attribution des marchés publics par les chefs d’Etat aux étrangers aux choix
des coaches de nos équipes sportives nationales.
Beaucoup de leaders africains sont convaincus que
leurs pays ne peuvent survivre que grâce à l’aide du FMI et de la Banque
Mondiale. Pour certains, c’est le devoir des occidentaux de les aider parce
qu’ils les ont exploités et continuent de les exploiter, oubliant leur propre
responsabilité. D’ailleurs, sans l’adhésion des Africains, le continent
n’aurait pas été soumis à la domination étrangère, sur une si longue période.
Il ne suffit pas d’invoquer l’avance technique de l’Europe et le rapport de
force pour expliquer la soumission des populations africaines. Le Vietnam a pu,
à la fois vaincre la France (1954) et les Etats Unis (1975). Les Algériens ont
réussi à bouter la France de l’Algérie (1962).
Heureusement pour l’Afrique, contrairement à l’opinion
largement répandue, l’Afrique avance. Les nouvelles générations d’Africains
sont en train de se débarrasser du complexe d’infériorité et du défaitisme. De
plus en plus et partout en Afrique, les jeunes se dressent contre les
manipulations électorales, les successions dynastiques et les coups d’Etat. Ils
se battent pour prendre leur destin en main. Connectés au reste du monde par
les chaines satellitaires et les nouvelles technologiques de l’information et
de la communication, les jeunes font bouger l’Afrique.
Bien sûr, ils sont encore nombreux les chefs d’Etat
africains, au service des intérêts occidentaux, qui livrent l’Afrique aux
multinationales telles que Total, Shell, Areva, Nestlé, etc., mais nous assistons,
tous les jours, à la contestation de ces traitres à l’Afrique, ce qui était
incroyable avant les années 90. Sur les 45 ans de règne d’Houphouët-Boigny, il
n’a connu la contestation que pendant les 3 dernières années de sa vie. Omar
Bongo a gouverné sans problème. Ce ne sera pas le cas de son fils Ali. Wade a
dû céder son fauteuil tandis que Blaise Compaoré a été chassé par le peuple
burkinabé en colère. N’est-ce pas là une avancée notable ?
D’aucuns diront que les Africains migrants, que la mer
Méditerranée engloutit depuis quelques années, fuient un continent en détresse.
Nous compatissons aux souffrances de ces migrants et aux douleurs de leurs
parents et amis. Mais connaissant les occidentaux, nous sommes convaincus que
la médiatisation donnée à ces évènements a pour objectif de culpabiliser les
Africains. En effet, ils se permettent de « dénoncer » la mauvaise
gestion des dirigeants ainsi que la paresse et le manque d’imagination de ceux
qui fuient.
En réalité, ce qui arrive est la conséquence de la
politique des impérialistes en Afrique. Toujours guidés par le profit, ils ont
déversé des milliers de tonnes d’armes sur le sol africain, tout
particulièrement en Libye. La convoitise du pétrole libyen a conduit l’Union
Européenne et les USA à déstabiliser la Libye, en assassinant son président. Or
la Libye était l’un des rares pays africains à offrir du travail aux jeunes.
Après le chaos, qui a été créé dans ce pays par l’OTAN, les jeunes en sont
chassés. Ce sont eux qui alimentent aujourd’hui les guerres sahéliennes et la
migration vers l’Europe.
Le départ des migrants, ne doit pas être interprété
uniquement comme un acte de désespoir. Ils sont courageux ces jeunes qui
n’ignorent pas les obstacles qu’ils auront à affronter. C’est dans l’espoir de
faire vivre leurs familles qu’ils affrontent la mort.
Ainsi, par leurs actes désespérés, les migrants sont
aussi en train de démasquer l’Europe qui, au nom de la liberté d’aller et venir
a investi le monde entier mais verrouille ses frontières quand il s’agit des Africains.
Les Américains et les Européens peuvent sillonner, sans visa, plus de 150 pays
alors que les Africains ne peuvent visiter qu’une soixantaine, en moyenne, dont
la plupart sont des pays africains[3]. Souvent
c’est rudoyés, menottés et humiliés que les Africains sont renvoyés dans leur
pays d’origine.
Bien avant les migrants d’aujourd’hui, le poète
Léopold Sédar Senghor avait dévoilé l’hypocrisie de l’Europe et de la France
dans son poème intitulé « Prière de Paix » en ces termes :
« Seigneur,
pardonne à l’Europe blanche…..
Oui
Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les
sentiers obliques
Qui
m’invite à sa table et dit d’apporter mon pain
Qui me
donne de la droite et de la main gauche enlève la moitié
Oui
Seigneur, pardonne à la France qui hait l’occupation et qui m’impose
l’occupation si gravement »
Enfin, il
est vrai que l’occident continue à exploiter le continent noir par le commerce
inégal. Bien que l’occident prône la libre circulation des marchandises, les USA
et l’Union Européenne ferment leurs frontières aux produits manufacturés
africains, maintenant l’Afrique dans son rôle de fournisseur de matières
premières et de consommateur de produits industriels européens et américains.
L’élimination de l’élite néocolonialiste au pouvoir depuis les années 60 mettra
de mettre en place des équipes capables de défendre l’intérêt des peuples
africains.
Le XXIe doit connaitre un changement dans
les relations Europe/Afrique.
Cela suppose la démocratisation de la formation et de l’information, capable de
vaincre la peur et le complexe d’infériorité. C’est la conscientisation des
masses par la formation et l’information qui donnera, à l’Afrique les moyens
d’entamer la bataille pour sa véritable libération. Car, un peuple ignorant et
mal informé est manipulable, tandis qu’un peuple instruit et bien informé
devient une force invincible.
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