Le Venezuela, d’Hugo Chavez à Nicolas Maduro
Ce pays de 35 millions
d’habitants et d’une superficie de 900 millions de Km2 fait régulièrement la
Une des journaux et est souvent présenté par les médias occidentaux comme un
mauvais exemple, un pays où les droits et libertés ne sont pas respectés, etc.
Mais ce pays est celui de Simon
Bolivar (1783-1830), El Libertador, l’une des figures emblématiques de
l’émancipation des peuples d’Amérique du Sud, mais également du charismatique
Hugo Chavez, le père de la révolution bolivarienne, celui qui remporta 15 des
16 élections qui ont jalonné sa présidence et dont la dernière eut lieu le 07
octobre 2012.
1. Les avancées sociales
Arrivé au pouvoir en 1999, Hugo
Chavez fit de l’émancipation du peuple vénézuélien et du recul de l’extrême
pauvreté ses priorités. A cet effet, les dépenses sociales augmentèrent de 60%.
Au niveau de l’éducation, le nombre
d’enfants scolarisés est passé de 6 millions en 1998 à 13 millions en 2011 ;
et le taux de scolarité dans l’enseignement primaire est désormais de 93,2%. En
décembre 2005, l’UNESCO constata l’éradication de l’illettrisme.
Au niveau de la santé, le système
national public de santé garantit l’accès gratuit aux soins à tous les
Vénézuéliens. De 2005 à 2012, 7.873 centres médicaux ont été créés. Le nombre
de médecins est passé de 20 pour 100 000 habitants en 1999 à 80 pour 100 000
habitants en 2010, soit une augmentation de 400%.
Le salaire minimum estimé à 100 bolivars (16
dollars) en 1999 passe à 2047,52 bolivars (330 dollars) en 2012, soit une
augmentation de plus de 2000%. Il s’agit du salaire minimum en dollars le plus
élevé d’Amérique Latine.
Le taux de pauvreté de 49% en 1998 est tombé à 25%
en 2013 ; et la pauvreté extrême a chuté de 66% en 1999 à 5,4% en 2014.
Politiquement, dans l’esprit de
Simon Bolivar, Hugo Chavez s’émancipe de la tutelle des Etats-Unis et du Canada
en mettant en place la Communauté des Etats d’Amérique Latine et de la Caraïbe
(CELAC) qui regroupe pour la première fois les 33 nations de la région.
Si les avancées sociales
enregistrées sortent le pays de plusieurs décennies d’obscurantisme,
l’inflation galopante et la pénurie des produits de première nécessité mettent
un bémol à la Révolution bolivarienne.
Cependant, de telles
performances semblent ne pas avoir d’écho favorable auprès des médias
occidentaux. Malgré une liberté d’opinion, le matraquage systématique de la
presse étatsunienne, dépeignant Hugo Chavez en dictateur et relativisant les
mesures avant-gardistes en matière de développement, reste tout de même
disproportionné.
2. La primauté des
intérêts vénézuéliens
La campagne d’intoxication
contre le Venezuela provient des mesures exceptionnelles en vue de protéger les
intérêts du peuple vénézuélien à travers l’adoption de la constitution
bolivarienne après l’élection du président Hugo Chavez, le 02 Février 1999.
En effet, la nouvelle constitution
adoptée le 19 décembre 1999 par référendum à une très large majorité (72%),
enlève des privilèges aux compagnies étrangères principalement pétrolières.
Toutefois, cette nationalisation
ne fut pas la première. En 1975, l’extraction et la transformation du pétrole sont
devenues le monopole de l’Etat. Mais sous la pression des USA, le secteur de l’industrie
pétrolière fut de nouveau ouvert aux intérêts étrangers en 1990.
Considérant que le pétrole
représente la moitié des rentrées de l’Etat, la Révolution bolivarienne
consacre la souveraineté des Vénézuéliens sur les produits du sol et du
sous-sol.
C’est ainsi qu’au titre du territoire, l’article 13 de la constitution stipule que le
territoire ne pourra jamais être cédé, transféré, loué, ni sous quelque forme
que ce soit aliéné, même d'une façon temporaire ou partielle, à des pays
étrangers ou à d’autres sujets de droit international.
Les Etats étrangers ou autres
sujets de droit international pourront seulement acquérir des immeubles pour
les sièges de leurs représentations diplomatiques ou consulaires dans des zones
déterminées et sous réserve de réciprocité, dans les limites établies par la loi.
Dans ce cas restera toujours sauve la souveraineté nationale.
Au titre des monopoles, l’article 113, tout en les interdisant, précise que quand il s'agit de
l'exploitation des ressources naturelles propriété de la Nation, ou de la
prestation des services publics avec ou sans exclusive, l'Etat pourra donner
des concessions pour un temps déterminé, en assurant toujours l'existence des
contre-prestations ou des contreparties adéquates à l'intérêt public.
Mais pour couronner le tout, au titre des contrats,
l’article 150 dit clairement que ne pourra être conclu aucun contrat d'intérêt
public municipal, étatique ou national, ou avec des Etats ou entités
officielles étrangères, ou avec des sociétés non domiciliées au Venezuela, ni
cédés à eux sans l'approbation de l'Assemblée nationale.
Ces mesures exceptionnelles
irritent les Américains et les compagnies étrangères, qui exacerbent les
tensions afin de déstabiliser le pouvoir du successeur d’Hugo Chavez, le
président Nicolas Maduro.
C‘est pourquoi, face au jeu
trouble des USA, qui considère le Venezuela comme une menace, et de
l’opposition à leurs ordres, le président Maduro a obtenu, le 15 mars 2015, des
pouvoirs spéciaux de l'Assemblée nationale, qui lui permettent de gouverner par
décrets jusqu'à la fin de l'année en matière de sécurité et de défense.
Il a, en outre, soumis les Américains
désireux de se rendre au Venezuela au visa d’entrée et réduit le nombre des
diplomates américains.
Le Venezuela, pays essentiel en
Amérique du Sud, membre de l’OPEP, affirme sa souveraineté par des prises de
décision concrètes malgré les attaques des Occidentaux.
Indépendamment des contextes
historico-politiques différents, la Révolution bolivarienne pourrait-elle
s’exporter en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire ?
Au-delà du populisme souverainiste,
aurions-nous l’audace de la rupture salvatrice en consacrant la souveraineté de
la Côte d’Ivoire sur son sol et son sous-sol ?
Louis Sévérin Anouma
(*) - Titre original : « Pourquoi
des attaques répétées contre le Venezuela ? »
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