Hier 31 mai, au
stade du 4-Août de Ouagadougou, l’opposition a lancé sa campagne de dissuasion
contre le projet de référendum sur l’article 37 de la Constitution limitant le
mandat présidentiel que compte organiser les partisans du parti au pouvoir.
[…]
Le meeting
proprement dit a été marqué par les interventions des responsables des partis
entrecoupées de prestations d’artistes-musiciens comme Dick Marcus, Humanist ou
encore Bam Raady. Dans une brève intervention en langue nationale mooré, Zéphirin
Diabré, le chef de file de l’opposition politique bousculant le protocole, a
remercié tous ceux qui ont fait le déplacement dans le plus grand stade du
Burkina pour écouter les messages de l’opposition qui est vent debout contre le
référendum sur l’article 37 de la Constitution, la mise en place du Sénat et le
pouvoir à vie. Il a aussi demandé une minute de silence à la mémoire du juge
Salifou Nébié, sauvagement assassiné le week-end dernier, et du professeur Ali
Lankoandé, décédé dans la nuit du 27 mai dernier.
Stade du 4-Aout à Ouagadougou le 31 mai 2014 |
A sa suite,
Ablassé Ouédraogo, président du parti Le
Faso Autrement, qui présidait le comité d’organisation de l’événement,
s’est lui aussi réjoui de la mobilisation et il a annoncé qu’après Ouagadougou,
il y aura un autre rassemblement à Bobo le 14 juin prochain au stade Sangoulé
Lamizana, le plus grand de cette ville.
Arba Diallo brandissant un carton rouge... |
Les
interventions des présidents de parti ont toutes un dénominateur commun qui est
le rejet du référendum sur l’article 37 de la Constitution. Arba Diallo s’est
même particularisé en brandissant un carton rouge comme un arbitre de football
au chef de l’Etat Blaise Compaoré pour son projet de tripatouillage de la loi
fondamentale.
Dans son
discours marqué par une interruption momentanée pour cause de coupure de
courant, le chef de file de l’opposition politique a dit "prendre à témoin l’opinion nationale et
internationale sur le climat de terreur qui se prépare au Burkina et sur les
menaces qui pèsent sur la sécurité des opposants". Malgré tout, il a
réaffirmé le rejet du référendum sur l’article 37 par l’opposition au motif
qu’il est inutile, dangereux et facteur de division des Burkinabè. Zéphirin
Diabré a profité de l’occasion pour répondre à ceux qui soutiennent que la
Constitution n’interdit pas la révision de l’article 37 en disant que la même
Constitution n’oblige pas à réviser l’article en question. Il a aussi répondu à
ceux qui disent que la dernière décision revient au peuple en rétorquant que le
peuple avait déjà tranché la question en 1991 au moment du référendum sur la
Constitution de la 4e République. Sur le débat juridique qui a cours concernant
la révision de l’article 37, le chef de file de l’opposition dira qu’il s’agit
plutôt d’un débat d’opportunité, de morale politique, de bienséance politiques
et de respect de la parole donnée. Du référendum dont il est tant question, M.
Diabré estime qu’il faut d’abord un consensus sur l’idée même de cette
consultation, qu’il faut que la question à poser concerne le maximum de
Burkinabè mais pas une seule personne comme c’est le cas de l’article 37. Il a
même fait des propositions de sujets d’intérêt majeur au chef de l’Etat comme
la gratuité des soins dans les hôpitaux, dans les écoles, la fixation du
salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 50 000 F CFA, etc. Le
projet de référendum auquel tiennent le chef de l’Etat et ses partisans ne
concernant pas un sujet qui fait consensus, l’opposition le rejette et le
rassemblement populaire du 31 mai marque le lancement d’une campagne de
dissuasion, a fait savoir Zéphirin Diabré. Si jamais les partisans du
référendum ne renoncent pas, le chef de l’opposition prévient que lui et les
siens passeront à une autre phase de la lutte et "utiliserons tous les moyens que nous offre la loi pour les faire
échouer".
D’ores et déjà,
et dans le cadre de la campagne de dissuasion, le mot d’ordre de mise en place
de comités contre le référendum (CCR) à l’intérieur comme à l’extérieur du
Burkina est lancé pour être le fer de lance du combat démocratique de
l’opposition. Après avoir assuré les partenaires du Burkina qu’un changement
démocratique n’entraînera pas de chaos, Zéphirin Diabré a donné rendez-vous aux
militants de l’opposition, à tous ceux qui sont contre le projet de référendum
au stade Sangoulé Lamizana de Bobo-Dioulasso le 14 juin prochain. Son
intervention a mis fin au rassemblement vers 12h.
Séni DABO
Source : aOuaga.com 31 mai 2014
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