Quand l’œuvre survit à son génial créateur malgré lui
…Et, sans tambours ni trompettes,
Mamadou Koulibaly quitta (aussi) Audace Institut Afrique ?
A l’origine, c’était un scoop de L’Intelligent d’Abidjan, que le site Connectionivoirienne.net reprit le 9 novembre 2013 :
« Le président de Lider, le professeur Mamadou
Koulibaly, sauf changement de dernière minute quitte la tête de AIA aujourd’hui, écrivait un certain SD. Il en avait inspiré l’idée et participé à sa création en 2010, peu
avant la présidentielle. Selon une source proche de AIA, le départ du
professeur serait lié à l’orientation nouvelle du think tank. Toutes les
activités de l’institut avaient du mal à se démarquer de l’image de son
fondateur. De bonne ou de mauvaise foi, on liait les séminaires et ateliers de
réflexion de cette école de pensée à l’activisme politique du président de
Lider. « Il fallait se débarrasser de cette image erronée, car AIA est
avant tout une sorte de creuset où s’entremêlent des gens de toute obédience
sociopolitique », explique notre source. Ce qui est aussi en vue, c’est de
faire de AIA une plateforme émergente de réflexion débarrassée de toute
arrière-pensée politique, une équipe de cerveaux de tout horizon (sic),
une organisation non plus pyramidale avec un président. C’est, dit-on,
l’essence même de la philosophie et du combat pour la conquête des libertés
économiques dont AIA se veut le vecteur. Koulibaly part pour éviter que sa
propre emprise pèse sur l’institution et pour l’inscrire dans une dynamique
nouvelle et moderne ».
Assez
curieusement, cette nouvelle ne fit guère de bruit en son temps. Ni Mamadou
Koulibaly, ni aucun membre de l’entreprise qu’il désertait, ne jugea utile de
s’en expliquer vraiment. En soi, cette absence d’explication vaut confirmation
de ce dont se doutaient déjà beaucoup de ceux qui connaissent bien le
personnage. En effet ceux-là ont toujours su que dans son fameux think tank, Mamadou Koulibaly n’était
que la façade, et que les personnages les plus importants, c’étaient plutôt ceux
qui étaient embusqués derrière lui. Lui-même n’était que l’appât, le leurre au
bout de l’hameçon, pour attraper les gogos – et tout spécialement les
étudiants, les jeunes diplômés – et les livrer encore vierges à la propagande
de l’Internationale ultralibérale. Ce qui fut confirmé par le fait que le
départ de la présidence d’Audace Institut
Afrique de celui qui, nous avait-on dit, en « avait inspiré l’idée et
participé à sa création » n’y fit apparemment pas plus de remous que s’il
s’était agi du départ à la retraite d’un portier ou d’une femme de ménage.
Il faut bien
lire ce communiqué : « Le
départ du professeur serait lié à l’orientation nouvelle du think tank. Toutes
les activités de l’institut avaient du mal à se démarquer de l’image de son
fondateur. De bonne ou de mauvaise foi, on liait les séminaires et ateliers de
réflexion de cette école de pensée à l’activisme politique du président de
Lider. Il fallait se débarrasser de cette image erronée, car AIA est avant tout
une sorte de creuset où s’entremêlent des gens de toute obédience
sociopolitique ». Après cela, trois
questions viennent tout de suite à l’esprit :
1. Qui a décidé que désormais les activités d’AIA devaient
nécessairement se démarquer de l’image de son fondateur ?
On a peine à
croire que c’est le « président-fondateur » lui-même. Mais, si tel
était le cas, qu’est-ce qui aurait empêché Mamadou Koulibaly de rester en place
et d’apporter lui-même le remède idoine au problème diagnostiqué ? S’il
était absolument nécessaire qu’il s’en aille pour que cela puisse se faire,
c’est donc qu’il ne s’est pas agi de son choix à lui, mais de celui de
quelqu’un d’autre. En d’autres termes, Mamadou Koulibaly n’a pas
« quitté » AIA, il en a été proprement chassé, tout comme il le fut
naguère du Congrès national pour la
République et la démocratie (CNRD) et du Front populaire ivoirien (FPI). Et ce constat
appelle naturellement la deuxième question.
2. Qui avait le pouvoir de chasser le sémillant président
d’AIA d’un organisme dont il est le principal créateur ?
Question
absurde puisqu’il n’y a qu’une seule réponse possible : si Mamadou
Koulibaly a pu être aussi facilement évincé d’AIA, c’est qu’il n’y était que ce
que d’autres gens avaient voulu qu’il y soit, et parce que c’était ces autres
gens-là qui en étaient les vrais fondateurs et les vrais patrons !
3. Pourquoi, après avoir échoué à s’emparer du FPI
et du CNRD à la faveur de la catastrophe de 2011 et
alors que désormais il n’est plus rien dans le dispositif attrape-nigauds de
l’Internationale ultralibérale, Mamadou Koulibaly continue-t-il à se comporter
comme si sa position sur l’échiquier politique ivoirien n’était absolument pas
changée et qu’il a encore un rôle à y jouer ?
On a beau savoir que la Côte d’Ivoire est un pays
où, apparemment, la politique n’use pas ses hommes – voyez Bédié, voyez Charles
Konan Banny, pour ne prendre que ces deux-là… A titre personnel ils n’ont plus
la moindre justification à rester en course, et de toute façon il n’y a plus aucun
objectif à leur portée, mais voyez combien ils sont glorieux, comme si c’était
une grande prouesse que d’être ainsi réduits à n’être que des marchepieds pour l’ascension
d’un autre –, on a beau savoir cela, dis-je, le cas Mamadou Koulibaly reste néanmoins
incompréhensible. A quoi et pour qui travaille-t-il désormais ? Ou pour le dire
autrement, peut-il vraiment croire qu’il retrouvera la confiance de ceux qui
tablaient sur lui au temps de sa splendeur et qui viennent de le jeter comme un
kleenex parce qu’ils ne lui voient plus d’avenir, simplement en continuant de
relayer leur propagande toxique sous le signe de son fantomatique
« LIDER » ? Ou bien, espère-t-il reconquérir la ferveur de cette
belle jeunesse qu’il subjuguait naguère par son bagout, et qui l’a payé (et le
paye encore) si cher ? Mais c’est oublier qu’alors notre belle jeunesse
était tellement avide de héros qu’elle aurait adoré même une souche si on la
lui avait présentée comme l’un des idéologues d’un mouvement anticolonialiste
ivoirien en pleine résurrection ! Aujourd’hui plus personne n’est dupe des
simagrées de cet imposteur, et c’est en vain qu’il s’échine à demeurer sur le
devant de la scène. Il suffit de lire les réactions des internautes à chacune
de ses sorties récentes pour s’en convaincre.
Alors, pourquoi Mamadou Koulibaly s’accroche-t-il ?
C’est une autre question absurde, car elle aussi n’a qu’une réponse possible :
les marionnettes et les fantoches ne le deviennent pas par hasard, c’est dans
leur nature. Certains hommes ne peuvent exister qu’en se prêtant à d’autres
pour leur servir d’instrument à leurrer, blouser, mystifier leurs semblables.
Et, en général, une fois qu’ils ont été bien remontés, ils ne savent plus
s’arrêter…
Mamadou Koulibaly, tel un perpétuel moulin à paroles
vides, …Aboli bibelot d’inanité sonore !
Marcel Amondji
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