Me Mathurin Dirabou |
Le
gouvernement ivoirien a annoncé le jeudi 22 mai dernier le dégel des avoirs des
personnalités pro-Gbagbo. Il vient également de mettre en liberté provisoire le
dimanche 1er juin certains cadres proches de l’ex-président pour ne citer que
les cas les plus récents dans ce dossier. Quels sont les fondements du gel et
du dégel des avoirs d’une personne et comment comprendre ces libertés
provisoires ?
Vous voulez savoir quel est le
fondement juridique du gel ou dégel des avoirs ? Eh bien, si vous prenez notre
arsenal juridique, il n’y en a pas. Il n’y a aucun texte dans le code pénal qui
prévoit le gel des avoirs. Le gel des avoirs est une institution européenne et
onusienne. Nous avons appliqué ce texte. Mais sur quel fondement ? Je ne peux
pas véritablement vous le signifier. Cela nous a été dicté purement et simplement.
Dans notre arsenal juridique existe cependant le séquestre des avoirs et le
séquestre ne peut être ordonné que par un juge d’instruction. Et cela après
avoir inculpé les personnes. Or chez nous, les décisions de gel des avoirs ont
été prises et annoncées même avant l’inculpation des personnes mises en cause.
Je ne peux donc pas vous donner de référence juridique de cette pratique parce
que je n’en ai pas.
A vous
entendre, le dégel n’est donc pas conforme à nos textes ?
Le dégel n’est pas conforme à nos
textes, à notre arsenal juridique. De sorte que nous pouvons dire que tout ce
qui s’est passé n’est pas l’application du droit. Ce n’est pas le droit
ivoirien qui est appliqué. Je m’en réfère au droit ivoirien, je n’ai pas encore
vu un article ou un alinéa consacré au gel des avoirs. S’agissant des mises en
libertés provisoires, je puis dire que nous sommes arrivés à un état de
procédure où la libération de ces personnes n’obéit à aucune règle. C’est le
bon vouloir de l’exécutif qui est appliqué et non pas du judiciaire. Pour moi,
ces libérations se font un peu à la tête du client.
Comment
expliquez-vous donc que ces libérations soient annoncées d’abord par l’exécutif
suivies peu après d’un communiqué du procureur ?
Il faut comprendre l’organisation
judiciaire du procureur. Celui-ci dépend directement de l’exécutif. Si on
remonte dans l’histoire, on s’aperçoit que le procureur, c’est l’envoyé du roi
et nous avons conservé les séquelles de cet envoyé-là qui nous poursuit
toujours.
Peut-on
dire que ce communiqué n’est qu’un habillage juridique de la volonté de
l’exécutif ?
Non, c’est dans les normes. Ce
n’est pas l’habillage. L’exécutif donne des instructions au parquet. Notamment
celui de produire un tel communiqué. C’est pour cela que nous utilisons cette
expression : « la plume est serve, mais la parole est libre ».
Une banque
peut-elle refuser de se conformer à une mesure de gel ou de dégel ?
Les banques sont soumises à la
mesure. S’agissant du gel, c’est le procureur qui prend une réquisition pour demander
aux banques de bloquer les comptes et non un juge d’instruction, mais
imaginez-vous une banque refusant de le faire ? La décision venant du
procureur, les banques s’exécutent. Les banques ne doivent pas chercher à
savoir si la décision est conforme ou non à leur législation.
Y a-t-il
des limites au dégel sur l’ensemble des biens et revenus financiers ?
Dans le principe de l’ONU ou de
l’Union européenne, on ne peut pas, de manière humaine, bloquer tous les avoirs
d’un individu. Dans le texte sur le gel, on permet par exemple à la personne
d’avoir des revenus pour constituer un avocat, pour se faire soigner, etc., …
Dans les
cas qui nous intéressent, le gel a été appliqué sur la totalité de ces revenus.
Peut-on dire alors que les textes ont été violés ?
S’il y a violation des textes,
c’est peut-être au niveau de l’application par les banquiers qui reçoivent les
instructions du procureur. Quand le procureur leur demande de geler les avoirs
d’une personne, ils le font de manière globale. Nous avons initié dès le début
une procédure en référé pour faire référence à ces textes. Mais on n’a jamais
eu de suite. La procédure n’a jamais abouti.
Nous
constatons qu’il y a deux sortes de gel des avoirs. L’un fait par le
gouvernement ivoirien et l’autre par l’Union européenne. Comment la justice
arrive-t-elle à mettre en application ces deux sanctions ?
L’Union européenne prend ses
décisions en pensant aux avoirs que ces personnes peuvent avoir à l’étranger.
Localement, nous prolongeons la décision avec nos banques locales.
Une fois
que l’Union européenne procède au dégel des avoirs d’une personne, est-ce que
localement on doit lui emboiter le pas ?
Si l’Union européenne dégèle des
avoirs à l’étranger, elle peut demander qu’on le fasse localement.
Souvent
l’Etat fait de l’imposition sur des comptes dégelés. Est-ce que cela est normal
?
S’il s’agit de taxes ou d’impôts,
je ne sais pas quel a été le taux d’imposition. Est-ce que ce sont les revenus
qui sont imposés ? Comment est pratiquée cette imposition ? Véritablement je ne
suis pas en mesure de vous l’expliquer. Je ne dirais pas que c’est juste ou
faux dans la mesure où je n’ai pas les éléments d’appréciation.
Est-ce que
cela veut dire que vous n’avez pas suivi de près vos clients dans ce cas ?
Dans ce cas, c’est très délicat.
Même si on dégèle le compte d’un de vos clients, il ne vient pas vous dire que
son compte a été dégelé. Nous n’avons jamais eu ce retour et ne sommes pas
prêts à aller fouiller dans les banques. Si le client ne veut pas payer par
exemple les honoraires de l’avocat, il ne viendra pas vous dire que son compte
a été dégelé.
Le gel ou le dégel est-il une décision politique ou
juridique ?
Le gel des avoirs est une
décision politique. Ou bien on peut dire qu’il y a interférence de l’Union
européenne dans nos affaires.
Pour
quelle raison l’exécutif décide-t-il de geler les comptes de quelqu’un ou de le
dégeler ?
C’est vraiment de sa part un acte
discrétionnaire. Nous avons initié la procédure pour pouvoir comprendre cela et
pour dire que selon nos textes, ce n’est pas applicable. Nous n’avons pas eu de
réponse. Donc, pour moi c’est discrétionnaire ou dicté par l’Union européenne
purement et simplement.
C’est
discrétionnaire, mais c’est en même temps une action circonstancielle ?
Exactement, c’est une action
circonstancielle. Il ne faut pas perdre de vue que ce qui s’est passé en Côte
d’Ivoire dans la crise postélectorale a plus une coloration politique que
judiciaire.
Après le
dégel d’un compte, la banque lui verse-t-elle des intérêts ?
Là il faut poser la question de
savoir si un compte courant produit des intérêts et si ceux-ci sont
automatiquement dans le compte de la personne, au moment du gel. Or, à mon avis
quand on décide que désormais le compte est gelé, c’est terminé. Il n’y aura
même plus d’intérêt.
En cas de
contentieux entre le client et sa banque, après le dégel, à qui doit-il
s’adresser ?
Il s’adresse tout simplement au
tribunal pour dire que son compte a été dégelé. S’il constate qu’il y a eu
malversation sur son compte, il va voir la banque. Si la banque ne l’écoute
pas, il saisit le tribunal qui va trancher.
Est-ce que
vous avez eu connaissance d’un tel cas ?
Jusqu’à maintenant, personne ne
s’est plaint auprès de moi sur un tel cas. Croyez-moi si cela arrive, le client
ne va même pas porter cela sur la place publique.
Combien de
cas de dégel et de libération de pro-Gbagbo y-a-t-il eu jusqu’à maintenant ?
Ce sera difficile de donner un
chiffre parce que ce n’est pas suivi de transmission d’actes. Je sais par
exemple que dans le premier dossier, on avait une trentaine de personnes. Je
sais par exemple aussi qu’à Korhogo, Boundiali et Bouna on avait tel nombre de
personnes. Nous avons nous-mêmes introduit des demandes de mise en liberté en
bonne et due forme. Vous savez que parallèlement il y a eu des arrestations pêle-mêle. Quand
vous prenez les dernières libérations, vous constatez qu’on cite les noms de 50
personnes. Mais il y a peut-être une seule personne qui est sur nos archives ou
chez nos avocats. Donc, je ne peux pas vous donner un chiffre exact de ces
personnes parce que dans notre collectif nous avons suivi certains dossiers.
Nous apprenons l’arrestation pêle-mêle de certaines personnes et nous apprenons
également leur libération pêle-mêle.
Est-ce que
vous voulez dire que les personnes qui ont été arrêtées ne sont pas toutes
pro-Gbagbo forcement et que ceux qui sont libérés ne le sont pas tous ?
Je précise qu’il y a eu une vague
d’arrestation notamment à la frontière libérienne. Rien ne fait dire que ce
sont tous les pro-Gbagbo. Ces personnes ont été transférées dans une prison et
après on a décidé de les libérer.
Parfois
sur les listes, figurent des personnes décédées. En quoi le dégel leur profite-t-il
?
Si cela arrive c’est parce qu’on
ne maitrise rien. Il y a des gens qu’on a envoyés en détention et dont on ne
connait plus le sort. On ne sait pas si ces personnes sont vivantes ou
décédées. On fait sortir une liste. Et parfois leurs noms apparaissent sur
cette liste. C’est comme cela qu’il faut comprendre tout cela.
Est-ce que
le dégel ne peut pas profiter à la famille de la personne au cas où elle décède
?
Parmi ces personnes-là, certaines
n’ont pas de compte bancaire. Des gens qu’on a pris par exemple à Treichville
ou dans d’autres quartiers n’ont pas forcément des comptes. En prenant la
mesure de dégel, les autorités ne connaissent pas le numéro de compte. Ils
écrivent aux différentes banques en leur demandant de geler les comptes de
telle ou telles personne par avis à tous détenteur.
Une
liberté provisoire peut-elle être envisagée comme une liberté définitive ?
Juridiquement, ce n’est pas une
liberté définitive. Mais politiquement, ça peut l’être. La liberté provisoire
n’est pas une faveur. C’est prévu dans les textes. Dans le code de procédure
civile, quelqu’un qui est régulièrement domicilié quelque part, qui présente
des garanties de représentation, on peut le laisser en liberté provisoire. Quand
nous formulons les demandes de mise en liberté provisoire, il y a cette phrase
: « le client doit se présenter à toutes les réquisitions du tribunal pour
être jugé conformément à la loi ». Donc, la liberté provisoire suppose que
la personne a des garanties de représentation. C'est-à-dire qu’elle est mariée,
qu’elle a des enfants et qu’on peut la retrouver à tout moment. Si la personne
est en liberté provisoire et qu’on ne trouve pas la nécessité de la juger,
cette liberté provisoire devient une liberté définitive.
L’épée de
Damoclès plane donc toujours sur la tête des bénéficiaires d’une décision de
mise en liberté provisoire ?
Tenez, dans l’affaire café-cacao,
la plupart des personnes impliquées étaient en liberté provisoire. Et après on
les a rappelées pour être jugées. Elles ont été jugées et condamnées. Mais, en
liberté provisoire, vous pouvez aussi être blanchi. C’est pourquoi on appelle
cela la détention provisoire. C’est quand on est en détention provisoire qu’on
peut obtenir la liberté provisoire. L’épée de Damoclès plane toujours sur
votre tête puisqu’étant en liberté provisoire, vous n’êtes pas totalement
libre. Il y a des choses que vous ne pouvez pas faire sans l’autorisation du
juge d’instruction.
Cela
pourrait-il être le cas des prisonniers politiques actuellement en liberté
provisoire. S’ils ne restaient pas tranquilles et faisaient certaines choses,
pourraient-ils être passibles de la cour d’assises ?
Dans une affaire politique, quand
on est en liberté provisoire, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire la
politique. Mais si vous voulez faire une révolte ou armer des gens, vous
commettez de nouvelles infractions qui pousseront les autorités en place à vous
rappeler. Vous pouvez agir, mais toujours dans la légalité. Même de manière
naturelle sans faire allusion à ces personnes auxquelles vous faites allusion,
j’ai dit que la liberté provisoire ne signifie pas l’innocence et qu’on doit
faire attention. Certains ont mal interprété cela.
Quel
regard jetez-vous sur le dialogue politique actuel en Côte d’Ivoire ?
Par cette question, nous sortons
du cadre qui me concerne. Cependant je dirais que le dialogue qu’on a engagé
actuellement est purement politique. Je ne voudrais pas personnellement entrer
dans ce sillage, mais j’observe que depuis qu’on a institué ce dialogue, on
peut se demander : où en sommes-nous ? Quel est l’impact de ce dialogue dans
notre environnement sociopolitique ?
Ce
dialogue s’il est constant et que chaque partie s’y engage sincèrement peut
favoriser le dégel financier…
C’est vrai que cela y participe,
mais il faut des mesures d’apaisement. On peut dire qu’à partir d’aujourd’hui
la vague d’arrestations s’est terminée. Ainsi on parle de réconciliation. Si
aujourd’hui les partis politiques s’entendent sur un code de bonne conduite, il
y aura la réconciliation. Il n’y a pas d’ethnies en conflit ni une région
dressée contre une autre. Si les politiques font preuve de grandeur, on sera
réconcilié. La réconciliation dépend d’eux et non pas des allogènes et des autochtones. On va dans des villages à qui
l’ont dit de se confesser. Ce qu’on leur fait faire, ce sont des confessions
publiques, mais ce n’est pas de la réconciliation.
Est-ce à
dire que le travail de Charles Konan Banny est voué à l’échec ?
Il ne faut pas être pessimiste.
Lui aussi, c’est ce qu’il croit être bon. Moi je donne juste mon avis.
Récemment
le président du FPI a été empêché de rencontrer Madame Gbagbo à Odienné, lors
d’une tournée. Cet empêchement a été décrié par une ONG des Droits de l’Homme.
Quel commentaire pouvez-vous faire de cette situation ?
Si Affi N’Guessan décide d’aller
voir Madame Gbagbo ce n’est pas pour l’enlever. Les problèmes de sécurité et
autres ont été évoqués pour l’empêcher. Le fait de l’empêcher ne peut qu’envenimer
les relations. Chez nous les avocats, tout est une question de procédure. On a
parfois dit qu’il n’avait pas d’autorisation pour la voir. Même nous on nous
dit qu’il faut une autorisation pour aller voir nos clients. Prenez le Code de
procédure et vous verrez. Qu’une fois qu’un avocat est constitué, il peut à
tout moment aller voir son client. Il n’a pas besoin d’une autorisation d’un
juge d’instruction. Nous subissons nous-mêmes cela jusqu’aujourd’hui.
Il vous a
été demandé une autorisation avant de voir votre client ?
Oui. Donc le cas d’Affi ne me
surprend pas du tout. Mais c’est dommage. C’est vrai que le Code n’a jamais
prévu qu’un Chef de parti a le droit d’aller voir un de ses membres en prison.
Mais…
Affi
aurait été dument autorisé par le ministre de l’Intérieur à effectuer
S’il a reçu l’autorisation du
ministre de l’Intérieur, c’est que c’est l’autorité du ministre qui a été
bafouée. Donc, Affi n’a rien à se reprocher.
L’ex-ministre
de Gbagbo, Mr Don Mello a été interpellé récemment au Cameroun. Faut-il voir en
cette interpellation un problème de droit de l’homme ou une affaire politique ?
Personnellement, j’ai lu cette
information de manière évasive. Mais c’est ce que j’ai souligné. Il faut qu’on
arrête toutes ces histoires. On ne peut pas dire d’un côté aux gens de rentrer
et d’un autre côté, procéder à des arrestations. Je ne sais pas dans quelle
condition il a été arrêté. Est-ce que ses droits de citoyens n’ont pas été
respectés ? Je ne peux pas me prononcer là-dessus parce que je ne connais pas
les conditions de son arrestation.
La CPI a
confirmé les charges contre l’ex-président Laurent Gbagbo. Est-ce une victoire
juridique, si oui, est-ce pour le camp Gbagbo ou pour le procureur ?
Ce n’est même pas une victoire
pour le procureur. Le système anglophone est différent du nôtre. On dit que
deux juges sur trois ont décidé de confirmer les charges. Donc, il y en a un
qui était favorable à Gbagbo, donc il n’y a pas eu d’unanimité. J’ai vu la réponse
de mon confrère Altit qui dit que c’est une bonne décision et qu’on pourra
entendre leur moyen de défense. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose
parce que ce n’est pas à souhaiter. Confirmer les charges, cela veut dire qu’il
est coupable. Mais quand sera-t-il jugé ? Vous le savez, on peut faire trainer
ce dossier. On peut laisser passer cinq ans avant que Gbagbo ne soit jugé.
C’est cet aspect-là qui m’a posé question parce qu’on aurait pu le laisser en
liberté provisoire et même aller lui assigner un pays et la procédure allait
continuer. Donc, tout cela, nous échappe énormément. Ça nous permet de faire
valoir nos moyens de défense, mais notre vérité ne sera peut-être pas la vérité
des juges. On est parti pour sa condamnation. On aura beau crier, c’est cela
qui risque d’arriver. On va appeler des faux témoins. Je l’ai dit au procès du
général Dogbo Blé. Et cela me rappelle le procès de Jésus.
Donc, vous
voulez dire qu’il y a eu interférence de la politique dans la décision de la
CPI ?
Oui, déjà même à la base. Notre
propre texte même stipule qu’on ne livre pas ses compatriotes. Aujourd’hui, le
gouvernement a pris la décision de ne pas livrer Mme Gbagbo à la CPI. Qui peut
envoyer un avion pour la transférer ? Si toi-même tu livres ton enfant, qu’est-ce
que tu veux qu’on dise ? De toutes les façons, le droit a un aspect politique,
que ce soit sur le plan international ou interne. Le droit ne peut pas échapper
à la politique.
Qu’est-ce
qu’il faut retenir ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que
nous avons toujours vécu en bonne intelligence dans ce pays. Ce qui est arrivé,
est un épisode de notre vie parce que le parcours d’une nation comme la vie
d’un homme n’a jamais été linéaire. Si ces perturbations arrivent, il faut à un
moment donné savoir y mettre fin. Pour y mettre fin, il faut de la volonté. Les
mêmes décisions que nous avons prises pour arrêter ces gens sont salutaires et
que c’est peut-être pour montrer aux gens, comme disent les policiers, que
force reste à la loi. Mais d’un autre côté, il faut aussi que le droit soit observé
dans sa plénitude.
Expliquez-nous
un peu la procédure de la CPI. On dit qu’il n’y a pas de charges contre une
personne et mais on la retient en prison et après on vient confirmer les
charges…
Ça peut arriver qu’on dise que
les charges ne sont pas suffisantes. On peut laisser en liberté l’individu ou,
on peut demander : est-ce que vous avez d’autres éléments pour témoigner. En
principe, quand vous déclenchez une poursuite, cela veut dire que vous avez
tous les éléments pour aller jusqu’au bout. Mais si vous vous rendez compte que
vous n’avez pas suffisamment de preuves, vous pouvez laisser tomber la
procédure. La procédure au niveau de la CPI est différente de celle de nos
juridictions ordinaires. J’ai eu la chance d’assister à des audiences en
Angleterre. Là-bas, il faut forcément l’unanimité. Or chez nous, c’est le
système de la majorité qui prévaut.
Est-ce que
la confirmation des charges signifie la culpabilité ?
On est coupable quand on est jugé et condamné. Pour le moment,
il y a toujours la présomption d’innocence. Le Président Gbagbo peut même
obtenir une liberté provisoire malgré la confirmation des charges car il est
encore présumé innocent.
Propos recueillis
par Dosso Villard et Abdoulaye Touré
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de
provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre
ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou
l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu
informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des
mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : L’Intelligent d’Abidjan 18 Juin 2014
(*) - Maître
Mathurin Albéric Dirabou, du Barreau d’Abidjan, est l’avocat de la plupart des prisonniers
politiques, militaires et civils, incarcérés depuis le coup de force
franco-onusien de 2011.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire