jeudi 12 juin 2014

EXILES : POUR OU CONTRE LEUR RETOUR SANS PREALABLES ?


 
Le texte que vous allez lire nous a été adressé par un collectif d’exilés amis de ce blog, signant Youkéli, comme une invitation à débattre d’une question que sans doute beaucoup d’Ivoiriens – et pas seulement parmi nos sœurs et nos frères exilés – se posent aujourd’hui. Cette question peut s’énoncer de la manière suivante : celles et ceux qui, pour sauver leur vie, durent s’enfuir hors de la patrie après la catastrophe du printemps 2011, doivent-ils mettre fin à leur exil sans aucun préalable ni aucune garantie ou assurance, et alors que les dangers et les risques qu’ils avaient dû fuir existent toujours, certains à peine atténués, d’autres encore aggravés du fait de l’incompétence, de l’incapacité, de l’incurie ou de la duplicité des autorités de faits installées à la tête de notre pays depuis le 11 avril 2011 ? A cette question, depuis leur exil, nos amis répondent « OUI », et leurs motifs de le faire sont parfaitement respectables.
Et vous, que – et comment – y répondriez-vous ? Amis lecteurs, à vos plumes !
 
La Rédaction
 

cd

 QUELLES CONDITIONS POUR LE RETOUR DES EXILES ?
Depuis avril 2011, après l’installation au pouvoir de Ouattara par les Français, des centaines de hauts cadres et des dizaines de milliers d’Ivoiriens ont dû fuir leur patrie. Beaucoup se sont réfugiés dans les pays voisins ; d’autres sont partis vers l’Europe et l’Amérique.
La création de la « Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation » (CDVR), composée, entre autres, de représentants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), de l’ancienne majorité présidentielle (LMP), et de personnalités de la société civile, avait fait espérer qu’on allait évoluer vers une certaine normalisation qui permettrait le retour au pays de tous ceux qui avaient dû fuir pour sauver leur vie. Mais, hélas ! Voilà trois ans que la CDVR fonctionne, et aucune solution ne paraît à l’horizon ! L’insécurité persiste et même s’aggrave de jour en jour dans les villes, sur les routes, et tout particulièrement à l’ouest, où les dozo règnent en maîtres. Pendant ce temps, des dizaines de milliers d’Ivoiriens, qui ont servi leur pays et qui peuvent encore le servir, continuent de vivre en exil dans des conditions précaires.
La CDVR n’a entendu aucun des antagonistes. Ceux qui ont été mis au pouvoir par l’étranger peinent à maitriser la situation, tandis que leurs adversaires croupissent dans les prisons en Côte d’Ivoire ou se « cherchent » à l’étranger.
Cela doit-il durer encore ? Et pendant combien de temps ? Qu’espère-t-on ?
Tout le monde sait, et les Ivoiriens les premiers, que la paupérisation ne fait que s’accroitre depuis que Ouattara est au pouvoir. Les parents et amis qui aident les exilés à survivre connaissent eux-mêmes de plus en plus de difficultés. La vie devient insoutenable pour tous. Dans ces conditions, et au risque d’affronter d’autres sortes de difficultés, certains décident de rentrer au pays sans attendre l’aboutissement d’improbables négociations et les garanties qui en découleraient. En effet, leurs avoirs sont  toujours gelés par le régime Ouattara et leur maisons, saccagées, sont toujours occupées par les FRCI et les dozo.
A quoi sert donc la CDVR ? Depuis trois ans, elle exhorte la population à accepter le régime Ouattara, ses confiscations des biens, son rattrapage ethnique, ses enlèvements, ses emprisonnements, ses tortures et ses massacres. Sa mission consisterait-elle à légitimer aux yeux des Ivoiriens le coup de force franco-onusien du 11 avril 2011 ?
Après trois ans, beaucoup ont compris que Ouattara et ses rebelles ne sont pas venus en Côte d’Ivoire pour améliorer le bien être des Ivoiriens, ni celui des populations du nord, ni même celui des Burkinabé. Ouattara est un agent de la finance internationale (Banque Mondiale et FMI). Il est venu achever l’œuvre qu’il a commencé en 1990, c'est-à-dire le bradage de l’économie ivoirienne au bénéfice du capitalisme international, en général, et du capitalisme français en particulier.
Comment libérer la Côte d’Ivoire de la domination française ? C’est là la véritable question ; et la solution ne réside pas dans le changement des hommes mais dans la sortie du système néocolonialiste issu des accords de coopération économique, politique, militaire et culturel, signés avec la France, depuis 1961. Comme on dit chez nous : « on ne peut se débarrasser des magnans qu’après avoir quitté leur nid ». L’objectif de Ouattara est tout autre. C’est pourquoi il joue avec la vie des Ivoiriens. Il dégèle au compte-gouttes les comptes arbitrairement et illégalement gelés. Les maisons des opposants sont toujours occupées par les FRCI et les dozo.
Ouattara et ceux qui l’ont installé à la tête de notre pays veulent détruire tous ceux qui résistent à la domination de la Côte d’Ivoire par la France. Leur projet est de tenir éloignés du pays ceux qui s’opposent à ce dessein jusqu’à ce que le régime soit suffisamment consolidé afin que, à l’échéance de 2015, la soi-disant « communauté internationale » puisse, en toute tranquillité, reconduire son fantoche pour un nouveau quinquennat.
En effet, voilà trois ans que des centaines d’Ivoiriens sont privés de leurs revenus. Même les comptes des retraités ont été gelés. Point de revenus, point de nourriture, point de soins et point d’éducation pour leurs enfants. La faim, les maladies et la mort sévissent dans leurs rangs.
Que faire ? Deux solutions se présentent aux exilés : rester en exil ou rentrer au pays mais à quelles conditions.
Les raisons qui ont occasionné l’exil n’ont pas disparu. L’insécurité est toujours présente partout en Côte d’Ivoire. Entre le pouvoir qui persécute tous les opposants et les bandits de grands chemins issus des milices de Ouattara, les Ivoiriens ne savent où donner de la tête.
Le pays est sans loi. La constitution elle-même est en lambeaux, déchirée depuis Marcoussis, elle a été froissée et jetée à la poubelle au moment de la crise post électorale. Sans loi, comment peut-il exister de justice ? Notre justice est borgne, elle ne voit que les partisans de Laurent Gbagbo, qu’elle poursuit, condamne, emprisonne et envoie à la Haye. A ces raisons s’ajoute la misère de moins en moins supportable.
Qui plus est, il n’y a pas de mot d’ordre précis de la part de la direction du FPI en Côte d’Ivoire en vue d’orienter les exilés.
Cette situation a poussé certains exilés à prendre, individuellement, la décision de rentrer, en accord semble-t-il avec le régime en place. Ces retours solitaires, désordonnés et sans stratégie, affaiblissent les arguments de l’opposition et crée une certaine suspicion en son sein.
Malgré tous ces ennuis, beaucoup d’exilés résistent. Par leurs écrits et par leurs contacts, ils éclairent l’opinion ivoirienne et internationale sur les causes profondes et sur les véritables enjeux de la crise ivoirienne. Ce qui est tout à leur honneur !
La libération du pays exige plus. Or en exil, il n’est pas possible de mener une véritable action politique. Le devoir des patriotes est de ne pas laisser la voie libre aux usurpateurs ? Ils ne doivent pas attendre que Ouattara et ses maîtres veuillent bien ouvrir la porte de leur pays aux exilés.
La stratégie des usurpateurs est de se renforcer tout en affaiblissant les patriotes. Les patriotes ont, eux aussi, l’obligation d’avoir une stratégie qui doit reposer sur l’union de tous ceux qui s’opposent à la domination de la Côte d’Ivoire par la France et ses hommes de main. Cela demande de l’audace et des sacrifices. Malgré les difficultés qui les attendent, les exilés doivent envisager leur retour au pays, un retour collectif et organisé.
Le régime Ouattara ne viendra à la table de négociation que sous la pression des masses. Or les masses ont besoin d’être organisées et mobilisées. Les exilés doivent joindre leurs forces à celles des patriotes qui sont actuellement au pays afin d’accélérer la chute de Ouattara. C’est pourquoi il nous parait nécessaire d’envisager le retour massif des exilés.

YOUKELI

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