Le texte que vous allez lire nous a été adressé par un collectif d’exilés amis de ce blog, signant Youkéli, comme une invitation à débattre d’une question que sans doute beaucoup d’Ivoiriens – et pas seulement parmi nos sœurs et nos frères exilés – se posent aujourd’hui. Cette question peut s’énoncer de la manière suivante : celles et ceux qui, pour sauver leur vie, durent s’enfuir hors de la patrie après la catastrophe du printemps 2011, doivent-ils mettre fin à leur exil sans aucun préalable ni aucune garantie ou assurance, et alors que les dangers et les risques qu’ils avaient dû fuir existent toujours, certains à peine atténués, d’autres encore aggravés du fait de l’incompétence, de l’incapacité, de l’incurie ou de la duplicité des autorités de faits installées à la tête de notre pays depuis le 11 avril 2011 ? A cette
question, depuis leur exil, nos amis répondent « OUI », et leurs
motifs de le faire sont parfaitement respectables.
Et vous,
que – et comment – y répondriez-vous ? Amis lecteurs, à vos plumes !
La Rédaction
cd
Depuis
avril 2011, après l’installation au pouvoir de Ouattara par les Français, des
centaines de hauts cadres et des dizaines de milliers d’Ivoiriens ont dû fuir
leur patrie. Beaucoup se sont réfugiés dans les pays voisins ; d’autres
sont partis vers l’Europe et l’Amérique.
La
création de la « Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation »
(CDVR), composée, entre autres, de représentants du Rassemblement
des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), de l’ancienne majorité présidentielle (LMP),
et de personnalités
de
la société civile, avait fait espérer qu’on allait
évoluer vers une certaine normalisation qui permettrait le retour au pays de
tous ceux qui avaient dû fuir pour sauver leur vie. Mais, hélas ! Voilà
trois ans que la CDVR fonctionne, et aucune solution ne paraît à
l’horizon ! L’insécurité persiste et même s’aggrave de jour en jour dans
les villes, sur les routes, et tout particulièrement à l’ouest, où les dozo
règnent en maîtres. Pendant ce temps, des dizaines de milliers d’Ivoiriens, qui
ont servi leur pays et qui peuvent encore le servir, continuent de vivre en
exil dans des conditions précaires.
La
CDVR n’a entendu aucun des antagonistes. Ceux qui ont été mis au pouvoir par
l’étranger peinent à maitriser la situation, tandis que leurs adversaires croupissent
dans les prisons en Côte d’Ivoire ou se « cherchent » à l’étranger.
Cela
doit-il durer encore ? Et pendant combien de temps ?
Qu’espère-t-on ?
Tout
le monde sait, et les Ivoiriens les premiers, que la paupérisation ne fait que
s’accroitre depuis que Ouattara est au pouvoir. Les parents et amis qui aident
les exilés à survivre connaissent eux-mêmes de plus en plus de difficultés. La
vie devient insoutenable pour tous. Dans ces conditions, et au risque
d’affronter d’autres sortes de difficultés, certains décident de rentrer au
pays sans attendre l’aboutissement d’improbables négociations et les garanties
qui en découleraient. En effet, leurs avoirs sont toujours gelés par le régime Ouattara et leur
maisons, saccagées, sont toujours occupées par les FRCI et les dozo.
A
quoi sert donc la CDVR ? Depuis trois ans, elle exhorte la population à
accepter le régime Ouattara, ses confiscations des biens, son rattrapage
ethnique, ses enlèvements, ses emprisonnements, ses tortures et ses massacres.
Sa mission consisterait-elle à légitimer aux yeux des Ivoiriens le coup de
force franco-onusien du 11 avril 2011 ?
Après
trois ans, beaucoup ont compris que Ouattara et ses rebelles ne sont pas venus
en Côte d’Ivoire pour améliorer le bien être des Ivoiriens, ni celui des
populations du nord, ni même celui des Burkinabé. Ouattara est un agent de la
finance internationale (Banque Mondiale et FMI). Il est venu achever l’œuvre qu’il
a commencé en 1990, c'est-à-dire le bradage de l’économie ivoirienne au
bénéfice du capitalisme international, en général, et du capitalisme français
en particulier.
Comment
libérer la Côte d’Ivoire de la domination française ? C’est là la
véritable question ; et la solution ne réside pas dans le changement des
hommes mais dans la sortie du système néocolonialiste issu des accords de
coopération économique, politique, militaire et culturel, signés avec la
France, depuis 1961. Comme on dit chez nous : « on ne peut se
débarrasser des magnans qu’après avoir quitté leur nid ». L’objectif de
Ouattara est tout autre. C’est pourquoi il joue avec la vie des Ivoiriens. Il
dégèle au compte-gouttes les comptes arbitrairement et illégalement gelés. Les
maisons des opposants sont toujours occupées par les FRCI et les dozo.
Ouattara
et ceux qui l’ont installé à la tête de notre pays veulent détruire tous ceux
qui résistent à la domination de la Côte d’Ivoire par la France. Leur projet
est de tenir éloignés du pays ceux qui s’opposent à ce dessein jusqu’à ce que
le régime soit suffisamment consolidé afin que, à l’échéance de 2015, la
soi-disant « communauté internationale » puisse, en toute
tranquillité, reconduire son fantoche pour un nouveau quinquennat.
En
effet, voilà trois ans que des centaines d’Ivoiriens sont privés de leurs
revenus. Même les comptes des retraités ont été gelés. Point de revenus, point
de nourriture, point de soins et point d’éducation pour leurs enfants. La faim,
les maladies et la mort sévissent dans leurs rangs.
Que
faire ? Deux solutions se présentent aux exilés : rester en exil ou
rentrer au pays mais à quelles conditions.
Les
raisons qui ont occasionné l’exil n’ont pas disparu. L’insécurité est toujours
présente partout en Côte d’Ivoire. Entre le pouvoir qui persécute tous les
opposants et les bandits de grands chemins issus des milices de Ouattara, les
Ivoiriens ne savent où donner de la tête.
Le
pays est sans loi. La constitution elle-même est en lambeaux, déchirée depuis
Marcoussis, elle a été froissée et jetée à la poubelle au moment de la crise
post électorale. Sans loi, comment peut-il exister de justice ? Notre
justice est borgne, elle ne voit que les partisans de Laurent Gbagbo, qu’elle
poursuit, condamne, emprisonne et envoie à la Haye. A ces raisons s’ajoute la
misère de moins en moins supportable.
Qui
plus est, il n’y a pas de mot d’ordre précis de la part de la direction du FPI
en Côte d’Ivoire en vue d’orienter les exilés.
Cette
situation a poussé certains exilés à prendre, individuellement, la décision de
rentrer, en accord semble-t-il avec le régime en place. Ces retours solitaires,
désordonnés et sans stratégie, affaiblissent les arguments de l’opposition et
crée une certaine suspicion en son sein.
Malgré
tous ces ennuis, beaucoup d’exilés résistent. Par leurs écrits et par leurs
contacts, ils éclairent l’opinion ivoirienne et internationale sur les causes
profondes et sur les véritables enjeux de la crise ivoirienne. Ce qui est tout
à leur honneur !
La
libération du pays exige plus. Or en exil, il n’est pas possible de mener une
véritable action politique. Le devoir des patriotes est de ne pas laisser la
voie libre aux usurpateurs ? Ils ne doivent pas attendre que Ouattara et
ses maîtres veuillent bien ouvrir la porte de leur pays aux exilés.
La
stratégie des usurpateurs est de se renforcer tout en affaiblissant les
patriotes. Les patriotes ont, eux aussi, l’obligation d’avoir une stratégie qui
doit reposer sur l’union de tous ceux qui s’opposent à la domination de la Côte
d’Ivoire par la France et ses hommes de main. Cela demande de l’audace et des
sacrifices. Malgré les difficultés qui les attendent, les exilés doivent
envisager leur retour au pays, un retour collectif et organisé.
Le
régime Ouattara ne viendra à la table de négociation que sous la pression des
masses. Or les masses ont besoin d’être organisées et mobilisées. Les exilés
doivent joindre leurs forces à celles des patriotes qui sont actuellement au
pays afin d’accélérer la chute de Ouattara. C’est pourquoi il nous parait
nécessaire d’envisager le retour massif des exilés.
YOUKELI
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