vendredi 5 avril 2013

Quand la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française rejetait une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête sur le rôle de la Force Licorne.

N° 3647
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 ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 12 juillet 2011. 

PROPOSITION DE RÉSOLUTION
visant à créer une commission d’enquête
sur le rôle de la Force Licorne en Côte d’Ivoire,
(Renvoyée à la commission de la défense nationale et des forces armées, à défaut de constitution
d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)
 

présentée par Mesdames et Messieurs

photo Anthony Lozach
Patrick BRAOUEZEC, Marie-Hélène AMIABLE, François ASENSI, Alain BOCQUET, Jean-Pierre BRARD, Marie-George BUFFET, Jean-Jacques CANDELIER, André CHASSAIGNE, Marc DOLEZ, Jacqueline FRAYSSE, André GERIN, Pierre GOSNAT, Jean-Paul LECOQ, Roland MUZEAU, Daniel PAUL, Jean-Claude SANDRIER et Michel VAXÈS, Député-e-s. 

EXPOSÉ DES MOTIFS 

Mesdames, Messieurs,

Les récents évènements survenus en Côte d’Ivoire et l’implication des forces armées françaises dans une guerre civile témoignent que le gouvernement a, de par son action, plus favorisée que tempérée, alors qu’auraient dû être défendues d’une part, la neutralité quant aux enjeux internes ivoiriens et d’autre part, les valeurs intemporelles et universelles qui sont les fondements de l’État français. En effet, il était impératif que la souveraineté du peuple ivoirien soit respectée, car au regard du droit international et particulièrement de l’article 2§4 de la Charte des Nations Unies, il n’est pas acceptable qu’une puissance étrangère s’immisce dans le déroulement des affaires internes d’un pays quel qu’il soit. Dès lors, le rôle joué par la présence militaire de la France en terre ivoirienne, compte tenu de l’histoire coloniale qui lie la France à la Côte d’Ivoire, ne peut qu’être considéré comme ambigu et problématique.

Seul le respect des principes et des valeurs portés par le droit international auraient dû prévaloir, pourtant la France, mandatée par l’ONU pour protéger les populations civiles, s’est possiblement rendue coupable de complicité de meurtres de masse, voire d’épuration ethnique à Blolequin ou à Duékoué en étant l’allié objectif et parfois agissant, des forces présentées aujourd’hui comme républicaines.

À l’automne 2002, Le gouvernement français a refusé l’application des accords de défense à une Côte d’Ivoire en proie à une rébellion armée approvisionnée par un pays voisin. Un cessez-le-feu a été imposé. Il entérinait la partition du pays.

À cette même époque, dans le cadre des accords de défense – signés le 24 août 1961 – entre la France et la Côte d’Ivoire, la France a envoyé en Côte d’Ivoire la « Force Licorne » qui, dès le départ, a mené une opération militaire, indépendamment de l’opération de l’ONUCI.

Cette Force fut longtemps composée de groupements tactiques interarmées, répartis sur l’ensemble du territoire du pays, comprenant des unités de différentes armes ou services (infanterie, cavalerie, train, service de santé, actions civilo-militaires, etc.), d’un bataillon de l’aviation légère, d’un bataillon logistique (BATLOG), d’escadrons de gendarmerie mobile, d’unités prévôtales et d’un groupement de transport opérationnel (GTO) de l’armée de l’air.

En janvier 2003, lors des accords de Marcoussis, la diplomatie française impose la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale intégrant des représentants de la rébellion et la mise en œuvre d’un programme abordant les principaux sujets de fond à l’origine de la crise ivoirienne (nationalité, propriété foncière rurale, éligibilité, restructuration de l’armée, désarmement de la rébellion). À Abidjan, des manifestants refusent que les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur soient confiés aux rebelles, comme le prévoyait l’exécutif français. L’objectif était la tenue d’élections démocratiques à la fin de l’année 2005, mais elles ont été repoussées parce que les conditions organisationnelles pour des élections transparentes – notamment le désarmement – n’étaient pas réunies.

Le 4 avril 2004, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, ONUCI, 6 240 hommes, – résolution 1572 – prend le relais des contingents de la CEDEAO, aux côtés de la force Licorne.

À partir de cette date, la principale mission de la force Licorne est de soutenir l’ONUCI ; elle constitue une force de réaction rapide de troisième rang susceptible d’agir au profit de la force onusienne, celle-ci intervenant en soutien à l’action des forces armées ivoiriennes. Par ailleurs, la force Licorne peut, si besoin est, assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers.

Le 6 novembre 2004, l’aviation gouvernementale ivoirienne effectue un raid aérien sur la position française de Bouaké. 9 morts et 37 blessés parmi les soldats français (2e régiment d’infanterie de marine, régiment d’infanterie-chars de marine, 515e régiment du train) sont à déplorer. Les forces françaises ripostent, quinze minutes après l’attaque, en neutralisant, sans les détruire, l’ensemble des forces aériennes ivoiriennes présentes sur la base de Yamoussoukro.

Selon les autorités françaises, soutenues par une résolution des Nations Unies, cette interposition aurait permis d’éviter une guerre civile et de nombreux massacres.

Depuis mars 2008, les structures ont changé, le bataillon logistique et le GTIA43 ont été dissous et l’ensemble des fonctions logistiques et du soutien sont assurés par la base de soutien à vocation interarmées stationnée à Port-Bouët.

L’opération Licorne a impliqué plus de 5 000 hommes et femmes au plus fort de la crise en novembre 2004. Les troupes françaises ont été ramenées à 2 400 militaires depuis août 2007, puis à 1 800 hommes à partir de mars 2008.

Le 31 juillet 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé de six mois les mandats de l’ONUCI et de l’opération Licorne dont le nombre de militaires a été ramené à 900. Prolongés jusqu’au 31 janvier 2009, ils devaient sécuriser l’élection présidentielle qui devait alors se tenir le 30 novembre 2008.

Au mois de février 2011, la Force Licorne, renforcée, passe à 1 100 hommes et est redéployée dans le but de protéger les ressortissants français, d’apporter un soutien à l’ONUCI et de détruire les armes lourdes des forces pro-Gbagbo utilisées contre des civils. Depuis le 2 avril, des éléments de commandement et trois compagnies, – 2e REP, RMT et 3e RPIMa – ont été projetées afin de renforcer les effectifs de la Force Licorne. Il y a désormais 1 650 militaires français à Abidjan.

En avril 2011, suite à la résolution 1975, le Conseil de sécurité de l’ONU réaffirme son ferme attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Côte d’Ivoire, et rappelle l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale et accueille avec satisfaction la résolution A/HRC/16/25, adoptée par le Conseil des droits de l’homme le 25 mars 2011, notamment la décision de dépêcher une commission d’enquête internationale indépendante chargée d’enquêter sur les faits et circonstances entourant les allégations de graves violations des droits de l’homme perpétrées en Côte d’Ivoire à la suite de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010,

Le 4 avril 2011, les soldats de l’ONUCI et les militaires français de la Force Licorne ont commencé à bombarder les pièces d’artillerie des troupes loyales à Laurent Gbagbo ainsi que certains lieux tels que la RTI. L’ONUCI et la France ont justifié leur intervention en s’appuyant sur la résolution 1975, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 30 mars 2011, qui donnait mandat à l’ONUCI d’utiliser « tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils (…) y compris pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population civile ».

Le 11 avril 2011, les FRCI avec l’appui de l’ONUCI et de la Force Licorne ont arrêté Laurent Gbagbo.

Amnesty International, dans son rapport -AFR 31/002/2011, Amnesty International, mai 2011 – signale que « les forces internationales (à la fois les soldats français de la Force Licorne et les forces de maintien de la paix de l’ONUCI) ont joué un rôle clé en Côte d’Ivoire depuis leur intervention dans cette crise.» Ajoutant que «la légitimité de la présence de ces forces de maintien de la paix a été remise en cause (…) en novembre 2004 et en janvier 2006 » et que par ailleurs ces « forces internationales ont fait usage de la force létale en novembre 2004 et en janvier 2006. »

De nombreuses zones d’ombre entourent cette intervention en Côte d’Ivoire.

Il est important de savoir pourquoi et comment la force Licorne est intervenue, son rôle dans l’avancée des « forces républicaines » vers Abidjan et pourquoi elle n’a pas protégé les populations civiles dans le nord de la Côte d’Ivoire et si des éléments des troupes françaises étaient à proximité de Duékoué.

Par ailleurs, il est impératif de connaître le nombre de victimes imputables aux troupes françaises lors des bombardements visant à protéger les civils ivoiriens.

Mais il est aussi important d’avoir une information sur le rôle des forces françaises dans la capture de M. Gbagbo et de son épouse et où étaient ces troupes lors des exactions commises par les forces républicaines à Abidjan après la capture de M. Gbagbo.

Cette commission d’enquête doit étudier toutes les informations disponibles afin de déterminer les éventuelles responsabilités respectives de l’armée française et de l’ONUCI

Il est aujourd’hui plus que nécessaire qu’il soit mis fin à l’opération Licorne au profit d’un renforcement de l’ONUCI, pour la réconciliation des Ivoiriens et non pour assurer la victoire d’un camp sur l’autre, ce qui serait lourd de menaces pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Si des initiatives d’apaisement doivent être privilégiées, elles ne peuvent se faire que dans le respect d’une part, de la lutte contre l’impunité qui seule permettrait à la Côte d’Ivoire de ne pas plonger dans la violence et d’autre part du droit international – qui précise que les personnes commettant certaines violations graves du droit international relatif aux droits humains peuvent être tenues pénalement responsables – et du droit international humanitaire – , la Côte d’Ivoire est partie aux quatre Conventions de Genève de 1949 et à leurs deux Protocoles additionnels de 1977. Beaucoup de règles spécifiques figurant dans ces traités sont contraignantes pour toutes les parties à un conflit, y compris les groupes armés. Les violations de nombre de ces règles peuvent constituer des crimes de guerre. L’une des règles fondamentales du droit international humanitaire est que les parties à un conflit « doivent en tout temps faire la distinction entre civils et combattants », et en particulier que « les attaques ne peuvent être dirigées que contre des combattants » et « ne doivent pas être dirigées contre des civils ».

Tel est le sens de la proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête sur le rôle de la Force Licorne en Côte d’Ivoire que nous vous proposons d’adopter. 

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

En vertu de l’application des articles 140 et suivants du Règlement de l’Assemblée nationale, il est créé une commission d’enquête de trente membres visant à identifier et analyser le rôle de la Force Licorne en Côte d’Ivoire depuis sa première installation.
 

@ 

Cette proposition fut rejetée par la commission des Affaires étrangères à la suite du rapport du député d’extrême droite Eric Raoult, dont nous reproduisons ci-dessous la 2e partie suivie des avis de quelques commissaires. 

(…) 

II - UNE COMMISSION D'ENQUÊTE DONT LA CRÉATION
SERAIT PARTICULIÈREMENT INOPPORTUNE

Si la proposition de résolution est recevable, son opportunité est en revanche très contestable, au regard de la situation du pays, dans laquelle un grand nombre de ressortissants français est encore impliqué.

A - Des événements complexes, aux multiples acteurs

L'exposé des motifs de la proposition de résolution rappelle les grandes phases de la crise qui agite la Côte d'Ivoire depuis septembre 2002. L'accent est principalement mis sur les efforts internationaux en vue du règlement du conflit.

1) Plus de deux années marquées par des phases de violences et des périodes de retour au calme

Le 19 septembre 2002, après l'échec d'une tentative de coup d'Etat contre Laurent Gbagbo, dont l'élection comme président en octobre 2000 avait été reconnue à la suite d'un soulèvement populaire, les villes de Bouaké et Korhogo, situées respectivement dans le centre et le nord du pays, sont tombées aux mains de rebelles et le général Robert Guéi, principal opposant à Laurent Gbagbo, a été assassiné. Dès le 22 septembre, des renforts militaires français sont envoyés sur place pour assurer la sécurité des ressortissants étrangers, selon le principe du droit international coutumier qui permet à un Etat de protéger ses ressortissants à l'étranger : constitué à partir du 43ème bataillon d'infanterie de marine, composé de 511 militaires et stationné à Port Bouët, près d'Abidjan, le dispositif français est baptisé opération Licorne.
 

La CEDEAO intervient le 29 septembre par la création d'un groupe de contact et l'envoi d'une force de paix, la mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire (MICECI). C'est elle qui obtient le cessez-le-feu du 17 octobre.

Les premiers accrochages entre soldats français et rebelles font une dizaine de victimes chez ces derniers le 1er décembre, quelques jours avant que l'armée française découvre un charnier de 120 cadavres dans l'Ouest du pays.

C'est près de Paris que se réunit, du 15 au 26 janvier 2003, l'ensemble des parties au conflit et que sont signés les accords dits de Linas-Marcoussis qui prévoient le maintien au pouvoir du Président Gbagbo et la constitution d'un gouvernement formé de toutes les parties, y compris des rebelles qui obtiennent les ministères de la Défense et de l'Intérieur. Le 4 février 2003, éclatent à Abidjan des manifestations anti-françaises hostiles à ces accords, qui conduisent l'ONU à autoriser, par la résolution 1464, le déploiement de forces appartenant à la France et à la CEDEAO ; l'opération Licorne est renforcée, et son effectif atteint 3 000 hommes.

Alors que le gouvernement de réconciliation nationale a été mis en place et qu'un cessez-le-feu est conclu entre les forces gouvernementales et les rebelles, le conseil de sécurité des Nations unies adopte, le 13 mai 2003, la résolution 1479 qui crée « pour une période initiale de six mois, une mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (MINUCI) avec mandat de faciliter la mise en œuvre de l'accord de Linas-Marcoussis et comprenant une composante militaire (...), en complément des opérations menées par les forces françaises et celles de la CEDEAO ».

Le 27 février 2004, la résolution 1528 du conseil de sécurité autorise le déploiement de l'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) pour une durée de douze mois. Formée de 6 240 militaires et de 350 policiers, cette force a pour mission d'observer le cessez-le-feu, d'aider au désarmement et au retour à la vie civile des combattants, de mettre en sûreté ou de détruire les armements confisqués, et de contribuer à la préparation de l'élection présidentielle prévue en 2005 par les accords de Marcoussis.

La période allant de mars à août 2004 est marquée par les difficultés rencontrées par le gouvernement de réconciliation nationale, qui ne comptait plus que 15 membres en mai, contre 44 initialement. Le 30 juillet, au sommet d'Accra, présidé par Kofi Annan, est dicté un échéancier pour une solution à la crise ivoirienne, dont le non-respect sera sanctionné par l'ONU. Mais le désarmement qu'il prévoit à compter du 15 octobre ne débute pas, les anciens rebelles des Forces nouvelles exigeant au préalable l'application des réformes politiques prévues à Accra.

La situation se dégrade à nouveau brutalement à partir du 4 novembre : l'armée régulière bombarde les positions défendues par les Forces nouvelles à Bouaké et à Korhogo, attaques auxquelles les forces de l'opération Licorne répondent. Un raid de l'aviation ivoirienne est lancé le 6 novembre contre les troupes françaises à Bouaké : il fait 9 morts et 34 blessés parmi les soldats français. Après la riposte de l'armée française, qui détruit tous les aéronefs militaires ivoiriens, des pillages et des manifestations anti-françaises à Abidjan conduisent Paris à renforcer de 600 hommes l'opération Licorne. Fuyant ces violences, 8 332 ressortissants français, sur un total de l'ordre de 15 000, sont rapatriés en France entre le 10 et le 18 novembre.

Le 15 novembre, le conseil de sécurité adopte à l'unanimité la résolution 1572, dans laquelle il condamne les frappes aériennes conduites par l'armée ivoirienne, renouvelle son appui aux actions de l'ONUCI et des forces françaises, décide d'un embargo sur les armes à effet immédiat, et envisage des mesures restreignant les mouvements et gelant les avoirs des personnes désignées par un comité créé à cet effet comme constituant une menace pour la paix dans le pays.

2) Le rôle positif, bien qu'imparfait, de la France et des autres acteurs extérieurs

La proposition de résolution parle du « grippage diplomatique et militaire » du dispositif mis en place par la France et les Nations unies, dénonce « des dysfonctionnements diplomatiques et militaires porteurs d'une instabilité accrue » et s'inquiète de « la perpétuation d'une crise aux conséquences imprévisibles, locales comme régionales ». S'il est vrai que les efforts diplomatiques convergents de l'ONU, de la France et des organisations africaines, n'ont pas donné tous les résultats attendus, la responsabilité en incombe incontestablement plus aux acteurs ivoiriens de la crise, qui n'ont pas tenu leurs engagements, qu'aux intervenants extérieurs dont la marge de manœuvre a toujours été étroite. Leurs initiatives ont été globalement cohérentes, les Nations unies approuvant chacune d'elles ; il n'y a pas eu d'initiatives contradictoires ou concurrentes. En particulier, les interventions françaises ont été systématiquement le fruit d'une concertation avec les organismes régionaux ou internationaux. Les accords d'Accra et les résolutions de l'ONU se sont appuyés sur les accords de Linas-Marcoussis, qui demeurent la base du règlement de la crise ; la médiation conduite par le Président Mbeki vise toujours leur mise en œuvre effective.

Dire, comme le fait l'exposé des motifs de la proposition de résolution, que « le Gouvernement [français] n'est pas parvenu à proposer une issue crédible à la crise ivoirienne » relève de la mauvaise foi. C'est incontestablement lui qui, au cours des premiers mois qui ont suivi le 19 septembre 2002, a participé le plus directement au travail de rapprochement des positions du gouvernement ivoirien et des rebelles en prenant l'initiative de la négociation des accords de Marcoussis et en obtenant leur signature. Leur crédibilité n'est pas contestable. Ces accords portent sur une série de problématiques cruciales, à l'origine de la crise ivoirienne, et trop longtemps délaissées par les pouvoirs politiques ivoiriens successifs, comme la question de la nationalité et de la condition des étrangers, le régime foncier, le rôle des médias, les droits et les libertés humaines. La conclusion de ces accords a permis à la fois l'interruption durable des combats, la coopération entre les rebelles et les forces de sécurité nationales lors de la campagne de stabilisation de l'Ouest, le déploiement d'un contingent d'interposition international et l'ouverture d'un espace de dialogue politique entre les acteurs de la crise. Tout massacre à grande échelle, du type de ceux qui ont ravagé le Rwanda, a ainsi pu être évité.

Il ne faut pas oublier que la France est intervenue peu de temps après le 19 septembre 2002, à la demande du Président Gbagbo : celui-ci a en effet accusé à mots couverts le Burkina Faso et le Libéria d'avoir participé à l'organisation de la tentative de coup d'Etat et a demandé l'application de l'accord de défense franco-ivoirien du 24 avril 1961, qui prévoit une assistance militaire française en cas d'agression extérieure de la Côte d'Ivoire. La France a d'abord refusé cet appui, en invoquant le caractère interne du conflit ; ce n'est que lorsque les combats entre armée régulière et mutins ont menacé la sécurité des ressortissants étrangers, français, mais aussi américains et libanais, qu'une intervention humanitaire a été demandée à la France. 800 soldats français ont été envoyés sur place, ainsi, d'ailleurs que 200 Américains et des Britanniques. Dire, comme le fait la proposition de résolution, que les « efforts [de la France] ont été au fil des mois " mutualisés " » est inexact, puisque la CEDEAO est intervenue une dizaine de jours seulement après le 19 septembre.

Quant au contenu de la mission des troupes françaises stationnées en Côte d'Ivoire, il a certes évolué dans le temps, mais il a toujours été clair et cohérent avec les missions assignées aux forces internationales, contrairement à ce que sous-entend la proposition de résolution. Initialement, ces troupes avaient pour mission de participer à la défense de l'intégrité territoriale du pays en cas d'attaque par des forces d'un pays étranger, dans le cadre des accords de défense, et de concourir à la défense des intérêts français en Côte d'Ivoire, en particulier la sécurité des ressortissants français. A partir du 19 septembre, cette mission a évolué pour consister à assurer la sécurité des ressortissants français, apporter un soutien aux forces gouvernementales, dans les limites compatibles avec l'esprit de la mission et les moyens disponibles, dissuader toute violation de la ligne de non-franchissement, s'opposer aux éventuelles exactions dont les forces françaises pourraient être témoins et soutenir la montée en puissance de la force africaine.

Une fois la zone de confiance créée, en mai 2003, les forces françaises ont reçu pour mission de garantir la sécurité des ressortissants français et de la communauté internationale sur le territoire de la Côte d'Ivoire, d'interdire toute pénétration de rebelles vers le sud du pays, de soutenir la force de la CEDEAO déployée dans la zone de confiance et de participer, en coordination avec celle-ci, au contrôle du cessez-le-feu. Lorsque l'ONUCI a été pleinement opérationnelle, en août 2004, le détachement Licorne a toujours été chargé de garantir la sécurité des ressortissants français et étrangers, mais a aussi reçu mission d'appuyer l'action de l'ONUCI en contribuant à la sécurité générale de la zone d'activité des forces internationales, tout particulièrement pendant le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, en intervenant à la demande et au profit d'éléments de l'ONUCI dont la sécurité serait menacée, et en intervenant contre les actions des belligérants, en dehors de la zone contrôlées directement par l'ONUCI et en particulier pour la protection des populations civiles. Après les événements de début novembre et la neutralisation de l'aviation militaire ivoirienne, qui relevait de la légitime défense, les forces françaises ont retrouvé leurs missions antérieures et se préparent à participer avec l'ONUCI à la surveillance de l'embargo sur les armes.

La principale faiblesse des forces internationales de maintien de la paix, qui compte environ 12 000 soldats, n'est pas à chercher dans une éventuelle insuffisance de leur coordination, mais plutôt dans l'étroitesse de la mission de sécurité qui leur a été confiée et dans la modestie de leurs moyens. Le détachement Licorne a été chargé, en février 2004, de soutenir les opérations de l'ONUCI, dont le mandat est géographiquement limité à la « zone de confiance », zone-tampon entre la partie du pays contrôlée par les rebelles au Nord et celle restée sous l'autorité du Gouvernement. Dans les villes, où la plupart des faits sanglants ont eu lieu, la sécurité est de la responsabilité des autorités locales.

Le Secrétaire général des Nations unies a demandé, en décembre dernier, le déploiement de plus de 1 000 hommes supplémentaires, dans le cadre de l'ONUCI, et les effectifs de l'opération Licorne ont d'ores et déjà été renforcés.

B - Des interventions sur lesquelles de nombreuses informations sont disponibles et qui se prêteraient mal à une commission d'enquête

Un grand nombre de journalistes français, ivoiriens et d'autres nationalités, sont présents en Côte d'Ivoire et rendent compte des événements qui s'y déroulent. Les médias français, en particulier, traitent abondamment de ce sujet.

Les Nations unies présentent très régulièrement un rapport du secrétaire général qui assure un suivi impartial et très détaillé de la crise en Côte d'Ivoire et des initiatives prises en faveur de son règlement. De mars 2003 à janvier 2004, quatre rapports ont ainsi fait le point sur l'évolution de la situation et de l'activité de la MINUCI ; depuis la mise en place de l'ONUCI en février 2004, trois autres rapports ont été publiés, le dernier en date du 9 décembre.

Les Nations unies ont aussi mandaté une commission d'enquête indépendante internationale chargée d'enquêter sur « les allégations de violations graves des droits de l'homme qui auraient été commises sur le territoire ivoirien depuis le 19 septembre 2002 ». Son rapport a été remis au haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme le 15 octobre dernier, puis au secrétaire général des Nations unies, le 19 novembre. Bien qu'il n'ait pas encore été rendu public, son contenu est connu. Il éclaire les circonstances des événements du 19 septembre 2002, qui sont qualifiés de « tentative de coup d'Etat », et apporte des éléments nouveaux sur les multiples violations des droits de l'homme et les assassinats politiques intervenus depuis cette date, qui sont imputables tant à la rébellion qu'au camp présidentiel. Il est accompagné d'une annexe confidentielle qui dresse la liste des personnes soupçonnées d'avoir commis ces violations, dont certaines pourraient relever de la qualification de crime contre l'humanité.

Par ailleurs, le 7 décembre, la conférence des présidents de groupe de l'Assemblée nationale ivoirienne a décidé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les affrontements qui ont suivi l'offensive gouvernementale lancée le 4 novembre. S'il est à craindre que cette commission d'enquête ne fasse pas preuve du même souci d'impartialité que la commission d'enquête internationale indépendante, il n'apparaît pas opportun de mettre en place en France, de manière quasiment simultanée, une commission d'enquête parlementaire dont la création repose sur la mise en question de la pertinence des interventions internationales, et dont les conclusions ne manqueraient pas d'être comparées à celles de la commission d'enquête ivoirienne.

Etant donné la masse d'informations déjà disponible sur le sujet, la seule valeur ajoutée que serait susceptible d'apporter une commission d'enquête de notre Assemblée résiderait dans la découverte d'éventuels documents inédits. Celle-ci est d'autant plus improbable que le II de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 précitée dispose que les rapporteurs de commissions d'enquête « sont habilités à se faire communiquer tous les documents de service, à l'exception de ceux revêtant un caractère secret et concernant la défense nationale, les affaires étrangères, la sécurité intérieure ou extérieure de l'Etat (...) ». Une commission d'enquête ne permettrait donc pas de percer d'éventuels secrets.

De plus, le principal intérêt d'une commission d'enquête réside dans la possibilité d'entendre l'ensemble des acteurs d'un dossier et de confronter leurs déclarations. L'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 prévoit certes que « toute personne dont une commission d'enquête a jugé l'audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée, si besoin est, par un huissier ou un agent de la force publique, à la requête du président de la commission », mais il n'est guère envisageable d'utiliser cette disposition pour obtenir le témoignage d'un chef d'Etat ou d'un militaire étranger qui n'accepterait pas d'être auditionné. Il est à craindre qu'une éventuelle commission d'enquête soit dans l'incapacité d'entendre les principaux acteurs de la crise ivoirienne.

C - Une situation très délicate, sur laquelle il serait mal venu d'enquêter actuellement

1) Des milliers de Français, civils ou militaires, sont encore en Côte d'Ivoire

A la suite des émeutes anti-françaises du début du mois de novembre dernier, qui ont conduit, à Abidjan, au saccage ou au pillage de près de 300 domiciles, de quatre des cinq établissements scolaires conventionnés et de nombreux commerces, plusieurs milliers de Français, surtout des femmes et des enfants, ont quitté la Côte d'Ivoire. 5 434 Français ont été rapatriés grâce aux quatorze vols affrétés par l'Etat français. Au total, plus de 8 300 Français, sur les quelque 15 000 qui y étaient installés, ont quitté la Côte d'Ivoire pour la France depuis ces violences ; d'autres, dont le nombre n'est pas connu très précisément, se sont temporairement réfugiés dans des pays voisins. Le ministère des Affaires étrangères considérait, à la mi-décembre 2004, qu'il y avait encore à Abidjan 1 200 Français d'origine européenne et 5 à 6 000 binationaux, ces derniers, à l'exception des conjoints de Français d'origine européenne et des métis, n'ayant pas été pris à partie au cours des émeutes. S'ils ont presque tous toujours vécu en Côte d'Ivoire, ils n'en craignent pas mois que la situation politique entraîne des troubles inter-ethniques qui ne leur permettraient plus de vivre dans ce pays.

Les Français qui résidaient depuis longtemps en Côte d'Ivoire, ou qui y ont créé leur entreprise, estiment souvent qu'ils n'ont pas d'autre choix que de rester dans ce pays, ou d'y revenir. Malgré l'aide aux rapatriés de Côte d'Ivoire que le Gouvernement a mise en place, il est probable qu'ils continueront à y travailler. Le ministère pense qu'ils mettront leur famille à l'abri en France car ils sont conscients des risques qu'ils continuent à courir en tant que boucs émissaires désignés d'avance, si de nouvelles convulsions politiques interviennent. Un certain nombre de Français qui ont quitté la Côte d'Ivoire en novembre y sont certainement déjà retourné.

Par ailleurs, après la mort des neuf militaires dans le bombardement de Bouaké, 4 500 soldats français sont encore stationnés en Côte d'Ivoire (leur nombre a atteint 5 200 en novembre dernier), où ils continuent à remplir leur mission de soutien à l'ONUCI. Aucune initiative ne doit être prise, qui risquerait de rendre leur tâche encore plus difficile ou de faire peser de nouvelles menaces contre eux.

2) Le retour au calme ne doit pas être troublé

Depuis les événements sanglants du début du mois de novembre dernier, la situation semble s'améliorer progressivement, malgré les incohérences des déclarations du Président Gbagbo. Les visites répétées du Président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté comme médiateur par l'Union africaine, ont permis un rapprochement du point de vue des parties en conflit. Un calendrier, rendu public le 17 janvier, vient d'être fixé par l'Union africaine, en ce qui concerne l'achèvement du programme législatif, le désarmement, la création d'un climat propice à des activités politiques libres, le fonctionnement du gouvernement de réconciliation nationale et la restauration des services sociaux et de l'administration sur l'ensemble du territoire.

Même si elles sont l'objet de critiques de la part des partis d'opposition et si leur contenu est actuellement analysé par le Comité de suivi des accords de Linas-Marcoussis, les réformes politiques prévues par les accords ont été engagées : quatorze projets de loi traduisant ces accords ont été adoptés au cours des derniers mois par l'Assemblée nationale ivoirienne ; ils couvrent l'ensemble des domaines concernés. La révision de l'article 35 de la Constitution, portant sur les conditions d'éligibilité à la présidence de la République, a elle aussi été adoptée par les députés. Elle prévoit que le candidat à la présidence doit être « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirienne d'origine », et non plus « de père et de mère ivoirienne d'origine », ouvrant la voie à une éventuelle candidature d'Alassane Ouattara, principal opposant au Président Gbagbo, sous réserve de l'interprétation qui sera faite du terme « exclusivement ». L'entrée en vigueur de cette révision est actuellement subordonnée à la tenue d'un référendum, jugée incontournable par le Gouvernement ivoirien, mais estimée inutile par ses opposants. Sa mise en œuvre apparaît effectivement difficile dans un pays coupé en deux. Le conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a estimé, à l'issue du sommet de Libreville du 10 janvier dernier, que « le recours au référendum est l'une des options - qui n'est pas exclusive - auxquelles le président de la République de Côte d'ivoire pourrait avoir recours, seulement si cette consultation est organisée dans le respect de l'esprit de Linas-Marcoussis et d'Accra III. »

En octobre 2005, doivent se tenir les élections présidentielles et législatives en Côte d'Ivoire. Elles ne se dérouleront dans de bonnes conditions que si le calme se maintient et si chaque partie respecte ses engagements. Il est donc particulièrement important que les forces internationales poursuivent leur mission pacificatrice, avec l'appui unanime de la Communauté des Etats. 

CONCLUSION

Bien que la présente proposition de résolution ne soit pas juridiquement irrecevable, votre Rapporteur estime qu'elle est inopportune étant donné la présence de Français sur place et l'amélioration progressive de la situation intérieure ivoirienne. L'instrument de la commission d'enquête ne lui apparaît pas adapté, les informations disponibles étant déjà abondantes et plurielles, tandis que les éventuels documents secrets concernant la défense nationale et les affaires étrangères n'ont pas à être communiqués aux rapporteurs de commissions d'enquête et que ceux-ci n'auraient pas les moyens d'obtenir le témoignage de certains des principaux acteurs de la crise.

Il recommande donc de rejeter la proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur les conditions dans lesquelles le Gouvernement français et la Communauté internationale sont intervenus dans la crise de Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002. 

EXAMEN EN COMMISSION

La Commission a examiné la présente proposition de résolution au cours de sa réunion du 18 janvier 2005.

Après l'exposé du Rapporteur, M. Paul Quilès a déclaré qu'il ne souhaitait pas engager devant la Commission un débat sur la situation générale de la Côte d'Ivoire. La commission d'enquête dont la création est demandée ne vise pas à ériger un tribunal jugeant l'action du Gouvernement et de la communauté internationale en Côte d'Ivoire. Elle constituerait en revanche une enceinte permettant au Parlement de comprendre et d'éclairer les zones d'ombre qui ont conduit aux évènements de novembre dernier et qui sont la marque d'un échec de la politique conduite dans ce pays. La mission d'information commune aux commissions des Affaires étrangères et de la Défense mise en place après les évènements du Rwanda montre l'intérêt que la Représentation nationale se saisisse de tels sujets et qu'elle puisse entendre les diplomates et les militaires concernés. Elle doit le faire suffisamment tôt pour éviter que les évènements ne prennent une autre tournure. Des militaires engagés dans les opérations en Côte d'Ivoire ont par ailleurs demandé à être entendus par une commission parlementaire. Une telle commission ne doit pas gêner l'action de la France à l'étranger, mais elle doit permettre d'éviter que la situation ne dégénère. Il est inexact d'affirmer que les textes s'opposent à la communication aux commissions d'enquête des documents protégés par le secret : la mission d'information sur le Rwanda a ainsi obtenu la communication de 10 000 pages de documents qui ont été déclassifiés à sa demande. Rien ne s'oppose donc à la création de cette commission d'enquête aujourd'hui. Il en va du rôle du Parlement.

M. François Loncle a confirmé les propos de M. Paul Quilès et précisé que la proposition de résolution ne se limitait pas aux événements de l'automne 2004, mais qu'elle portait sur une période courant à compter de septembre 2002, ce qui devait permettre de procéder à un examen étendu et complet de la situation. Si l'Assemblée avait suivi le raisonnement du Rapporteur en 1998, elle n'aurait jamais créé la mission d'information sur le Rwanda, ni celle sur Srebrenica. Il est du devoir du Parlement de se saisir des événements les plus graves et les travaux de ces deux missions d'information ont été presque unanimement salués. Il faut travailler sur la Côte d'Ivoire dans la même optique et s'interroger sur les raisons qui ont conduit à la dégradation de la situation après le sommet de Kléber du 25 janvier 2003.

M. Hervé de Charette a indiqué qu'il était un ardent défenseur du contrôle parlementaire, y compris en matière de politique étrangère. Il est en revanche difficile de créer une commission d'enquête portant sur des événements en cours et sur une politique qui n'a pas été menée à son terme. Dans une affaire où les intérêts en jeu sont complexes, le rapport établi par une telle commission ne manquerait pas de compliquer la tâche du Gouvernement. Dans le cas du Rwanda, comme de Srebrenica, les missions d'information ont été créées après les évènements et non pendant. Aussi la commission d'enquête n'est-elle pas l'instrument le plus adapté. Il faudrait envisager d'autres solutions, comme l'organisation d'auditions des responsables militaires par la Commission des Affaires étrangères. Plutôt que d'instituer un tribunal historique dont la place n'est pas justifiée, de telles auditions satisferaient à l'exigence de bonne information du Parlement.

M. Jacques Godfrain a rappelé que la France était engagée en Côte d'Ivoire sous mandat de l'ONU et qu'il ne fallait pas accréditer l'idée d'un face à face entre les autorités françaises et ivoiriennes. La création d'une commission d'enquête sur un tel sujet se heurterait à d'importantes difficultés : demanderait-elle et parviendrait-elle à convier pour les entendre le chef de l'Etat ivoirien et les autorités militaires ivoiriennes ? Une telle démarche n'apparaît pas très réaliste. Les militaires français ont par ailleurs davantage besoin de soutien que de mise en cause. Pour ces raisons, il a fait part de son opposition à la proposition de résolution.

Le Président Edouard Balladur a considéré que, dans les cas du Rwanda et de Srebrenica, les missions d'information avaient été créées après les événements. Si la représentation nationale devait intervenir pendant le déroulement du conflit, cela ne pourrait que conduire à accroître la confusion de la situation et compliquerait la tâche du Gouvernement. En revanche, il est légitime que le Parlement fasse connaître son jugement a posteriori. A cet égard les travaux de la mission d'information sur le Rwanda ont été salutaires et ils ont contribué à changer les comportements. S'agissant de la Côte d'Ivoire, la création à ce jour d'une commission d'enquête présenterait plus d'inconvénients que d'avantages. En revanche, il serait tout à fait utile d'organiser, en liaison avec la Commission de la Défense, des auditions sur ce sujet, sans pour autant gêner l'action des forces françaises sur le terrain, dont le rôle est indispensable.

M. Paul Quilès a estimé que le travail d'audition des commissions permanentes faisait partie des mécanismes normaux du travail parlementaire et qu'il ne pouvait se substituer aux travaux d'une commission d'enquête. La création d'une mission d'information pourrait en revanche être utile.

Le Président Edouard Balladur a jugé que la création d'une mission d'information n'était pas plus opportune et que, nonobstant la différence de procédure, elle aurait le même résultat qu'une commission d'enquête.

Conformément aux conclusions du Rapporteur, la Commission a rejeté la proposition de résolution (n° 1968). 

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