lundi 15 avril 2013

NICOLAS MADURO, LE CHOIX DE CHAVEZ

Nicolas Maduro, dauphin d'Hugo Chavez, a remporté de peu l'élection présidentielle de dimanche, avec 50,76% des voix contre 49,07% à son rival de l'opposition, Henrique Capriles, selon le résultat officiel proclamé par la commission électorale nationale. 

PORTRAIT

Nicolas Maduro est un homme modeste, que rien ne prédestinait à occuper les plus hautes fonctions du Venezuela. Président par intérim de la puissance pétrolière, et candidat du Parti socialiste uni (PSUV) à l’élection présidentielle du 14avril, ce géant dun mètre quatre-
Le président élu Nicolas Maduro, pour continuer la révolution bolivarienne
vingt-dix, se pr
ésente comme «un fils de Chavez qui se devait d’être à ses côtés». Depuis la mort du «Comandante», le 5mars, il est appelé à succéder à linstigateur de la révolution bolivarienne que le peuple présente désormais comme le «libertador» du XXIe siècle.
Assumer cet héritage n’a rien d’évident après quatorze années de leadership incontestable. Car, non seulement Hugo Chavez a bouleversé la patrie de Bolivar mais il a aussi été l’artisan d’une nouvelle architecture politique continentale. «Nicolas», comme linterpelle son principal concurrent de droite, Henrique Capriles, dans une volonté délibérée de le rabaisser, assume. Pendant des années, a-t-il rappelé, il a été «un garde du corps» dHugo Chavez. Plus quun homme de lombre, comme on le présente, il fut un proche sincère et dévoué. «Et sil avait fallu tourner un boulon dans une entreprise, je laurais fait», confie-t-il.
Sa simplicité est un gage en direction d’un peuple qui a été le garant des succès électoraux enregistrés par le PSUV et la majorité présidentielle. Elle est aussi une posture assumée face aux attaques de la Mesa de la Unidad Democratica (Table de l’unité démocratique, coalition électorale de la droite) et de ses détracteurs en général. L’homme revendique son passé d’ouvrier, et de syndicaliste. «La société doit être bien mal en point pour élire un vulgaire chauffeur comme président», se plaisent à invoquer le leader de la droite avec une dédaigneuse ironie, projetant ainsi une haine de classe, toujours aussi vive. Roy Chaderton, ancien ambassadeur du Venezuela en France et actuellement représentant de l’État vénézuélien au sein de l’Organisation des États américains (OEA), rappelait que derrière le coup d’État d’avril 2002 contre Chavez fomenté par le patronat se trouvait «une idéologie chargée de racisme social».
 
Nicolas Maduro est à peine âgé de douze ans lorsqu’il commence à militer
Qu’à cela ne tienne, «ma main est ferme sur le volant, direction le socialisme», rétorque Maduro. Il faut dire que la campagne électorale offre bien peu de moments de grandeur politique. La confrontation idéologique est aux abonnés absents. Même la moustache fournie du socialiste est sujette à raillerie. C’est dire.
Nicolas Maduro ne serait pas à la hauteur ? C’est mal connaître le personnage. Il a vu le jour le 23novembre 1962, dans le quartier populaire dEl Valle, au sud de Caracas. «Mon origine modeste et mes racines ont débouché sur un long chemin de luttes pour les droits sociaux alors que je n’étais encore qu’un enfant», sest-il livré. En effet, il est à peine âgé de douze ans lorsquil commence à militer au sein du mouvement révolutionnaire Ruptura. Puis il rejoint la Ligue socialiste. Il rencontrera Jorge Rodriguez, le père de l’actuel maire de la capitale, qui sera assassiné durant les années noires de la répression sous la IVe République. Il se passionne pour la révolution cubaine, et son pays, en se rendant dans chaque recoin des «barrios» (quartiers populaires), véritables concentrés de misère et d’oppression.
Au sein du mouvement ouvrier, il se forme aux revendications sociales, en déjouant, comme nombre de militants de gauche de l’époque, les traques de la Disip, la police politique, responsable d’enlèvements, de tortures et d’assassinats. Il devient conducteur de bus à Caracas et délégué syndical. Selon un rapport de la CIA, il aurait alors cumulé les infractions… Depuis, il n’a pas hésité bien souvent à conduire le camion sur lequel était juché Chavez lors des campagnes électorales. C’est encore lui qui tenait le volant de la voiture transportant les principaux ministres lors du cortège funéraire du président.
Au début des années 1980, Nicolas Maduro s’adonne à la musique au sein du groupe de rock Enigma où il joue de la basse et de la guitare. Il sera l’un des fondateurs du nouveau syndicat du métro de Caracas (Sitrameca) et de la Force bolivarienne des travailleurs avant d’en devenir son coordinateur national.
 
Il est désormais au volant de la révolution bolivarienne
Le 4février 1992, il découvre, comme nombre de Vénézuéliens, Hugo Chavez devant les caméras assumant l’échec de linsurrection civico-militaire dont il a pris la tête. «Je me suis dit, cest lui. Une nouvelle histoire va enfin commencer. C’est comme ça que je l’ai vécu», a-t-il déclaré récemment lors dun meeting.
Durant les années de prison du Comandante, il milite pour sa libération avec sa compagne Cilia Florez, ancienne procureur de la République. Après son élargissement, il fondera avec lui le Mouvement Ve République avec lequel Chavez remportera la présidentielle de 1998. Élu député en 1999, puis réélu, il présidera même l’Assemblée jusqu’en 2006 lorsque le leader du socialisme du XXIe siècle lui demande d’assumer la responsabilité du ministère des Affaires étrangères. Un poste qu’il occupera, avec abnégation, pendant six ans et trois mois, et durant lesquels le Venezuela multipliera ses relations diplomatiques et les échanges commerciaux.
Désormais au volant de la révolution bolivarienne, il devra s’imposer et cultiver son style. De ses mots, il se revendique de la fibre des indépendantistes, de Bolivar et du héros indien Guaicaipuro, de «ces patriotes qui se proposent de construire la patrie ou rien. Lindépendance ou rien!»
 
 
Source : L’Humanité (France) 4 Avril 2013
 
 

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Diego Maradona : « Chavez nous a mis dans la tête qu'on pouvait marcher tout seul »

La gloire du football argentin Diego Maradona s'est recueilli vendredi sur la tombe du président vénézuélien Hugo Chavez et a appelé à "poursuivre l'héritage" du champion de la gauche latino-américaine, en élisant dimanche son dauphin désigné à la présidentielle.
Accompagné du président par intérim Nicolas Maduro, grand favori du scrutin face au chef de l'opposition Henrique Capriles, l'ancien footballeur, chemise blanche et diamants à l'oreille, a exhorté le pays à "continuer la lutte", dans une déclaration retransmise par la télévision publique.

Le président Maduro et D. Maradona devant le tombeau de Chavez (apf.com)
Venu se recueillir sur le tombeau en marbre du dirigeant socialiste, abrité dans une caserne transformée en musée sur les hauteurs de Caracas, Maradona a affirmé que le président Chavez avait "changé la manière de penser des Latino-américains qui avaient soumis leur vie entière aux Etats-Unis".
"Il nous a mis dans la tête qu'on pouvait marcher tout seul", a souligné l'ex-star qui comptait parmi les amis personnels de M. Chavez et l'avait déjà accompagné lors de sommets internationaux.
Après 14 ans passés au pouvoir, le charismatique dirigeant du Venezuela est décédé le 5 mars des suites d'un long cancer. Quelques mois avant sa mort, il avait demandé à ses compatriotes de voter pour Nicolas Maduro.
"Il n'est plus là physiquement mais nous allons continuer avec Nicolas, nous allons poursuivre l'héritage et ne pas nous laisser piétiner par quiconque", a ajouté Diego Maradona, s'excusant auprès de la famille du défunt président de n'avoir pu assister à ses funérailles.
L'ancien vainqueur de la Coupe du monde de football en 1986 a participé, revêtu d'une chemise rouge portant le numéro 10, au meeting de clôture de campagne de M. Maduro qu'il a étreint avec effusion devant une marée humaine, réunie jeudi soir à Caracas.
 

Source : AFP, le

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