jeudi 18 avril 2013

Deux personnalités maliennes interdites de séjour en Europe

La domination impérialo-coloniale pèse toujours et encore dans les rapports Nord/Sud et plus encore dans le monde de la Francophonie
Qu'est-ce qu'une démocratie universelle qui se complaît dans des pratiques de mille droits, mille poids et mille mesures dans le droit à l'expression ? Deux leaders africains interdits d'expression en Europe. La France entraverait donc
souverainement la liberté de circulation pour qui ose exprimer un point de vue non aligné sur sa position officielle.
Deux personnalités maliennes d'envergure africaine, voire au-delà, invitées à une conférence organisée à Berlin par la Fondation Rosa Luxemburg, le Journal Allemand de Gauche PROKLA et l'Association « AfricAvenir ». Cette rencontre devait traiter de la thématique : « Le Mali à la croisée des chemins : Après l'intervention militaire et avant les élections ». Il s'agit d'une part d'Aminata Traoré, l'une des très rares femmes politiques africaines francophones. Une grande dame africaine connue et reconnue comme leader d'opinion, largement appréciée pour ses idées progressistes et dont la voix porte au Mali et hors du Mali.
Il s'agit d'autre part du Secrétaire général du parti politique malien anti-impérialiste « Solidarité Africaine pour la Démocratie et l'Indépendance » (SADI), Monsieur Oumar Mariko.
Ces deux personnalités, invitées officiellement pour participer aux travaux de la Conférence, se sont vues refuser par les services consulaires français de Bamako une demande de visa pour participer aux débats en Europe, sur la situation socio-politique du Mali.
Pour Aminata Traoré, il s'agissait de poursuivre, après ses toutes récentes interventions au Forum social mondial (FSM), un combat pacifique militant contre l'intervention des forces armées françaises dans son pays et contre les recommandations faites aux pouvoirs maliens d'entreprendre des élections dès juillet, dans un contexte non encore apaisé, d'insécurité et de crise entre les populations du Nord et du Sud du pays. De son côté, le Dr. Oumar Mariko devait intervenir au Parlement Européen à Bruxelles sur la crise au Mali.
Il semblerait que les raisons avancées par les services du Consulat de France à Bamako auraient été fondées par les prises de position des deux leaders maliens inscrits sur une « liste informelle de personnes interdites de voyage en France pour leur soutien présumé au Capitaine Sanogo », le tombeur d’Amadou Toumani Touré.
De leur côté, les autorités allemandes et la Fondation Rosa-Luxemburg auraient conseillé dans l'urgence à Aminata Traoré et à Oumar Mariko de passer par le Consulat d'Allemagne à Bamako qui a accordé un sauf conduit, en lieu et place du visa demandé, pour un déplacement encadré pour Aminata Traoré. Il a refusé tout document à Oumar Mariko, le considérant comme « présentant un danger pour l'ordre public, la sécurité nationale, la santé publique ou pour les relations internationales avec un ou plusieurs Etats membres [de l'UE] et ne peut convaincre de sa disponibilité à quitter l'espace européen avant l'expiration de son visa ». Monsieur Oumar Mariko n'aurait pas été surpris de ce refus, lui qui aurait été dernièrement débarqué d'un vol en partance pour les USA, lors d'une escale à Paris et renvoyé sur Bamako, par la police française.
Les médias français, pas plus que les mouvements associatifs altermondialistes ou pro-décolonisation réelle du Continent africain, ne semblent spécialement émus par de telles pratiques néocoloniales coutumières qu'on nous promettait révolues, des pratiques qui s'inscrivent en droite ligne de la vision d'une Françafrique éternelle, soutenue par beaucoup de pays de l'Union européenne, spécialement ceux relevant de l'espace Schengen. 

 Par Djilali BENAMRANE (Mediapart)

Source : www.malijet.com 17 avril 2013

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