La domination impérialo-coloniale pèse toujours et encore dans les
rapports Nord/Sud et plus encore dans le monde de la Francophonie
Qu'est-ce
qu'une démocratie universelle qui se complaît dans des pratiques de mille
droits, mille poids et mille mesures dans le droit à l'expression ? Deux
leaders africains interdits d'expression en Europe. La France entraverait donc
souverainement la liberté de circulation pour qui ose exprimer un point de vue
non aligné sur sa position officielle.
Deux
personnalités maliennes d'envergure africaine, voire au-delà, invitées à une
conférence organisée à Berlin par la Fondation Rosa
Luxemburg, le Journal Allemand de Gauche PROKLA et
l'Association « AfricAvenir ». Cette rencontre devait traiter de
la thématique : « Le Mali
à la croisée des chemins : Après l'intervention militaire et avant les
élections ». Il s'agit d'une part d'Aminata Traoré, l'une des
très rares femmes politiques africaines francophones. Une grande dame africaine
connue et reconnue comme leader d'opinion, largement appréciée pour ses idées
progressistes et dont la voix porte au Mali et hors du Mali.
Il s'agit
d'autre part du Secrétaire général du parti politique malien anti-impérialiste « Solidarité
Africaine pour la Démocratie et l'Indépendance » (SADI),
Monsieur Oumar Mariko.
Ces deux
personnalités, invitées officiellement pour participer aux travaux de la
Conférence, se sont vues refuser par les services consulaires français de
Bamako une demande de visa pour participer aux débats en Europe, sur la
situation socio-politique du Mali.
Pour Aminata
Traoré, il s'agissait de poursuivre, après ses toutes récentes interventions au
Forum social mondial (FSM), un combat pacifique militant contre l'intervention
des forces armées françaises dans son pays et contre les recommandations faites
aux pouvoirs maliens d'entreprendre des élections dès juillet, dans un contexte
non encore apaisé, d'insécurité et de crise entre les populations du Nord et du
Sud du pays. De son côté, le Dr. Oumar Mariko devait intervenir au Parlement
Européen à Bruxelles sur la crise au Mali.
Il semblerait
que les raisons avancées par les services du Consulat de France à Bamako
auraient été fondées par les prises de position des deux leaders maliens
inscrits sur une « liste informelle
de personnes interdites de voyage en France pour leur soutien présumé au
Capitaine Sanogo », le tombeur d’Amadou Toumani Touré.
De leur
côté, les autorités allemandes et la Fondation Rosa-Luxemburg auraient
conseillé dans l'urgence à Aminata Traoré et à Oumar Mariko de passer par le
Consulat d'Allemagne à Bamako qui a accordé un sauf conduit, en lieu et place
du visa demandé, pour un déplacement encadré pour Aminata Traoré. Il a refusé
tout document à Oumar Mariko, le considérant comme « présentant un danger
pour l'ordre public, la sécurité nationale, la santé publique ou pour les
relations internationales avec un ou plusieurs Etats membres [de l'UE] et ne
peut convaincre de sa disponibilité à quitter l'espace européen avant
l'expiration de son visa ». Monsieur Oumar Mariko n'aurait pas
été surpris de ce refus, lui qui aurait été dernièrement débarqué d'un vol en
partance pour les USA, lors d'une escale à Paris et renvoyé sur Bamako, par la
police française.
Les médias
français, pas plus que les mouvements associatifs altermondialistes ou
pro-décolonisation réelle du Continent africain, ne semblent spécialement émus
par de telles pratiques néocoloniales coutumières qu'on nous promettait
révolues, des pratiques qui s'inscrivent en droite ligne de la vision d'une
Françafrique éternelle, soutenue par beaucoup de pays de l'Union européenne,
spécialement ceux relevant de l'espace Schengen.
Par Djilali
BENAMRANE (Mediapart)
Source : www.malijet.com 17 avril 2013
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