Gisèle Dutheuil, missionnaire
néo-cons en Côte d'Ivoire et,
naguère (?), l’un des 2 lobes du cerveau
génial de Mamadou Koulibaly.
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“L’Etat doit être un facilitateur
et doit veiller à ce que le cadre des affaires ne limite pas le potentiel
productif d’un secteur privé qui porte deux tiers du PIB ivoirien.”
G. Dutheuil
Où Gisèle Dutheuil confirme que cette affaire d’“ICI 2014” n’était qu’un rendez-vous de joueurs de bonneteau et de leurs dupes.
Forum ICI 2014 : les dangers d’une législation du travail hostile.
Le forum Investir en Côte d’Ivoire
(ICI) 2014 qui s’est tenu à Abidjan début février a été un évènement majeur
ayant réuni plus de 2000 investisseurs potentiels. Les intentions
d’investissements enregistrées, selon le Directeur du Centre de promotion de
l’investissement en Côte d’Ivoire (CEPICI), se répartiraient entre 280
milliards de FCFA dans le secteur privé et 163 milliards pour les
partenariats-public-privé (PPP), soit 443 milliards au total. La question que
se posent désormais les autorités est de savoir comment passer des promesses à
la réalisation des projets. A cette fin, un comité de suivi sera mis en œuvre
par le gouvernement. Ce comité aurait tout intérêt à conseiller le gouvernement
sur les réformes qui s’imposent en urgence pour ne pas faire fuir ces investisseurs.
L’environnement des affaires, certes en léger progrès, reste encore très
hostile en Côte d’Ivoire, [et] l’on peut se demander ce que diront les
investisseurs potentiels lorsqu’ils découvriront les mesures « staliniennes »
orchestrées par l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (AGEPE) ?
Après l’euphorie d’un forum, un
investisseur sérieux analyse l’environnement dans lequel il projette
d’investir. On lui a certes présenté le pays comme étant au Top 10 des pays les
plus réformateur au Doing Business mais, revenons aux fondamentaux : la Côte
d’Ivoire est en bas des classements, 167ème sur 189 économies évaluées. Des
réformes améliorant l’environnement des affaires s’imposent donc urgemment.
En ce qui concerne le marché du
travail, par exemple, si l’on regarde l’index de la liberté économique 2014
publié par la fondation Heritage, le pays obtient une note de 59/100. En effet,
les formalités sont lourdes et entravent la création d’emplois. Loin de
s’améliorer, la lourdeur s’accentue par l’application draconienne, depuis ce
début d’année 2014, de taxation et de formalités terriblement dissuasives pour
les entreprises du secteur privé. On assiste en effet à une compartimentation
du marché du travail : dans le cadre de contrats de travail à durée déterminée,
les entreprises employant des travailleurs non africains devront payer
annuellement un permis de travail dont le coût représente un mois de salaire
(salaire de base + sursalaire). Quant aux travailleurs africains la somme
à payer représente la moitié d’un salaire mensuel. Dans le cadre d’un contrat
de travail à durée indéterminée, les employeurs devront payer la somme de
150% du salaire mensuel pour les non africains et 75% pour les travailleurs
africains (Cela n’incite pas à la stabilité de l’emploi puisque la loi favorise
les contrats plus précaires à durée déterminée). On pourrait cependant se dire
que c’est un moyen de protéger les Ivoiriens en leur réservant des postes mais
cette réflexion devient désuète quand on constate la déliquescence de la formation
dans le pays (Taux d’analphabétisation de 33%, selon l’UNICEF et seulement 27%
des Ivoiriens arrivent à l’école en secondaire). Cela ne signifie pas qu’il n’y
a pas de compétences dans le pays mais la présence d’un salarié expatrié dans
une entreprise permet souvent un partage de compétences favorable à
l’entreprise et aux salariés locaux eux-mêmes surtout s’ils n’ont pas eu
l’opportunité de compléter leur formation à l’étranger.
Les mesures vont plus loin puisque
par une circulaire du ministère de l’emploi, des affaires sociales et de la
formation professionnelle en date du 26 novembre 2013, il est en plus imposé
aux entreprises de fournir à l’AGEPE des copies de tous les contrats de travail
de leurs salariés sous peine de lourdes amendes. Noyée sous des justifications
d’exigences statistiques, cette obligation viole la confidentialité d’un
contrat engageant deux parties. C’est une grave atteinte à la liberté
individuelle. Notons que le projet de nouveau code du travail, non encore
débattu à l’Assemblée nationale oblige les entreprises à recevoir en stage
des élèves ou étudiants en vue de la validation de leur diplôme. Il les oblige
également à « recevoir en stage de qualification ou d’expérience
professionnelle, des demandeurs d’emplois en vue d’acquérir une qualification
ou une première expérience professionnelle ». Cette obligation serait non
seulement une atteinte à la liberté mais signerait, à n’en point douter, des
stages de piètre qualité.
Les entrepreneurs grognent dans les
bureaux de l’AGEPE et certains, loin de parler d’investissements nouveaux,
commencent à évoquer la délocalisation de leurs entreprises. D’autres évoquent
une diminution des salaires et des avantages pour compenser ce surcoût
administratif. Il faut souligner ici que plusieurs rigidités compromettent la
fluidité du marché de travail ivoirien : rigidité des heures de travail,
procédures de licenciement compliquées et couteuses, rigidité du salaire
minimum quand il est appliqué, etc. Dès lors, il n’est pas étonnant d’observer
la tendance au développement des emplois informels alors que le secteur formel
peine à exister dans le pays. La progression de l’informalisation du marché du
travail constituerait un handicap à l’émergence d’entreprises plus performantes
et plus compétitives. Notons que le tissu des entreprises est essentiellement
constitué de petites et moyennes entreprises. Ce sont elles qui créent l’emploi
et qui souffriront de ces nouvelles charges compte tenu de leur fragilité. Des
réglementations rigides et couteuses handicapent leur développement et leur
survie.
Dans ce contexte, les investisseurs séduits par les discours du forum ICI 2014 vont-ils faire le grand
ALOFI !!! Caric’ actu 2574 (Le Patriote) |
Gisèle Dutheuil, directrice d’Audace
Institut Afrique, analyste pour Libre Afrique.
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
l'Intelligent
d'Abidjan 14/02/2014
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