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Le "Serval" redouble d'agressivité... |
Le Parti Solidarité Africaine pour la
Démocratie et l’Indépendance (SADI) suit avec une profonde inquiétude le récent
développement de la situation dans le Nord de notre pays, avec l’offre de
dialogue sans conditions fait par le Pr Dioncounda Traoré au MNLA.
Cette offre faite en dehors d’une
démarche de concertation avec l’ensemble des forces politiques de notre pays,
et sous la dictée de la France et des Nations-Unies s’inscrit dans un processus
d’exclusion des composantes sociales et ethniques des populations du Nord du
Mali et de reconnaissance de fait de la rébellion armée séparatiste et
sécessionniste du MNLA qui a mis en cause les fondements de la nation au nom
du droit à l’autodétermination.
1. Le droit des peuples à
l’autodétermination est reconnu et consacré par le droit international, mais il
est accordé exclusivement aux peuples soumis à la subjugation,
à la domination ou à l’exploitation étrangères. Il a un
caractère résolument collectif et il est refusé aux individus. Cela pose le
problème de la crédibilité du MNLA qui n’a aucune légitimité historique, ni
base sociale populaire, encore moins une identité collective nationale sociale
et culturelle ;
2. L’Azawad n’est pas un territoire
consacré sur le plan historique ni même confirmé comme appellation locale d’un
terroir géographique. Il n’est donc pas un territoire colonial, « soumis
à la subjugation, à la domination ou à l’exploitation étrangères » ;
3. Jamais dans notre histoire, la zone
n’a connu l’existence d’un territoire colonial avec un statut séparé et
distinct de celui du territoire de l’Etat qui l’administre. Elle n’est donc pas
et n’a jamais été sous occupation étrangère (militaire ou administrative). Les
Touaregs du Mali ne constituent pas un peuple colonisé par une puissance étrangère
qui serait le Mali ;
4. Le Mali a toujours reconnu l’existence
de toutes les composantes de notre peuple et leur a garanti l’exercice libre et
transparent des droits fondamentaux exigés par la démocratie. Aucune
revendication ne saurait porter sur la remise en cause de l’unité nationale et
de l’intégrité territoriale, mais plutôt sur des problèmes de mal gouvernance.
Aucun régime politique n’a mis en place un traitement notoirement
discriminatoire volontairement infligé au prétendu peuple « Azawad » sur
les plans politique, juridique, économique, social et culturel.
Par ailleurs, notre Constitution
de 1992 dans son article 25, consacre expressément le principe de
l’indépendance, de la souveraineté et de l’indivisibilité de la République.
Elle reconnaît aussi le droit des minorités ou « l’autodétermination
interne » et veille au respect de leur identité, promeut toutes les
communautés ethniques à travers sa politique de décentralisation. Ces droits
sont essentiellement de nature culturelle, linguistique ou religieuse. Ils sont
protégés à travers des mécanismes « d’autonomie personnelle»
ou « territoriale ».
5. Sur le plan du droit international, le
Parti SADI rappelle l’exigence du respect du principe fondamental de
l’intégrité territoriale du Mali et non la reconnaissance de la sécession du
MNLA, à travers l’octroi d’un statut juridique parce que, selon la
déclaration de 1970 du Comité des droits de l’ONU, celle-ci est « une
action qui consiste à démembrer totalement ou partiellement, l’intégrité
territoriale ou l’unité politique de tout Etat souverain et indépendant ».
Or, dès lors qu’un pays accède à l’indépendance, son intégrité, sa souveraineté
et son unité sont juridiquement protégées au plan international, parce qu’il
est impossible juridiquement d’octroyer l’indépendance dans un espace clos,
inviolable et intangible.
Le Parti SADI exprime son
opposition à toute négociation avec le MNLA qui n’a aucun droit, ni compétence
pour parler d’indépendance, ni même demander une autonomie ou un statut
juridique particulier.
Notre pays du nord au Sud, d’est en
ouest, a toujours été victime d’injustice suscité par la politique de
corruption de l’Etat qui s’est institutionnalisée de 1992 à nos
jours dans la gestion de la crise du Nord de notre pays et qui s’est
traduite par :
- des intermédiaires véreux qui
font des mouvements de rébellion un fonds de commerce ;
- des privilèges injustifiés et irrégulièrement
accordés à ceux qui prennent les armes ;
- des investissements massifs par
rapport à la situation générale des zones et couches déshéritées du territoire
malien ;
- des complicités avérées de
certains éléments des communautés à tous les niveaux y compris dans les plus
hautes institutions de l’Etat avec les différentes rébellions.
Le Parti SADI lance un appel à toutes
les forces démocratiques, progressistes, patriotiques du Nord au Sud, de l’Est
à l’Ouest du Mali, d’Afrique et d’ailleurs, soucieuses de l’indépendance, de la
souveraineté, du caractère indivisible, démocratique, laïc et social de la
République du Mali, à se mobiliser pour mettre en échec le projet séparatiste
et sécessionniste du MNLA et de la France. La création récente de la Commission
dialogue et réconciliation par le Pr Dioncounda Traoré, sous la dictée de la
France, n’a d’autre but que de légitimer le
MNLA. Elle a mis à la disposition du
MNLA une légion d’experts en droit international qui lui ont élaboré
une stratégie fine avec comme première étape, une étrange version du principe
de l’autodétermination et des documents juridiques secrets qui sera imposée au
Mali au cours des prochaines négociations.
Pour le Parti SADI,
a) Les Maliens doivent décider
souverainement du devenir de leur pays à travers la tenue des concertations
nationales souveraines, chose que la CEDEAO, l’Union Africaine, les
Nations-Unies, la France, les Etats-Unis et l’Union Européenne s’emploient par
tous les moyens à empêcher depuis le 22 mars 2012. Ces concertations nationales
souveraines permettront à notre pays d’analyser et de comprendre les racines de
l’effondrement de l’Etat, de la guerre dans la partie Nord de notre pays, des
crises politiques et institutionnelles qui ont jalonné notre processus
démocratique depuis les évènements de mars 1991.
De cet examen sans complaisance de notre
parcours démocratique, doit surgir un Etat nouveau, assaini, restructuré.
Egalement, ces concertations nationales souveraines nous permettront de mener
la lutte implacable contre la corruption et l’enrichissement
illicite, les crimes perpétrés par les cercles mafieux qui ont transformé notre
pays en narco-Etat, l’assainissement de l’Etat, la révision des textes
fondamentaux (charte des partis, Constitution, loi électorale,), portés
par des hommes et des femmes honnêtes capables de conduire cette
transition sous le contrôle de notre peuple.
b) Le Mali doit ainsi engager dès
maintenant une double action politique et diplomatique pour éviter une
occupation prolongée de notre pays et sa mise sous tutelle par la France et les
Nations-Unies. A cet effet, le Parti SADI plaide pour une alliance stratégique
avec l’Algérie, pays avec lequel nous partageons une frontière
commune et des liens historiques solides ;
c) Il ne doit laisser aucune force
étrangère occuper le terrain à travers l’octroi de bases militaires ou
l’établissement d’accords secrets en matière de défense ou de lutte contre le
terrorisme ;
d) Tout appui à notre pays doit
venir en appoint sans possibilité de s’installer pour introniser un groupe
rebelle et piller nos ressources ;
e) La première aide honnête et
sincère de la communauté internationale au Mali passe par la réhabilitation de
son armée en assurant une formation de qualité à ses hommes, en lui fournissant
l’équipement nécessaire et la logistique appropriée afin de lui permettre de
prendre de manière efficace la relève et d’appuyer le projet politique de
refondation d’un nouvel Etat, condition sans laquelle il est impossible de
construire les bases d’un développement durable, facteur de paix et de
stabilité pour le Mali et pour l’ensemble des pays de la sous-région ;
Les manœuvres actuelles de la France et
les Etats Unis, qui consistent à présenter la tenue de l’élection
présidentielle du 28 juillet 2013 comme la seule solution de sortie de crise,
ont pour but justement d’amener les Maliens à légitimer électoralement une
partition de fait de notre pays et les amener à ne pas comprendre les enjeux
géopolitiques et géostratégiques de la guerre qui leur a été imposée. Même dans
un Etat fort, doté d’une puissante armée, aucun patriote lucide n’aurait
privilégié la tenue de compétition électorale à la place de la restauration de
l’intégrité territoriale de son pays et le rétablissement de la sécurité des
populations.
C’est pourquoi, le Parti SADI exige le
désarmement total de tous les groupes armés comme préalable au dialogue pour le
retour de la paix et refuse de se contenter de « déclaration de rejet
du terrorisme » ou « de respect de l’intégrité du
territoire » comme le veut la France qui n’est nullement engagée en
faveur de la démocratisation des institutions de notre pays, du dialogue
politique et de la libre expression des opinions. Sinon, elle n’aurait pas fait
la politique hypocrite de la double morale en interdisant d’une
part, son territoire à notre camarade Secrétaire Général le Dr Oumar Mariko,
candidat à l’élection présidentielle, ancien député à l’Assemblée Nationale du
Mali, ancien dirigeant de la transition démocratique, et à tous ceux qui sont
contre l’opération « Serval » et d’autre part, en prônant et exigeant
le dialogue avec le MNLA.
Le Parti SADI rappelle que seule une
transformation démocratique profonde des structures sociales de
notre pays, articulée à une vision stratégique de défense de nos richesses
nationales, de construction d’une économie nationale, forte, indépendante et
diversifiée, est en mesure de prévenir la nation malienne des menaces qui la
guettent et de réaliser le sursaut collectif indispensable à la préservation de
l’unité nationale et de l’intégrité territoriale.
Sikasso, le 19 mai 2013
Le Comité Central