Pas un seul jour, pas une semaine ne passe sans que la presse ne se fasse
l’écho des exploits de certains éléments des Forces Républicaines de Côte
d’Ivoire (FRCI). Cette armée de « sauveurs », pour parler comme le procureur de
la République, après nous avoir, dit-on, sortis des griffes d’un « dictateur
féroce » est en train de nous récupérer le tribut de la libération.
Mercredi dernier, c’est du côté de Port-Bouët que certains de nos
vaillants héros ont monnayé leur expertise. Contre espèces sonnantes et
trébuchantes. Bien sûr ! Sollicités par un opérateur économique contrarié dans
la réalisation de son projet, ils ont débarqué armes au poing pour mettre au pas
des contestataires qui s’opposaient à la destruction d’un espace vert où ils
venaient de temps à autre se ressourcer et se recréer.
Coups de feu tirés en l’air, tant pis pour les balles qui retombent qui
parfois tuent, bastonnade en règle, etc. Ces éléments de l’armée républicaine,
comme sur un champ de bataille, n’ont pas fait de quartier. Pourtant l’ennemi
avait capitulé, très facilement. Leurs hauts faits d’armes ont permis de
rétablir l’opérateur économique dans ses droits. On ne peut qu’applaudir l’efficacité
et la brutalité de l’intervention.
Bien avant, c’est au marché gouro d’Adjamé que s’étaient retrouvés
certains éléments de l’Armée nationale. Là, ils ont procédé à la collecte de
l’impôt de capitation (tout à fait ! Comme au temps béni des colonies) auprès
des pauvres commerçants traumatisés et qui n’ont eu d’autre choix que de
s’exécuter. Au moins une armée qui assure et rassure les bailleurs de fonds et
les investisseurs sur sa connaissance des dossiers économiques et financiers.
A un intervalle rapproché, c’est un commissariat de police, dans le
district d’Abidjan qui subissait l’ire d’un Commandant parce que sa belle-sœur
y avait été gardée.
Percepteurs d’impôts, préposés au maintien et au rétablissement de
l’ordre dans la cité, régulateurs de la circulation routière, officiers de
police judiciaire, juges, etc. la nouvelle armée ivoirienne est une vraie armée
d’experts en tous genres.
Au regard de la récurrence des agissements de certains éléments des Frci
– parce qu’ils ne sont pas tous des voyous, il y a de vrais professionnels des
armes parmi eux –, surtout qu’ils se déroulent au vu et au su de tous, y
compris de la hiérarchie militaire et des autorités civiles compétentes, la
tentation est forte de se demander (sans mauvaise foi aucune) : est-ce là
quelques unes des missions assignées à l’Armée nationale, dans les pays moins
démocratiques que le nôtre ?
Parce que si, la Côte d’Ivoire veut effectivement devenir un pays
émergent à l’horizon 2020, elle doit, dès maintenant commencer à réfléchir sur
ce qu’elle va faire de cette armée pléthorique qui est la sienne aujourd’hui.
Parce que, comme le confessent tous les
experts en la matière présents en ce moment dans notre pays, les menaces d’une
invasion extérieure étatique contre la Côte d’Ivoire sont quasiment nulles.
Alors, qu’est-ce que ce pays a à faire avec une armée de plus de 45 mille
personnes ?
Pendant que la police et la
gendarmerie, dont il a le plus besoin pour sa sécurité intérieure plus menacée
qu’on ne le croit, n’ont ni les moyens ni les effectifs nécessaires pour
accomplir leur boulot ?
Valéry Bony
Source : L’Eléphant Déchaîné 14-17 décembre 2012
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