jeudi 31 janvier 2013

DANIEL AKA AHIZI : « La place du PIT n’est pas au Rhdp »

Interview du nouveau président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT).


D. AKA AHIZI
Notre Voie : Vous venez d’être élu président du PIT avec 351 voix contre 321 voix pour votre adversaire, le Pr. Séka. Pensez-vous avoir, dans ces conditions, la légitimité nécessaire pour diriger le parti ?
Daniel Aka Ahizi : Il faut situer les choses dans l’ordre des pourcentages. Cela fait 51,60%. Je pense que c’est le même score qu’a réalisé François Hollande pour avoir aujourd’hui la légitimité de diriger la France. J’ai eu la majorité absolue. J’ai donc la légitimité nécessaire.

N.V. : Avant le Congrès, on savait le parti divisé entre pro-Gnonsoa et pro-Wodié. Avec de tels scores qui semblent épouser la ligne de fracture n’avez-vous pas d’inquiétudes ?
D.A.A. : Elle ne peut pas nous inquiéter. Parce que c’était aussi la première fois qu’on allait à un congrès où il y avait un vote. Et, pour une fois, on a voté. Je pense que ça a été quelque chose de formidable de constater qu’aujourd’hui, les militants du PIT votent pour désigner leurs dirigeants. C’est quelque chose d’essentiel. Je crois que c’est ce qu’il faut retenir déjà.

N.V. : Est-ce à dire que depuis que le PIT a été créé, vous n’avez jamais voté pour désigner vos responsables ? C’est curieux pour un parti de gauche !
D.A.A. : On n’a jamais voté parce qu’on avait un leader qui avait, à lui tout seul, la triple légitimité. La légitimité historique, puisque c’est lui qui a créé le parti, la légitimité politique et la légitimité intellectuelle. Il était incontesté dans le parti. Donc personne n’osait l’affronter. Ce n’était pas qu’il ait empêché d’autres candidats, mais objectivement, nous-mêmes pensions que ce n’était pas nécessaire de nous opposer à lui.

N.V. : Après tout ce qui s’est passé au PIT, votre victoire est-elle celle des pro-Gnonsoa sur les pro-Wodié ?
D.A.A. : Ma victoire n’est pas celle des pro-Gnonsoa sur les pro-Wodié. A la réalité, il n’existait pas de pro-Gnonsoa et de pro-Wodié. A un moment, on a eu un débat sur le choix qu’il fallait opérer au deuxième tour de la dernière élection présidentielle. Il y a eu une minorité qui était favorable à appeler à voter pour le président Gbagbo et le FPI. Et une autre tendance qui était relativement majoritaire qui a appelé à voter pour le candidat du RHDP. C’était tout simplement ça. C’était un débat. On n’était pas d’accord. Mais si les choses s’étaient déroulées normalement, on aurait pu revenir et continuer normalement. Moi, je ne suis pas parti. J’ai marqué mon désaccord vis-à-vis de cette décision qui avait été prise, mais je suis resté. J’ai continué de travailler dans le parti. Donc, je ne me suis jamais considéré comme un pro-Gnonsoa. Je suis resté au sein de la direction, et j’ai continué de travailler. La preuve, c’est moi qui suis signataire du projet de société que nous avons présenté comme document de base au congrès.

N.V. : Comment dans ces conditions, a-t-on pu affirmer que vous n’étiez pas le candidat de la direction du parti ?
D.A.A. : Cela relève de la rhétorique de campagne. Il y en a qui veulent avoir la faveur des militants et donc développent ce genre de discours. Sinon, le président Wodié s’est mis à l’écart. Nous étions quatre candidats au départ. Il y a deux candidats qui ont reporté leurs voix sur un autre.

N.V. : Vous vous considériez donc comme étant le candidat de la direction sortante ?
D.A.A. : J’étais membre du Comité central. J’étais secrétaire national chargé des finances et de la mobilisation des ressources. Mais après, j’ai pris un peu de recul, puisque j’ai failli être agressé.

N.V. : Par qui ?
D.A.A. : On ne reviendra pas dessus. Mais on m’a confondu avec un ministre du gouvernement du premier ministre Aké Ngbo. Or, comme on recherchait les ministres de Gbagbo et que j’ai été membre du gouvernement sous le président Gbagbo, les gens ont vite fait de confondre. Mais après, ils ont fini par se rendre compte que je ne faisais pas partie du dernier gouvernement du président Gbagbo.

N.V. : Vous n’étiez pas d’accord avec l’appel de Wodié à voter pour Ouattara. Aujourd’hui, avec du recul et avec votre élection, est-ce que vous continuez de ne pas être d’accord ?
D.A.A. : Il ne s’agit pas seulement du président Wodié. La majorité du parti a appelé à voter pour le candidat du RHDP. Il n’y avait que ça. On n’a pas changé de position idéologique. Notre position idéologique reste celle d’un parti de gauche. Nous ne sommes pas de la droite. C’est un parti de droite qui est là. Nous ne sommes pas avec eux. Un moment, on a fait un choix qui a été discuté et débattu. Une majorité a penché d’un côté. Mais une fois que c’est fait, c’est fait et c’est terminé. Nous reprenons notre position qui est celle d’un parti de gauche qui doit le réaffirmer. Et qui ne se reconnaît pas dans une politique de droite qui est menée.

N.V. : Qu’est-ce qui a justifié qu’un parti de gauche comme le PIT ait appelé à voter pour un candidat qui applique aujourd’hui une politique ultra-libérale ?
D.A.A. : Le débat a eu lieu. Ce qu’on peut reprocher à la direction, c’est de n’avoir pas créé un cadre de débat permanent. C’est la mission à la quelle je vais m’atteler. Faire en sorte que la direction et la base soient au même niveau d’information. D’où la formation qu’il faut faire. On n’a pas fait de formation. Parce que nous n’avions jamais eu ce genre de débat, la seule fois qu’on l’a eu, ça été l’éclatement du parti. C’est dommage. Ailleurs, les partis les plus dynamiques, ce sont les partis où il y a des débats. Où il y a même des courants sans qu’il y ait la cassure. Je crois qu’on va rattraper tout ça avec la politique que je vais mener.

N.V. : Quels sont donc vos projets immédiats ?
D.A.A. : Mon projet immédiat, c’est faire en sorte qu’on puisse compter politiquement. Vous avez vu que depuis un moment, on ne parle même plus de nous pratiquement. Quand on parle de partis de l’opposition, on n’est pas parmi. Et les partis de la majorité, on n’est pas non plus parmi. On est complètement perdu. Il faut que nous puissions retrouver notre identité et que nous puissions nous repositionner sur l’échiquier politique. Nous étions un parti de l’opposition à l’époque. Nous étions, avec le FPI, les partis qui se disaient des partis de gauche. Donc si nous affirmons toujours notre position de gauche, il faut que cela se sache. Que nous le martelions fortement pour qu’on sache que nous sommes un parti de gauche et que nous ne sommes pas dans une alliance de droite. Nous n’avons pas notre place là-bas.

N.V. : Est-ce à dire que sous votre présidence le PIT ne sera plus assimilé à un parti membre du RHDP ?
D.A.A. : Nous ne sommes pas un parti du RHDP. Il faut que chacun le comprenne. Nous avons appelé à un moment à voter pour un candidat. Vous savez que, dans la vie des organisations, il y a ce qu’on appelle les contradictions fondamentales, principales et les contradictions secondaires. A un moment donné, la majorité a estimé que le FPI ne faisait pas la politique qu’on aurait souhaité qu’il fasse et qu’il fallait une alternance. Ils ont donc choisi l’alternance. Mais l’alternance s’est faite à droite. Mais une fois que ce choix est fait, on ne se compromet pas avec des partis de droite. Il faut clairement que les choses soient resituées. Si nous sommes un parti de gauche, ce qui n’a jamais été renié et qui vient d’être réaffirmé par le congrès alors, il faut agir sur le terrain en étant fondamentalement à gauche.

N.V. : Il se trouve que le candidat pour lequel votre parti a appelé à voter dirige aujourd’hui la Côte d’Ivoire avec toutes les difficultés que l’on sait. Ne regrettez-vous pas d’avoir eu raison trop tôt sur vos camarades qui ont favorisé ce choix ?
D.A.A. : Il y a des positions qu’on prend de façon circonstancielle. Et avec l’évolution de la situation, ces positions peuvent évoluer. Je pense qu’il nous faut sortir de la situation actuelle. Et nous allons proposer des politiques alternatives à la politique qui est menée actuellement.

N.V. : Que pense Francis Wodié de tout ça ? Est-ce que vous en avez parlé avec lui ?
D.A.A. : Il ne pense rien de tout ça, parce qu’il a quitté le parti. Il n’est plus au PIT. Il nous a libérés.

N.V. : Vous parlez comme si sa présence avait fini par devenir pesante…
D.A.A. : Je vous dis qu’il n’est plus au PIT. Il ne faut plus en parler. Aujourd’hui nous avons mené en toute liberté notre congrès. Et vous avez vu la démonstration que nous avons faite. On peut dire que nous avons des leçons à donner au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.

N.V. : Vous voulez faire allusion à l’UMP, en France ?
D.A.A. : Je ne cite pas de nom. Nous sommes sortis grandis de ce congrès, avec deux candidats qui étaient au coude à coude. C’est la preuve que nos militants aspiraient à tout ça. Et c’est positif.

N.V. : Selon vous qu’est-ce que les jeunes militants du PIT retiendront du président Wodié ?
D.A.A. : Que nous lui devons tout. D’abord, c’est lui qui a créé le parti. Donc c’est lui qui a tracé les sillons dans lesquels nous marchons aujourd’hui. Et puis, il faut que les gens comprennent…

N.V. : Qu’ils oublient les derniers épisodes peu glorieux de sa sortie du PIT ?
D.A.A. : Je pense qu’il ne s’attendait pas à ce débat, à la réaction des camarades. Donc il n’a pas supporté. Certains propos ce jour-là étaient difficilement supportables. Et il a été certainement amené à précipiter sa sortie. Mais il a aussi bien fait de nous libérer et de laisser le parti évoluer après lui. Mais il reste à l’écoute. Et personnellement, quand j’ai besoin de le consulter, je le fais.

N.V. : Vous arrivez au moment où le parti à presque disparu. Quels sont vos remèdes ?
D.A.A. : Il faut réconcilier tout de suite à l’intérieur du PIT. Il faut faire l’unité. Il faut aller chercher les autres. Je m’attelle à le faire. J’ai rencontré le ministre Andoh. J’irai rencontrer ceux qui sont en exil pour négocier leur retour. La Côte d’ivoire doit se faire avec les Ivoiriens.

N.V. : Le problème, c’est que le pouvoir veut que tous ceux qui ont participé au dernier gouvernement du président Gbagbo aillent en prison. Vous allez chercher Mme Gnonsoa pour qu’elle aille en prison ?
D.A.A. : Si le Premier ministre Aké Ngbo lui-même est libéré et est là…

N.V. : C’est une liberté provisoire et on annonce même des procès aux assises…
D.A.A. : Toujours est-il qu’il est en liberté. Si lui-même a été libéré, il n’y a pas de raison que les ministres qui n’avaient pas les premières responsabilités soient inquiétés.

N.V. : Il semble que la liste vient de la présidence. Etes-vous sûr de pouvoir convaincre la présidence d’inscrire le nom de Mme Gnonsoa sur la prochaine liste ?
D.A.A. : Je ferai les démarches dans ce sens et on verra si ça marche. Mais nous avons l’obligation de le faire. Il faut que tous les enfants de Côte d’Ivoire se retrouvent. Qu’est-ce qu’ils ont fait ?

N.V. : On les accuse d’avoir tué 3000 personnes…
D.A.A. : Je ne sais pas. Mais je pense qu’on peut s’asseoir chez nous et réfléchir à tout ça.

N.V. : Les rapports entre le PIT et le FPI n’ont pas toujours été faciles. Doit-on s’attendre à des changements sous votre présidence ?
D.A.A. : Nous allons affirmer notre position idéologique. Et si le FPI est dans cette vision des choses, on se retrouvera facilement. Nous avons été assez clairs. Nous sommes le parti ivoirien des travailleurs. Notre positionnement est clair. Il n’y a pas d’ambiguïté. Dans le processus de production capitaliste, nous avons pris l’option d’être du coté des travailleurs contre les possédants. C’est la vision socialiste. Nous avons été les premiers à l’afficher. Le FPI a dit qu’il était un front populaire. Donc il y a des libéraux, des ultralibéraux qui sont dedans et on ne comprend plus rien. Il faut qu’ils nous disent où ils en sont eux-mêmes. Notre positionnement idéologique est clair. Même si à un moment donné, nous avons appelé à voter pour le candidat de droite pour provoquer l’alternance.

N.V. : Une alternance qui s’avère aujourd’hui désastreuse pour les travailleurs. Faites-vous le même constat ?
D.A.A. : C’est vous qui l’appréciez comme ça. Mais, de toutes les façons on fera le bilan et on verra ce que les travailleurs ont gagné et ce qu’ils n’ont pas gagné. Et ce sera aussi peut-être l’élément qui va justifier la politique alternative que nous allons mettre en place. Mais nous pensons que nous sommes un parti socialiste et il faut l’affirmer clairement. Et puis, essayer de rallier à notre cause et à notre vision le maximum d’Ivoiriens. Peut-être qu’on n’a pas été suffisamment clair depuis tout le temps, mais cette fois, il faut que notre positionnement soit clair.

N.V. : Vous arrivez à la tête du PIT au moment des discussions entre l’opposition et le gouvernement. Qu’en pensez-vous ?
D.A.A. : Vous connaissez le parcours du PIT. Le PIT est ce parti qui a toujours prôné la concertation comme approche de prévention et de règlement des conflits. Nous avons toujours dit qu’il faut qu’on se parle. Qu’on apprenne à se parler pour aller de l’avant. A la fin du parti unique le président Wodié avait dit qu’il faut qu’on s’asseye pour redéfinir sur les règles du jeu. Parce que si on ne le faisait pas, on irait à la violence. On a fini par aller à la violence. Aujourd’hui, il y a la violence et pour sortir de cette situation calamiteuse, il faut se concerter. Il faut s’asseoir et se parler. Et nous disons que la réconciliation est un préalable à tout. Parce qu’il faut que les Ivoiriens retrouvent la confiance entre eux. Il faut en plus qu’ils aient confiance en l’avenir de ce pays. Il ne sert à rien d’aller chercher à l’extérieur des gens pour venir développer notre pays. Le pays doit être construit par les Ivoiriens eux-mêmes; si les Ivoiriens n’ont pas confiance en l’avenir de leur pays, personne ne viendra construire ce pays à notre place. La réconciliation est donc un passage obligé.

N.V. : Qu’est-ce que vous mettez dans la réconciliation, parce qu’elle ressemble aujourd’hui à un fourre-tout ?
D.A.A. : Il faut créer un environnement qui nous rapproche déjà. Et la position du FPI mérite d’être revue. Parce qu’on ne peut pas penser qu’on est seul et que c’est seulement avec soi qu’il faut discuter. Il faut accepter d’ouvrir la discussion aux autres. Quand on est tout seul, on pense avoir tout seul la vérité. Mais ce n’est pas vrai. Il faut s’ouvrir aux autres pour que la vérité des uns devienne la vérité des autres et ainsi de suite, devienne la vérité de tout le monde. Il faut donc s’inscrire dans le processus actuellement mis en place.

N.V. : Dans le cadre du cadre permanent de dialogue (CPD) ?
D.A.A. : Bien sûr ! Il faut s’y inscrire. Mais je crois aussi qu’aujourd’hui, il y a des gens qu’il faut libérer. Mais il faut aller dans ce cadre de discussion pour voir qu’il y a des gens qui n’ont rien à faire en prison, comme il y en a qui n’ont rien à faire en dehors de la Côte d’Ivoire. On ne peut pas continuer comme ça. Il faut véritablement que nous puissions nous asseoir et nous écouter pour trouver des solutions à ces problèmes. S’il y en a qu’on doit condamner parce qu’on a des preuves qu’ils ont fait des malversations, ou qu’ils ont fait des dégâts au point où on ne peut pas les libérer, mais qu’ils soient déjà jugés. Je pense qu’il faut que rapidement on règle tout ça pour libérer la Côte d’ivoire. Moi, je suis économiste. Je comprends un peu la situation. L’argent ne tourne pas.

N.V. : Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui est aussi économiste dit que c’est parce que l’argent travaille. Est-ce vrai ?
D.A.A. : Ce n’est pas vrai. C’est parce qu’aujourd’hui personne n’a confiance en l’avenir. Donc chacun préfère garder son argent sur soi que de l’injecter dans l’économie. C’est très clair et il ne faut pas aller très loin pour le comprendre.

N.V. : Vous voulez dire que c’est le chef de l’Etat qui ne comprend pas la situation ?
D.A.A. : C’est sa compréhension à lui du fait que l’argent de circule pas. Mais, moi qui suis aussi économiste, je sais que si on n’a pas confiance en l’avenir on ne sort pas l’argent. On s’assoit dessus pour parer à toute éventualité. C’est pour cela qu’il faut aller à la réconciliation. Il faut libérer les esprits et créer un environnement de confiance pour que ceux qui ont envie de faire une petite entreprise injectent de l’argent. Parce qu’en économie on dit que l’investissement est un acte irréversible. Parce que si vous investissez dix millions aujourd’hui, le lendemain si vous ne voulez plus continuer, vous ne pouvez plus récupérer vos dix millions. C’est un acte tellement risqué que personne ne pourra se hasarder à injecter son argent, si l’environnement n’est pas clarifié.

N.V. : Doit-on donc s’attendre à vous voir parler au FPI pour l’amener au CPD ?
D.A.A. : Je vais rencontrer mes camarades du FPI qui sont mes amis. Le Pr. Miaka est un collègue et un ami. Je vais le rencontrer pour qu’on s’asseye et qu’on regarde l’intérêt de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire n’appartient à personne. C’est notre chose à nous tous. Il y en a qui sont des locataires temporels, mais après d’autres viennent et ainsi de suite. Il faut qu’on le comprenne et qu’on se remette ensemble.

N.V. : L’actualité c’est aussi les élections locales. Il semble que le PIT a six candidats. Pensez-vous que les conditions soient réunies pour des élections transparentes?
D.A.A. : Nous sommes un parti politique. Nous avons fait l’expérience de la chaise vide. Il faut l’éviter. Je pense qu’à chaque échéance il faut exister. Les conditions ne seront jamais parfaites.

N.V. : Les législatives n’ont pas été très heureuses pour le PIT. Ne craignez-vous pas de connaître un autre échec ?
D.A.A : Vous avez dit que nous étions aux législatives. C’est déjà une bonne chose. Un parti politique doit être présent à toutes les échéances électorales.

N.V. : Même si les résultats sont très négatifs ?
D.A.A. : Les résultats peuvent être négatifs aujourd’hui et être positifs demain. Donc il faut rester dans cet état d’esprit. On ne va pas systématiquement pour gagner.

N.V. : Le PIT est pour la figuration ?
D.A.A. : Pas pour la figuration. Mais, je crois qu’il y a un contexte politique dans lequel il faut s’inscrire. Gagner pour gagner ça conduit à tout. Quand on va à une bataille, il y a les deux alternatives. Si a priori vous dites « parce que je vais perdre, je n’y vais pas », ce n’est pas bon.

N.V. : Que faites vous des questions de sécurité ? On a vu que les législatives ont donné lieu à des affrontements armés, cela ne vous inquiète pas ?
D.A.A. : Il faut en tenir compte et mettre en place des stratégies qui prennent en compte ces éléments. Mais il ne faut pas rester en dehors.

N.V. : Il faut y aller quand même ?
D.A.A. : Je pense qu’il faut y aller.

N.V. : Et quelles sont vos chances ?
D.A.A. : Nous avons quelques chances. Nous avons ciblé six localités comme Transua, Toumodi, Daoukro.

N.V. : Chez Bédié ?
D.A.A. : Oui chez Bédié. Parce que à Daoukro nous avons quand même fait 43% aux législatives. Et il a fallu que le sphinx lui-même se jette dans la bataille, sinon on raflait Daoukro. Donc c’est une possibilité.

N.V. : L’actualité, cette fois internationale, c’est la crise et la guerre au Mali. Le FPI a salué l’intervention militaire française au Mali, une position critiquée par certains, quelle est la position du PIT ?
D.A.A. : Imaginez-vous que ces terroristes soient arrivés à Bamako. Bamako n’est pas loin de la Côte d’Ivoire. Ils ne se contenteront pas de rester à Bamako. Donc, il faut saluer l’intervention de la France. Il faut saluer cette intervention qui les a empêchés d’aller plus loin et espérer qu’ils disparaissent complètement du nord Mali. Ce n’est plus l’affaire du seul Mali. Aujourd’hui tout le monde est en train de se rendre compte de l’erreur qui a été faite en intervenant en Libye. On a parachuté des armes qui sont tombées dans des mains que personne ne connaît. Le danger est à nos portes. Et si les gens ont compris et qu’ils réagissent, il faut les soutenir.

N.V. : Le FPI a demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de fournir des troupes à la MISMA pour aider à la libération du Mali. Comment réagissez-vous ?
D.A.A. : Je ne peux rien dire sur ce sujet parce que je n’ai pas une idée précise sur l’état de notre armée pour que je dise si nous pouvons envoyer un détachement efficace dans cette guerre, qui je pense, pourrait s’enliser.

Entretien réalisé par Guillaume T. Gbato

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Source : Notre Voie 30 Janvier 2013.

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