mercredi 16 janvier 2013

Quand le FPI exigeait la fin « du processus de recolonisation de notre pays engagé sous l’égide de l’ONU »

Conférence de presse du Affi N’Guessan, président du FPI, ancien Premier ministre, suite au communiqué sanctionnant la 3e réunion du Groupe international de travail
Autres 17/1/2006


Mesdames et Messieurs les journalistes, merci de votre présence à cette conférence de presse dont la tenue est dictée par les derniers développements de l’actualité sociopolitique, notamment les positions exprimées par le Groupe de travail international (GIT) dans un communiqué rendu public à l’issue de sa réunion (3ème) du dimanche 15 janvier 2005.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de vous adresser, comme le veut la tradition, mes vœux les meilleurs de santé, de bonheur et de prospérité pour l’année 2006. Que cette année, malgré le contexte de tension sociopolitique actuelle, soit une année de paix pour la Côte d’Ivoire, pour tous et pour chacun.

Mesdames et Messieurs,
C’est à la demande des autorités Ivoiriennes que l’ONU, à travers le Conseil de sécurité a adopté le 25 février 2004 la résolution 1528 et s’est engagé à travers l’Onuci à soutenir les autorités ivoiriennes à trouver une solution pacifique et durable à la crise Ivoirienne.
L’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) a pour mission notamment :
- D’observer le cessez-le-feu et le mouvement des groupes armés ;
- D’aider le gouvernement ivoirien à procéder au regroupement des combattants ;
- De faciliter la libre circulation des personnes et des biens ;
- D’aider le gouvernement de Réconciliation nationale à rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ;
- Aider le gouvernement à rétablir le système judiciaire et l’Etat de droit partout en Côte d’Ivoire ;
- Aider le gouvernement de Réconciliation nationale à assurer la surveillance nationale.
De 2003 à ce jour, l’ONU a pris plus d’une dizaine de résolutions sur la Côte d’Ivoire, a dépêché dans notre pays de nombreuses missions d’experts et entretient sur le sol ivoirien des milliers de fonctionnaires internationaux et plus de 6.000 militaires. Le budget de l’Onuci pour l’exercice 2006 est évalué à 800 millions $ (soit près de 520 Milliards F CFA).
Prévue pour une durée de douze (12) mois, la présence onusienne en Côte d’Ivoire a dû être prorogée deux fois.
Malgré les assurances que le pays serait réunifié dès la formation du gouvernement de Réconciliation nationale (accord de Marcoussis de Janvier 2003), la signature de nombreux accords de paix et l’implication massive de la Communauté internationale à travers l’Onuci et la force Licorne de l’armée française, l’amer constat que fait le FPI quatre (4) ans après est choquant :
- Le pays est toujours divisé en deux et les mouvements rebelles qui siègent pourtant au gouvernement continuent de faire obstacle à la réunification du pays et à la libre circulation des personnes et des biens ;
- L’autorité de l’Etat n’est pas rétablie sur l’ensemble du territoire ivoirien et les populations des zones assiégées sont toujours otages des mouvements rebelles sans administration et sans système judiciaire ;
- Le processus de désarmement est dans l’impasse, insaisissable, incertain ;
- Les frontières nord ne sont toujours pas sécurisées et les zones sous occupation des forces rebelles sont livrées aux pillages, aux maladies et à la misère.
Plus grave, au lieu de s’acquitter des missions qui lui sont dévolues aux termes des différentes résolutions, elle s’emploie plutôt à s’attaquer aux institutions de la République et à organiser la faillite de l’Etat de Côte d’Ivoire.
La dernière déclaration du GIT à l’issue de sa réunion du 15 janvier 2006 sonne comme un acte d’agression supplémentaire et intolérable contre le peuple de Côte d’Ivoire et ses Institutions.
Le GIT décide la dissolution de l’Assemblée nationale et met à la disposition de son Premier ministre les députés pour que à sa convenance il les mette en mission de promotion de la paix et de la réconciliation nationale. Le GIT traite de "graves incidents" les attaques meurtrières opérées par la rébellion sur les camps d’Akouédo et "condamne" les violations des droits de l’homme qui auraient touché "des civils innocents et des ressortissants étrangers".

II. ANALYSE
Manifestement l’engagement international dans la résolution de la crise est un échec. Au lieu de servir les intérêts de la paix en Côte d’Ivoire, l’Onuci, Licorne, le GIT et le Premier ministre du gouvernement de la Côte d’Ivoire sont devenus des instruments de la France au service de la déstabilisation et de la recolonisation de la Côte d’Ivoire. C’est au nez et à la barbe des forces de l’Onuci qu’en Novembre 2004, l’armée française en Côte d’Ivoire (Licorne) a massacré plus de 70 jeunes Ivoiriens aux mains nues et occasionné plus de 3000 blessés. A Guitrozon, A Gohitafla, à Anyama, Agboville, à Akouédo les rebelles ont pris d’assaut les casernes militaires, tiré sur les populations civiles et mis à rude épreuve la paix sociale dans l’indifférence méprisante des forces onusiennes et françaises.
Depuis Juillet 2005, toutes les réformes législatives réclamées par la rébellion ont été réalisées. Alassane Dramane Ouattara pour qui la rébellion dit avoir pris les armes peut maintenant être candidat à la présidence de la République. En plus du gouvernement, les rebelles ont envahi la Commission électorale indépendante. Mais ils ne désarment pas ; ils organisent la sécession dans la zone occupée ; ils narguent la communauté nationale et internationale à l’abri du bouclier militaire français et l’ONU refuse d’appliquer les sanctions prévues par la résolution 1572. Au contraire, elle poursuit à travers le GIT son travail de démolition de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Le GIT outrepasse outrageusement ses compétences pour tenter de transférer tous les pouvoirs (exécutif et législatif) à son Premier ministre Charles Konan Banny. Il dénie au peuple ivoirien sa souveraineté et aux institutions de la République leur légitimité. Il a programmé le démantèlement de l’armée nationale, la dissolution de la gendarmerie et de la police nationales, modification de la population électorale, voire de la démographie nationale pour faire de la Côte d’Ivoire le dépotoir ouest-africain des immigrés que la France refuse chez elle.
Comme dans ses territoires d’outremer (Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe, Polynésie française) la France chiraquienne refuse à la Côte d’Ivoire le droit à l’autodétermination, à la liberté et à la souveraineté.
En proposant au GIT la dissolution de l’Assemblée nationale, Charles Konan Banny a jeté le masque de sa connivence avec la rébellion et dévoilé son plan secret pour s’emparer de tous les pouvoirs afin d’assouvir ses ambitions personnelles. Il en a été félicité par le GIT dans son communiqué.
Le désarmement, la réunification du pays et la préparation des élections ne constituent pas son objectif majeur et immédiat. Il cherche, à travers les ordures et la saleté publiques, le projet d’identification de la population, des prétextes pour se donner tout le temps d’asseoir son pouvoir personnel et de se débarrasser du FPI et du président Laurent Gbagbo.
L’on comprend aujourd’hui l’attitude laxiste qu’il a adoptée en tant que gouverneur, à mettre en sécurité les ressources de la Bceao dans les succursales de Bouaké et de Man et le fait qu’il n’ait [pas] manifesté une quelconque préoccupation à la suite du braquage de ces banques par les rebelles de Soro Guillaume.
Evidemment le FPI ne saurait rester sans réagir face à ce complot machiavélique contre la Côte d’Ivoire.

III. POSITION DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN
Vivement préoccupé par la persistance de la crise et par les souffrances endurées par les populations ivoiriennes, déterminé à tout mettre en œuvre pour réaliser la paix en Côte d’Ivoire, la réunification du pays et la réconciliation nationale, le FPI :
· Déplore que tous les sacrifices consentis par le peuple de Côte d’Ivoire depuis quatre (4) ans, n’aient pas abouti au désarmement, à la réunification du pays et à l’organisation d’élections justes et transparentes pour consolider la démocratie en Côte d’Ivoire ;
· Constate que les forces internationales (Onuci et Licorne) par leurs atermoiements, leur complicité avec la rébellion, leur mauvaise foi et leur attitude partisane et intéressée sont devenues le principal obstacle à la paix et à la réunification de la Côte d’Ivoire ;
· Déclare que la décision du GIT demandant que le mandat des députés ne soit pas prolongé est nulle et de nul effet, cette structure n’ayant aucune compétence en la matière d’une part, et cette décision étant en violation flagrante de la constitution ivoirienne et de la résolution 1633 de l’ONU d’autre part. ·
· Invite en conséquence le Parlement Ivoirien à se réunir de plein droit conformément à l’avis du Conseil Constitutionnel ;
· S’indigne et condamne l’attitude désinvolte, irrespectueuse et méprisante du GIT vis-à-vis des institutions légales de notre pays, notamment : du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême dont l’avis et les décisions ont été bafoués ;
· En conséquence, proclame son retrait de l’ensemble du processus de paix et son refus de cautionner encore plus longtemps le processus de recolonisation de notre pays engagé sous l’égide de l’ONU ; décide de mettre fin à sa collaboration et à son appui à toute entité mise en place dans ce cadre notamment au gouvernement du Monsieur Charles Konan Banny ;
· Exige en conséquence le départ du pays de toutes les forces onusiennes et Licorne, forces d’occupation, d’exploitation et d’asservissement de la Côte d’Ivoire ;
· Demande au Conseil de sécurité de l’ONU et au secrétaire général de prendre acte de la volonté du peuple Ivoirien de refuser la négation de sa souveraineté et de mettre en conséquence fin à la mission de l’Onuci et de la force Licorne ;
· Demande au chef de l’Etat, le président Laurent Gbagbo, d’entreprendre immédiatement les démarches nécessaires afin que le pays soit débarrassé de l’occupation étrangère et d’engager sur des bases autonomes et autochtones le processus de paix et de réconciliation nationale ;
· Demande la mise en place d’un gouvernement de libération nationale impliquant toutes les forces patriotiques, démocratiques et républicaines du pays pour conduire le combat contre l’impérialisme international et pour donner un sens à l’indépendance nationale ;
· Demande aux Forces de Défense et de Sécurité, aux institutions ivoiriennes menacées par le projet de démolition de l’Etat de Côte d’Ivoire, aux populations ivoiriennes, aux patriotes de tous bords et aux démocrates de tous pays, aux militantes et aux militants du parti de se mobiliser en masse pour apporter dès aujourd’hui un appui décisif à cette lutte de libération nationale ;
· Lance un appel particulier et pressant à toutes les forces vives de la nation, aux jeunes, aux femmes, aux patriotes, aux militants et militantes du parti de se tenir prêts et de s’impliquer sans réserve et sans calcul dans toutes les actions en cours et à venir pour restaurer l’honneur et la souveraineté, la dignité et l’unité de la nation, se dit déterminé à conduire la lutte jusqu’à la victoire finale.

Fait à Abidjan, le 17 Janvier 2006
Pour le FPI, le président : Pascal Affi N’Guessan


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