mercredi 14 novembre 2012

« On ne nous dit pas qui a armé ceux qui ont attaqué Gbagbo »

On pourrait dire qu’il est l’un des rares responsables du Fpi à être encore en place dans la commune d’Abobo. Il, c’est Motto Atchan, le secrétaire général Fpi de Djibi-Village. Entretien. 
Notre Voie : Comment se porte la section Fpi de Djibi-Village dont vous êtes le secrétaire général ?
Motto Atchan : Nous avons besoin d’être remobilisés  pour redynamiser les structures du Fpi. A Abobo, tout le monde a eu peur. Tout le monde a fui. Aujourd’hui, des secrétaires généraux de sections ont été délocalisés. Le secrétaire général de notre fédération est en exil. Vous comprenez que dans un tel environnement, il nous faut repartir sur de nouvelles bases. C’est en ce sens que nous avons salué la visite de la direction du parti dans notre section. Je veux parler de la tournée qu’a effectuée ici, le camarade Laurent Akoun, secrétaire général par intérim du Fpi, bien avant son arrestation.
N.V. : A vous entendre, les militants du Fpi sont traqués ou contraints à l’exil. Comment avez-vous fait pour demeurer sur place ?
M.A. : Djibi est un village Abbey et, à proximité, nous avons un autre village qu’on appelle Dioulabougou. Comme son nom l’indique, il est en majorité peuplé de Dioula. Nous étions obligés de négocier avec eux pour nous laisser en paix. Ils ont leurs enfants qui sont nés ici dans notre village et qui vivent avec nous. Nous sommes allés leur dire que s’ils nous traquent, nous allons aussi les traquer. Donc ils ont compris et ne se sont pas attaqués aux Abbey. Moi, je suis collaborateur de Mme Simone Gbagbo, l’épouse du président Gbagbo. Et dans l’organisation de la campagne, j’étais le secrétaire chargé des structures locales du Fpi. Pendant la crise, on me demandait de ne pas venir pour ma sécurité, mais je venais prêcher les dimanches à l’église où je suis prédicateur. J’ai bravé beaucoup de choses. Je suis également conseiller municipal à Abobo. Donc le maire Adama Toungara et moi, nous nous connaissons. Aux militants du Rdr, je dis, chaque fois, qu’ils sont au pouvoir aujourd’hui et ils se comportent mal. Alors si demain, la situation change et que nous agissons comme eux, ils trouveront que nous sommes des dictateurs.
N.V. : Apparemment la situation semble se normaliser à Abobo, quel est alors l’état des structures de votre parti ?
M.A. : On a l’impression que la situation se normalise. Mais, il faut reconnaître qu’Abobo est un cas particulier. Nous avons encore un très grand nombre de Frci dans la rue et leur forte présence fait peur aux secrétaires de section Fpi. Qui ne peuvent pas encore reprendre leurs activités politiques. Donc à Abobo, les structures du Fpi n’ont pas encore commencé à fonctionner. Mais le secrétaire national de la JFpi, Justin Koua, a effectué une tournée dans notre zone. Au cours de cette tournée, nous avons visité Djibi-Village, Abobo-Té, Ahoué, et Ebimpé pour remobiliser nos militants. Nous leur demandons de vaincre la peur pour reprendre la lutte politique. Nous avons demandé que les secrétaires de section et de base qui ne veulent pas travailler, soient remplacés par des militants disponibles. Pour ceux qui sont partis en exil ou délocalisés parce qu’ils sont traqués, nous devons trouver des intérimaires pour poursuivre le combat.
N.V. : Comment avez-vous vécu la crise postélectorale à Abobo ?
M.A. : A Abobo, les militants du Fpi ont été touchés dans cette crise. Moi, je vis aux Deux-Plateaux. Mais des individus armés sont allés à mon domicile. Pendant que nous étions cachés dans la maison, mon fils rentrait et les Frci ont pointé l’arme sur lui. Ils ont failli le tuer et nous étions obligés de sortir pour éviter que le pire ne se produise. Tout le monde a vécu un véritable calvaire. Personne n’a été épargné dans cette crise.
N.V. : Laurent Gbagbo est détenu à la Cpi pendant qu’Alassane Ouattara est au pouvoir. Quel regard jetez-vous sur cette situation liée à ces deux acteurs importants de la crise postélectorale ?
M.A. : Nous savons tous que Laurent Gbagbo n’a pas commis de crimes. Gbagbo est un homme du peuple. C’est lui qui s’est battu pour l’avènement de la démocratie dans ce pays. C’est Gbagbo qui a lutté pour qu’il y ait le bulletin unique, l’urne transparente et le vote à 18 ans. C’est son combat qui a permis l’accès de procès verbaux à tous les candidats aux élections. Ce qui n’existait pas avant. Gbagbo est un démocrate qui n’a jamais privilégié la voie des armes. On dit que Gbagbo a payé des armes, mais on ne dit pas qui a armé les rebelles qui ont attaqué Gbagbo et son régime. On ne nous dit pas où et comment ils ont acquis ces armes pour attaquer le régime Gbagbo. Quant au régime Ouattara, il a un comportement qui n’est pas digne. La politique, c’est la discussion, ce sont les arguments. Malheureusement, ils n’ont pas d’arguments, ils ne font que tuer, commettre des exactions. Il ne faut pas perdre cela de vue.
Interview réalisée par Benjamin Koré
 
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Source : Notre Voie 10-11 novembre 2012

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