« Plus de dix-huit mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011, il est grand temps pour le président Alassane Dramane Ouattara d’aller au-delà des promesses et de placer le respect des droits humains au sommet des priorités de son gouvernement. »
Telle semble être la triste conclusion du rapport d’Amnesty International sur le gouvernement de la solution en ce qui concerne le respect élémentaire des droits humains. Il est de notoriété publique que cette organisation internationale n’a jamais caché sa haine viscérale contre la gouvernance de Laurent Gbagbo qu’elle a traquée jusqu’au bout. Elle avait toujours été en ligne de mire pour salir et diaboliser de façon planétaire son pouvoir.
Par contre, sa sympathie pour l’opposant Alassane Dramane Ouattara était une évidence flagrante, que même les aveugles n’ont eu aucune difficulté à saisir. Que cette organisation se retourne aujourd’hui contre son poulain d’hier pour l’exposer au monde entier, le livrant même à la vindicte populaire, il est à croire que notre pays sous Alassane Dramane Ouattara vit ses moments les plus tristes et malheureux dix-huit mois après son entrée fracassante au palais présidentiel du Plateau sous escorte protocolaire des «bombes démocratiques » sarkoziennes et de la nébuleuse Communauté internationale. A dire vrai, ce n’est pas une révélation que nous fait Amnesty International. Ce que cette organisation expose aujourd’hui l’a toujours été par les journaux ivoiriens de l’opposition, les partis politiques de l’opposition, les mouvements des droits de l’homme non alignés de Côte d’Ivoire et parfois même par les propres supporters du propriétaire exclusif du Palais ivoire. Mais, comme toujours, marqué par notre complexe d’infériorité qui nous fait aimer tout ce qui vient de l’Occident plus que ce qui vient de chez nous, personne n’a pris cela au sérieux. Il a fallu que l’homme blanc vienne encore de sa terre natale pour nous faire prendre conscience du drame qui se déroule sous nos yeux complexés. N’empêche, il vaut mieux tard que jamais. On se rappelle que le terme « solution » a été le programme de campagne d’Alassane Dramane Ouattara. Il en a couvert toutes les rues du pays. Mais dix-huit mois après, la solution est devenue un slogan et un programme de torture de ceux qui ne veulent pas s’y aligner. Aujourd’hui, les camps de concentration officiels et officieux pullulent dans tout le pays et dirigés de main de maître par les FRCI, cette armée tribale, ancienne branche armée du RDR. Les témoignages et photographies de certains qui sont miraculeusement sortis de ses goulags modernes ont fait le tour des rédactions de presse et du monde. La torture est aujourd’hui au programme dans la gouvernance des affaires de notre pays. Pour y échapper, il faut provenir de la bonne région, de la bonne religion et du bon parti : ceux de l’incontournable et indéboulonnable chef suprême. Mais faut-il rejeter la faute sur Alassane Dramane Ouattara uniquement ? Je ne le pense pas. En fait, il n’est que la face visible et le bras séculier d’une coalition interne et externe qui se complaît dans cet acte horrible et honteux de gouvernement qui consiste à dénier à ses opposants leur humanité et donc leur dignité d’homme en les séquestrant, les brimant et les torturant. On ne peut pas dire que ceux qui l’ont escorté au Palais présidentiel ne cautionnent pas sa torture. Tout est mis en œuvre pour l’étouffer dans le but de le laisser gouverner tranquillement pour continuer à piller et exploiter nos ressources. La séquestration et la torture font donc partie intégrante de leur système et mode d’enrichissement tous azimuts et au mépris du bien-être des Ivoiriens. Dans ce jeu trouble, Amnesty International ne fait que jouer sa partition, son éternel beau rôle pour tenter de reconquérir quelque crédibilité que beaucoup ne lui reconnaissent plus. Mais ne soyons pas dupes. Amnesty International n’osera jamais aller au plus profond du mal qui gangrène le corps social et politique ivoirien aujourd’hui. Attendons-nous à ces déclarations sporadiques qui n’auront aucune incidence sur ce triste programme en dehors d’un mode de communication adressée à des dupes. De toutes les façons, cette organisation nous a toujours habitués à cette opération de charme qui ressemble à de la poudre envoûtante jetée dans nos figures pour nous distraire et nous mystifier. Le salut des Ivoiriens ne viendra que d’eux-mêmes. Il nous faut sortir des sentiers battus de la grisaille pour aller jusqu’au bout de nos ambitions politiques et nationalistes, voire panafricanistes.
La Côte d’Ivoire, pour ceux qui ne la regardent pas avec les yeux rattrapés et aujourd’hui indéboulonnables, va mal. N’en déplaise à la sulfureuse Communauté internationale qui ne s’occupe de nous que pour ce que nous avons et non pour ce que nous sommes. Nous sommes aujourd’hui un peuple torturé sur tous les plans. Notre présent et notre avenir sont tristement torturés et pris en otage par « le clan affairiste au pouvoir » qui nous dénie notre humanité et notre capacité à résister. Des bandes armées, Frci et Dozos ignares, nous surveillent et nous épient pour nous imposer la chanson de leurs maîtres. Nous sommes tristes de notre histoire torturée par des « vainqueurs » qui font feu de tout bois pour nous anéantir entièrement afin que le pays leur revienne uniquement. Mais, vaille que vaille, nous devons survivre ; survivre aux bombes « démocratiques », survivre à la médiocrité, à la racaille, au rattrapage, au chômage ethnique, aux armes, aux Frci, aux Dozos, aux boulons, à la torture.
Amnesty International et autres bandes internationales ne feront jamais changer le cours de notre histoire torturée. Nous sommes notre propre histoire. Nous sommes notre propre chemin. Histoire et chemin torturés aujourd’hui, certes. Mais, histoire et chemin de gloire si nous savons aller «jusqu’au bout» de notre détermination et au nom de notre foi.
Père Jean K.
Titre original : « Quand la solution devient torture »
Source : Notre Voie 10-11 novembre 2012
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