« Dans la vie des peuples, en temps de détresse, la bienveillance amicale du destin parvient toujours à susciter un grand homme en vue de préparer une aube nouvelle pour que renaisse le printemps de la vie, surtout quand il s’agit d’un pays hébergeant sur son sol une population nombreuse, venue d’ailleurs, en quête d’une terre d’hospitalité et d’espérance. Qui ne pourrait sentir que notre pays se trouve actuellement à un moment tout à fait destinal de sa vie historique pour renouer, en la portant plus loin et plus haut, avec une tradition qui l’a aidé à briller en myriade de scintillations en Afrique et dans le monde ! » Augustin Dibi Kouadio, Fraternité Matin 16 novembre 2012
Monsieur le professeur, l’homme que vous tentez d’ériger en homme providentiel est loin d’être un saint.
« A leurs fruits, vous les reconnaîtrez », tel était le titre d’un article que Monsieur Dibi Kouadio Augustin, professeur à la faculté de philosophie de l’Université d’Abidjan Cocody, a bien voulu soumettre à la Côte d’ivoire, mais surtout aux intellectuels que nous sommes.
Ayant côtoyé l’homme durant mes années universitaires et l’ayant eu en tant que président de mon jury lors de la soutenance de mon mémoire de maîtrise, je me permets ici de saluer l’intelligence et la profondeur de ce professeur qui fut le mien. Le « maître » comme nous l’appelions n’est pas un fait du hasard car l’homme respirait la sagesse et la connaissance dans le domaine qui était le sien. De mémoire d’étudiant jamais un professeur n’a été aussi captivant dans sa manière de véhiculer la connaissance philosophique. Même si nous le trouvions parfois perdu dans le monde des idées, nul ne peut occulter à ce grand disciple d’Hegel la richesse culturelle et intellectuelle qu’il incarnait. Jusqu’à la lecture de son article telle était l’image que j’avais de celui qui fut mon professeur, mon éminent professeur dirais-je. Cependant si la matière traitée dans son article répond à un besoin de sursaut national, c’est-à-dire une démarche qui permet à l’auteur d’apporter sa pierre à la compréhension de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire son pays et le nôtre, l’objectivité ainsi comprise est arbitraire, voire même tronquée.
En effet, Notre éminent professeur a fait voler en éclats la dialectique qui devrait sous-tendre son raisonnement. Entre l’attitude d’esprit philosophique, qui meut sa réflexion sur « ce que les choses sont et ont toujours été en Côte d’Ivoire », et l’attitude d’esprit historique qui cherche à comprendre la question de la vérité des faits, il y a sans doute lieu de reconnaître un jeu dialectique qui nous fait hésiter sur la quintessence du discours tenu par notre maître.
Comment adhérer au discours du philosophe s’il n’intègre pas dans sa plume l’histoire de notre jeune nation ? Je m’adresse directement à vous cher Maître. Certes en bon disciple de Hegel il vous a été difficile de prendre en compte notre histoire commune parce que chez votre maître, l’idée d’histoire n’est pas celle des historiens, rivés à l’existence du passé. Or en affirmant dans votre contribution que « nous venons de très loin », il vous est d’emblée interdit d’occulter les événements historiques qui constituent la matrice de notre jeune nation. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que l’histoire est un tribunal qui aide à comprendre par sa sentence ce qu’est l’aujourd’hui. C’est donc le passé qui nous permet de mieux comprendre l’ici et maintenant, notre présent. Telle sera la tâche à laquelle s’emploiera votre étudiant que je fus afin d’apporter quelques objections à l’aphorisme érigé en titre de votre article : « A leurs fruits, vous les reconnaîtrez ». Sous ce titre vous nous dévoilez sans doute inconsciemment ou consciemment que le tenant du pouvoir actuel fait mieux que ses prédécesseurs et qu’il s’apparente à un bâtisseur, voire même à un sauveur d’où l’idée que « nous venons de très loin ». Et pourtant l’histoire de cette nation contredit point pour point cette affirmation.
Comment tenir pour vraie l’idée selon laquelle en 18 mois de règne l’actuel chef d’Etat, Mr Alassane Dramane Ouattara, peut et doit être élevé au rang de bâtisseur et sauveur de cette Côte d’Ivoire ? Lorsqu’en 1945 Houphouët-Boigny accède à l’assemblée constituante française, il fut mandaté par ses pairs africains pour mettre fin à une injustice qui faisait du colonisé une machine de production pour le colon : il s’agit ici du travail forcé. Si le colonisé n’était plus déporté en tant qu’esclave, il n’en demeure pas moins que son rapport avec le colon n’était pas une partie de pêche. Devant cette humiliation qui aura duré tant d’années, il va de soi que l’on puisse dire d’Houphouët qu’il est un sauveur car son action, avec d’autres, en tant que député, avait permis par la loi qui porte son nom, l’abolition du travail forcé, cette abomination qui aura marqué au fer les corps et les esprits de ceux qui l’ont endurée. Cet acte majeur confère une légitimité incontestable au père fondateur de cette nation car avec lui « la Côte d’Ivoire, on peut le dire, venait de loin ». Ainsi donc la légitimité historique d’Houphouët-Boigny ne saurait être mise en cause ici, tout au moins pour une certaine période de sa longue carrière politique. Bâtisseur, il fut, et toute la Côte d’Ivoire peut rendre témoignage de ces actions, même s’il aurait pu faire mieux et plus en d’autres endroits et moins en d’autres lieux.
Contrairement à cette légitimité d’Houphouët, qui ne se souvient pas de la gestion du tout premier Premier ministre de la Côte d’Ivoire avec un triste bilan qui aura enfoncé l’économie de la nation dans le gouffre là où il était dit de lui qu’il était venu en Côte d’Ivoire pour relever son économie. Jusqu’à sa démission de ce poste, le 9 décembre 1993, jamais la Côte d’Ivoire n’a pu sortir la tête de l’eau malgré ses mesures inhumaines sur la population ivoirienne, voire même sur les étrangers avec l’institution de la carte de séjours, sources de plusieurs maux encore à ce jour. Monsieur le professeur, à ce stade de mon propos, vous remarquez vous-même que l’homme que vous tentez d’ériger en homme providentiel est loin d’être un saint. Si nous sommes d’avis avec vous que la terre de Côte d’Ivoire est une terre de migrations, et que cette terre d’Eburnie n’est pas la propriété d’un peuple, les faits nous démontre que votre homme providentiel fut le premier à mettre une différence entre l’Ivoirien de première zone et l’autre de seconde zone. Alors, lorsque vous affirmez : « Dans la vie des peuples, en temps de détresse, la bienveillance amicale du destin parvient toujours à susciter un grand homme en vue de préparer une aube nouvelle pour que renaisse le printemps de la vie, surtout quand il s’agit d’un pays hébergeant sur son sol une population nombreuse, venue d’ailleurs, en quête d’une terre d’hospitalité et d’espérance. Qui ne pourrait sentir que notre pays se trouve actuellement à un moment tout à fait destinal de sa vie historique pour renouer, en la portant plus loin et plus haut, avec une tradition qui l’a aidé à briller en myriade de scintillations en Afrique et dans le monde ! », mon esprit ne peut que frémir de désespoir et mon âme s’attrister devant une telle falsification des faits. Si pour vous Alassane Dramane Ouattara est l’homme qui doit préparer une aube nouvelle pour que renaisse le printemps de la vie, alors je réalise mieux que ce printemps n’est pas fait pour tous les habitants de la Côte d’Ivoire au regard du système de rattrapage que connaît notre pays. Aussi comment voir en Alassane, cet homme providentiel, si en sa qualité de Premier ministre il privatisait les sociétés d’Etat pour les acquérir lui-même. L’ironie de l’époque est ici révélatrice : « le Premier ministre vend, Alassane Ouattara rachète ! ». N’est-ce pas pour mettre fin à ce vol organisé que le conflit entre Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, et votre homme providentiel éclatera le 9 mars 1993 ? Bédié ayant perçu la ruse de votre champion demandera, avec le soutien des députés, la suspension du programme de privation.
Quel est cet homme providentiel qui n’a aucun respect pour l’ordre constitutionnel ? Or le respect de la constitution n’est-il pas le souci majeur des hommes et femmes dévoués au mieux être de leur nation ? Qui ne se souvient de ce 7 décembre 1993 où Alassane, chargé (par qui finalement ?) d’annoncer le décès d’Houphouët, manquera de tirer clairement les conséquences constitutionnelles de ce triste événement ? Comme le prévoit l’article 11 de la constitution, il revenait dans ce cas à l’exécutif de saisir la Cour Suprême qui constate la vacance du pouvoir, lequel échoit à Bédié en tant que président de l’Assemblée Nationale. Ici encore nous sommes loin d’un comportement qui pourrait conférer le titre d’homme providentiel à Alassane. Je passe outre tous les messages radiophoniques à travers lesquels le sauveur de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui proclamait à qui voulait l’entendre qu’il rendrait « ce pays ingouvernable ». Je ne vous ferai pas un dessin sur la suite de ces propos venant d’un homme qui est censé conduire les Ivoiriens dans la terre promise.
Comme vous le voyez cher professeur, lorsque nous nous soumettons au jugement de l’histoire, il est difficile pour tout homme de bon sens de vous suivre dans votre geste de thuriféraire et d’hagiographe. Pire, l’apprenti philosophe que je suis à du mal à vous suivre dans cette comparaison que vous faite entre la route et l’université. Si la route nous permet « de rendre proche le lointain », vous n’êtes pas sans ignorer qu’avant l’avènement d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire le lointain avait déjà été rendu très proche. Je ne ferai plus l’affront à Houphouët en établissant une comparaison entre lui et l’homme providentiel, mais à voir de près, Bédié avait fait la côtière, relié Dabakala à Katiola et j’en passe. Gbagbo, j’avais espéré ne pas mentionner son nom dans ce travail qui est le mien, car il restera pour vous l’homme cupide qui n’a pas su gérer les affaires de l’Etat, mais n’empêche que par son entremise Yamoussoukro sera davantage encore plus proche d’Abidjan à la fin des travaux de l’autoroute du Nord. Laissez-moi rire encore, cher professeur, lorsque par une ruse d’esprit vous insinuez que l’université est pour l’homme le monde de l’esprit. Soit, nous l’admettons. Mais pendant 10 ans, l’université de Bouaké fut fermée par la faute des alliés de votre homme providentiel et comme par un effet de teinture et de promotion pour « Jalafrique », vous trouvez la force de dire que la route (laquelle d’ailleurs ? la fermeture des nids de poules ?) et l’université (les coups de peintures ? où celles qu’il avait promis de construire en 5 ans ?) devraient attester qu’Alassane est pour la Côte d’Ivoire le bâtisseurs des temps nouveaux. Professeur vous réalisez que nous ne sommes pas dupes ; car donner des noms à 5 universités ne signifie pas qu’on en a construit de neuves. L’histoire est un témoin qui se joue de la ruse elle-même. Votre démarche ne reflète pas l’homme que j’ai côtoyé et qui m’a nourri durant 4 ans au lait de la pensée qui se veut vivante, vraie et spirituelle.
Au terme de cette démarche, votre étudiant que je fus se pose cette question : l’éminent professeur de philosophie est-il fatigué de nourrir son esprit, d’où cette sortie afin de nourrir désormais son ventre ? Du reste sachez que cette dernière trouvaille ne vous sied pas ; car nous vous apprécions mieux dans le domaine qui était le vôtre, à savoir : la primauté de la raison sur toute chose.
Réné Kouadio, doctorant en philosophie.
Titre original : A Augustin Dibi Kouadio, professeur de philosophie, Université de Cocody…
Monsieur le professeur, l’homme que vous tentez d’ériger en homme providentiel est loin d’être un saint.
« A leurs fruits, vous les reconnaîtrez », tel était le titre d’un article que Monsieur Dibi Kouadio Augustin, professeur à la faculté de philosophie de l’Université d’Abidjan Cocody, a bien voulu soumettre à la Côte d’ivoire, mais surtout aux intellectuels que nous sommes.
Ayant côtoyé l’homme durant mes années universitaires et l’ayant eu en tant que président de mon jury lors de la soutenance de mon mémoire de maîtrise, je me permets ici de saluer l’intelligence et la profondeur de ce professeur qui fut le mien. Le « maître » comme nous l’appelions n’est pas un fait du hasard car l’homme respirait la sagesse et la connaissance dans le domaine qui était le sien. De mémoire d’étudiant jamais un professeur n’a été aussi captivant dans sa manière de véhiculer la connaissance philosophique. Même si nous le trouvions parfois perdu dans le monde des idées, nul ne peut occulter à ce grand disciple d’Hegel la richesse culturelle et intellectuelle qu’il incarnait. Jusqu’à la lecture de son article telle était l’image que j’avais de celui qui fut mon professeur, mon éminent professeur dirais-je. Cependant si la matière traitée dans son article répond à un besoin de sursaut national, c’est-à-dire une démarche qui permet à l’auteur d’apporter sa pierre à la compréhension de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire son pays et le nôtre, l’objectivité ainsi comprise est arbitraire, voire même tronquée.
En effet, Notre éminent professeur a fait voler en éclats la dialectique qui devrait sous-tendre son raisonnement. Entre l’attitude d’esprit philosophique, qui meut sa réflexion sur « ce que les choses sont et ont toujours été en Côte d’Ivoire », et l’attitude d’esprit historique qui cherche à comprendre la question de la vérité des faits, il y a sans doute lieu de reconnaître un jeu dialectique qui nous fait hésiter sur la quintessence du discours tenu par notre maître.
Comment adhérer au discours du philosophe s’il n’intègre pas dans sa plume l’histoire de notre jeune nation ? Je m’adresse directement à vous cher Maître. Certes en bon disciple de Hegel il vous a été difficile de prendre en compte notre histoire commune parce que chez votre maître, l’idée d’histoire n’est pas celle des historiens, rivés à l’existence du passé. Or en affirmant dans votre contribution que « nous venons de très loin », il vous est d’emblée interdit d’occulter les événements historiques qui constituent la matrice de notre jeune nation. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que l’histoire est un tribunal qui aide à comprendre par sa sentence ce qu’est l’aujourd’hui. C’est donc le passé qui nous permet de mieux comprendre l’ici et maintenant, notre présent. Telle sera la tâche à laquelle s’emploiera votre étudiant que je fus afin d’apporter quelques objections à l’aphorisme érigé en titre de votre article : « A leurs fruits, vous les reconnaîtrez ». Sous ce titre vous nous dévoilez sans doute inconsciemment ou consciemment que le tenant du pouvoir actuel fait mieux que ses prédécesseurs et qu’il s’apparente à un bâtisseur, voire même à un sauveur d’où l’idée que « nous venons de très loin ». Et pourtant l’histoire de cette nation contredit point pour point cette affirmation.
Comment tenir pour vraie l’idée selon laquelle en 18 mois de règne l’actuel chef d’Etat, Mr Alassane Dramane Ouattara, peut et doit être élevé au rang de bâtisseur et sauveur de cette Côte d’Ivoire ? Lorsqu’en 1945 Houphouët-Boigny accède à l’assemblée constituante française, il fut mandaté par ses pairs africains pour mettre fin à une injustice qui faisait du colonisé une machine de production pour le colon : il s’agit ici du travail forcé. Si le colonisé n’était plus déporté en tant qu’esclave, il n’en demeure pas moins que son rapport avec le colon n’était pas une partie de pêche. Devant cette humiliation qui aura duré tant d’années, il va de soi que l’on puisse dire d’Houphouët qu’il est un sauveur car son action, avec d’autres, en tant que député, avait permis par la loi qui porte son nom, l’abolition du travail forcé, cette abomination qui aura marqué au fer les corps et les esprits de ceux qui l’ont endurée. Cet acte majeur confère une légitimité incontestable au père fondateur de cette nation car avec lui « la Côte d’Ivoire, on peut le dire, venait de loin ». Ainsi donc la légitimité historique d’Houphouët-Boigny ne saurait être mise en cause ici, tout au moins pour une certaine période de sa longue carrière politique. Bâtisseur, il fut, et toute la Côte d’Ivoire peut rendre témoignage de ces actions, même s’il aurait pu faire mieux et plus en d’autres endroits et moins en d’autres lieux.
Contrairement à cette légitimité d’Houphouët, qui ne se souvient pas de la gestion du tout premier Premier ministre de la Côte d’Ivoire avec un triste bilan qui aura enfoncé l’économie de la nation dans le gouffre là où il était dit de lui qu’il était venu en Côte d’Ivoire pour relever son économie. Jusqu’à sa démission de ce poste, le 9 décembre 1993, jamais la Côte d’Ivoire n’a pu sortir la tête de l’eau malgré ses mesures inhumaines sur la population ivoirienne, voire même sur les étrangers avec l’institution de la carte de séjours, sources de plusieurs maux encore à ce jour. Monsieur le professeur, à ce stade de mon propos, vous remarquez vous-même que l’homme que vous tentez d’ériger en homme providentiel est loin d’être un saint. Si nous sommes d’avis avec vous que la terre de Côte d’Ivoire est une terre de migrations, et que cette terre d’Eburnie n’est pas la propriété d’un peuple, les faits nous démontre que votre homme providentiel fut le premier à mettre une différence entre l’Ivoirien de première zone et l’autre de seconde zone. Alors, lorsque vous affirmez : « Dans la vie des peuples, en temps de détresse, la bienveillance amicale du destin parvient toujours à susciter un grand homme en vue de préparer une aube nouvelle pour que renaisse le printemps de la vie, surtout quand il s’agit d’un pays hébergeant sur son sol une population nombreuse, venue d’ailleurs, en quête d’une terre d’hospitalité et d’espérance. Qui ne pourrait sentir que notre pays se trouve actuellement à un moment tout à fait destinal de sa vie historique pour renouer, en la portant plus loin et plus haut, avec une tradition qui l’a aidé à briller en myriade de scintillations en Afrique et dans le monde ! », mon esprit ne peut que frémir de désespoir et mon âme s’attrister devant une telle falsification des faits. Si pour vous Alassane Dramane Ouattara est l’homme qui doit préparer une aube nouvelle pour que renaisse le printemps de la vie, alors je réalise mieux que ce printemps n’est pas fait pour tous les habitants de la Côte d’Ivoire au regard du système de rattrapage que connaît notre pays. Aussi comment voir en Alassane, cet homme providentiel, si en sa qualité de Premier ministre il privatisait les sociétés d’Etat pour les acquérir lui-même. L’ironie de l’époque est ici révélatrice : « le Premier ministre vend, Alassane Ouattara rachète ! ». N’est-ce pas pour mettre fin à ce vol organisé que le conflit entre Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, et votre homme providentiel éclatera le 9 mars 1993 ? Bédié ayant perçu la ruse de votre champion demandera, avec le soutien des députés, la suspension du programme de privation.
Quel est cet homme providentiel qui n’a aucun respect pour l’ordre constitutionnel ? Or le respect de la constitution n’est-il pas le souci majeur des hommes et femmes dévoués au mieux être de leur nation ? Qui ne se souvient de ce 7 décembre 1993 où Alassane, chargé (par qui finalement ?) d’annoncer le décès d’Houphouët, manquera de tirer clairement les conséquences constitutionnelles de ce triste événement ? Comme le prévoit l’article 11 de la constitution, il revenait dans ce cas à l’exécutif de saisir la Cour Suprême qui constate la vacance du pouvoir, lequel échoit à Bédié en tant que président de l’Assemblée Nationale. Ici encore nous sommes loin d’un comportement qui pourrait conférer le titre d’homme providentiel à Alassane. Je passe outre tous les messages radiophoniques à travers lesquels le sauveur de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui proclamait à qui voulait l’entendre qu’il rendrait « ce pays ingouvernable ». Je ne vous ferai pas un dessin sur la suite de ces propos venant d’un homme qui est censé conduire les Ivoiriens dans la terre promise.
Comme vous le voyez cher professeur, lorsque nous nous soumettons au jugement de l’histoire, il est difficile pour tout homme de bon sens de vous suivre dans votre geste de thuriféraire et d’hagiographe. Pire, l’apprenti philosophe que je suis à du mal à vous suivre dans cette comparaison que vous faite entre la route et l’université. Si la route nous permet « de rendre proche le lointain », vous n’êtes pas sans ignorer qu’avant l’avènement d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire le lointain avait déjà été rendu très proche. Je ne ferai plus l’affront à Houphouët en établissant une comparaison entre lui et l’homme providentiel, mais à voir de près, Bédié avait fait la côtière, relié Dabakala à Katiola et j’en passe. Gbagbo, j’avais espéré ne pas mentionner son nom dans ce travail qui est le mien, car il restera pour vous l’homme cupide qui n’a pas su gérer les affaires de l’Etat, mais n’empêche que par son entremise Yamoussoukro sera davantage encore plus proche d’Abidjan à la fin des travaux de l’autoroute du Nord. Laissez-moi rire encore, cher professeur, lorsque par une ruse d’esprit vous insinuez que l’université est pour l’homme le monde de l’esprit. Soit, nous l’admettons. Mais pendant 10 ans, l’université de Bouaké fut fermée par la faute des alliés de votre homme providentiel et comme par un effet de teinture et de promotion pour « Jalafrique », vous trouvez la force de dire que la route (laquelle d’ailleurs ? la fermeture des nids de poules ?) et l’université (les coups de peintures ? où celles qu’il avait promis de construire en 5 ans ?) devraient attester qu’Alassane est pour la Côte d’Ivoire le bâtisseurs des temps nouveaux. Professeur vous réalisez que nous ne sommes pas dupes ; car donner des noms à 5 universités ne signifie pas qu’on en a construit de neuves. L’histoire est un témoin qui se joue de la ruse elle-même. Votre démarche ne reflète pas l’homme que j’ai côtoyé et qui m’a nourri durant 4 ans au lait de la pensée qui se veut vivante, vraie et spirituelle.
Au terme de cette démarche, votre étudiant que je fus se pose cette question : l’éminent professeur de philosophie est-il fatigué de nourrir son esprit, d’où cette sortie afin de nourrir désormais son ventre ? Du reste sachez que cette dernière trouvaille ne vous sied pas ; car nous vous apprécions mieux dans le domaine qui était le vôtre, à savoir : la primauté de la raison sur toute chose.
Réné Kouadio, doctorant en philosophie.
Titre original : A Augustin Dibi Kouadio, professeur de philosophie, Université de Cocody…
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «crise ivoirienne ».
Source : Connectionivoirienne.net 14 novembre 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire