« Vous qui n’avez pas
supporté que Gbagbo fasse deux ans au pouvoir »…
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Cher monsieur Soro,
nous avons lu avec beaucoup d’intérêt votre réponse sous forme de lettre ouverte que vous avez adressée à
notre compatriote Aziz Sana qui s’est offusqué publiquement de votre immixtion
maladroite dans les affaires intérieures de notre pays. Cette lettre fait suite à vos propos publics tenus la semaine passée,
dans lesquels vous invitiez le peuple Burkinabé à garder à sa tête le président
Blaise
Compaoré que vous avez présentiez comme «un monument vivant de bon sens»,
lors de la médiation que vous avez voulu organiser, en vous invitant, sans être
sollicité, dans le conflit interne entre le président Compaoré et des
personnalités de son parti qui ont décidé de quitter le navire du CDP.
Sans vouloir vous
offenser, vous qui vous attribuez pompeusement le surnom de Che
Guevara sans être informé de l’histoire réelle de celui que
vous prétendez incarner, vous devriez savoir que contrairement à vous, le vrai
Che n’a jamais été quelqu’un qui s’est enrichi par le vol de deniers publics,
en versant le sang de ses propres concitoyens ou en pillant les ressources
publiques de son pays ou ceux des pays où il est allé soutenir les peuples en
lutte pour leur liberté ! Pourquoi refusez-vous au peuple burkinabè la liberté
de se choisir un dirigeant autre que Blaise Compaore qui pourtant s’est engagé
à quitter le pouvoir en acceptant d’inscrire la limitation du mandat
présidentiel dans la constitution ?
Si Blaise Compaoré
était vraiment un «monument vivant de bon sens », comme vous le
prétendez pompeusement, pensez-vous qu’il aurait cherché à s’éterniser au
pouvoir ? Si vous-mêmes qui dans vos propos de thuriféraire le jugez ainsi
étiez guidés par le bon sens, ne pensez-vous pas que la chose sensée que vous
auriez dû faire eut été de convaincre votre parrain de quitter enfin le pouvoir
après y avoir passé plus de 26 ans ?
Cher monsieur Soro
Guillaume, votre discours est rempli de contradictions qui trahissent votre dessein
inavoué, qui est de convaincre le peuple burkinabé et sa jeunesse,
que vous voulez endormir afin qu’il laisse à sa tête le Sieur Blaise Compaoré
que vous voyez comme celui dont vous vous servirez dans quelques années pour
conquérir le pouvoir par la violence en Côte d’ivoire. Vous avez besoin d’armes
et de base arrière et vous savez que seul Blaise Compaoré peut vous les
procurer comme il l’a fait dans un passé récent !
Les propos de
charlatan, vide de sens, que vous tenez, en les ponctuant de menaces de terreur
et de chaos pour inciter notre peuple à accepter le statut quo, démontre à quel
point vous êtes loin d’être un démocrate et un combattant de la liberté. Vous qui
n’avez pas supporté que Gbagbo fasse deux ans au pouvoir pour l’attaquer sous
des prétextes contestables, demandez que le peuple burkinabé
supporte pendant 5 ans de plus un individu dont [le nombre] d’électeurs lors du
dernier scrutin présidentiel [est d’à peine] 1 357 315 personnes, soit moins de
la population électorale de la région d’Abidjan, sur une population totale de
plus de 17 millions d’habitants, sans compter nos expatriés qui sont plus de 7
millions de personnes !
Si vous, monsieur
Soro, étiez vraiment soucieux de la paix sociale au Burkina, vous auriez
conseillé à Blaise Compaoré de faire ses valises, car le Burkina n’est pas son
royaume, encore moins sa propriété privée !
Feignant de ne pas
comprendre la requête actuelle du peuple Burkinabé, vous écrivez « Il faut
et il suffit que l’on comprenne qu’on ne saurait sacrifier 26 ans de pouvoir
par un départ précipité» : Sachez monsieur Soro que personne ne
demande à Blaise de partir avant la fin de son mandat, mais nous refusons
catégoriquement la modification de l’article 37 qui permettra à Blaise de se
représenter et s’éterniser au pouvoir.
Nous savons monsieur
Soro que votre objectif c’est de manipuler quelques âmes fragiles, devant
lesquelles la propagande voudrait vous faire passer pour un héros ici au
Burkina Faso, alors que toute l’opinion internationale sait que vous n’avez
jamais gagné de guerre, ni contre Gbagbo, ni contre qui que ce soit d’autres,
car nous savons tous que c’est l’armée française, aidé par certains soldats de
Blaise, qui ont fait la guerre de Côte d’Ivoire de 2002 à 2010. Arrêtez donc
vos manœuvres de manipulations insidieuses, car vous êtes démasqué sous votre
visage le plus hideux !
Ce n’est pas un
individu de votre acabit qui viendra nous convaincre de nous laisser diriger ad
vitam æternam par le « roi » Blaise. Si vous, monsieur Soro, vous pouvez
accepter un roi à la tête de votre pays, sachez que le Burkina est une
république démocratique et non un royaume.
Sachez,
monsieur Soro que nous avons compris votre jeu lugubre ! Vous écouter et agir comme vous le souhaitez, c’est se faire manipuler
doublement par vous ! En effet, votre visée en jouant à ce jeu de ruse, est non
seulement de nous imposer un dictateur antidémocratique, mais mieux, il est
clair que si vous réussissez cette première étape, la seconde est de vous
servir de notre armée nationale pour vos ambitions de conquête du pouvoir en
Côte d’Ivoire, par des voies non démocratiques. Monsieur Soro, vous êtes juste
un thuriféraire qui a besoin de Blaise dans votre stratégie personnelle de
conquête du pouvoir, pour la prochaine décennie. Cela est aussi clair et
visible qu’un nez dans un visage !
Vous êtes conscient
qu’après avoir assassiné des hommes comme Coulibaly Ibrahim, Koné Moussa,
Koné Morel, Bamba Kassoum et des centaines de jeunes nordistes qui ont été mis
dans des containeurs, vous n’êtes pas assuré d’avoir les voix des nordistes et
des musulmans de Côte d’Ivoire lors d’un scrutin libre, démocratique et ouvert
! Vous savez aussi que vous êtes vu par les Sudistes et les hommes de l’ouest
de votre pays, comme celui qui a orchestré de nombreux charniers à l’Ouest de
votre pays et dans la région d’Abidjan. Il ne vous reste donc plus que la
violence comme seule stratégie pour accéder au pouvoir, et c’est pour ça que
vous avez besoin de Blaise Compaoré qui doit de votre point de vue demeurer au
pouvoir, pour permettre à vos ambitions personnelles de se réaliser.
Il est donc clair pour tout observateur que ce n’est ni Blaise, ni la paix pour le peuple Burkinabé que vous défendez, mais vos propres intérêts et ambitions, qui passeront nécessairement par l’usage de la violence pour laquelle vous avez besoin que Blaise Compaoré soit maintenu au pouvoir.
Il est donc clair pour tout observateur que ce n’est ni Blaise, ni la paix pour le peuple Burkinabé que vous défendez, mais vos propres intérêts et ambitions, qui passeront nécessairement par l’usage de la violence pour laquelle vous avez besoin que Blaise Compaoré soit maintenu au pouvoir.
Cher monsieur Soro,
c’est vrai que vous êtes libre d’avoir des ambitions dans votre pays, mais cela
ne doit pas se faire en marchant sur les aspirations au changement de notre
peuple ! Ayez un peu de respect pour notre peuple et sa jeunesse pour laquelle
l’intégrité n’est pas un vain mot, et désormais évitez de vous immiscer dans
nos problèmes internes. Gardez-vous surtout de nous faire désormais des
propositions indécentes comme celles que vous nous faites, en
nous demandant d’accepter le diktat perpétuel de Blaise Compaoré qui, pour
nous, fait désormais partie des hommes du passé de notre pays, et il doit
connaître sa place.
Fait à Ouagadougou le
13 janvier 2014
Charles Ouédraogo
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source : CIVOX. NET 15 Janvier 2014
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