Par ces temps
où, de la République Centrafricaine au soi-disant « Pays des hommes
intègres », l’avenir de la Françafrique semble de plus en plus incertain,
l’éditorial de Fraternité Matin de ce 20 janvier 2014, intitulé : « la
France, gendarme de l’Afrique ? », apparaît comme une petite
révolution dans le système habituel d’un chroniqueur dont l’exercice favori est
la dénégation systématique de toute participation et de toute responsabilité de
la France dans les malheurs de ses (anciennes) colonies… L’hyperfrancolâtre Venance
Konan serait-il en train de retourner sa veste, ou bien s’agirait-il seulement d’une
illusion d’optique de notre part ? A vous de juger.
La Rédaction
b
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V. Konan |
François
Hollande n’a pas encore bouclé ses deux ans à la tête de l’Etat français qu’il
a déjà deux interventions militaires, en Afrique, à son actif. Au Mali et en
Centrafrique. Quelle sera la prochaine étape du « Hollande african
military tour » ?
Et quel Chef d’État français
n’a-t-il pas eu sa petite ou grande intervention militaire sur notre continent,
principalement dans l’une des anciennes colonies de son pays, ou dans celles
que la Belgique lui a sous-traitées, à savoir la Rdc, anciennement Zaïre, et le
Rwanda ? On en dénombre une quarantaine depuis nos indépendances. À chaque
fois, surtout ces dernières années, Calixte Beyala et les intellectuels
africains vivant sur les bords de la Seine s’étranglent de fureur en hurlant au
néocolonialisme, à la Françafrique, à l’infantilisation des pays africains, à
la dignité bafouée… Et à chaque fois, le chef d’État français affirme, la main
sur le cœur, que la Françafrique, telle qu’on l’a connue, à savoir celle où des
Chefs d’État africains transportaient à Paris des liasses de Cfa parfois
dissimulées dans des djembés, en échange d’une petite intervention armée contre
des rebelles un peu trop hargneux, cette Françafrique-là, est bel et bien morte
et que, de surcroît, son pays n’a pas vocation à être le gendarme de l’Afrique.
François Hollande l’a redit, il y a quelques jours, tout comme, avant lui,
Nicolas Sarkozy.
Quelle est donc la vocation de la
France qui la pousse à intervenir militairement si souvent sur notre continent,
alors qu’elle n’a pas été le seul pays européen à l’avoir colonisé ?
Peut-être sauver la veuve et l’orphelin africains de leurs cruels dictateurs,
de leurs rébellions, parfois farfelues, mais toujours cruelles, de djihadistes
d’un autre âge et tout aussi cruels ou de la fâcheuse tendance de leurs peuples
à se découper à la machette à la moindre contrariété. Oui, la vocation de la
France est de sauver les Africains contre eux-mêmes, à condition, cependant,
qu’ils soient francophones. Que leurs pays recèlent d’importantes richesses
minières ou pétrolières, existantes ou potentielles, ou ait une position
stratégique, constitue un avantage qui peut accélérer la prise de décision à
l’Élysée et le débarquement des paras français. Et dans un tel cas, on peut
être exonéré de l’usage de la langue française. Ce fut le cas de la Libye. Les
veuves et orphelins du Soudan du Sud, pays non francophone mais chrétien quand
même, qui plus est, bordé par un autre Soudan où l’on pratique la charia et qui
dispose, en outre, d’importantes ressources en pétrole, auraient pu bénéficier de la protection des braves
soldats français. Malheureusement, il est difficile pour François Hollande
d’être présent sur trois fronts à la fois, surtout en cette période de restrictions
budgétaires, de cote de popularité en berne et de gros soucis conjugaux. Sans
compter que les Chinois et les Américains ont déjà préempté le pétrole
sud-soudanais et l’intrusion d’un troisième larron dans l’affaire ne les ferait
que rire jaune. Surtout les Chinois. Il en est de même des veuves et orphelins
du Nigeria, pays très riche en pétrole où sévissent des djihadistes encore plus
fous que ceux du désert et qui se font de l’argent de poche en enlevant, de
temps en temps, des Français. Les veuves et orphelins de l’Est de la Rdc sont
déjà pris en charge, avec le succès que l’on sait, par les forces onusiennes.
Vu la tournure que prennent les
évènements chez notre beau-frère au Burkina Faso, le risque qu’il y ait, à
terme, de nombreux veuves et orphelins n’est pas à écarter. Les forces
françaises déjà présentes au Mali pourraient voler rapidement et discrètement à
leur secours. À condition qu’elles soient certaines que les djihadistes du
désert n’en profiteraient pas pour tenter d’avancer à nouveau vers le
sud-malien, à la recherche de nouveaux pieds et mains à couper.
Alors, la France, gendarme de
l’Afrique ? Quelle idée ! Non, la France est juste le pays des droits
de l’homme, des « French Doctors », un pays sentimental et généreux
qui ne peut s’empêcher de voler au secours de tous ceux qui souffrent et qui,
pour cela, a inventé le droit d’ingérence! Et tout le monde sait que les
Africains sont ceux qui souffrent le plus dans ce monde cruel.
Venance
Konan
en maraude
dans le web
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proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source : Fraternité matin 20 janvier 2014
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