Les choix d’une candidature unique
au RHDP, ne cessent de susciter un afflux de commentaires et de fantasme de
tous genres. Paul Konan Yao, président du mouvement « PDCI Tiye Adja »
ou « Pdci, notre héritage » donne son point de vue sur cette question.
Bédié triomphant après sa reconduction à la présidence du PDCI-RDA |
On approche de 2015, le mouvement que vous dirigez ne veut pas d’une candidature unique au RHDP. Vous demandez que le PDCI présente un candidat. Quel problème avez-vous avec la candidature unique ?
J’ai dit que
j’avais peur de quelque chose. En présentant un candidat unique au RHDP,
c’était pour tuer mon parti, le PDCI-RDA. Je ne pouvais pas accepter cette
mort. Sur interpellation de mes militants, il fallait que je monte au créneau
pour que le PDCI présente un candidat parce que si on ne présente pas un
candidat notre parti allait mourir. Or nous voulons que notre parti vive car
nous avons le plus vieux parti après l’Anc. En Afrique nous sommes le deuxième
plus vieux parti. Il serait inconcevable que le PDCI n’ait pas de candidat.
Le président Bédié n’a encore rien dit, seulement on attend des bouts de phrases ça et là. Qu’est-ce qui vous pousse à cette ébullition ? Qu’est-ce qui vous fait dire que le PDCI n’aura pas son candidat ?
Le président
Bédié est un homme de sagesse. Le président Bédié est un homme d’honneur. Je
suis convaincu qu’au moment opportun le président Bédié va nous présenter un
candidat. Aujourd’hui je donne la réplique à ceux qui écrivent dans les
journaux, qui mènent des actions pour qu’il y ait une candidature unique, c’est
à ces personnes-là que je réponds et non au président Bédié. Nous sommes
convaincus que le président Bédié va nous présenter un candidat. Nous sommes
tranquilles, nous sommes sereins parce que nous faisons confiance à l’homme. Et
il nous présentera un candidat. Nous attendons le mot d’ordre de Bédié.
Si d’aventure le président Bédié décide qu’il y ait une candidature unique, quelle sera votre réaction ?
On avisera.
Et s’il opte effectivement pour la candidature unique et choisit Alassane Ouattara comme candidat du PDCI, comme l’a déjà fait l’UDPCI ?
Le président
Bédié ne peut pas choisir Alassane Ouattara comme candidat du PDCI. Le congrès
a été clair. Il faut un militant actif du PDCI-RDA.
C’était en octobre 2013, le temps faisant son effet et s’il changeait de posture ?
Il faudra un
autre congrès pour changer.
Le président Bédié est dans une alliance qui est le RHDP. Présenter un candidat contre Ouattara n’est-ce pas proclamer la mort du RHDP ?
En 2010 Bédié
était président du RHDP et il était candidat. Le RHDP n’est pas mort. En 2015
Bédié va présenter un candidat et Ouattara va être candidat. Le candidat le
mieux placé sera soutenu par tous les autres et le RHDP continuera.
Entre octobre 2013 et 2014, il y a eu un temps. Si Bédié se rebiffe demain, et exige que le PDCI s’aligne derrière la candidature de Ouattara qu’elle sera votre position ?
Aujourd’hui, il
n’y pas d’arguments solides pour demander au PDCI de soutenir Ouattara. Nous
interpelons le président Bédié afin qu’il ne soit pas flatté. Le président
Bédié écoute tout le monde. Des gens viendront le voir pour lui dire que s’il y
a une candidature unique c’est bon pour nous. Alors que cette option n’est pas
forcément la meilleure. Parce qu’aujourd’hui Bédié va demander à tous les
militants du PDCI de sortir pour voter le président Ouattara. S’il n’y a que
dix personnes qui sortent pour aller voter, ce sera une humiliation pour le
président Bédié. Pourtant des gens lui auraient dit que le terrain était
favorable. C’est cette honte que je veux éviter au président Bédié pour lui
dire d’appliquer les décisions du congrès. Ce serait un idéal si les enfants
d’Houphouët-Boigny revenaient au PDCI. Le président Bédié pourrait dire : «
Vous êtes revenus au PDCI, voilà, on présente un candidat ».
Voulez-vous dire pour qu’une candidature unique soit possible tous les partis qui sont sortis du PDCI doivent y revenir.
C’est exact.
Si le PDCI a un candidat en 2015, comment va-t-il battre campagne quand on sait qu’il a cogéré le pouvoir avec le RDR ?
Le PDCI est en
train de cogérer le pouvoir avec Ouattara. Mais aujourd’hui qui est le
responsable du pouvoir ? C’est Ouattara. Qui prend les décisions ? C’est
Ouattara. Si un ministre du PDCI fait une gaffe, si Ouattara le laisse
continuer qui va payer les pots cassés c’est Ouattara. Le pouvoir appartient
entièrement à Ouattara et c’est lui qui va rendre compte à la nation. Si ça ne
va pas il prend ses responsabilités. Il y a quelques jours de cela il a
remercié tous ministres parce qu’ils travaillent bien.
Ce qui veut dire que tout marche bien dans le pays ?
Aujourd’hui les
plaintes sont énormes. Notre mouvement est implanté dans 45 localités dont 10
coordinations communales, 15 coordinations départementales et locales. Tout le
temps nous parcourons villages et hameaux, certains quartiers, on voit
qu’Abidjan est en chantier. Mais une personne qui est habituée à manger trois
fois par jour mange aujourd’hui une fois par jour. Pensez-vous qu’une telle
personne sera sensible à tout cela. Je n’ai jamais dirigé un pays, mais je
pense qu’on ne peut pas faire tous les travaux en même temps et donner à manger
à tout le monde, ce n’est pas possible. Il faut planifier les choses.
Faites-Vous allusion à la cherté de la vie ?
Oui et les
difficultés qui continuent dans les zones forestières. Les gens se plaignent
des exactions des FRCI. Certains dozos jusqu’à présent ne sont pas encore
rentrés. Ces derniers provoquent les populations dans certaines zones. Tout
ceci fruste. Et les gens viennent se plaindre à moi. Pour eux, je mange avec
Ahoussou. J’écris aux dirigeants du PDCI, mais il n’y a jamais eu de suite.
Les exactions des FRCI et des dozos sur les populations ne datent pas d’aujourd’hui, comment expliquez-vous le silence du PDCI ?
C’est le
silence du PDCI qui surprend. Par respect, nous nous sommes dit qu’il fallait à
chaque fois écrire à nos responsables. Mais ces derniers ne nous ont jamais
répondu.
Est-ce un sentiment de remord qui vous amène à exiger que le PDCI ait son candidat en 2015 ?
Est-ce un sentiment de remord qui vous amène à exiger que le PDCI ait son candidat en 2015 ?
Pas forcément
ce n’est pas un sentiment de remord. Moi je me dis toujours qu’un parti
politique doit tout faire pour conquérir le pouvoir d’Etat. Il ne peut pas
avoir une élection en Côte d’Ivoire sans que le plus vieux parti politique
présente un candidat. Je pense que s’il y a un choix à faire, c’est le petit
frère qui se retire au profit du grand frère. Voilà comment je vois la chose.
Par rapport aux dérapages qui continuent aujourd’hui, on a écrit à toutes les
autorités et il n’y pas eu de suite alors que les militants ont placé une
entière confiance en nous. Il y a des problèmes qui n’ont pas encore été réglés
et demain Bédié va me dire : Paul va dire encore à nos parents de voter
Ouattara.
Par S. Debailly et A. Houssou
Titre original : « Interview
de Paul Konan Yao, président de "PDCI Tiyé Adja" : "Bédié ne
peut pas choisir Alassane Ouattara comme candidat du PDCI". »
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source :
L’intelligent d’Abidjan 11 janvier 2014
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