lundi 13 janvier 2014

« Demain, Bédié va me dire : Paul, va dire encore à nos parents de voter Ouattara. »

Interview de Paul Konan Yao, président de « PDCI Tiyé Adja »
 
Les choix d’une candidature unique au RHDP, ne cessent de susciter un afflux de commentaires et de fantasme de
Bédié triomphant après sa reconduction
à la présidence du PDCI-RDA
tous genres. Paul Konan Yao, président du mouvement « PDCI Tiye Adja » ou « Pdci, notre héritage » donne son point de vue sur cette question.

On approche de 2015, le mouvement que vous dirigez ne veut pas d’une candidature unique au RHDP. Vous demandez que le PDCI présente un candidat. Quel problème avez-vous avec la candidature unique ?
J’ai dit que j’avais peur de quelque chose. En présentant un candidat unique au RHDP, c’était pour tuer mon parti, le PDCI-RDA. Je ne pouvais pas accepter cette mort. Sur interpellation de mes militants, il fallait que je monte au créneau pour que le PDCI présente un candidat parce que si on ne présente pas un candidat notre parti allait mourir. Or nous voulons que notre parti vive car nous avons le plus vieux parti après l’Anc. En Afrique nous sommes le deuxième plus vieux parti. Il serait inconcevable que le PDCI n’ait pas de candidat.

Le président Bédié n’a encore rien dit, seulement on attend des bouts de phrases ça et là. Qu’est-ce qui vous pousse à cette ébullition ? Qu’est-ce qui vous fait dire que le PDCI n’aura pas son candidat ?
Le président Bédié est un homme de sagesse. Le président Bédié est un homme d’honneur. Je suis convaincu qu’au moment opportun le président Bédié va nous présenter un candidat. Aujourd’hui je donne la réplique à ceux qui écrivent dans les journaux, qui mènent des actions pour qu’il y ait une candidature unique, c’est à ces personnes-là que je réponds et non au président Bédié. Nous sommes convaincus que le président Bédié va nous présenter un candidat. Nous sommes tranquilles, nous sommes sereins parce que nous faisons confiance à l’homme. Et il nous présentera un candidat. Nous attendons le mot d’ordre de Bédié.

Si d’aventure le président Bédié décide qu’il y ait une candidature unique, quelle sera votre réaction ?
On avisera.

Et s’il opte effectivement pour la candidature unique et choisit Alassane Ouattara comme candidat du PDCI, comme l’a déjà fait l’UDPCI ?
Le président Bédié ne peut pas choisir Alassane Ouattara comme candidat du PDCI. Le congrès a été clair. Il faut un militant actif du PDCI-RDA.

C’était en octobre 2013, le temps faisant son effet et s’il changeait de posture ?
Il faudra un autre congrès pour changer.

Le président Bédié est dans une alliance qui est le RHDP. Présenter un candidat contre Ouattara n’est-ce pas proclamer la mort du RHDP ?
En 2010 Bédié était président du RHDP et il était candidat. Le RHDP n’est pas mort. En 2015 Bédié va présenter un candidat et Ouattara va être candidat. Le candidat le mieux placé sera soutenu par tous les autres et le RHDP continuera.

Entre octobre 2013 et 2014, il y a eu un temps. Si Bédié se rebiffe demain, et exige que le PDCI s’aligne derrière la candidature de Ouattara qu’elle sera votre position ?
Aujourd’hui, il n’y pas d’arguments solides pour demander au PDCI de soutenir Ouattara. Nous interpelons le président Bédié afin qu’il ne soit pas flatté. Le président Bédié écoute tout le monde. Des gens viendront le voir pour lui dire que s’il y a une candidature unique c’est bon pour nous. Alors que cette option n’est pas forcément la meilleure. Parce qu’aujourd’hui Bédié va demander à tous les militants du PDCI de sortir pour voter le président Ouattara. S’il n’y a que dix personnes qui sortent pour aller voter, ce sera une humiliation pour le président Bédié. Pourtant des gens lui auraient dit que le terrain était favorable. C’est cette honte que je veux éviter au président Bédié pour lui dire d’appliquer les décisions du congrès. Ce serait un idéal si les enfants d’Houphouët-Boigny revenaient au PDCI. Le président Bédié pourrait dire : « Vous êtes revenus au PDCI, voilà, on présente un candidat ».

Voulez-vous dire pour qu’une candidature unique soit possible tous les partis qui sont sortis du PDCI doivent y revenir.
C’est exact.

Si le PDCI a un candidat en 2015, comment va-t-il battre campagne quand on sait qu’il a cogéré le pouvoir avec le RDR ?
Le PDCI est en train de cogérer le pouvoir avec Ouattara. Mais aujourd’hui qui est le responsable du pouvoir ? C’est Ouattara. Qui prend les décisions ? C’est Ouattara. Si un ministre du PDCI fait une gaffe, si Ouattara le laisse continuer qui va payer les pots cassés c’est Ouattara. Le pouvoir appartient entièrement à Ouattara et c’est lui qui va rendre compte à la nation. Si ça ne va pas il prend ses responsabilités. Il y a quelques jours de cela il a remercié tous ministres parce qu’ils travaillent bien.

Ce qui veut dire que tout marche bien dans le pays ?
Aujourd’hui les plaintes sont énormes. Notre mouvement est implanté dans 45 localités dont 10 coordinations communales, 15 coordinations départementales et locales. Tout le temps nous parcourons villages et hameaux, certains quartiers, on voit qu’Abidjan est en chantier. Mais une personne qui est habituée à manger trois fois par jour mange aujourd’hui une fois par jour. Pensez-vous qu’une telle personne sera sensible à tout cela. Je n’ai jamais dirigé un pays, mais je pense qu’on ne peut pas faire tous les travaux en même temps et donner à manger à tout le monde, ce n’est pas possible. Il faut planifier les choses.

Faites-Vous allusion à la cherté de la vie ?
Oui et les difficultés qui continuent dans les zones forestières. Les gens se plaignent des exactions des FRCI. Certains dozos jusqu’à présent ne sont pas encore rentrés. Ces derniers provoquent les populations dans certaines zones. Tout ceci fruste. Et les gens viennent se plaindre à moi. Pour eux, je mange avec Ahoussou. J’écris aux dirigeants du PDCI, mais il n’y a jamais eu de suite.

Les exactions des FRCI et des dozos sur les populations ne datent pas d’aujourd’hui, comment expliquez-vous le silence du PDCI ?
C’est le silence du PDCI qui surprend. Par respect, nous nous sommes dit qu’il fallait à chaque fois écrire à nos responsables. Mais ces derniers ne nous ont jamais répondu.

Est-ce un sentiment de remord qui vous amène à exiger que le PDCI ait son candidat en 2015 ?
Pas forcément ce n’est pas un sentiment de remord. Moi je me dis toujours qu’un parti politique doit tout faire pour conquérir le pouvoir d’Etat. Il ne peut pas avoir une élection en Côte d’Ivoire sans que le plus vieux parti politique présente un candidat. Je pense que s’il y a un choix à faire, c’est le petit frère qui se retire au profit du grand frère. Voilà comment je vois la chose. Par rapport aux dérapages qui continuent aujourd’hui, on a écrit à toutes les autorités et il n’y pas eu de suite alors que les militants ont placé une entière confiance en nous. Il y a des problèmes qui n’ont pas encore été réglés et demain Bédié va me dire : Paul va dire encore à nos parents de voter Ouattara.

Par S. Debailly et A. Houssou
Titre original : « Interview de Paul Konan Yao, président de "PDCI Tiyé Adja" : "Bédié ne peut pas choisir Alassane Ouattara comme candidat du PDCI". » 

 
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Source : L’intelligent d’Abidjan 11 janvier 2014

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