Les
Pamphlets d’Alain Bouikalo
Nos gouvernants ont décidé de dépolitiser les
universités de Côte d’Ivoire. Belle idée ! On sait qu’avec ces messieurs, la
manipulation ne connaît aucun répit. Si on parle aujourd’hui de dépolitisation,
c’est bien entendu parce qu’il y a eu politisation. Et pour nos gouvernants,
les auteurs de cette politisation sont, bien entendu, les refondateurs, les
amis du diable. Le message est passé partout, sur la toile, dans leurs comités
de base, dans les marchés et a pénétré les cœurs de tous ceux qui ne se
vêtissent que des tenues à l’effigie du guide suprême du déclin ivoirien. Tous
disent que la Fesci, a gâté les universités, tous disent que Gbagbo a introduit
la politique à l’université. Comme eux ils sont saints et propres, il faut
qu’ils rendent l’université saine et propre.
Dans leur folle course pour la mise en œuvre de la dépolitisation, ils s’écorchent les orteils. Ils oublient de dire aux Ivoiriens que leur désir de s’approprier la Fesci a déclenché sous la transition militaire une guerre au sein de ce syndicat. L’on parlait de la guerre des machettes. Ceux qui veulent dépolitiser peuvent-ils nous dire quelles sont les factions qui s’opposaient ? Les petits manipulateurs qui font dégouliner des contrevérités peuvent-ils nous dire où sont passés tous ceux qui, un soir, ont tailladé à la machette, aspergé d’acide des étudiants dans la cité universitaire de Port-Bouët III ? Peuvent-ils nous donner les noms de ceux qui ont armé ces étudiants, qui était leur chef et qui a mis à leur disposition leur éternel Gbaka ? Où étaient ceux qui aujourd’hui exhortent à l’éradication du FPI ? On vient même de nous souffler à l’oreille que le chef de ceux qui prônent la dépolitisation a, dans une vie antérieure, financé un congrès de la diabolique Fesci. Mais ils n’en parlent pas aujourd’hui. Tous se taisent parce que tous sont de mauvaise foi. Ils ont les médias pour accabler Gbagbo, leur bouc émissaire.
Ils veulent dépolitiser, avec des actes politiques. Voyez-vous, ces messieurs ont une autre conception de la dépolitisation. En effet pour eux, dépolitiser c’est faire passer les universités sous leur autorité. C’est ainsi qu’ils se sont partagés les universités de Cocody et Bouaké. L’une devenant Université Félix Houphouët-Boigny et l’autre, Université Alassane Ouattara. Félix Houphouët-Boigny devient pratiquement le propriétaire de la Côte d’Ivoire : Aéroport international Félix Houphouët-Boigny, stade Félix Houphouët-Boigny, Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, Hôpital Houphouët-Boigny d’Abobo, Pont Félix Houphouët-Boigny, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix… Alassane Ouattara lui, commence son ère. Pour avoir rendu d’innombrables services à la Côte d’Ivoire, la nation hautement reconnaissante a attaché son nom à l’université de Bouaké, détruite par dix années de rébellion menée par les hommes de Guillaume Soro.
A l’université de Cocody, vous verrez ce grand luminaire faisant défiler les images du père de la nation comme l’image de Mobutu dans les nuages. C’est aussi cela la dépolitisation ! Mais allons plus loin pour comprendre que les guides du déclin ivoirien font de la pure diversion. Voyez-vous, vous avez à la tête de l’illustre université Félix Houphouet-Boigny, Dame Ly Ramata. Comment a-t-elle atterri là ? Ils nous dirons qu’elle a été vice-présidente sous Ohouo Assepo, sous Téa Gokou, donc compétente. Mais au nom de quelle logique peut-on nommer une dame battue à plate couture lors d’élections régulières remportées par le Professeur Aké N’Gbo ? Pourquoi l’on s’est précipité à la nommer ? Les dépolitiseurs ont certainement une réponse à cette interrogation. En attendant d’être éclairés, mettons le cap sur une autre dépolitisation. Oooh Seigneur, c’est pratiquement les larmes aux yeux que nous avons appris qu’une certaine Mawa Zomko ou Zongo Mawa est l’actuelle porte-parole des étudiants de Côte d’Ivoire. Zomko ou Zongo ! Mais d’où sort cette demoiselle ? Par quelle magie s’est-elle retrouvée à la tête d’étudiants qui eux-mêmes n’ont pas manqué de s’interroger. Qui a élu cette demoiselle ? A tout le moins quels sont ces étudiants qui lors d’une assemblée ont vu en elle une Rosa Park ? Elle aussi parle de responsabilisation, donc de dépolitisation. C’est ainsi qu’ils veulent dépolitiser les universités. Ils choisissent leurs amis, leurs noueurs de lacets et comme des robots, les élus récitent la leçon. Comme on le voit, ces dépolitiseurs sont tous abonnés au tribalisme. Ce sont les mêmes, serait-on tenté de dire. Dans cette opération de dépolitisation, une seule chose a été un succès. En effet, ils ont intelligemment mis l’université sous le couvert des guides au pouvoir. Désormais, Cissé parlera au nom de Dramane. Ramata parlera au nom de Cissé. Zomko (Zongo) parlera au nom de Ramata. Et tous parleront au nom du grand parti tribal arborant une case verte. C’est aussi cela la dépolitisation. La dépolitisation se trouve aussi dans la campagne médiatique menée autour de la réhabilitation des universités ivoiriennes. Notre souvenir nous renvoie à la cérémonie au cours de laquelle Lumumba fut présenté comme un héros national. Ce qui frappe c’est que Lumumba a été élevé au grade d’héros national par celui qui a offert sa défunte âme aux impérialistes. En Côte d’Ivoire, ceux qui ont politisé, détruit, pollué nos universités, sont curieusement ceux-là qui viennent se révéler au monde comme des sauveurs, des amis des étudiants qu’ils ont hier méprisés. Ceux qui, pour des ambitions personnelles ont introduit des Zébié Thierry, des machettes, des gourdins à l’université, veulent devenir des agneaux. Le monde est vraiment bizarre !
Ils parlent de dépolitisation à l’université. C’est bien. Mais pendant ce temps pensent-ils à dépolitiser la justice ivoirienne ? Quelle est donc cette justice qui répond aux appels des guides au pouvoir ? Quelle est donc cette justice qui se révèle impitoyable pour un camp et offre une sérénade au camp du pouvoir ? Soro avait fait la promotion de l’éradication du FPI, Joel N’Guessan avait annoncé qu’il fallait punir le FPI, et le juge a écouté leurs conseils. Il a donc puni le FPI en condamnant son secrétaire général Laurent Akoun à six mois de prison ferme. Akoun Laurent va rejoindre en prison les nombreux pro-Gbagbo. Il n’y trouvera ni Soumahoro, ni Ali, encore moins Boukari. Il cherchera certainement un certain Amadé. C’est en vain qu’il le fera parce que la justice ivoirienne a décerné des fleurs à ce dernier. N’a-t-on pas entendu dire que les Frci sont des sauveurs ? Il a même été conseillé à ceux qui n’aiment pas les Frci de quitter purement et simplement la Côte d’Ivoire. Alors qu’est-ce qui étonnera Akoun Laurent ? Rien. A quand donc la dépolitisation de la justice ? Pas pour demain. La justice doit continuer parce qu’elle n’a pas encore son Zomko (Zongo). Lorsqu’elle aura son Zomko, elle tentera certainement de mettre la main sur Soro, Soumahoro, Amadé, Morou et tous les autres qui dorment, mangent, se douchent avec les juges ivoiriens. Vous avez dit dépolitisation ?
Que Dieu nous soutienne.
Alain Bouikalo
Source : CIVOX. NET 7 septembre 2012
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