(…)
La scène surréaliste se passe un jour du 6 avril 1957 dans une Afrique et
dans un Ghana encore non indépendants. Et pour le décor, l’Ivoirien était en
veste cravate sous un soleil de plomb. Le Ghanéen arrivera drapé dans un pagne ashanti.
L’un panafricaniste et l’autre sous-fifre au service de la France, le pari peut
débuter dans une salle hypercomble.
Félix Houphouët-Boigny : « Votre expérience, nous le reconnaissons volontiers, est fort séduisante. Mais à la volonté et au comportement de la France, nous avons estimé devoir répondre par un geste identique, persuadés, comme vous l’êtes de la vôtre, que notre expérience sera fructueuse, non seulement pour l’Afrique mais pour le monde. Mais les Français et les Africains, nous sommes décidés à les vaincre par un effort incessant de sincérité et de franchise de part et d’autre. Les dés sont jetés. Laissons maintenant Dieu, la Providence et le travail des hommes déterminer l’avenir de chacune de nos expériences. »
Kwame Nkrumah : « Mon ami, vous choisissez l’illusion. La liberté et l’indépendance viennent d’abord, l’équité et la fraternité après. »
Furieux, l’Ivoirien redemande la parole.
Félix Houphouët-Boigny : « Vous êtes témoins aujourd’hui du commencement de deux expériences. Un pari vient d’être lancé entre deux territoires, l’un ayant choisi l’indépendance, l’autre préférant le chemin difficile de la construction, avec la métropole, d’une communauté des hommes égaux en droits et en devoirs […] Que chacun de nous fasse son expérience dans le respect absolu de son voisin et, dans dix ans nous comparerons les résultats. »
Cinquante deux ans après les indépendances et cinquante cinq ans après ces coups de gueule, c’est une Côte d’Ivoire délabrée et qui se cherche, à côté d'un Ghana prospère sur tous les plans. Comble de l’ironie, c'est le Ghana qui reçoit des milliers d’enfants d’Houphouët-Boigny sur son sol. Raison donnée : ils sont à la recherche de la Liberté et de l’Indépendance dont parlaient Kwamé Nkrumah. (…). La Côte d’Ivoire est humiliée. Kwamé Nkrumah l’avait bien dit à Houphouët-Boigny : « Mon frère, la liberté et l’indépendance d’abord. L’équité et la fraternité après ». Nous y sommes !
Camus Ali in Lynx.info
(Titre original : « Le pari perdu de Félix Houphouët-Boigny face
à Kwame NKrumah ! »)
en maraude dans le Web
Sous
cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et
des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la
« crise ivoirienne ».
le-cercle-victor-biaka-boda
(source : www.ladepechedabidjan.info 12 Septembre 2012)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire