mercredi 19 septembre 2012

18 septembre 2002-18 septembre 2012 : un coup d’Etat non stop…

En cette nuit du 18 au 19 septembre 2002, les Ivoiriens sont réveillés par des crépitements d’armes automatiques et d’armes lourdes. A l’aube, les premières informations qui filtrent font état d’une mutinerie d’une partie de l’armée qui serait mécontente de sa prochaine démobilisation. Mais très vite, les masques tombent. Guillaume Soro Kigbafori, ancien leader du plus puissant syndicat étudiant, la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), qui s’était depuis notoirement rapproché du Rdr d’Alassane Dramane Ouattara, revendique la rébellion armée. Il évoque pêle-mêle des problèmes d’identité, de nationalité, la supposée marginalisation des populations du Nord. Mais personne n’est dupe. Très rapidement, à l’occasion des premières négociations de Lomé (Togo), puis de Linas-Marcoussis (France), les Ivoiriens et la communauté internationale se rendent finalement compte qu’il s’agit d’un coup d’Etat en faveur du mentor du Rdr qui a échoué. Les Ivoiriens se rendent aussi compte que les putschistes sont fortement soutenus par l’ancienne puissance coloniale, la France, dirigée à l’époque par Jacques Chirac. L’on se rappelle la poignée de main entre le chef du Mpci (mouvement rebelle) d’alors, Guillaume Soro et le ministre français des affaires étrangères de l’époque, Dominique Galouzeau de Villepin à Bouaké. La suite, on la connaît. Toutes les revendications politiques du Rdr seront endossées par les mouvements armés qui, entre temps, se sont multipliés pour faire diversion. Le désarmement demandé en contrepartie de l’intégration des insurgés dans le jeu politique n’aura jamais lieu. Même après les accords de Ouagadougou signés en 2007 entre le pouvoir Gbagbo et la rébellion armée qui étaient censés mettre fin à la belligérance. A chaque étape, le Rdr, son mentor, Alassane Dramane Ouattara, et ses alliés français ont toujours gardé une main sur la gâchette de la rébellion armée pour parvenir à leurs fins. Bien entendu, accusé par la clameur publique sur la base de ses accointances avec les leaders et les exécutants de la rébellion, Alassane Ouattara s’est toujours défendu de quelque lien que ce soit avec les mouvements armés. Même les déclarations publiques comme celles du chef de guerre Koné Zakaria, qui a affirmé clairement à Séguéla, Nord du pays, que ses amis et lui avaient pris les armes pour Ouattara, n’ont pas suffit a émouvoir le principal concerné. Ce dernier a d’ailleurs poussé le ridicule jusqu’à promettre, à l’occasion du débat de l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2010 face au président Laurent Gbagbo, une enquête sur les origines et les sources de financement de la rébellion armée. Curieusement, depuis son atterrissage au sommet de l’Etat grâce aux bombes françaises et onusiennes, plus personne n’a entendu parler de ces fameuses enquêtes. Pis, tous les chefs de la rébellion armée ont été promus dans l’administration civile et militaire du nouveau régime. Mais en plus, l’ossature de la rébellion armée est maintenue comme force de répression contre les libertés publiques et l’opposition. Le pouvoir Ouattara conscient qu’il doit tout à la rébellion armée, l’a substituée aux institutions de l’Etat. Pour espérer gouverner dans la terreur le plus longtemps possible. Pour le grand malheur des Ivoiriens et de ceux qui ont accepté de vivre avec eux.

Guillaume T. Gbato

Titre original : « 18 septembre 2002-18 septembre 2012 Les 10 ans d’une rébellion sanguinaire. »

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source : Notre Voie 19 septembre 2012

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