Tous les crimes dont le régime d’Alassane Ouattara est responsable ont fini par lui donner un visage hideux. Ceux qui avaient été trompés par l’action d’une communauté internationale voulant installer le « démocrate » Ouattara au pouvoir, contre la volonté du « dictateur » Laurent Gbagbo voulant s’y maintenir, commencent par découvrir le vrai visage hideux de ce régime. L’effet de maquillage le présentant superficiellement beauté angélique ou féerique a pris fin depuis longtemps. Et l’on redécouvre le « démocrate » dont le jeu favori est la répression de l’opposition. Tous ne sont pas amnésiques. 18 février 1992 fait partie des dates noires de l’opposition et de l’élan démocratique en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara, 1er Ministre d’alors du président Houphouët-Boigny, avait ordonné à l’occasion d’une grande marche de l’opposition, l’arrestation et l’emprisonnement de plusieurs leaders de l’opposition, (Gbagbo en tête) et de plusieurs démocrates. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, dit l’Ecclésiaste.
Après les répressions de trois de ses meetings publics, le FPI, comme un escargot, est entré dans sa coquille. Il n’ose plus tenir de meeting. Car partout l’ange de la mort rode et est aux aguets pour le frapper de coups mortels. Résolument, cette opposition, dirigée par le FPI, refusait le musellement que le pouvoir voulait lui imposer. C’est donc à travers réunions en salle et conférences de presse qu’elle parvenait à s’exprimer. Mais comme le « bonjour » de l’opposant est toujours considéré par le pouvoir comme une arme contre lui, il était nécessaire de faire taire les plus bavards ou susceptibles de maintenir en éveil la flamme militante. Douati Alphonse (Secrétaire général adjoint du FPI) et Akoun Laurent (Secrétaire général intérimaire du FPI) ont donc été jeté à la MACA. Ces deux cas ont suffi pour tenir en respect leurs camarades qui jouissent encore d’une relative liberté. Le message était clair : « Gare à celui qui va broncher ! Le boulevard de la MACA est désormais ouvert pour vous. La balle est dans votre camp ». Après un tel message, dans ce qui reste de cette opposition, il n’est plus sûr de voir un homme d’audace broncher. Qui d’autre fera preuve de témérité ?
La «démocratie» est ainsi en marche… Elle marche si bien que l’opposition pourrait être tentée de parler de son positionnement dans un gouvernement de « réconciliation nationale », plutôt que de faire œuvre d’opposition.
Dans la situation actuelle, cette opposition se présente de plus en plus comme une opposition nominale. Elle est réduite au rôle du mannequin de la vitrine, présent pour embellir le décor. Ainsi entre FPI, parti du président Laurent Gbagbo, à défaut de dissolution ou d’éradication, dans l’univers cosmétique du régime dramanien. Tous savent à quoi servent les produits cosmétiques, autrement appelés produits de beauté. Ces produits servent à maintenir en bon état, modifier l’aspect ou «corriger» certaines parties du corps humain. Pour ce qui est du régime dramanien, il s’agit d’une tentative de corriger l’aspect hideux du visage. Cet exercice cosmétique vient encore une fois d’être prouvé par la levée des suspensions de parutions dont étaient frappés les journaux de l’opposition, appelés péjorativement « journaux pro-Gbagbo » (Tentative de réduire l‘objectivité devant caractériser le journaliste à une subjectivité aveuglement partisane).
La machine de musellement de la libre expression étant bien en marche, elle n’épargne pas les journaux de l’opposition. Tout est question de logique. Le mal a sa logique que la raison ne doit pas ignorer. Malgré une opposition muselée, la presse d’opposition continue de déranger un pouvoir qui aspire à la quiétude et qui espère se fonder sur la propagande pour tromper le monde extérieur et distraire ceux qui, à l’intérieur, veulent bien se laisser distraire. Cette presse qui dérange, le pouvoir a décidé de la ranger, de la « mettre en rang », de la « discipliner » en quelque sorte. Et les moyens ne manquent pas pour y parvenir : si ce n’est l’emprisonnement comme c’est le cas de Ousmane Sy Savané, Directeur général du groupe Cyclone, groupe propriétaire du quotidien « Le Temps », ce sont les multiples suspensions de parutions de journaux d’opposition fondées sur des prétextes. Pour une fois dans « un pays démocratique » et sous « un régime démocratique », toute la presse d’opposition a été condamnée au silence pendants des jours. Le censeur commis à la tâche, Raphaël Lakpé, président du CNP (Conseil National de la Presse) a bien fait son travail. Mais un travail qui démaquille le régime au point de présenter encore une fois, l’aspect hideux de son visage au grand jour. Exclus de l’univers cosmétique du régime d’Alassane Ouattara, la presse d’opposition a été priée de le réintégrer plus tôt que prévu. Le visage hideux du régime que la mise à l’écart de la presse d’opposition de cet univers permet de dé-couvrir, n’est pas de nature à séduire certains amis de ce régime, qui possèdent encore en eux quelques particules de bon sens et de rationalité. Il fallait vite masquer les rides, les balafres, les boursouflures, les taches, les cicatrices, les odeurs, pour ne pas continuer de décevoir ceux qui ne sauraient continuer de défendre auprès de leurs opinions nationales la thèse d’avoir installé un régime démocratique en Côte d’Ivoire, qui pourtant muselle la presse d’opposition et jette journalistes et opposants en prison. En levant les suspensions de parutions des journaux d‘opposition, le régime d’Alassane Ouattara vient de montrer un signe de faiblesse, loin de faire œuvre de démocratie. Pourvu que la presse d’opposition ne soit pas obsédée par son souci de pitance, elle doit se saisir de cette faiblesse du régime pour faire de plus en plus entendre un son discordant.
Zéka Togui.
Titre original : « FPI et « journaux pro-Gbagbo » dans l’univers cosmétique du régime d’Alassane Ouattara ».
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «crise ivoirienne ».
Source : CIVOX. NET 18 Septembre 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire