mercredi 5 septembre 2012

LAURENT AKOUN FACE A SES JUGES



L’HISTOIRE L’ACQUITTERA…


« Le jugement d’un tribunal se ressent toujours, incontestablement, des combinaisons politiques du moment actuel et des tendances politiques dominantes. »  Georgi Mikhailov Dimitrov

 

Arrêté pour « trouble à l’ordre public », le secrétaire général par intérim du Fpi, Laurent Akoun, a été condamné, le vendredi 31 août 2012, à 6 mois d’emprisonnement ferme, un an de privation de droit et un an d’interdiction de séjour en Côte d’Ivoire en dehors de son lieu de naissance. Rappelons que le procureur avait requis 5 ans d’emprisonnement ferme, 5 ans de privation de droit et 5 ans d’interdiction de séjour en Côte d’Ivoire en dehors de son lieu de naissance ! Laurent Akoun a profité de son procès pour dire certaines vérités, notamment au cours de ce dialogue avec un accusateur visiblement… inspiré.


Première question : « Quand vous dites que Gbagbo a été maltraité à Korhogo et que Ouattara voulait le tuer, est-ce que vous avez des preuves ? ».
Laurent Akoun dans le boxe des accusés
Réponse d’Akoun : « En termes de preuves, j’ai deux éléments qui me permettent de le dire. Ce sont les propos du président Gbagbo, lui-même, lors de sa première comparution devant la Cpi (le 5 décembre 2011, ndlr) et les rapports des avocats qui se sont rendus à Korhogo pour le rencontrer»

Deuxième question : « Est-ce que chez vous, on peut dire à un chef qu’il ment ? ».
Réponse de Laurent Akoun: « Oui, chez nous quand un chef ment, on lui dit qu’il ment. J’aurais pu dire que Ouattara dit des contrevérités. C’est une question de style. Mais le style est fonction du lieu et de l’auditoire. Je m’adressais aux militants de base de mon parti et dans un lieu clos et non public. Il s’agissait donc d’un public bien partisan, bien ciblé pour lequel il fallait adapter mon langage pour que je sois compris. En d’autres lieux et en d’autres circonstances plus solennelles, je ne dirai pas que Ouattara ment. Je dirais que Ouattara dit des contrevérités ou ce que Ouattara dit ne reflète pas la vérité ».

Troisième question : « Que voulez-vous dire lorsque vous affirmez que Ouattara n’a jamais gagné d’élections ? ».
Réponse d’Akoun : « avant l’élection présidentielle de 2010, Ouattara n’avait jamais été candidat à une élection en Côte d’Ivoire. Et comme il n’a pas gagné en 2010, vous comprenez qu’il n’a jamais gagné d’élections ».

Quatrième question : « Après tout ce débat, est-ce que vous soutenez encore que Ouattara n’a pas gagné les élections de 2010 ? »
Réponse d’Akoun : « Au regard des résultats donnés par le Conseil constitutionnel, c’est bien le président Gbagbo qui a gagné les élections. »

Cinquième question : « Est ce que les propos que vous tenez, sont de nature à favoriser la réconciliation nationale ? ».
Réponse d’Akoun: « Je ne sais pas de quoi vous parlez quand vous parlez de réconciliation nationale. Parce que pour moi, pour qu’il y ait réconciliation, il faut au moins la présence de ceux qui se sont brouillés. En Côte d’ivoire, ceux qui se sont brouillés, ce sont le président Ouattara et le président Gbagbo. Sinon, moi personnellement, je ne me suis brouillé avec personne. Et donc pour qu’il y ait réconciliation, il faut la présence des deux protagonistes pour que chaque groupe soit derrière son champion. Le nôtre, c’est bien le président Gbagbo. Et tant qu’il n’est pas présent, on ne sait pas de quoi on parle quand on parle de réconciliation. ».

Sixième question : « Que représente Gbagbo pour vous et pour les militants du Fpi ? »
Réponse d’Akoun: « En 1971, Laurent Gbagbo était enseignant au lycée classique d’Abidjan et moi j’y étais comme élève en terminale. Expliquant une leçon d’histoire, Gbagbo a indiqué qu’Israël est un Etat impérialiste. Cela a heurté la fille de l’ambassadeur d’Israël qui était dans la classe. Elle s’est mal comportée et Gbagbo lui demandé de sortir de la classe. A la suite de cette affaire, Gbagbo a été arrêté et avec lui, tous les élèves qui avaient manifesté dont moi même. Et on nous a conduits à Séguéla. C’est de là que remonte notre rencontre de militants pour les libertés et la démocratie. Donc plus qu’un camarade, il est comme un père pour moi. En ce qui concerne les militants du Fpi, je voudrais vous rappeler que le président Gbagbo est le fondateur du Fpi. C’est donc notre leader, notre référence ».

Septième question: « Que vouliez-vous dire à vos militants par l’appel : levez-vous parce que nos camarades sont dans l’antichambre de la mort ? »
Réponse d’Akoun : « Après le 11 avril 2011, nos militants étaient traqués et par conséquent se cachaient. Aujourd’hui, les militants se réunissent. On a même tenu une convention où étaient plus de 5 mille délégués. Je veux donc dire que le parti renaît quand je parle des choses qui bougent. Quand je dis : « Levez-vous », je veux encourager les militants à se remobiliser en vue de la reconquête du pouvoir d’Etat par les urnes».

Huitième question: « Qu’est-ce que vous attendiez de vos militants quand vous vous adressez à eux en ces termes ? ».
Réponse d’Akoun: « J’attends d’eux deux choses : qu’ils aient de la compassion pour nos prisonniers en leur apportant un peu de ce qu’ils ont. Qui un morceau de savon, qui un morceau de manioc et de banane etc. Ensuite qu’ils prient pour eux. Pour leur santé surtout ».

Neuvième question: « M. Akoun, il se trouve qu’au lendemain de vos propos, il y a eu les attaques contre des cibles militaires…».
Réponse d’Akoun: « Mes propos n’ont aucun lien avec les attaques auxquelles vous faites allusions, M. le procureur. A preuve, ce sont ces mêmes propos que je tiens aux militants du Fpi depuis que je fais mes tournées. Et après Djibi-village, nous avons continué nos réunions à Koumassi et à aucun moment, cela n’a provoqué des manifestations de la part de nos militants. D’ailleurs, nous avons condamné et nous continuons de condamner ces attaques. Au demeurant, M. le procureur, c’est à dessein que le Fpi depuis sa création a inscrit dans ses textes, la transition pacifique à la démocratie et l’alternance au pouvoir d’Etat. Et donc la violence n’est pas notre culture ».

Propos recueillis par Boga Sivori (Notre Voie du 04 Septembre 2012)
Source : CIVOX. NET 5 Septembre 2012

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