mercredi 30 avril 2014

Une république de faux et usage de faux (2e partie) : Houphouët ou le père de la-nation-qui-n’existait-pas…

Un symbole du pouvoir
chez certains peuples de la Côte d'Ivoire
A quel titre ceux qui s’appellent – et qu’on appelle – les Ivoiriens sont-ils les sujets et les acteurs de la politique en Côte d’Ivoire, le pays dont ils se réclament les citoyens ? Serait-ce seulement en tant que simples squatters, sans droit de propriété ? Ou serait-ce en tant qu’exécuteurs testamentaires ou héritiers des anciens colonisateurs ? En un mot, les Ivoiriens sont-ils une nation ? Autrement dit sont-ils, en tant que ses habitants naturels, les souverains du pays qu’ils habitent ?
 
La première fois que la question fut posée à des Ivoiriens, c’était dans les années 1970, lors d’une enquête commandée à l’Institut d’ethno-sociologie de l’Université d’Abidjan par le ministère du Plan. L’un des enquêtés, un jeune ouvrier de niveau secondaire, y répondit ceci : « Oui, la Côte d’Ivoire est une nation parce que nous avons les mêmes lois, la même histoire. » Pour certains de ceux qui répondirent par la négative, « la Côte d’Ivoire pourrait être une nation si le gouvernement entreprenait une vaste campagne d’éducation des citoyens ; s’il faisait un effort pour que le développement économique élimine les disparités régionales ; si les Ivoiriens se trouvaient favorisés par rapport aux étrangers » ; car « Il y a trop d’étrangers qui ont des postes de commandement ; ils ont tout le pouvoir [et] il faudrait aussi qu’il existe une langue nationale ou, au moins que trois ou quatre dialectes soient retenus pour représenter les langues ivoiriennes. »[1] Même pour ceux-là – et ils avaient au moins ceci en commun avec celui qui croyait que les Ivoiriens étaient une nation –, il existe tout de même une relation évidente entre le fait d’être ou de se dire Ivoirien, et l’appartenance naturelle à un territoire qui s’appelle la Côte d’Ivoire.
Si c’était à Houphouët que la même question avait été posée, il aurait certainement répondu que non seulement la nation ivoirienne n’existait pas, mais qu’elle n’existerait pas avant longtemps ; que les Ivoiriens n’étaient qu’un ramassis de tribus incurablement hostiles les unes aux autres, incapables de s’entendre pour former une vraie communauté politique et, par conséquent, qu’ils étaient voués à être éternellement dominés.
Cette fois encore, nous partirons de sa fameuse sentence sur l’Etat et la nation, prise ici dans sa toute dernière version : « Nous avons hérité de la France, disait-il en effet lors d’une de ses dernières conférences de presse, non pas d’une nation – la nation se construit, c’est une œuvre de grande haleine –. Nous avons hérité d’un Etat ; la Côte d’Ivoire a 68 tribus, qui ne se comprennent pas dans leurs dialectes, qui ont des coutumes différentes, c’est grâce au français que nous nous comprenons les uns les autres. »[2] Il est intéressant de rapprocher cette profession de foi d’un propos presque contemporain
Foccart et son masque ivoirien
de Jacques Foccart : « On assiste en Côte d’Ivoire à une répartition de la richesse (…) dont les Ivoiriens ont profité. Et cet enrichissement a contribué à la réalisation du projet d’Houphouët de créer une nation. (…) En Côte d’Ivoire on est Ivoirien (…) la Côte d’Ivoire est le pays africain où la nation est le plus réelle, le plus tangible ».[3] Cette affirmation totalement contraire au credo d’Houphouët – et tout aussi erronée que lui –, montre bien le caractère fantaisiste de telles assertions. Sauf que, dans le cas d’Houphouët, il semble que parfois il a réellement confondu les notions d’Etat, de pays, et de nation. Ainsi, dans le passage suivant, extrait de son discours du 7 septembre 1958, il emploi le mot « nation » alors que, manifestement, ce dont il voulait parler, c’était l’Etat au sens de pays ; car c’est l’Etat entendu en ce sens qui possède des frontières, non la nation :
« Quand il revint en Côte d’Ivoire pour la campagne du « oui » au référendum d’autodétermination, nous apprend Aristide Zolberg, Houphouët-Boigny exhorta encore une fois ses compatriotes à rejeter le nationalisme : "C’est en homme libre qui estime qu’au moment même où les grandes puissances se refusent à l’isolement, au moment où, par exemple, et il est bon de le rappeler, Français et Allemands, par-dessus un grand fossé de sang, de sueur et de larmes, veulent jeter un pont pour qu’ensemble et réconciliés, ils puissent avec les autres Européens assurer, dans un ensemble politique et économique plus vaste, le meilleur devenir de leurs nationaux, que j’ai déclaré que ce serait sortir de l’histoire, aller à contre-courant, si, en Afrique notamment, nous devions limiter notre évolution dans le cadre étroit d’une nation" ».[4]
Ce n’était pas la seule ni la première fois qu’Houphouët s’exprimait ainsi. Depuis 1960, et  jusqu’à sa mort en 1993, il n’y a pas eu une année où il ne tint pas à faire savoir que pour lui il n’existait rien qu’on pût appeler la nation ivoirienne. Et chaque fois c’était quand les Ivoiriens s’interrogeaient sur leur statut dans un pays où le nombre d’étrangers en situation irrégulière s’accroissait d’année en année de façon exponentielle sous l’œil indifférent des pouvoirs publics.
Pourtant, celui qui refusait obstinément de croire à l’existence d’une nation ivoirienne ne s’en laissait pas moins appeler le père de la nation par ses courtisans qui, eux, ne semblaient pas douter qu’eux-mêmes et tous les autres Ivoiriens étaient bel et bien cette nation dont il niait l’existence. Dire que la nation ivoirienne n’existait pas encore et qu’elle restait à construire, à la rigueur ce n’était pas vraiment grave, même si c’était évidemment absurde. Mais qu’Houphouët persistât dans cette dénégation alors que ses courtisans unanimes l’appelaient le père de la nation, c’est une attitude qui aurait dû leur mettre la puce à l’oreille. Pourquoi une telle obstination de leur héros à ne pas vouloir reconnaître une chose qui semblait tellement leur tenir à cœur et dont ils lui attribuaient la paternité autant comme une manière de le glorifier que comme une manifestation de leur impatient désir d’être reconnus comme les seuls véritables citoyens de la Côte d’Ivoire ?
On aura résolu l’énigme quand on aura compris que dans la fameuse sentence, les mots les plus importants ne sont ni « Etat » ni « nation », mais « hérité de la colonisation ». Derrière cette expression d’apparence anodine, c’est toute une apologie du fantochisme. Un fantochisme cyniquement assumé. Car ce qu’Houphouët voulait que nous comprenions, c’était que sa légitimité procédait seulement du fait colonial, et qu’il n’avait par conséquent aucune obligation, aucun devoir vis-à-vis de la Côte d’Ivoire ou vis-à-vis de ses habitants naturels autres que ceux dont se prévalaient déjà les colonisateurs dont il avait recueilli l’héritage.
De son point de vue, rien de plus logique au demeurant. Si on admet que, le 7 août 1960, il n’existait rien qu’on pût nommer la nation ivoirienne, l’indépendance de la Côte d’Ivoire proclamée ce jour-là n’était qu’une pure fiction, puisqu’elle n’impliquait pas un rapport naturel, nécessaire et immédiat, entre ce nouveau pays indépendant et un peuple défini. Pas plus en tout cas que son existence antérieure comme colonie de la France. Et l’indépendance n’ayant pas modifié le statut de la Côte d’Ivoire, ses habitants naturels ne possédaient toujours pas de droits ni d’intérêts exclusifs que lui, le chef de l’Etat hérité de la colonisation, fût tenu de respecter, de protéger et de développer en s’appuyant prioritairement et principalement sur leurs propres forces et sur leurs propres ressources politiques, morales, intellectuelles. Et il était normal que, dans sa fonction de chef de l’Etat, il s’envisageât non pas comme le mandataire et le dirigeant d’un peuple indépendant et souverain, mais comme le fidèle continuateur des gouverneurs français.
La question de savoir si les Ivoiriens sont ou ne sont pas une nation n’est pas une question banale, car c’est de la réponse qui lui fut donnée par Houphouët, que découlèrent la nature, l’orientation et les méthodes de son régime. Or, paradoxalement, sur cette question Houphouët a fait école jusque parmi ceux qui se donnaient pour des adversaires résolus de son régime.
Ainsi de Laurent Gbagbo. Dans le texte imprimé de son discours du 8 octobre 2002, il reprend à son compte presque mot pour mot la douteuse sentence sur « l’Etat » et « la nation » : « Souvenez-vous, nous avons des Etats, nous n’avons pas encore des nations totalement construites ».[5] Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas, dans le même discours, de s’écrier à l’adresse des rebelles du MPCI : « Je vous en conjure, au nom de la nation ivoirienne, au nom de l’Etat, etc. » Il récidivera, en mars 2008, lors d’une entrevue avec la presse francophone : « Dans nos pays, ce ne sont pas des conflits pays contre pays, Etat contre Etat, mais des conflits internes à cause du fait que les nations ne sont pas assez solidement formées. »[6] Manifestement L. Gbagbo non plus n’avait pas l’air de très bien savoir ce qui fondait sa légitimité, ni au nom de qui il présidait la République de Côte d’Ivoire. A se demander ce qui, en fait d’orientation ou d’objectifs politiques, ou même de méthodes de gouvernement, le différenciait tellement d’Houphouët pour justifier à ses propres yeux comme à ceux de ses partisans ses titres d’opposant historique et de « refondateur » ?
Même chose pour l’éminent juriste Francis Wodié à qui l’on doit la seule œuvre théorique d’une certaine ambition produite par un Ivoirien sur le système politique houphouétiste depuis qu’il est entré en crise.[7] Lui non plus n’a pu éviter ce piège. Car, on va le voir, il s’agit bien d’un piège. Dans son ouvrage, au fil d’un développement passablement confus intitulé « La construction de la nation », F. Wodié a manifestement quelques difficultés à choisir franchement entre la fantaisiste notion houphouétienne de la nation-qui-se-construit et le concept universel de la nation comme « groupe humain constituant une communauté politique, établie sur un territoire défini (…), et personnifié par une autorité souveraine ».[8] Après avoir pratiquement repris à son compte le credo d’Houphouët en la matière (« En Afrique, et donc en Côte d’Ivoire, l’Etat précède la Nation. L’Etat existe (préexiste), la Nation est à construire. Il appartient à l’Etat de construire la Nation qui, dans ce mouvement, est, ici, personnifiée par le "père de la Nation". » [Page 66]), il semble soudain comme pris de scrupules (« Comment pourrions-nous, juriste, donner l’Etat comme l’incarnation ou la personnification de la Nation (peuple), sans que celle-ci lui soit au moins concomitante ou consubstantielle ? » [Page 67]). Mais, décidément, il n’est pas si facile de trancher cette question (« En Afrique, comme ailleurs, l’Etat ne peut exister sans un embryon de Nation qui lui donne une substance. Le travail de décolonisation est aussi celui de l’accouchement de la Nation. (…). L’Etat est un moule, la Nation doit être la matière à laquelle il donne une forme. (…). La Nation se vide ou se remplit de la politique qui est conduite par l’Etat (le pouvoir) et qui lui donne de la consistance ou lui en retire. » [Page 67]).
Il est clair que F. Wodié ne partage pas du tout le point de vue d’Houphouët et de ses disciples, mais il s’est en quelque sorte piégé lui-même en voulant raisonner à partir de l’énoncé houphouétien sans avoir suffisamment pris garde aux arrière-pensées nauséabondes qui la sous-tendent. Son embarras, manifeste dans ces pages est un signe indirect du malaise qui règne aujourd’hui parmi les Ivoiriens sur la question de savoir ce qu’ils sont, si et dans quelle mesure leur pays est encore vraiment le leur, et s’il est réellement indépendant et souverain.
Les seules réponse possibles à ces questions, évidemment chaque politicien ivoirien les connaît, et en même temps tous ont bien garde de les formuler autrement qu’à mots couverts ou codés, tel l’« ivoirité » par exemple, un mot camouflage, simple biais pour corriger sans en avoir l’air les dangereux déséquilibres démographiques dus à la politique migratoire hyperlaxiste d’Houphouët, mais qui ne trompa pas la vigilance de Big Brother, et que celui-ci n’eut aucune peine à retourner contre ses inventeurs un certain 24 décembre. Comme quoi, en politique comme à la guerre, il vaut mieux s’assurer des points d’appui solides sur le terrain, ou dans l’opinion, que de tout miser sur la ruse…
L’apparente confusion qui enveloppe le sens des mots nation et Etat, et par voie de conséquence les notions d’indépendance et de souveraineté nationale, ne devrait pas nous cacher l’essentiel, à savoir que, si l’on en parle tant, même en les confondant, c’est parce que à la fois on ressent très fort la nécessité d’un inventaire exhaustif de l’héritage d’Houphouët, afin si possible d’y séparer le bon grain de l’ivraie, et on craint d’offusquer ceux qui, à Paris notamment, considèrent toute critique d’Houphouët comme le prélude d’un attentat contre leurs intérêts nationaux. Cependant, la Côte d’ivoire n’est certainement pas vouée à rester éternellement la chasse gardée d’un autre pays, fût-il celui qui l’a créée en vue d’en faire une colonie d’exploitation. Le jour viendra forcément où il faudra bien que nous posions la question de notre dépendance persistante vis-à-vis de la France dans ses termes véritables, si nous voulons vraiment nous donner les meilleures chances de lui trouver une solution définitive.
Certes, il est vrai que de la colonisation nous n’avons pas hérité d’une nation ! Aussi bien le principal souci des colonisateurs/décolonisateurs français n’était-il pas de consacrer nos droits sur notre terre ancestrale, bien au contraire ! : « Dans la période néocoloniale comme dans la période coloniale, les anciens pays colonisateurs et en particulier [la France], se sont beaucoup plus préoccupés de poursuivre l’écrasement ou, à défaut d’y parvenir, la marginalisation, des véritables sujets collectifs africains, plutôt que de négocier avec eux. »[9] Et, si la nation ivoirienne existe tout de même – car elle existe bel et bien –, c’est bien malgré eux. Pour la même raison, il n’est pas plus juste de dire que nous en avons hérité d’un Etat, à moins de vouloir confondre les mots Etat et territoire. C’est, à la rigueur, d’un territoire que nous avons hérité et non pas d’un Etat. Et encore serait-il plus exact de dire que nous en avons hérité des frontières ; car le territoire, lui, était déjà notre apanage. Il est vrai que le transfert de la souveraineté de ce territoire – ou de ces frontières – aux Ivoiriens le 7 août 1960 ne fut qu’un simulacre, mais, si la nation ivoirienne n’existait pas avant cette date, au nom de quoi, ou de qui, a-t-on proclamé l’indépendance de la Côte d’Ivoire ce jour-là ?
Si les mots ont un sens, dire que la nation est à construire, c’est seulement postuler que la conscience d’être une nation, c’est-à-dire d’être collectivement l’unique souverain légitime dans un pays donné, n’existe pas encore chez la plupart de ses habitants naturels, mais non que la nation n’existe pas. Construire la nation, ce serait donc, à la rigueur, contribuer à leur faire prendre conscience qu’ils sont la nation, le souverain. C’est d’ailleurs ce que Houphouët a sans doute voulu dire quand, un autre jour, il proféra cette lapalissade : « Sans nation, l’Etat est fragile ». Sans « nation » ? Il aurait dû dire : sans un peuple conscient de ses droits et connaissant ses devoirs, et surtout capable de jouir des uns et de s’acquitter des autres, l’Etat est fragile. Que penser de la cohérence d’un chef d’Etat qui savait cela, et qui s’acharna dès le premier jour de l’indépendance à diluer la nation ivoirienne en y intégrant Pierre et Paul au mépris des lois, et au risque de faire douter les citoyens naturels que la Côte d’Ivoire était, d’abord, leur patrie ?
La nation, ce n’est pas autre chose que la société civile – ou que la société politique, si on préfère le dire en grec plutôt qu’en latin –, en tant qu’elle est capable au sens commun comme au sens juridique, et d’agir en son nom propre et de se faire connaître et reconnaître comme telle. L’existence de la nation ne dépend pas du bon vouloir de ceux qui la constituent ni, a fortiori, du bon vouloir d’un seul d’entre eux si prestigieux soit-il, mais de l’histoire dont ils sont ensemble les acteurs et les sujets, et même si hic et nunc tous n’en ont pas une conscience claire. En tout cas, la nation n’est pas une chose qui se construit ; elle est ou elle n’est pas, mais elle est nécessairement partout où des hommes et des femmes vivant la même histoire sur le même territoire, se revendiquent solidaires et agissent en conséquence. Certes, avant 1893 et la création, par les colonisateurs français, d’un territoire de ce nom, il n’existait pas une nation ivoirienne sur l’emplacement de l’actuelle Côte d’ivoire ; et il n’a pas suffi de cette création pour que, du jour au lendemain, une nation ivoirienne existât. Mais, un demi-siècle plus tard, en 1945, c’est bien la nation ivoirienne qui a envoyé Houphouët siéger comme son représentant à l’Assemblée constituante.
Certes, pour une nation, ce n’est pas le tout d’exister. Il lui faut être reconnue et respectée, ce qu’elle ne peut être qu’autant qu’elle est capable de protéger par ses propres moyens ses intérêts moraux, physiques et matériels à l’intérieur comme à l’extérieur de son territoire. En d’autres termes, pour exister pleinement, une nation doit être capable de créer chez elle et autour d’elle les conditions nécessaires pour être respectée par les autres nations. C’est le rôle et la fonction de l’autorité souveraine qu’elle se donne quand elle en a le pouvoir, et qui s’appelle l’Etat.
Qu’est-ce en effet que l’Etat ? C’est l’ensemble des moyens qu’une nation souveraine se donne, soit pour augmenter sa capacité, soit pour se protéger, soit pour organiser ses relations avec les autres nations. En un mot, c’est l’instrument de sa souveraineté. Un instrument qui ne saurait jouer efficacement son rôle qu’en s’appuyant, prioritairement et résolument, sur les forces physiques et spirituelles propres de la nation qu’elle représente. Raison pour laquelle la notion houphouétienne d’un Etat hérité de la colonisation est doublement absurde. Premièrement, elle est contradictoire avec l’idée d’indépendance et de souveraineté nationale. Deuxièmement, elle est contradictoire avec la réalité tout court. Car il n’y avait pas un Etat propre à la colonie de Côte d’ivoire, et qui aurait pu être légué à la Côte d’Ivoire indépendante, mais un Etat français dont la souveraineté s’exerçait sur la Côte d’Ivoire comme sur les autres colonies de la France aux quatre coins de la planète, depuis un ministère sis à Paris. Mais un tel Etat eût-il existé que cette histoire d’en hériter n’en serait pas moins une pure ineptie. Dire d’une nation qui devient libre après une servitude plus ou moins longue que l’Etat dont elle se dote est un héritage de ses anciens dominateurs, c’est dire que cette nation devient son propre oppresseur.
Mais, à bien réfléchir à tout ce que les Ivoiriens ont subi depuis la soi-disant décolonisation, ne serait-ce pas là, l’explication de tous leurs malheurs ?
 
Marcel Amondji
 


[1] - Ministère du Plan/Université nationale de Côte d’Ivoire. Institut d’ethno-sociologie : Besoins culturels des Ivoiriens en milieu urbain. Enquêtes ponctuelles. Abidjan, mars 1975 ; pp. 212 et 215.
[2] - Fraternité Hebdo du 15/03/1990. P. 10.
[3] - Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard. Tome 2, Fayard/Jeune Afrique 1997 ; pp. 102-103.
[4] - D’après A. Zolberg, One-Party Government in the Ivory Coast, Princeton University Press 1964 ; p. 233-234.
[5] - Notre Voie 09 octobre 2002.
[6] - D’après l’AFP 14 mars 2008.
[7] - Institutions politiques et droit constitutionnel en Côte d’Ivoire, Presses universitaires de Côte d’Ivoire (PUCI), Abidjan 1996.
[8] - Le Petit Robert.
[9] - J.-P. Rey, « Le retour du sujet », in Cahiers du GEMDEV N° 19, fév. 1993; p. 79.

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