dimanche 6 avril 2014

Les caprices du petit berger de Berdoba

Super Déby 5 étoiles
Dans un communiqué de presse publié hier jeudi 3 avril 2014 à Bruxelles, où s’achevait le sommet Union européenne/Afrique, le Tchad a annoncé sa décision de retirer ses troupes militaires déployées en Centrafrique dans le cadre de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).  «Malgré les sacrifices consentis, le Tchad et les Tchadiens font l'objet d'une campagne gratuite et malveillante tendant à leur faire porter la responsabilité de tous les maux dont souffre la RCA», peut-on lire dans le document y relatif, qui indique que les modalités pratiques de ce départ seront arrêtées de commun accord entre le Tchad et l’Union africaine. 

Une décision qui ne surprend pas grand monde au regard des nombreuses critiques contre l’Etat tchadien, suspecté de jeu trouble, et les attaques dont ses troupes sont la cible en Centrafrique.
En effet, depuis la démission forcée de Michel Djotodia, ex-chef de la Seleka, du nom de cette rébellion qui a chassé le président Bozizé du pouvoir le 24 mars 2013, les
I. Déby, nouvelle recrue de la Françafrique,
arrivant à l'Elysée...
ressortissants tchadiens, en majorité musulmans, sont régulièrement livrés à la vindicte populaire. Accusés d’avoir contribué aux pillages, assassinats, vols et viols aux lendemains de la chute de Bangui, ils sont aujourd’hui contraints de fuir par milliers les exactions des anti-Balaka,  milices d’autodéfense chrétiennes. Ces dernières, soupçonnées d’être proches du chef de l’Etat déchu, mènent et organisent des attaques ouvertes contre les forces de la MISCA particulièrement les troupes tchadiennes. Multipliant ainsi les incidents entres les deux camps comme celui de samedi dernier à Bangui au cours duquel plusieurs civils ont perdu la vie.
...où il est paternellement accueilli
par son "homologue" F. Mitterrand
Idriss Deby a-t-il fini par être agacé de toutes les critiques, et autres soupçons dont certaines viennent du gouvernement intérimaire, sur le rôle de son pays dans la crise centrafricaine ?
Celui qui a « consenti des sacrifices » pour la résolution du conflit  s’est-il senti payé en monnaie de singe ?
« Super Deby » a-t-il vécu toutes ces récriminations à tort ou à raison comme une atteinte à son leadership régional, qu’il s’applique à défendre ?
Sans doute, tout ça à la fois. Puisqu’après la communication du document, l’homme fort de N’Djamena est immédiatement rentré au pays, boudant alors la rencontre sur le Sahel et la clôture du sommet.
Malgré les supplications de Dame Catherine, la présidente centrafricaine par intérim, l’ancien petit berger de Berdoba a fini par prendre la mouche et la décision de se retirer d’un brasier  auquel il n’est pas tout à fait étranger, il faut le reconnaître.
En effet, depuis Ange Félix Patassé jusqu’à l’éphémère chef de l’Etat Michel Djotodia en passant par François Bozizé, Idriss Deby a toujours joué ici le rôle de faiseur de roi. Le Tchad a, sinon soutenu, du moins cautionné la rébellion qui a renversé Bozizé. Dix ans auparavant, ce dernier accédait au pouvoir à la force des jarrets de l’homme fort de N’Djamena.
Quelles pourraient être alors les conséquences de ce retrait précipité ? Sans nul doute
Idriss Déby accueillant Laurent Fabius :
"Petit berger de Berdoba" est devenu grand...
énormes. Du fait du nombre de soldats du contingent tchadien, actuellement plus de 850, et surtout du fait que cette armée tchadienne est considérée comme l’une des plus aguerrie d’Afrique centrale. Déjà que personne ne veut mourir pour Bangui, où trouver rapidement en quantité et en qualité des troupes pour combler le vide ?
A moins que l’Union africaine, voire toute la communauté internationale, ne s’investisse à faire le pèlerinage au palais présidentiel du Tchad afin de supplier le maître des lieux de revenir sur cette décision, vraisemblablement prise ab irato. Ce qui ne ferait pas de mal à l’orgueil de Deby. Lui qui, conscient de sa force et de son rôle dans le dispositif françafricain, semble s’être comporté dans cette décision comme une jeune fille sûre de ses appas : pour faire désirer. 

Alain Saint Robespierre
Titre original : « Retrait du Tchad de la RCA : Les caprices du petit berger de Berdoba » 

 
COMMENTAIRES (5)
 
1. pelega bouga, Vendredi 04 Avril 2014 08:01
Qu'IDRISS DEBYLE quitte : qui a mis la RCA à genoux si ce n’est lui ? Les Centre-Africains savent que c'est les intrigues de DEBYLE qui ont conduit ce pays dans cet état. Qu'il s'en aille et vous verrez que la sous-région retrouvera la paix. C’est un élève du maitre du BURKINA.
 
2. Parole de h, Vendredi 04 Avril 2014 08:06
Je vais peut être choquer certaines personnes, mais la situation des Tchadiens en RCA me rappelle celle des Burkinabé en RCI... Deby, JE NE L’AIME PAS particulièrement mais il fait bien... Si on t'aime pas, faut pas forcer. Qu’il récupère ses compatriotes et se casse. Avec juste raison. Les Centrafricains ne veulent pas d'eux, ni de leur aide.
 
3. LoiseauDeMinerve, Vendredi 04 Avril 2014 08:42
Quoiqu'il en soit, voici une aubaine pour l'armée burkinabé. Puisque l'on nomme les généraux pour occuper la scène internationale (en plus c'est une mine d'or), embarquement immédiat pour la RCA, mes généraux !
 
4. Bonjour, Vendredi 04 Avril 2014 11:19
Le Tchad fait partie du problème de la RCA. Il a aidé BOZIZE à renverser un président élu, et ensuite a cautionné l'arrivée de la Séléka.
Les dirigeants africains sont irresponsables : ils savent bien que le Tchad n'est pas bien indiqué pour participer à cette MISCA, mais ils ferment les yeux. Il a encore fallu que ce soient les Occidentaux qui prennent les choses en main et disent la vérité à DEBY.
En plus les troupes tchadiennes ne sont pas assez aguerries pour des missions de maintien de la paix. C'est une armée mexicaine capable de faire des guerres barbares comme celle du Nord Mali.
Il faut cependant reconnaître leur courage, car les troupes ouest-africaines se sont couchées devant la guerre du Nord Mali.
 
5. Nobila de Nobéré, Vendredi 04 Avril 2014 15:35
C'est trop facile pour Idriss Deby Itno de se défiler de la sorte, car il n'est pas innocent dans la situation que traverse actuellement la RCA. Comme l'article le souligne, il a contribué à alimenter les différentes crises dans ce pays. Et maintenant qu'il récolte la tempête du vent qu'il a semé, il s'érige en victime. Que la communauté internationale l'amène à rester en RCA pour réparer ce qu'il a contribué à gâter, même s'il est vrai que les populations centrafricaines sont contentes du retrait des troupes tchadiennes de leur pays.
 

Source : L’observateur Paalga 03 Avril 2014

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