Super Déby 5 étoiles |
Dans un communiqué de presse publié hier
jeudi 3 avril 2014 à Bruxelles, où s’achevait le sommet Union
européenne/Afrique, le Tchad a annoncé sa décision de retirer ses troupes
militaires déployées en Centrafrique dans le cadre de la Mission internationale
de soutien à la Centrafrique (MISCA). «Malgré les sacrifices
consentis, le Tchad et les Tchadiens font l'objet d'une campagne gratuite et
malveillante tendant à leur faire porter la responsabilité de tous les maux
dont souffre la RCA», peut-on lire dans le document y relatif, qui indique
que les modalités pratiques de ce départ seront arrêtées de commun accord entre
le Tchad et l’Union africaine.
Une décision qui ne surprend pas grand monde au regard des nombreuses
critiques contre l’Etat tchadien, suspecté de jeu trouble, et les attaques dont
ses troupes sont la cible en Centrafrique.
En effet, depuis la démission forcée de Michel Djotodia, ex-chef de la Seleka,
du nom de cette rébellion qui a chassé le président Bozizé du pouvoir le 24
mars 2013, les
ressortissants tchadiens, en majorité musulmans, sont
régulièrement livrés à la vindicte populaire. Accusés d’avoir contribué aux
pillages, assassinats, vols et viols aux lendemains de la chute de Bangui, ils
sont aujourd’hui contraints de fuir par milliers les exactions des
anti-Balaka, milices d’autodéfense chrétiennes. Ces dernières,
soupçonnées d’être proches du chef de l’Etat déchu, mènent et organisent des
attaques ouvertes contre les forces de la MISCA particulièrement les troupes
tchadiennes. Multipliant ainsi les incidents entres les deux camps comme celui
de samedi dernier à Bangui au cours duquel plusieurs civils ont perdu la
vie.
I. Déby, nouvelle recrue de la Françafrique, arrivant à l'Elysée... |
...où il est paternellement accueilli par son "homologue" F. Mitterrand |
Idriss Deby a-t-il fini par être agacé de toutes les critiques, et autres
soupçons dont certaines viennent du gouvernement intérimaire, sur le rôle de
son pays dans la crise centrafricaine ?
Celui qui a « consenti des sacrifices » pour la résolution du
conflit s’est-il senti payé en monnaie de singe ?
« Super Deby » a-t-il vécu toutes ces récriminations à tort ou
à raison comme une atteinte à son leadership régional, qu’il s’applique à
défendre ?
Sans doute, tout ça à la fois. Puisqu’après la communication du document, l’homme
fort de N’Djamena est immédiatement rentré au pays, boudant alors la rencontre
sur le Sahel et la clôture du sommet.
Malgré les supplications de Dame Catherine, la présidente centrafricaine
par intérim, l’ancien petit berger de Berdoba a fini par prendre la mouche et
la décision de se retirer d’un brasier auquel il n’est pas tout à fait
étranger, il faut le reconnaître.
En effet, depuis Ange Félix Patassé jusqu’à l’éphémère chef de l’Etat
Michel Djotodia en passant par François Bozizé, Idriss Deby a toujours joué ici
le rôle de faiseur de roi. Le Tchad a, sinon soutenu, du moins cautionné la rébellion qui a
renversé Bozizé. Dix ans auparavant, ce dernier accédait au pouvoir à la force
des jarrets de l’homme fort de N’Djamena.
Quelles pourraient être alors les conséquences de ce retrait
précipité ? Sans nul doute
énormes. Du fait du nombre de soldats du contingent
tchadien, actuellement plus de 850, et surtout du fait que cette armée
tchadienne est considérée comme l’une des plus aguerrie d’Afrique centrale.
Déjà que personne ne veut mourir pour Bangui, où trouver rapidement en quantité
et en qualité des troupes pour combler le vide ?
Idriss Déby accueillant Laurent Fabius : "Petit berger de Berdoba" est devenu grand... |
A moins que l’Union africaine, voire toute la communauté internationale, ne
s’investisse à faire le pèlerinage au palais présidentiel du Tchad afin de
supplier le maître des lieux de revenir sur cette décision, vraisemblablement
prise ab irato. Ce qui ne ferait pas de mal à l’orgueil de Deby. Lui qui,
conscient de sa force et de son rôle dans le dispositif françafricain, semble
s’être comporté dans cette décision comme une jeune fille sûre de ses
appas : pour faire désirer.
Alain Saint Robespierre
Titre original : « Retrait du Tchad de la RCA : Les caprices du
petit berger de Berdoba »
COMMENTAIRES (5)
1. , Vendredi
04 Avril 2014 08:01
Qu'IDRISS DEBYLE quitte : qui a mis la RCA à genoux si ce n’est
lui ? Les Centre-Africains savent que c'est les intrigues de DEBYLE qui ont
conduit ce pays dans cet état. Qu'il s'en aille et vous verrez que la
sous-région retrouvera la paix. C’est un élève du maitre du BURKINA.
2. , Vendredi 04 Avril 2014
08:06
Je vais peut être choquer certaines personnes, mais la situation
des Tchadiens en RCA me rappelle celle des Burkinabé en RCI... Deby, JE NE L’AIME
PAS particulièrement mais il fait bien... Si on t'aime pas, faut pas forcer.
Qu’il récupère ses compatriotes et se casse. Avec juste raison. Les
Centrafricains ne veulent pas d'eux, ni de leur aide.
3. ,
Vendredi 04 Avril 2014 08:42
Quoiqu'il en soit, voici une aubaine pour l'armée burkinabé.
Puisque l'on nomme les généraux pour occuper la scène internationale (en plus
c'est une mine d'or), embarquement immédiat pour la RCA, mes généraux !
4. , Vendredi
04 Avril 2014 11:19
Le Tchad fait partie du problème de la RCA. Il a aidé BOZIZE à
renverser un président élu, et ensuite a cautionné l'arrivée de la Séléka.
Les dirigeants africains sont irresponsables : ils savent bien que
le Tchad n'est pas bien indiqué pour participer à cette MISCA, mais ils ferment
les yeux. Il a encore fallu que ce soient les Occidentaux qui prennent les
choses en main et disent la vérité à DEBY.
En plus les troupes tchadiennes ne sont pas assez aguerries pour
des missions de maintien de la paix. C'est une armée mexicaine capable de faire
des guerres barbares comme celle du Nord Mali.
Il faut cependant reconnaître leur courage, car les troupes
ouest-africaines se sont couchées devant la guerre du Nord Mali.
5. ,
Vendredi 04 Avril 2014 15:35
C'est trop facile pour Idriss Deby Itno de se défiler de la sorte,
car il n'est pas innocent dans la situation que traverse actuellement la RCA.
Comme l'article le souligne, il a contribué à alimenter les différentes crises
dans ce pays. Et maintenant qu'il récolte la tempête du vent qu'il a semé, il
s'érige en victime. Que la communauté internationale l'amène à rester en RCA
pour réparer ce qu'il a contribué à gâter, même s'il est vrai que les
populations centrafricaines sont contentes du retrait des troupes tchadiennes
de leur pays.
Source :
L’observateur Paalga 03 Avril 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire