"Prétentieux,
opportuniste, corrompu, c'est Mhoi-Ceul, le bien nommé.
Mhoi-Ceul,
plein de lui-même, comme un œuf. Moi, moi tout seul, Monsieur le Directeur,
enfin, tel qu'en sa suffisance imbécile le pouvoir bureaucratique le change.
Mais
quand le pouvoir est aux fantoches, la pagaïe règne dans les bureaux, et même
dans la rue où l'on commence à lire les journaux à l'envers... pour essayer de
comprendre ce qui se passe dans un
monde qui ne va pas droit.
On
se doute que tout cela finira mal pour les fantoches... et il y aura vraiment
de quoi rire."
4e de
couverture de Mhoi-Ceul, comédie en 5 tableaux de B. Dadié, Présence Africaine 1979.
L’actuel numéro un ivoirien, Alassane
Ouattara, conçoit l’élection présidentielle du 25 octobre prochain comme une
sorte de « sacre » et de « plan de communication » qui convaincra le monde
entier que le pays qu’il dirige est désormais une vraie démocratie et un pays
réconcilié. Une chose est sûre : son système fonctionne selon une sorte de
dualité. Il donne une « belle image » à l’étranger ; et présente un autre
visage à l’intérieur. Et se distingue par des dérapages verbaux aux relents
autoritaires très peu relayés à l’extérieur de la Côte d’Ivoire, où il jouit de
solides soutiens. Nous en avons relevé quelques-uns.
BRUNO KONE
1 – Bruno
Koné, porte-parole du gouvernement, s’expliquant, le 6 octobre 2015, sur le
choix du gouvernement d’octroyer une « subvention » de 100 millions, non prévue
par la loi, aux opposants acceptant de participer au scrutin : « Quand vous jouez un match et que vous
menez 10 à 0, vous pouvez donner une passe à votre adversaire pour qu’il joue
aussi. Ainsi, nous leur avons fait la passe parce que nous avons déjà gagné le
match. »
2 – Le même
Bruno Koné, justifiant l’occupation du siège du quotidien d’opposition Notre
Voie par des miliciens à la solde du pouvoir, le 4 août 2011 : « Ce qui entraîne ce genre d’actes, c’est ce
qui se dit tous les jours. Notre voie dit tous les jours ce qu’elle pense. Mais
cela peut choquer des sensibilités qui peuvent s’exprimer de façon incorrecte.
Peut-être qu’en se comportant autrement, on peut amener les gens à mieux se
comporter. »
KANDIA CAMARA
3 – Kandia
Camara, ministre de l’Education nationale, le 6 octobre 2015 : « C’est une élection kouman bana » («
kouman bana » = on ne parle plus = les jeux sont déjà faits).
ADJOUMANI
4 – Kobenan
Kouassi Adjoumani, ministre des Ressources animales et halieutiques : « Affi [le président d’une des deux branches
rivales du FPI, parti de Laurent Gbagbo] oublie qu’il est un prisonnier
ambulant. Il oublie également que c’est grâce à Ouattara qu’il est candidat.
Affi doit savoir qu’il n’a pas le monopole de la violence. S’il continue, il
trouvera devant lui des Éléphants qui vont l’écraser. » [Le 12 septembre
2015].
AMADOU SOUMAHORO
5 – Amadou
Soumahoro, secrétaire général par intérim du RDR, parti ouattariste : « Le FPI est une tragédie. Par pitié, nous
avons libéré Affi N’Guessan de prison… » [Le 12 septembre 2015]
6 – Le même
Amadou Soumahoro, le 18 mars 2012, sur la place de la grande mosquée de
Dioulabougou, à Daloa : « Nous assumons
la responsabilité de l’insécurité dont les militants du FPI parlent tant. (…) Désormais,
nous allons demander à nos militants de se mettre en ordre de bataille pour
mater tous les militants du FPI qui s’attaqueront au président Alassane. Nous
n’allons plus accepter les arrogances du FPI. Oui, nous allons les mater. Ils
oublient que tous ceux qui se sont attaqués à Alassane se trouvent au
cimetière. »
MHOI-CEUL, alias ADO
7 –
Alassane Ouattara lui-même, lors d’un meeting à Odienné, dans le nord du pays :
« Nous sommes maintenant dans la campagne
bientôt, et exigez que chacun [des candidats, nda] qui viendra vous dise ce
qu’il va faire pour vous comme moi je le fais aujourd’hui. Chers parents, je
lance cet appel à partir d’Odienné parce qu’ici je sais qu’en réalité je ne
suis pas seulement le candidat unique du RHDP mais je suis le candidat unique ;
un point un trait. »
HAMED BAKAYOKO
8 – Hamed
Bakayoko, le 25 juillet 2015, lors d’un meeting d’Alassane Ouattara à Séguéla,
dans le nord du pays : « Nous sommes vos
guerriers et nous sommes fiers de l’être. Celui qui touche à ADO, il doit
d’abord passer sur notre corps. Quand tu as affaire à ADO, tu as affaire à
nous. Monsieur le président, ici, quand on dit « Alassane », les gens lèvent la
main. Si la suite est bonne, ils viennent de façon vigoureuse vous rejoindre
pour vous donner une clameur d’applaudissements. Mais si tu dis « Alassane »
(…) et que ce que tu dis ne leur plaît pas, ils tombent sur toi. »
AFFOUSSIATA
9 –
Affoussiata Bamba Lamine, ministre de la Communication, le 22 octobre 2014, à
propos du jugement des ex-dignitaires de l’administration Gbagbo : « Vous savez que c’est quand même un procès
politique. En plus du droit, c’est aussi l’aspect politique qu’il faut regarder
(…) Il faut savoir que le politique est important, il faut en tenir compte. Il
faut tenir compte du fait que nous sommes dans un environnement (…) Il s’agit
d’un problème politique. Il s’agit aussi d’un procès politique. Donc il faut
tenir compte de ce procès, du fait qu’il soit politique ».
ALAIN LOBOGNON
10 – Alain
Lobognon, ancien ministre des Sports, le 18 septembre 2013, à propos des
traitements inhumains et dégradants infligés au syndicaliste Mahan Gahé, mort
deux ans plus tard après une longue maladie : « La torture ne tue pas ».
Théophile Kouamouo [avec la participation
de Stéphane Bahi]
Titre
original : « Le « top 10 » des dérapages verbaux du clan
Ouattara »
Source :
Connectionivoirienne.net 9
octobre 2015
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