Depuis plusieurs
heures, des rumeurs circulaient sur l’armée loyaliste qui aurait refusé de se
ranger sagement derrières les décisions concoctées depuis l’étranger ; Yayi
Boni et Macky Sall n’étant que les représentants de cette chère « Communauté
internationale » qui tentait de nouveau d’activer certains pions bloqués
sur l’échiquier burkinabé…
Ainsi radio Oméga FM annonce : « Toute l’armée nationale a décidé de
libérer le peuple burkinabé. Des garnisons de Bobo Dioulasso et Kaya se
dirigeraient sur Ouagadougou. La garnison de Fada N’gourma en route pour
Ouagadougou. Des blindés (au moins une quinzaine) ont quitté la garnison de
Fada N’gourma à 12h pour Ouagadougou sous une forte ovation de la population. »
Une autre source journalistique écrit :
« Les nouvelles sont pas très bonnes
car les bruits d’un affrontement entre militaires se précisent. Selon une
source sur place, les camps militaires de Bobo et du reste du pays font le
paquetage pour Ouaga car pour eux, "le RSP est hors-la-loi et doit
être maté". Il est clair que les forces vives du Burkina rejettent en
bloc le cynique et inique plan de sortie de crise de la Cedeao ».
Il y a peu de temps, les chefs de corps
des Forces armées nationales viennent de diffuser un communiqué demandant aux
militaires du RSP (régiment de sécurité présidentielle) de déposer les armes
afin d’éviter un bain de sang. Sur les 1300 soldats que compte ce corps
d’élite, déjà hier 500 ne se reconnaissaient pas dans ce putsch.
Enfin, cerise sur le gâteau, une nouvelle
qui date de neuf jours : alors qu’Annick Girardin, la secrétaire d’Etat
française au développement et à la francophonie était en visite au Sénégal
(tiens donc, pourquoi au juste ?), Macky Sall s’est livré à des confidences :
il aurait été favorable à une nouvelle candidature de …Blaise Compaoré. Selon le journal Jeune
Afrique qui rapporte l’événement, le président sénégalais a expliqué le 12
septembre dernier « qu’il valait mieux laisser le président burkinabè
se représenter en 2015, même après 27 ans de pouvoir, parce que Compaoré
contribue grandement à la stabilité de la sous-région et qu’il est par
conséquent préférable de le laisser se représenter en 2015 ».
Sommes-nous vraiment à la fin du scénario
Compaoré ? Ou passe-t-on maintenant à un plan B rafraichi et rajeuni, grâce à
la médiation sénégalo-béninoise, et permet-on à un clone de Blaise,
Djibril Bassolé de tenter sa chance, et – ô miracle des élections truquées –,
de sortir grand vainqueur des urnes, alors que sa candidature avait été rejetée
par le Conseil constitutionnel ?
Les jours à venir s’annoncent sombres,
mais les Burkinabés, semble-t-il, n’ont pas envie de se faire berner une fois
de plus… Ils n’ont pas envie, après plus d’un quart de siècle de dictature
Compaoré, de connaître la galère de leurs voisins Ivoiriens, ils ne prendront
pas place dans ce bateau de l’émergence qui les ferait avancer à reculons au
lieu de les ramener au pays des Hommes intègres que leur promettait Thomas
Sankara. Depuis que le ciel ivoirien s’est assombri avec l’installation forcée
de Ouattara, ils ne veulent pas de ces nuages qui n’apportent que pillage,
violence, pauvreté et mort. Très peu pour eux, le bateau émergence ; qu’il aille dériver loin de chez eux ;
d’ailleurs ils n’ont pas de côtes pour le faire accoster !
Malheureusement, l’ingérence
« humanitaire » qui va certainement suivre, prônée par nos
occidentaux au verbe doucereux comme d’habitude, se soldera par des morts ; ces
morts qui ne toucheront personne, parce que les médias verrouillés ne
diffuseront que la partie émergée de l’iceberg : encore un coup d’Etat, ah,
ces Africains qui ne pensent qu’à se battre entre eux, incapables de se
concentrer sur l’avancement et le développement de leurs pays !
Burkinabés, le peuple de Côte d’Ivoire
vous supplie de ne pas tomber dans le piège tendu par les mêmes qui se sont
débarrassés de Laurent Gbagbo et qui espèrent toujours encore continuer de
faire la pluie et le beau temps en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, c’est le début
de l’automne dans le calendrier occidental. Mais voilà, les saisons africaines
ne se présentent pas exactement comme en France, et contrairement à la météo
diffusée depuis Paris, ce sont peut-être des trombes d’eau inimaginables qui
vont tomber et lessiver ce pays, lui rendre enfin sa beauté réelle, africaine,
où les occidentaux ne seront les bienvenus que lorsqu’ils viendront faire du
tourisme et goûter la culture et l’art africain.
« Le temps, l’autre nom de Dieu ».
Ce n’est pas une phrase tirée de la Bible ou du Coran, pourtant le spectre de
celui qui l’a prononcée plane toujours au-dessus de l’Afrique, et les
évènements semblent bien lui donner raison !
Shlomit Abel
Tire original : « Empire françafricain : un automne du tonnerre ! »
EN MARAUDE DANS LE
WEB
Sous cette rubrique, nous
vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : eburnienews 21 septembre 2015
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