Mme Mariam Sankara |
Message de Mme Mariam Sankara à l’occasion du 28e anniversaire du meurtre de Thomas Sankara, son
époux.
Chers compatriotes, mesdames,
mesdemoiselles, messieurs,
Je vous remercie
encore une fois de votre mobilisation à l’occasion de cette date anniversaire
de l’assassinat du Président Sankara et de ses compagnons. Ce 28e anniversaire
de la Commémoration de l’assassinat du Président Sankara a des allures
particulières. Il intervient quelques mois après le début des enquêtes sur son
assassinat et une année après que le peuple burkinabè a décidé de chasser du
pouvoir le dictateur Compaoré.
Comme vous le
savez, les partisans de Compaoré, en la personne de Diendéré et ses acolytes
ont voulu reprendre le pouvoir afin de mettre fin à la transition du Burkina à
la démocratie. Malgré leurs tueries et les violences exercées sur les
populations, le vaillant peuple burkinabè et son armée en ont décidé autrement.
En effet, la
défaite de ces forces rétrogrades et anti-démocratiques a une signification qui
dépasse le simple cadre du Burkina Faso. La jeunesse burkinabè et africaine en
général veut définitivement tourner la page des dictatures néocoloniales pour
s’attaquer elle-même à l’amélioration de son bien-être et sa pérennisation pour
les générations futures.
Ces défis
reposent sur la définition et le respect des règles du vivre ensemble, la
satisfaction de nos besoins par le travail, la créativité individuelle et
collective, la protection des plus faibles et du bien commun, l’amélioration
des relations humaines qui est le socle des valeurs éthiques.
Le Président
Sankara a, inlassablement, posé les jalons de ce travail pendant la révolution
du 4 août 1983. Le peuple burkinabè, qui tient au respect des valeurs
essentielles (intégrité, honnêteté, solidarité), s’est imprégné de ce message
dont la jeune génération s’arme pour ses combats actuels et futurs.
Au lieu de
comprendre les aspirations profondes de notre peuple ainsi que les changements
qualitatifs qui s’opèrent au sein de notre jeunesse en termes de conscience
politique et d’attitudes face à toute forme de domination, les partisans du
régime de Compaoré pensent qu’un retour à l’ordre dictatorial et néocolonial
est encore possible.
Sans notre détermination, rien ne sera possible
A la veille des
échéances électorales décisives pour le Burkina, le peuple burkinabè dans son
immense majorité, aura l’opportunité de leur tourner définitivement le dos en
leur disant non. C’est pour moi la meilleure façon que nous avons de célébrer
l’œuvre du Président Thomas Sankara. Dans les prochains jours, l’occasion sera
donnée à tous les progressistes, sankaristes en l’occurrence, de proposer une
réelle alternative au peuple du Burkina Faso.
Nous ne devons
pas nous contenter du changement qui vient de commencer au Burkina avec la
chute de Compaoré et l’échec du coup d’Etat de ses fidèles (Diendéré et ses
acolytes). L’heure est aujourd’hui à la consolidation de l’alternance et à la
proposition d’une véritable alternative de développement au peuple burkinabè.
Je ne doute pas un seul instant que le peuple burkinabè saura définir et
orienter son avenir dans le sens de ses intérêts.
En ce qui
concerne la lutte contre l’impunité, l’affaire Sankara a été remise à l’ordre
du jour par la justice. Les échos de l’enquête sur la mort de Sankara et de ses
camarades permettent de mesurer la cruauté de la dictature de Compaoré. Ceux
qui pouvaient encore espérer leur repentance ont vu qu’il n’en était rien avec
le coup de force de Diendéré.
Nous osons
croire que justice sera rendue à Sankara et à toutes les victimes de Compaoré.
Nous ne devons pas oublier que sans notre détermination, rien ne sera possible.
Pour terminer,
j’en appelle encore à l’insurrection électorale pour un vrai changement !
Avec le peuple,
la victoire.
La patrie ou la mort, nous vaincrons.
Mariam SANKARA (Montpellier
le 15 octobre 2015)
Source :
Lefaso.net 15 octobre 2015
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