Ce qu'il y a de rassurant dans les
discours de François Hollande, c'est qu'ils sont toujours convenus. Mardi
matin, son intervention lors de la conférence des ambassadeurs fut sans
surprise.
Le président français, François
Hollande, s'est fixé une ligne de conduite et il s'y tient. Depuis le début de
son mandat, il répète que le chômage va baisser et que la reprise économique
arrive. Sur le plan extérieur, il appelle de tous ses vœux la chute de Bachar
El-Assad. En vain, depuis trois ans. Ca ne l'empêche pas, ignorant le principe
de réalité, de continuer sur la même voie.
En témoigne le long discours qu'il a
prononcé ce mardi 25 aout, en ouverture de la conférence des ambassadeurs, ce
grand raout annuel organisé chaque fin de mois d'août par le quai d'Orsay.
Cette déclaration est supposée fixer les grandes lignes de la politique
étrangère de la France pour l'année à venir.
Daesh, « le plus grand danger »
L'Etat Islamique qui « contrôle
un vaste territoire » est ainsi désignée par Hollande, qui, fidèle à sa
ligne de conduite, ne la qualifie pas d'« islamiste », mais
simplement de « terroriste ». Il en décrit la barbarie sans proposer
d'autre solution pour l'anéantir que « la neutralisation de Bachar
El-Assad », le président syrien. Un vocabulaire appartenant à des temps
qu'on croyait révolus, celui des barbouzes. En oubliant de demander aux
Syriens, qui restent quand même les premiers concernés, de se prononcer sur le
sujet. Et réchauffe le vieux plat d'une fumeuse troisième voie avec un nouveau
gouvernement composé de Kurdes et de Sunnites, bref le mariage de la carpe et
du lapin, qui fait depuis des années le lit de Daesh.
« L'intervention armée en Libye était nécessaire »
François Hollande approuve la guerre
néocoloniale du couple Sarkozy-Cameron qui a plongé le pays dans un chaos sans
nom. Mais il ne propose d'autre solution pour en sortir qu'une hypothétique
médiation onusienne, en ignorant que Daesh y contrôle désormais plus de deux
cent kilomètres de côtes d'où s'élancent quotidiennement un flot ininterrompu
de migrants... pimenté par quelques terroristes.
Boko Haram, l'autre menace. Cette
organisation terroriste, et toujours pas désignée comme islamiste, menace toute
l'Afrique de l'Ouest selon François Hollande. D'où sa volonté de réunir tous
les acteurs de la lutte contre Boko Haram, à commencer par le président nigérian
Buhari qui se rendra dans les prochains jours à Paris. Comme si la France était
toujours le gendarme de cette région d'Afrique.
Le Mali presque oublié
Seule une petite phrase sur
l'opération Barkhane dans le discours du président rappelle que le Mali existe.
Comme s'il avait décidé de faire profil bas sur cette énième intervention de
l'armée française en Afrique. Il y voit cependant une « démonstration »
de l'efficacité de sa « lutte contre le terrorisme ». Sur le terrain,
les faits ne lui donnent pas toujours raison.
Les migrants, « tragiques conséquences des conflits qui
s'accumulent ».
Hollande semble enfin découvrir que
la guerre, ça produit des morts et des réfugiés. Il sort de son assourdissant
silence sur le sujet pour produire des lamentations sans effets. Il propose
avec la chancelière allemande Merkel une uniformisation des politiques
d'accueil des pays européens. Ce qui demandera, au rythme où avance l'Europe,
des années de négociations.
En attendant, il ordonne aux Grecs
et aux Italiens, qui sont en première ligne, de faire le tri entre les réfugiés
(ceux qui peuvent rester; ceux qui doivent partir). Et surtout de les garder
chez eux.
Le nouveau rôle de l'Iran.
Hollande, qui a longtemps maintenu
l'Iran au ban des nations, lui demande maintenant d'être un acteur dans la
résolution des crises régionales mais, dans la foulée, il se félicite de ses « relations
de grande confiance » avec l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe. On
connaît la cordialité des rapports entre Chiites et Sunnites au Yémen ou
ailleurs. Sur ce sujet comme dans d'autres, Hollande cherche à occuper la « position
centrale », un exercice d'équilibriste qui lui a permis de faire la
carrière politique que l'on sait. En espérant que les événements viendront un
jour lui donner raison.
Reste qu'il endosse, en Syrie ou en
Afrique, l'uniforme de gendarme. Sur la scène mondiale, on attend plutôt d'un
président français, néanmoins socialiste, qu'il fasse entendre la voix d'une
France qui prônait jadis l'autodétermination des peuples. Et non pas celle des
barbouzes et autres colonialistes.
Philippe
Duval*
EN MARAUDE DANS LE WEB
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cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source : Mondafrique.com (via le journal de
Bally Ferro) 26 Août 2015
(*) - Journaliste indépendant,
membre de la rédaction d’un grand quotidien, “Le Parisien”, pendant vingt ans
(culture, politique étrangère). Auteur de nombreux reportages en Afrique de
l’Ouest. Et de plusieurs livres dont « Fantômes d’Ivoire » et « Chroniques
de Guerre ».
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