Quatrième Partie
Le Gbagbo des mauvais jours
« Cette autre
face est beaucoup plus difficile à cerner tant la frontière entre «
Jean-qui-rit » et « Jean-qui-pleure » est ténue, surtout chez un homme du
gabarit et de l’amplitude de Laurent Gbagbo. C’est peut-être parce que nous
n’avons pas su faire avec le Gbagbo des jours ordinaires que nous avons été
confrontés à celui autrement plus dangereux et perfide des temps de crise. Sa
méfiance vis-à-vis de la France est toujours restée à fleur d’eau, sans jamais
qu’elle rejoigne la haine viscérale que pouvait éprouver à notre égard un
Ravalomanana, président malgache. Là se situe également la problématique de sa
responsabilité personnelle dans les événements et des influences néfastes
qu’ont pu jouer différents éléments identifiés de son entourage qui nous
étaient foncièrement hostiles. »
Cette dernière phrase
est peut-être la clef de toutes nos tragédies nationales. A bien y regarder,
tous les drames ivoiriens depuis le milieu des années 40 peuvent s’expliquer
par là : les Français ne supportent pas qu’il puisse y avoir dans
l’entourage de leur favori, des gens qui soient susceptibles soit de les
empêcher de le contrôler, soit de l’entraîner à la longue dans des voies
contraires à leurs intérêts. On se souviendra à ce propos du fameux
avertissement de François Mitterrand à Houphouët au lendemain du retournement
du leader du Rassemblement démocratique africain (RDA) : « Pour ne
pas alimenter de vaines espérances, la politique de réformes et de progrès
devait éviter d'être confondue avec une réaction de faiblesse. C'est pourquoi
je crois sage d'indiquer à Monsieur Félix Houphouët-Boigny que les moyens de la
force mis à la disposition des gouverneurs seraient de toute manière accrus, ce
qui permettrait de parer, le cas échéant, aux déviations que susciteraient les
adversaires de cette politique »[1]. Avertissement qui fit
à Houphouët un effet très durable, à en juger d’après cet aveu public lâché le
30 janvier 1992 : « Tous
ceux qui sont comme moi, [qui] ont été reçus sur les bords de la Seine pour
défendre les aspirations légitimes de nos compatriotes, la liberté confisquée,
la dignité piétinée, où sont-ils ces braves camarades ? Ceux avec qui nous
avons lutté pour gagner la première phase de la lutte, l'indépendance
politique, combien sont-ils aujourd'hui aux postes de responsabilités ?
Certains sont morts, paix à leur âme. La plupart ont été chassés par ordre des
colonialistes. Deux seulement avaient démissionné : Ahidjo qui vient de mourir,
et Senghor qui, lui, est assis, il le pense, confortablement dans le fauteuil
de l'immortel... Il ne reste que votre seul serviteur. Je suis le seul, à
l'heure actuelle. Donc mes responsabilités sont très lourdes. Allez à l'hôtel
Ivoire, vous y verrez des anciens chassés du pouvoir ou leurs familles. »[2]. Sommé par le cri
public de châtier son chef d’état-major, le colonel Robert Guéi qu’une
commission d’enquête créée par lui avait désigné comme le responsable direct de
l’attaque gratuite de la résidence universitaire de Yopougon par la Firpac[3], dans la nuit du 17 au 18
mai 1991, il justifiait ainsi son refus de le punir. Traduit en langage clair, cela
voulait dire : « Si moi, Houphouët,
je n’avais pas toujours fait ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient et
comme ils le voulaient, les colonialistes m’auraient également fait tuer, ou
chassé du pouvoir. Donc je me garderais bien de tenter le diable en m’en
prenant à ce militaire dont ils ont fait leur favori… ».
« L’Afrique a
ses mystères et son opacité et, là encore, j’avoue n’avoir pas été capable de
tracer la part des responsabilités dans les différentes étapes qui ont jalonné
notamment la crise de 2004. »
Où
l’on constate que, à l’instar d’André Gide[4], chaque Français qui va en
Afrique emporte dans sa tête « La Mentalité primitive » de Lucien
Lévy-Bruhl, tel un guide du routard ethnologique…
« Je n’étais
pas encore arrivé à Abidjan lorsque Laurent Gbagbo a commencé à s’en prendre à
la France en septembre 2002. »
Et,
évidemment, il ne s’était rien passé d’autre qui pouvait expliquer que le chef
de l’Etat ivoirien s’en prenne à la France…
« Il lui
reprochait de n’avoir pas écrasé, comme il le demandait, les rebelles venus du
nord et dont on sait qu’ils étaient soutenus par le Burkina Faso. »
Et
le Burkina Faso, qui le soutenait ? Au début de cette histoire, alors
qu’il ne s’agissait encore que du Liberia, analysant le rôle actif que le
Burkina Faso jouait dans cette guerre civile, le périodique « L’état du
monde » remarquait la disproportion entre ce rôle et les capacités en tout
genre de ce pays pauvre enclavé. A la même époque, certains observateurs
signalaient l’implication de l’agent provocateur multicarte Jean
Mauricheau-Beaupré – (il travaillait aussi très vraisemblablement pour la CIA)
–, ainsi que les visites officielles de Michel Dupuch, l’ambassadeur de France
en Côte d’Ivoire, à Gbarnga, qui était le QG de Charles Taylor… Lors de ces
virées, Dupuch était parfois accompagné par un certain Robert de Saint-Pai[5], qui peut-être
n’était autre que « Monsieur Jean », nom de guerre de Mauricheau-Beaupré.
S’agissant des soi-disant « rebelles ivoiriens », vers 2002,
l’attaché militaire de l’ambassade de France à Ouagadougou sera un visiteur
assidu du revêche Ibrahima Coulibaly, dit IB, avant sa substitution par un
Guillaume Soro beaucoup plus malléable : « Et dans la logique, effectivement, l’ambassade de France,
l’attaché militaire venait me rendre visite chaque deux semaines pour se
rassurer que j’étais à Ouaga. (…). Quand il venait, je disais : "Mais
moi je suis là" ».[6]
« Il ne nous a
jamais été reconnaissant de notre molle intervention qui avait pourtant stoppé
l’avancée de ses adversaires et sauvé Abidjan et le pouvoir en place, mais au
prix d’une partition durable de la Côte d’Ivoire. »
Donc
il fallait aussi les remercier d’avoir fomenté, avec la complicité de leurs
larbins burkinabè, cette soi-disant « rébellion », en fait un simple
biais pour favoriser l’usurpation d’Alassane-Dominique Ouattara, dit ADO, dont
ils rêvaient depuis 1990 ?!
« Cette
méfiance à notre endroit s’intensifia très vite lorsqu’à peine un mois après ma
prise de fonction et deux semaines après l’arrivée de mon principal conseiller,
Paris tenta d’imposer une solution extérieure pour aider à la réunification du
pays et à l’organisation d’élections libres et contestées. Suivant la visite de
Dominique de Villepin, dont le saut de puce effectué au quartier général des
rebelles à Bouaké avait profondément indigné les gens du Sud, la préparation de
la conférence de Marcoussis se fit dans une précipitation maladroite et
confuse. L’approche cartésienne qui fut la nôtre, inspirée de fumeux et
mythiques précédents de conférences nationales de vérité, réconciliation et
paix en Afrique qu’on voulait bien nous présenter, ne correspondait en rien à
la palabre africaine et à la complexité du jeu politique ivoirien. Encore moins
à ce qu’aucun des acteurs ivoiriens, de quelque bord qu’il soit, ne souhaitait
se voir imposer. Chacun voulait tout et personne n’était prêt à composer.
Aussi, l’« Abidjanaise » chantée à l’unisson au soir de la signature de
l’accord par tous ces frères ennemis jouant à s’entrelacer devant les fiers
entremetteurs blancs émus aux larmes restera dans mon souvenir comme une bien
triste mascarade. Tout aussi ridicule, le déguisement en chef baoulé offert par
les Ivoiriens et que Pierre Mazeaud, le principal négociateur de Marcoussis,
accepta de porter lors de la réception à l’hôtel du ministre. Les formes
utilisées pour tirer cet accord aux forceps furent contreproductives et
marquèrent durablement les esprits. La convocation sans préavis puis
l’enfermement plusieurs jours durant au centre sportif de Marcoussis dans la
banlieue parisienne, la rudesse de la présidence exercée par Pierre Mazeaud, le
rôle peu clair que Seydou Diarra joua dans la préparation des travaux dont il
sortit Premier ministre à la surprise de tous et, surtout, la décision inique
de confier à la rébellion les portefeuilles de l’intérieur et de l’armée furent
autant de provocations qui sapèrent d’emblée l’accord bancal obtenu et
renforcèrent durablement les haines réciproques.
Mais tout ceci
n’était encore qu’un "apéritif".
En ce qui me
concerne, le Gbagbo « des mauvais jours » se révéla d’un coup, le samedi 6
novembre, au moment où son aviation était détruite et où la foule de ses
partisans envahissait les quartiers sud de la capitale, en direction du 43ème
BIMa qui abritait l’état-major de l’opération Licorne. On pourrait voir dans la
concomitance de ces deux événements la preuve de la duplicité qui était la
sienne depuis le début. Il aura tout de même, dans un premier temps, accusé le
coup devant la défaite de son armée et la réaction plus qu’immédiate et
vigoureuse de la France. J’ai mesuré deux heures durant cet après-midi-là, lors
d’une des épreuves les plus pénibles de ma carrière, la prostration dans
laquelle il était tombé. De grands nuages de fumées noires s’élevaient déjà
au-dessus d’Abidjan alors que des foules en colère, parfaitement manipulées par
les nervis du régime, mettaient systématiquement le feu à nos établissements
scolaires. Je décidai de rencontrer le président de toute urgence pour tenter
d’arrêter l’insurrection et, sous le prétexte qu’un de ses ressortissants avait
été tué le matin-même lors du bombardement de Bouaké, je pris mon collègue
américain sous le bras, au
moins pour servir de témoin dans l’entrevue orageuse que je m’apprêtai à avoir
avec Laurent Gbagbo. »
Un
mort étatsunien dont personne n’a retrouvé la trace ensuite, comme s’il ne
s’était agi que d’un prétexte pour embarquer les Etats-Unis dans une sale
affaire où la France n’avait pas intérêt à se retrouver isolée…
« Nous
arrivâmes à la présidence, voisine de ma résidence, dans un camp qui se
retranchait à vue d’œil, qui montait en urgence dans les jardins des défenses
anti-aériennes et qui arrêta dès l’entrée mes huit gardes du corps. Le
président, non rasé et en chemise ouverte sur un tricot de corps douteux, était
totalement hébété, comme dans un état second. Le téléphone ne cessait de sonner
et, chaque fois qu’il raccrochait plus abattu encore, c’est lui qui nous
apprenait, nous qui étions coupés de communication avec nos ambassades
respectives, l’escalade inquiétante de l’offensive dans laquelle nous étions
engagés. D’abord, ce fut la flotte de ses hélicoptères dont il nous dit qu’elle
avait été détruite au palais de Yamoussoukro par des tirs français. Ce fut ensuite
les avions qui lui restaient à Abidjan qui furent neutralisés. Nous tâchâmes
avec mon collègue américain de ne pas en rester à ces contingences et d’appeler
l’attention de notre interlocuteur sur la nécessité absolue d’arrêter la horde
de ses « jeunes patriotes » et d’ordonner un retour au calme par une allocution
télévisée. Le téléphone sonna une fois encore et, là, Gbagbo m’annonça d’un air
dont je ne saurai jamais s’il était piteux ou haineux que les troupes
françaises venaient de s’emparer militairement de l’aéroport civil d’Abidjan.
Je crus déceler une lueur de critique dans le regard de mon collègue américain.
Nous nous levâmes ensemble pour terminer cet entretien de plus en plus
difficile et, sous le prétexte de mieux l’informer de la situation en retournant
dans nos ambassades, de prendre congé de lui. Le véhicule de mon collègue
arriva immédiatement pour le cueillir sur le perron. Je dus attendre près de
trente minutes le mien et, devant le visage fermé et hostile des personnels qui
m’entouraient, je retournais en forçant les portes dans le bureau du président
pour protester avec véhémence contre la rétention qui m’était imposée. Lorsque
ma voiture se présenta, le chauffeur de l’EPIGN qui la conduisait était
pratiquement nu. Il m’expliqua alors à quel point mon escorte avait été
malmenée par la garde présidentielle durant l’entretien. Tandis que je
récupérais mes hommes et leurs armes, l’excitation de la troupe locale montait
rapidement et n’augurait rien de bon pour cette nuit qui tombait sur Abidjan.
Ils avaient fini de monter leur pièce de DCA sur le bord de la lagune Ebrié,
artillerie qui sera détruite dans la nuit par le tir d’un missile lancé d’une
gazelle française. Ce 6 novembre marqua la fin des rapports rapprochés et
cordiaux que j’entretenais depuis ma prise de fonction, deux ans auparavant,
avec le président ivoirien. Nous ne nous revîmes que deux fois avant mon départ
définitif à l’été 2005. La première rencontre se déroula dans des conditions
rocambolesques, alors que Laurent Gbagbo, retranché dans son palais de Cocody,
était « protégé » par ses « jeunes patriotes » qui en barraient tous les accès.
Nous avions décidé d’une entrevue qui se tiendrait chez lui pour faire le point
et examiner les conditions d’une possible sortie de crise. Pour permettre le
passage des très nombreux barrages de militants qui le protégeaient, il m’avait
délégué son chef d’état-major particulier conduisant une voiture banalisée de
la présidence. Par sécurité, je décidais au dernier moment de me faire
accompagner de mon fidèle numéro deux, Jean-Hugues Simon-Michel. Nous nous
retrouvâmes tapis à l’arrière d’un véhicule aux vitres fumées qui nous mena
jusqu’à la résidence présidentielle, dont je découvris une partie secrète que
j’ignorais totalement. Rien de positif ne sortit de cet entretien décidé dans
l’urgence et dans un climat où d’évidence, tout retour à la normalité était
exclu. Aucune explication crédible ne fut apportée quant au bombardement de
Bouaké, sinon que Gbagbo nous asséna qu’un soldat, par métier, était destiné à
mourir… Lorsque nous nous quittâmes, il me prit à part pour m’assurer que son
estime personnelle à mon égard restait entière et qu’il considérait Jacques
Chirac comme seul responsable de la situation à laquelle on avait abouti. Je
compris que c’était un adieu. »
Le
Lidec parle comme quelqu’un qui considère la situation régnant alors en Côte
d’Ivoire comme une banale crise « ivoiro-ivoirienne » dans laquelle
le pays qu’il représentait n’était impliqué que par hasard, à cause de la
mauvaise foi de l’une des parties ivoiriennes. Mais lui-même est-il vraiment de
bonne foi ? Ce serait bien de la naïveté, surtout chez un diplomate de son
expérience !
« Je revis
pourtant Laurent Gbagbo une dernière fois, courant février de cette année-là,
par l’intermédiaire de sa directrice adjoint de cabinet qui organisa un dîner
discret chez elle. Nous parlâmes jusqu’au petit matin. Le président, retrouvant
momentanément nos habitudes, fuma un paquet entier de Gauloises mais ne dévoila
rien qui eût pu m’intéresser, notamment sur les événements de Bouaké du 6
novembre. Il m’assura seulement, non sans une force de conviction
remarquablement jouée sinon sincère, qu’il n’était pour rien dans l’assassinat
de nos soldats. »
« Une
force de conviction remarquablement jouée sinon sincère »… Ha ! C’est
nouveau, ça vient de sortir ! Reste à savoir si chez Le Lidec,
l’incrédulité mollement suggérée à travers cette formule était sincère ou
seulement jouée…
« Quel intérêt
pour lui y aurait-il eu, me demanda-t-il. Ce fut notre dernier contact direct.
A la veille de mon départ, et alors que Paris décidait de renouveler
pratiquement entièrement une ambassade qui avait finalement beaucoup donné et
beaucoup souffert, le protocole de la présidence ivoirienne nous informa que nous
étions tous, comme le veut l’usage diplomatique, éligibles à une décoration
ivoirienne dont le rang serait fonction de la position occupée par chaque
récipiendaire. D’un commun accord, nous avons tous refusé un honneur qui n’en
serait pas un, puisqu’émanant d’un Etat qui portait la responsabilité de graves
atteintes aux droits de l’homme, de l’assassinat de Jean Hélène, de Guy-André
Kieffer et des neuf soldats bombardés à Bouaké. »
Ça
fait vraiment beaucoup de sang sur les mains d’un seul homme ! Surtout
qu’aucune de ces affaires n’a été vraiment élucidée, ce qui est d’ailleurs la
caractéristique de toutes les affaires où « les services » sont
impliqués, et surtout quand cela se passe en Afrique. D’ailleurs il serait fort
étonnant qu’il y ait, en Côte d’Ivoire, un fait de cette sorte dont les
services secrets français, nécessairement très présents ici dans toutes leurs
déclinaisons, ne seraient pas à tout le moins « au parfum » ! Je
pense très précisément à la mort d’Yves Lambelin et de ses compagnons enlevés
en plein jour au Novotel du Plateau ; à celle de Philippe Rémond assassiné
dans sa chambre d’hôtel à Yamoussoukro après la prise de cette ville par les
FRCI ; à celle encore de Désiré Tagro blessé à mort on ne sait par qui ni
dans quelles circonstances, le jour-même de la capture de Laurent Gbagbo ;
tous victimes « collatérales » du coup d’Etat du 11 avril 2011… Et il
ne faudrait pas oublier Balla Kéita,
un ancien ministre proche du général Guéi, qui fut tué à l’arme blanche la nuit
du 1er au 2 août 2002 dans la villa, propriété de l’Etat burkinabè,
où il résidait à Ouagadougou ; le général Guéi lui-même, son épouse et son
aide de camp, et Boga Doudou, le ministre de l’Intérieur en exercice, tués la
nuit du putsch manqué qui devait se transformer en une soi-disant rébellion
soutenue à bout de bras par la France sous le masque du Burkina Faso de Blaise
Compaoré…
Et tant que nous y sommes, pourquoi ne pas remonter encore plus loin, jusqu’à
Ernest Boka, Jean-Baptiste Mockey et Victor Biaka Boda, pour ne citer que les
plus illustres, dont les disparitions tragiques sont encore des énigmes
aujourd’hui, sans avoir jamais préoccupé aucun juge Bruguière ni aucun juge
Tredevic.
Au
regard de tant de vies ivoiriennes saccagées pour que des politiciens sans honneur
aux ordres d’affairistes sans scrupules continuent de faire la loi chez nous, tout
le tapage fait autour du meurtre de J. Hélène et de la disparition de G.-A. Kieffer
est proprement insupportable. D’autant plus qu’eux aussi ont très bien pu être les
victimes de ceux qui en accusent les autorités ivoiriennes de l’époque…
Quant
à se faire une gloriole d’avoir refusé une décoration qu’on n’a nullement
méritée par soi-même, c’est d’un précieux !
« Ce geste a
été notre fierté. Toutes et tous ne l’ont pas eue… »
Ces
types sont ink’oayables, vraiment !
(A
suivre)
[1] - F. Mitterrand, « Présence française et abandon », Plon, 1957 ; p. 185. C’était peut-être une leçon que Mitterrand avait apprise
d’un certain Albert de Pouvourville, auteur en 1933 d’un livre intitulé « Griffes rouges sur
l’Asie », où l’on
trouve comme une prémonition de l’avertissement du ministre des Colonies de
1950 : « Il est évident qu’il
ne sera jamais possible de rallier les nationalistes irréductibles. Il n’y a
pas, en ce qui concerne cette catégorie d’individus, de réforme qui tienne (…).
La seule politique à suivre à leur égard est celle de la répression impitoyable
(…). Tout indigène qui se pare de l’étiquette révolutionnaire doit être hors la
loi ; il ne faut pas qu’il y ait d’équivoque à ce sujet. Il est
heureusement certain que le nombre de ces irréductibles n’est pas élevé (…),
mais ils sont très ardents. Ce nombre augmenterait très vite si, par une
générosité mal calculée, nous commettions la faute de composer avec eux,
de leur témoigner de
l’indulgence. »
[2] - Le
Nouvel Horizon, n° 72 du 31 janvier 1992 (souligné par nous).
[3] - Acronyme de « Force d’intervention
rapide para-commando », une unité d’élite qui venait juste d’être créée
avec l’assistance du général français Jeannou Lacaze, et dont il semble qu’on a
voulu tester l’efficacité de cette manière avant de les utiliser… autrement.
Les soldats qui donneront prétexte au coup d’Etat du 24 décembre 1999, puis qui
fomenteront la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002, muée après son
échec en soi-disant rébellion appuyée par la France sous le masque du Burkina
Faso, appartenaient à la Firpac.
[5] - « One of Taylor’s main
connections in Abidjan was a French businessman, Robert de Saint-Pai, who lived
in Monrovia before the war and was friendly with leading Ivorian businessmen
and politicians. Saint-Pai also enjoyed access to the French ambassador in
Abidjan, Michel Dupuch, who visited both Gbarnga and Buchanan and developed
close links to Taylor. Dupuch was later promoted to become the principal
adviser on African affairs to the President of France. » (Stephen Ellis, The Mask of Anarchy. The Destruction of Liberia and The
Religious Dimensions… ; Page 93).
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