Samir AMIN |
Samir Amin, l’un
des pères fondateurs du Conseil pour le développement de la recherche en
sciences sociales en Afrique (Codesria), pense que les institutions financières
internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international ne militent pas, en réalité, pour le développement de l’Afrique.
Selon lui, la meilleure chose pour l’Afrique serait de rompre tout lien avec
ces institutions.
« Nous en sommes encore au stade quasi zéro », a déclaré Samir Amin pour
parler d’émergence des pays africains. Samir Amin, qui s’exprimait chez nos
confrères de Sud fm, est l’un des pères fondateurs du Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) et, il
pense en effet que l’Afrique ne prend pas, pour le moment, le chemin de
l’émergence. « C’est de la fumée. On nous
dit que vous êtes émergent. On n’est pas émergent, malheureusement parce que le
désastre social s’approfondit d’année en année. Alors quelle émergence ?
L’émergence c’est une tendance qui domine la réalité africaine depuis une
vingtaine d’année d’une façon dramatique », a-t-il déclaré, avant de
marteler : « Mais ces tendances ne
se sont inversées nulle part. Il n’y a aucun pays émergent ».
Selon lui, ce sont les
organismes financiers tels le Fmi et la Banque mondiale qui mettent ces
idées dans la tête des Africains pour mieux les flouer. D’où cette mise en
garde : « Méfiez-vous de la banque
mondiale. Quand elle décerne un diplôme à quelqu’un, c’est qu’il ne le mérite
pas. C’est pour le flatter afin qu’il ne lutte pas pour le mériter. C’est comme
dans certaines universités, on décerne un diplôme aux gens alors qu’ils ne le
méritent pas. Comme par exemple aux Etats Unis, Georges Bush Fils, il n’aurait
jamais eu son diplôme si son père n’avait pas nommé des amis », a-t-il
affirmé.
Mais pour qu’elle arrive à
se développer, certaines mesures doivent être prises afin de permettre à
l’Afrique de pouvoir réaliser ses ambitions : « Les programmes qui parlent d’émergence sont des programmes crus.
Parce que pour qu’il y ait émergence il faut qu’on aborde certains aspects. Il
faut d’abord engager l’Afrique dans des projets d’industrialisation, ensuite,
l’engager dans un processus de réorganisation de l’agriculture familiale,
et enfin, se soutenir mutuellement dans ces projets, d’abord, à l’échelon
africain, à l’échelon Grand sud. Si ces conditions sont remplies, ce qu’il
reste à faire serait de couper les liens avec la banque mondiale et le Fmi, et
leur dire : "vous n’êtes pas là pour nous aider, vous
êtes là pour nous enfoncer" », a-t-il conclu.
Ousmane
Demba Kane
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