mardi 11 août 2015

LA PROPAGANDE OUATTARISTE, OU L’ART DU JETEUR DE POUDRE AUX YEUX*

Il m’a dit : « Hamed, tu vas à Béoumi… » 

H. Bakayoko, le Vidocq des Ouattara
Je vous adresse les salutations de votre frère Allah N’San, le Président Alassane Ouattara. Ce matin, il m’a dit : « Hamed, tu vas à Béoumi saluer tous mes parents, les cadres, les amis et leur dire que je suis de cœur avec eux et que très bientôt, je serai avec eux pour inaugurer le pont de Béoumi ». Honorables invités, mesdames et messieurs, je salue à cette tribune les éminentes personnalités qui ont fait le déplacement. Je vous remercie pour cette cérémonie d’hommage au Président de la République. Vous faites bien. Quand quelqu’un fait de bonnes choses, il faut le reconnaître. Cela l’encouragera à continuer. Merci chers chefs, votre porte-parole a dit beaucoup de choses mais j’ai été marqué par une phrase. Il a dit que c’est un Président qui aime sincèrement son peuple. Oui ! Vous avez tout dit parlant du Président Alassane Ouattara. Tous les jours, toutes les semaines, sa préoccupation, c’est de tout faire pour améliorer le plus vite possible, les conditions de vie des populations. Il ne pense pas à lui, à sa santé, mais à tout ce qu’il peut faire pour aider les Ivoiriens, surtout ceux qui sont à l’intérieur du pays. C’est cela sa préoccupation. Et c’est bien de l’avoir perçu et de lui rendre hommage. Vous avez dit que le pont qui est en train de s’achever est un pont pour votre développement. Vous savez, en 40 ans, il y a 8 mandats présidentiels de 5 ans. Mais en un seul mandat, il vous a donné le pont. Donc imaginez tout ce qui viendra après. Je vais aller lui dire de faire plus pour vous car Béoumi l’aime et tout Béoumi est mobilisée pour lui. Merci mes chefs. Vous avez dit également que depuis 1934, votre statut était régi par un arrêté colonial. Il vous a promis et il l’a fait. Il vous a donné le statut des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire pour que tout le monde vous respecte. Vous les chefs, ce que vous nous avez enseigné, ce qui est précieux, c’est le respect. Si on ne respecte pas les chefs, ce n’est pas bon. Et vous ici en pays Akan, c’est la leçon que vous donnez à la Côte d’Ivoire et au monde. Une société qui est bâtie sur ces valeurs avance dans l’ordre. C’est donc important. Ce statut fera de vous de vrais chefs. Très bientôt, vous aurez votre siège et on mettra en place la chambre des rois et chefs qui vous donnera une autre dimension. C’est important. Le président a décidé de vous doter d’un budget équivalent à celui du Conseil économique et social. C’est-à-dire, un budget d’environ 5 milliards de francs CFA. Un président qui fait cela est un président qui vous aime. Il aurait pu prendre cet argent pour faire autre chose mais il préfère le mettre à votre disposition. Vous avez trop souffert de la crise. On doit maintenant vous apaiser. Chefs, je vous demande de le soutenir comme vous le faites ce matin, mais surtout d’expliquer à tout le monde son engagement. On a parlé tout à l’heure de l’Appel de Daoukro. C’est un appel pour la paix, la réconciliation, le développement et pour lutter contre la division. C’est pour cela que le Président Bédié, qui est un sage, un chef, a lancé cet appel. Il veut que les périodes de campagne électorale ne soient pas des périodes de division. Il s’est dit : « On vient à peine de sortir de la crise. Il y a eu la guerre, nos parents ont souffert et je ne veux pas encore que les enfants d’Houphouët se divisent avec les multitudes de candidatures, PDCI, RDR… Je ne veux plus que les palabres reprennent ». Chefs, le Président Bédié a parlé. Que peut-on dire encore ? Les questions de pouvoir ne doivent pas être guidées par une ambition personnelle. Cela doit être collectif, pour la société. Tout le monde ne peut être chef en même temps et le même jour. Chacun a son temps. Des personnes viendront certainement vous dire que le PDCI n’a pas beaucoup de postes ou les Baoulé n’ont pas beaucoup de postes. Ce sont des choses qu’on peut arranger. Mais est-ce à cause de cela qu’on va recommencer à faire palabre ? Les palabres commencent doucement et prennent de l’ampleur. Les contradictions secondaires se radicalisent et cela devient des crises graves, puis la guerre. Je compte sur vous pour montrer le bon chemin à ces personnes. Chefs, l’Appel de Daoukro est profitable à tous. Le Président Bédié sait que s’il y a la paix, les élections vont vite se dérouler et ensemble on va continuer à développer notre cher pays. Ce n’est pas la peine de gaspiller les énergies dans la politique politicienne sinon le Président Bédié pouvait lui-même chercher à reprendre le pouvoir. Mais il ne le fait pas. Ce n’est pas une affaire de personne, c’est la Côte d’Ivoire qu’il faut voir. Donc je vous demande d’expliquer cela partout. Je compte sur vous pour soutenir l’Appel de Daoukro. Les cadres de Béoumi, soyez unis. Mettez-vous toujours au-dessus des contradictions, de vos ambitions personnelles pour le développement de votre région. Vos ancêtres vous regardent. Quand vous êtes unis, vous êtes plus forts. Béoumi a des cadres compétents. Je suis fier de votre député Saraka Adolphe. A l’Assemblée nationale, ses interventions sont précises dans la forme et dans le fond. Un grand pays repose sur de grands hommes. Merci à toi, honorable. Je veux maintenant parler du jeune frère Sidi Touré. Vous savez, le pouvoir n’est pas une affaire d’âge. Si Dieu donne la chance à l’un des vôtres, vous devez le soutenir. Mais si vous trouvez que c’est un jeune et que vous ne le soutenez pas, il ne sera pas fort pour vous aider. Pour le découpage électoral, Sidi m’appelait tous les jours pour que je suive le dossier et aujourd’hui c’est chose faite. Quand on devait construire les ponts, il a soutenu le dossier relatif à celui de Béoumi. C’est comme cela qu’il faut se battre pour que chacun puisse avoir une promotion à travers lui. C’est vous qui devez le porter parce qu’il est la première personne à qui le président parle le matin et la dernière personne à qui il parle le soir. Quand j’ai un rendez-vous important avec le président, il me dit d’en parler à Sidi pour qu’il n’oublie pas. Députés, maires, cadres… vous devez vous mettre ensemble pour voir comment la région peut profiter au maximum de ce cadre. Ne regardez pas son âge. Je vous demande de vous unir autour de lui, c’est une opportunité. Tout le monde n’a pas cette chance. Vous devez l’encourager. Chers parents, la Côte d’Ivoire est en marche. Même si à titre personnel, certains n’ont pas encore senti les retombées, chacun est unanime (sic) pour dire qu’on voit la direction et qu’on sent qu’elle est bonne. Nous sommes sur la bonne voie. La Côte d’Ivoire est un peuple rassemblé et uni aujourd’hui. Tous les signaux sont bons. Même la coupe d’Afrique, nous venons de l’avoir, 23 ans après sous Alassane Ouattara. C’est un président qui porte chance. Je peux vous dire que Béoumi ne sera pas en reste. J’ai noté tous les points. A Abidjan, j’irai avec Sidi pour rencontrer le président et lui dire que j’ai vu les populations, tous les chefs, toutes les femmes, tous les jeunes mobilisés pour le remercier pour tout ce qu’il a fait mais qu’il reste encore à faire là-bas. On va cibler des projets qui vont se faire. Le budget de l’État, cette année, est de 5000 milliards. On va tout faire pour que vous ayez votre part. C’est sur ces paroles que je voudrais vous engager à prier pour le pays, le président. Soyez des garants de la paix, de l’unité de Béoumi et de la Côte d’Ivoire. Si on est uni, nous allons progresser tous les jours. Nous sommes en train de bâtir un grand pays. Cette année, le président va lancer les travaux de l’autoroute qui va relier Yamoussoukro à Bouaké. Il est concret. Ne regardons plus tout ce qui nous a divisés. Nous sommes des frères, des enfants d’Houphouët-Boigny. Vive Béoumi, vive la région de Gbêkê, vive la Côte d’Ivoire. Je vous remercie. 

(*) - Titre original : Hamed Bakayoko depuis Béoumi : « Ouattara va lancer les travaux de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké »  
Source : Le Patriote 18 février 2015

 
NOTRE COMMENTAIRE
 
Avec ce discours aux habitants de Béoumi, c’est un véritable bêtisier-fleuve que nous a offert Hamed Bakayoko, le Vidocq des Ouattara, leur ministre de l’Intérieur en tournée de propagande au cœur du Pays Baoulé pour ses seigneurs et maîtres. Il serait dommage que ceux qui, dès avant le 11 avril 2011 et depuis, ont choisi la cause de l’indépendance et de la dignité de la Côte d’Ivoire, notre patrie, ignorent ce discours car ce sont les paroles d’un homme aux abois. Et comme cet homme est l’un des piliers du régime fantoche, c’est tout ce régime-là qui parlait par sa bouche. Mais ce n’est pas seulement pour cette raison que ces paroles sont intéressantes. Pour bien les savourer, il faut les envisager dans le contexte socio-politique, comme ils disent. Ce sont des temps où ces fantochards n’ont pratiquement plus devant eux aucun adversaire consistant, n’ayant rien à craindre du Fpi ni du Pdci, aujourd’hui éclatés en factions rivales, en tant que forces politiques capables de les concurrencer. En revanche, ils ont tout à craindre d’une opinion publique qui pour sa plus large part n’a jamais accepté leur « victoire électorale » de 2010, ni leur « victoire militaire » de 2011. Quant à ceux qui avaient favorisé leur ascension, ils ont partout cessé d’avoir confiance en eux. A preuve les graves incidents actuellement en cours à Ferkessédougou, ville dont le député est un certain Guillaume Soro… Aussi bien, ce régime ne tient que parce qu’il est soutenu à bout de bras par la France. Le récent remplacement à la tête de l’ONUCI, juste  à trois mois d’un nouveau scrutin présidentiel, du Pakistanais Hafiz Masroor Ahmed par le Français Didier L’Hote, n’est évidemment pas anodin. Avec cette promotion de celui qui était depuis 2014 l’adjoint du commandant de l’ONUCI, désormais toutes les forces armées présentes en Côte d’Ivoire, y compris les « Frères Cissé », se trouvent de facto sous commandement français… L’heure est trop grave sans doute ; on ne se déguise plus ! Cinq ans après le déchaînement terroriste au printemps 2011 contre les forces vives de la Côte d’Ivoire, tout est à refaire parce que les Ivoiriens, mêmes privés de dirigeants compétents ou conséquents, n’ont pas plié les genoux. De sorte que, même si, face à une opposition qui a pratiquement retourné contre elle-même sa propre énergie, le fantoche en exercice est à peu près assuré de conserver sa place pour les cinq qui viennent, sa succession ne laissera pas d’être aussi compliquée, sinon plus, que celle de Félix Houphouët il y a 22 ans. A force, il faudra bien que ceux qui se sont arrogé le droit de nous donner des rois que nous le voulions ou non, comprennent que nous sommes un peuple, et qu’il faudrait soit qu’ils nous anéantissent, soit qu’ils nous rendent nos droits légitimes. Tout leur est bon pour retarder ce moment de vérité. Mais ils peuvent seulement le retarder…
 
Marcel Amondji (août 2015).
 

1 commentaire:

  1. S'il faut juger ce pouvoir aux ponts construits, une question se pose : combien de régions ou de ville de Côte d'Ivoire ont reçu des ponts ? Celles qui n'ont rien eu peuvent aisément s'imaginer qu'elles n'auront jamais rien puisqu'il n'y a que ceux qui ont reçu quelque chose qui peuvent se permettre de faire le calcul avantageux que fait H. Bakayoko.

    Ainsi donc c'est grâce à Ouattara que les chefs traditionnels sont respectés en Côte d'Ivoire. Lui, Ouattara, qui ignore que selon nos traditions, un adulte ou un roi qui s'abaisse devant vous doit être relevé par un geste d'humilité. Laurent Gbagbo le savait et appliquait cette règle. Ouattara l'ignore et laisse les rois s'abaisser jusqu'à ses genoux.

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