« Hum ! La Côte
d’Ivoire est tombée, hein ! » Cette indignation, on l’entend de plus en plus de
la bouche des Ivoiriens devant les faits accomplis. Lorsque le 11 janvier 1994,
après le décès du premier Président de la République, Félix Houphouët-Boigny le
7 décembre 1993, la France a procédé à la
dévaluation du franc Cfa, l’on croyait certainement que cette perte de valeur
se limiterait à la seule monnaie. Aujourd’hui, en 2015, c’est le pays entier,
la Côte d’Ivoire, qui est dévalué.
Un pays où un juge a
même délivré un certificat de nationalité un dimanche. Un pays où la violence
politique a fait son entrée, brisant la sacralité de la vie. Un pays qui a connu son premier coup d’Etat le 24 décembre 1999. Qui a vécu des
tentatives de coup d’Etat pendant la transition. Qui a été violemment attaqué
le 19 septembre 2002. Une tentative de coup d’Etat qui échoue et se mue en
rébellion sanglante. Un pays pillé, envahi et divisé en deux pendant au moins
huit (8) ans. Un pays « mélangé », rendu « ingouvernable »
durant près d’une décennie par les mêmes génies du chaos. Un pays qui va à la
présidentielle malgré la présence d’une rébellion en armes. Un pays où un homme
est fait candidat exceptionnel grâce aux armes et à l’article 48 de la
Constitution.
Un pays où la fraude
électorale peut vous glacer le sang. Où le responsable de la première
institution électorale se retrouve seul, dans le Q.G. de campagne d’un candidat
où, devant la caméra d’une télévision étrangère, il inverse les résultats de la
présidentielle en faveur du propriétaire du Q.G. Un pays où l’Onu s’est
compromise dans la certification mensongère en donnant la victoire d’un
candidat à un autre. Un pays où la communauté internationale a préféré
l’asphyxie bancaire, l’embargo sur les produits pharmaceutiques, la guerre, les
bombardements intenses de la résidence du Président de la République et la
tuerie massive, au recomptage des voix.
Voilà un pays dont le chef de
l’Etat sortant, attaqué par une rébellion armée, est lui, déporté à la Cour
pénale internationale (Cpi). Pourtant les pires criminels qui ont versé le sang
des innocents pendant une décennie, sont promus et narguent leurs victimes.
« Hum ! La Côte d’Ivoire est tombée, hein ! » Un pays où
les forces nationales, formées à la régulière, sont désarmées et que seules
leurs adversaires, anciens rebelles, ayant gagné par procuration la guerre,
détiennent véritablement les armes de la République.
Un pays où plus de 300.000
dozo, chasseurs traditionnels accourus de toute la sous-région ouest-africaine
pour participer à la guerre postélectorale de 2011, ne sont pas soumis au
processus de désarmement. Un pays où des villages entiers (Yrozon, Duékoué)
sont rayés de la carte pendant la rébellion ou la guerre. Où le seul 29 mars
2011, les rebelles pro-Ouattara massacrèrent 800 civils à Carrefour-Duékoué
sans que cela n’intéresse les autorités judiciaires.
Un pays où les arrestations,
les emprisonnements et le gel des avoirs des opposants sont le programme de
gouvernement. Un pays dont les exilés politiques et autres réfugiés à
l’étranger n’ont jamais été si nombreux. Un pays où un candidat n’est pas
éligible mais fait
un forcing. Un pays dont
la nationalité est distribuée à la va-vite. Un pays avec plus de 26%
d’étrangers, et pourtant accusé de xénophobie. Un pays avec « une
croissance appauvrissante » et où le pouvoir ne considère pas
l’opposition. Un pays si dévalué que l’argent ne circule pas parce qu’il file à
l’extérieur. Un pays… « Hum ! La Côte d’Ivoire est tombée,
hein ! »
Germain Séhoué
EN MARAUDE DANS LE
WEB
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : Facebook 14 août 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire