Les dernières assises de
la BAD tenues à Abidjan, en Côte d’Ivoire du 25 au 29 mai 2015 auraient dû
enregistrer la participation du président zimbabwéen Robert Mugabe. Mais les
autorités ivoiriennes, Alassane Ouattara en tête, en ont décidé autrement. C’est
en tout cas ce que rapporte le quotidien zimbabwéen Herald, qui rend compte
d’une réunion du parti de Mugabe, au cours de laquelle il s’en est pris à
Ouattara et à la France, accusé d’être derrière le refus de la Côte d’Ivoire de
voir son avion atterrir Abidjan. Le Nouveau Courrier vous propose la traduction
de l’article du journal zimbabwéen.
L'Occident utilise les organisations non gouvernementales pour imposer des
gouvernements fantoches en Afrique et l'administration ivoirienne actuelle est
un exemple de pays qui ne peut pas prendre des décisions indépendantes sans
consulter la France, a dit le président de l'Union africaine, le président
Mugabe. La Côte d'Ivoire est actuellement dirigée par le président Alassane
Ouattara qui a violemment remplacé le président Laurent Gbagbo avec l'aide de
la France en 2011.
Le président Mugabe a déclaré que la Côte d'Ivoire, sous la direction du
président Ouattara, a été le seul pays africain qui lui a refusé l'entrée de
son territoire en sa qualité de président de l'Union africaine – parce que les
Français ne l'aiment pas. S’exprimant à la réunion du Comité central de la
Zanu-PF à Harare hier (le vendredi 7 août, ndlr), le président Mugabe a déclaré
qu'il a été invité en sa qualité de président de l'Union africaine pour la
clôture d’une réunion de la Banque africaine de développement qui a eu lieu
dans le pays ouest-africain récemment, mais n'a pas pu le faire parce que le
président hôte a soudainement prétexté qu'il était malade.
Alors que le président Ouattara avait initialement autorisé la visite du
président Mugabe, les autorités ivoiriennes ont étrangement refusé d'autoriser
l'atterrissage de son avion. « L'ensemble
de l'Afrique sait maintenant que la stratégie des ONG est un moyen d'obtenir le
pouvoir, d'acquérir une puissance silencieuse capable d'affecter notre
économie, et nos propres systèmes de gouvernement », a déclaré le
président Mugabe. « Dans certains endroits, des gouvernements sont tombés
et des dirigeants sont sortis des mouvements clandestins soutenus par nos
colonisateurs d'antan. Des dirigeants ont été changés comme dans les pays
francophones par la France. Un leader qui, hier, a été soutenu par la France,
s'il commence à adopter des politiques opposées à la France, doit partir. Dans
certains cas, sans vergogne et de façon flagrante, la France a effectivement
envoyé ses soldats pour enlever le président du pouvoir. Ils l'ont fait en Côte
d'Ivoire et ont imposé Ouattara. Quand un chef est imposé de cette façon, il se
comporte selon la volonté de la France – pour être en phase avec ses intérêts
nationaux à elle ».
Robert Mugabe a déclaré : « Je vais
vous dire ce qui m’est arrivé en tant que président de l’Union Africaine. Il y
avait une réunion en Côte d’Ivoire et des ministres des Finances incluant
(Patrick) Chinamasa était là. Une de nos banques de développement en Afrique
tenait une réunion là-bas et on m’a demandé de tenir un discours à l’ouverture
de cette réunion. Je ne pouvais pas y aller parce que je partais à
l’investiture du président nigérian (Muhammadu) Buhari.
Donc, les
responsables de la BAD ont déclaré que puisque vous ne pouvez pas venir pour
l’ouverture (au passage, la banque a son siège en Côte d’Ivoire, mais c’est une
banque africaine), pouvez-vous venir pour la clôture et juste faire une
déclaration ? J’étais alors au Nigeria. J’ai dit que je viendrais avant de
rentrer dans mon pays. Naturellement, nous voyageons en avion et la compagnie
aérienne doit s’annoncer – l’avion doit être approuvé pour l’atterrissage si
vous voulez atterrir dans un endroit. Leurs propres systèmes aériens civils
là-bas, en consultation avec leurs autorités, doivent dire oui. On nous a
refusé d’atterrir en Côte d’Ivoire. Nous avons attendu et attendu et c’était
toujours non. Nous avons demandé au (ministre) Chinamasa : qu’est ce qui se
passe – Ouattara est-il là ? Chinamasa a dit oui, un ministre m’a dit que M.
Ouattara avait dit que je pouvais venir.
Le président ne peut pas simplement aller dans un pays sans l’accord du
président qui dirige ce pays. Voilà le protocole. Par la suite, ils ont dit que
Ouattara est tombé malade. Il est au lit. Il est au lit et donc aucune
autorisation n’a été donnée. Donc, nous ne sommes pas allés en Côte d’Ivoire
pour prononcer le discours devant notre Banque africaine de développement. C’est
le seul pays en Afrique qui nous a refusé l'entrée. Alors pourquoi ? Parce que
Ouattara a été imposé à la Côte d'Ivoire par la France et la France a retiré le
président qui était là pour le faire juger par la Cour pénale internationale. Voilà
ce que vous obtenez. Donc, quand je raconte l’histoire à d’autres présidents,
ils disent :
— Ah ! Pourquoi ?
— Parce que la
France ne veut pas de Mugabe. C’est un homme dangereux. Donc, nous n’y
sommes pas allés, mais la BAD est notre banque ».
Mugabe a affirmé, citant un autre cas, que le gouvernement de son pays a
invité le président d'un certain pays africain à venir ouvrir une foire sur le « commerce
équitable » à Bulawayo l'année dernière. Il a révélé qu'en dépit de ce que
ce président avait initialement donné son accord, il a refusé de venir deux
semaines avant l’événement, en prétextant qu’il avait une réunion urgente avec
ses voisins. Le président Mugabe a déclaré qu'il a été informé plus tard par le
président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo que le président invité
avait subi des pressions de la France pour ne pas venir.
www.herald.co.zw
(*) - Titre
original : « Le président de l’UA très en colère. Mugabe : "Ouattara
a été imposé par la France…" ».
Source :
Le Nouveau Courrier 11 Août 2015
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