Nous dédions exceptionnellement ce post au citoyen
Jérôme Kablan Brou, qui, dans son intervention lors du meeting de la CNC, le 20
juin, n’oublia pas de rendre hommage à toutes les victimes du colonialisme et
du néocolonialisme français depuis que les peuples dont nous sommes les
descendants et les légitimes héritiers ont perdu la maîtrise de leur destin et,
de ce fait, se trouvent sans cesse sous la menace de perdre aussi tous leurs
droits naturels les plus sacrés. Il y est question d’un temps où ceux qui
deviendront malgré eux les Ivoiriens d’aujourd’hui n’entendaient pas se
laisser spolier sans réagir, et savaient le faire savoir aux spoliateurs, au
péril de leur vie.
La
Rédaction
Répression d'une révolte en Côte d'Ivoire
Côte
d'Ivoire 1904
On
écrit de Bassam au Temps :
Le gouverneur
de la colonie, M. Clozel, après avoir assisté au conseil de gouvernement à
Dakar, est arrivé à la Côte d'Ivoire le 6 janvier. Il est parti le 22 pour le
pays de Kong et de Baoulé, dont il compte obtenir la pacification définitive.
Mais tandis
que la situation est beaucoup meilleure dans cette région et parfaitement calme
dans le reste de la colonie, un seul point est troublé, et c'est justement le
district de Bingerville, le nouveau chef-lieu de la colonie. Les Ebriés-Akués[1],
indigènes de cette région, population grossière et portée à la violence,
continuent à faire preuve d'un mauvais esprit qui ne laisse pas de préoccuper les
autorités et les habitants du chef-lieu.
En janvier 1904,
l'administrateur du cercle des Lagunes, M. Lamblin, était tombé dans un
guet-apens, au village Ebrié de MBadon[2], à
quelques kilomètres à peine de Bingerville, et avait dû livrer un combat où il
avait été blessé. Des otages avaient été emmenés. On nous apprend de
Bingerville qu'ils viennent d'être enlevés de vive force par un groupe d'indigènes
armés, opérant en plein jour, sur la voie principale, presque devant l'hôtel du
gouverneur.
Cet audacieux
coup de main cause une vive émotion dans la colonie européenne, d'autant que
les dispositions nettement hostiles des indigènes les plus voisins de Bingerville
ne laissent d'illusion à personne. Les autorités locales ont déployé
jusqu'alors toutes les ressources de leur diplomatie pour éviter une
intervention armée ; il est à se demander si celle-ci ne va pas devenir sous peu
de toute urgence.
La situation
sanitaire est bonne, malgré les grandes chaleurs de la saison sèche. Les prix du
caoutchouc se sont relevés et les recettes douanières s'accroissent. Les postes
de surveillance douanière sur la lagune Tendo et la rivière Tanoé ont été
considérablement renforcés à la suite d'une tournée faite en août par le lieutenant-gouverneur
intérimaire, M. Merwart. Le creusement d'un chenal ne poursuit à Biano, sur la
lagune Aby, pour faciliter aux vapeurs du commerce l’accès d’Aboisso.
Source :
L’Ouest-Eclair (Rennes) 6 mars 1905
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire