lundi 22 juin 2015

Notre histoire avec le colonialisme français (suite)


 
Nous dédions exceptionnellement ce post au citoyen Jérôme Kablan Brou, qui, dans son intervention lors du meeting de la CNC, le 20 juin, n’oublia pas de rendre hommage à toutes les victimes du colonialisme et du néocolonialisme français depuis que les peuples dont nous sommes les descendants et les légitimes héritiers ont perdu la maîtrise de leur destin et, de ce fait, se trouvent sans cesse sous la menace de perdre aussi tous leurs droits naturels les plus sacrés. Il y est question d’un temps où ceux qui deviendront malgré eux les Ivoiriens d’aujourd’hui n’entendaient pas se laisser spolier sans réagir, et savaient le faire savoir aux spoliateurs, au péril de leur vie.
 
La Rédaction
 

Répression d'une révolte en Côte d'Ivoire
 
Côte d'Ivoire 1904
On écrit de Bassam au Temps :

Le gouverneur de la colonie, M. Clozel, après avoir assisté au conseil de gouvernement à Dakar, est arrivé à la Côte d'Ivoire le 6 janvier. Il est parti le 22 pour le pays de Kong et de Baoulé, dont il compte obtenir la pacification définitive.

Mais tandis que la situation est beaucoup meilleure dans cette région et parfaitement calme dans le reste de la colonie, un seul point est troublé, et c'est justement le district de Bingerville, le nouveau chef-lieu de la colonie. Les Ebriés-Akués[1], indigènes de cette région, population grossière et portée à la violence, continuent à faire preuve d'un mauvais esprit qui ne laisse pas de préoccuper les autorités et les habitants du chef-lieu.

En janvier 1904, l'administrateur du cercle des Lagunes, M. Lamblin, était tombé dans un guet-apens, au village Ebrié de MBadon[2], à quelques kilomètres à peine de Bingerville, et avait dû livrer un combat où il avait été blessé. Des otages avaient été emmenés. On nous apprend de Bingerville qu'ils viennent d'être enlevés de vive force par un groupe d'indigènes armés, opérant en plein jour, sur la voie principale, presque devant l'hôtel du gouverneur.

Cet audacieux coup de main cause une vive émotion dans la colonie européenne, d'autant que les dispositions nettement hostiles des indigènes les plus voisins de Bingerville ne laissent d'illusion à personne. Les autorités locales ont déployé jusqu'alors toutes les ressources de leur diplomatie pour éviter une intervention armée ; il est à se demander si celle-ci ne va pas devenir sous peu de toute urgence.

La situation sanitaire est bonne, malgré les grandes chaleurs de la saison sèche. Les prix du caoutchouc se sont relevés et les recettes douanières s'accroissent. Les postes de surveillance douanière sur la lagune Tendo et la rivière Tanoé ont été considérablement renforcés à la suite d'une tournée faite en août par le lieutenant-gouverneur intérimaire, M. Merwart. Le creusement d'un chenal ne poursuit à Biano, sur la lagune Aby, pour faciliter aux vapeurs du commerce l’accès d’Aboisso.  

 
Source : L’Ouest-Eclair (Rennes) 6 mars 1905
 
 


[1] - prononcer « Akwê ».
[2] - prononcer « NGbadon ».

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