Vous avez déclenché instantanément une
marche devant le palais de justice avec des pancartes ce jour (jeudi 11 juin)
pour protester contre un projet qui ne rencontre pas votre adhésion. De quoi
s’agit-il exactement ?
Ce qui nous
amène à faire cette marche c’est que depuis le lundi 8 juin, un avocat français
du barreau de Paris et chargé des relations extérieures m’a fait parvenir un
mail concernant un projet de création d’un barreau OHADA, c'est-à-dire un
barreau près la Cour commune de justice et d’arbitrage. Nous sommes étonnés de
voir qu’un tel projet, qui concerne au premier chef les barreaux africains,
soit porté par un barreau français. A ce que je sache, le barreau français
n’est pas membre de l’espace OHADA. Ce projet qui a été muri depuis longtemps
et porté à la connaissance de nos autorités, notamment de notre ministre de
tutelle, devait être présenté lors du Conseil des ministres de l’OHADA qui
devait se tenir le mercredi 10 juin 2015 à Yamoussoukro. Nous sommes étonnés
qu’un projet d’une telle envergure existe et que le barreau de la Côte d’Ivoire,
où se trouve le siège de la Cour commune de justice et l’OHADA, et l’ensemble
des barreaux OHADA et surtout de l’UEMOA n’aient pas été informés de cela.
J’estime qu’il s’agit pour nous d’un projet que nous ne devons pas porter parce
que les barreaux de l’espace OHADA ne sont pas du tout pour un tel projet. Il
s’agit d’un projet pensé par quelques avocats africains et le barreau de Paris.
Nous estimons que si un tel projet paraissait opportun pour les Africains,
eux-mêmes devaient pouvoir porter ce projet. C’est la raison pour laquelle nous
estimons qu’il y a lieu de protester vigoureusement contre un projet qui a des
allures de néo-colonialisme.
Avez-vous eu connaissance que les autorités
ont été saisies de ce projet ? Si oui, quelle a été leur réaction ?
Les autorités
sont informées de l’existence de ce projet, mais elles ne nous ont pas saisis ;
c’est pourquoi nous réagissons. Nous estimons que c’est un projet qui concerne
les praticiens que nous sommes, c’est-à-dire les barreaux de l’espace OHADA. Si
ce projet doit être présenté à une réunion aussi importante que celle du
Conseil des ministres de la Justice de l’OHADA, nous pensons que nos autorités
auraient dû nous en informer pour qu’on y adhère. Ce projet doit faire l’objet
de discussions entre les premiers concernés, c’est-à-dire les Africains, ceux
des barreaux de l’espace OHADA, avant qu’il ne soit porté devant un Conseil des
ministres.
Pensez-vous que la présence en Côte
d’Ivoire de la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, était pour
quelque chose dans la mise en œuvre de ce projet ?
Nous le pensons
légitimement. Nous pensons que madame la ministre de la Justice de la
République française est venue certainement pour signer des accords de
coopération judiciaires ; mais nous pensons qu’elle était aussi là pour
soutenir et porter avec le barreau de Paris ce projet que nous récusons.
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Sous cette rubrique, nous vous proposons
des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à
l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec
l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par
leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des
causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : LE NOUVEAU COURRIER 12 Juin 2015
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