Les aires de peuplement de la Côte d'Ivoire, du Liberia, de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso et du Ghana avant et depuis la colonisation. |
Les
populations du Nord sont diverses. Elles se partagent principalement entre les
Mandé du Nord et les Gur, Sénoufo en grande partie. Le nord de la Côte d’Ivoire
constituait la marge méridionale de l’espace économique actif qu’était la
boucle du Niger avant la colonisation. Comme dans l’espace akan, il y eut ici
des États précoloniaux : l’empire de Kong, les royaumes de Bouna ou encore le
deuxième empire de Samory. Ces États débordaient parfois les frontières
actuelles de la Côte d’Ivoire, et le Nord est la partie du pays la plus anciennement
islamisée.
Mais
ce territoire qui constitue aujourd’hui le nord de la Côte d’Ivoire a perdu son
éclat d’antan, sous les effets conjugués des guerres samoriennes, de la
colonisation et de la mise en place de l’économie de plantation. C’est
seulement au milieu des années 1970 que Félix Houphouët-Boigny (FHB) va prendre
véritablement conscience du manque de développement de cette région – à la
suite de sa visite, en 1974.
Deux
ans plus tard, le pouvoir va afficher une volonté de développement
territorialement rééquilibré qui concerne le Nord mais aussi l’Ouest. L’État
réalise des complexes sucriers dans le Nord, un certain nombre
d’infrastructures (routes, écoles, etc.) et lance la culture du coton. Par
ailleurs, une partie importante des élites du Nord sont largement intégrées
dans l’appareil de l’État-parti houphouëtiste.
Mais
ces mesures de compensation n’arrivent pas à inverser les effets du
développement économique qui accentuait les avantages du Sud et de l’Est,
fondés sur la concentration des grandes cultures et sur une meilleure
commercialisation des produits vivriers, du fait de la présence de nombreux
centres urbains drainant la main-d’œuvre du Nord.
S’ajoute
à cela un fort taux d’analphabétisme, malgré d’importants efforts de l’État en
la matière, dont les causes endogènes ne sont pas négligeables : « Bien que tous, au Nord comme au Sud,
Ivoiriens comme étrangers, aient accès à l’école comme moyen d’uniformisation
sociale à terme, l’offre scolaire est différemment exploitée selon les groupes.
Dans le Nord, il existe très peu de scolarisation des enfants. Malinké,
Sénoufo, Maliens, Guinéens, Dioula, en général, forment peu leurs enfants à
l’école, mais les intègrent plutôt dans l’apprentissage des fonctions de
production familiales traditionnelles dont ils ont la ressource : métayers,
commerçants, colporteurs ou artisans, apprentis mécaniciens[1], etc. »
D’autre
part, le rôle du poro – rite initiatique – chez les populations Sénoufo,
longtemps majoritairement animistes, et une éducation souvent exclusivement
coranique au détriment de l’enseignement classique en français ne sont
probablement pas non plus sans relation avec ce décalage par rapport aux autres
populations ivoiriennes[2].
Tout
cela engendre une situation ambiguë pour les « nordistes », d’ailleurs en
nombre considérable au sud du pays : «
Aujourd’hui encore, bien que très présents dans la vie économique et dans
l’appareil d’État (surtout dans l’armée), ils occupent une position
ambivalente, à la fois plus ou moins extérieure à cet univers ivoirien dont
l’histoire s’est faite autour de la zone forestière, et toujours susceptible de
pouvoir peser sur son destin, si au bout du compte les contradictions y
devenaient trop fortes[3]. » Par ailleurs, les Dioula, puis les
étrangers issus de l’espace sahélien, marquent fortement l’identité urbaine de
la colonie et du pays qui est en train de naître.
Parallèlement
et paradoxalement, un sentiment de supériorité se développe, peut-être en
partie à partir du traitement de la question de l’islam au début de la
colonisation européenne. Cette religion compte aujourd’hui, en Côte d’Ivoire,
plus d’adeptes que jamais, en particulier parmi les étrangers. Si la position
des colons envers l’islam ivoirien fut plutôt marquée de méfiance durant
presque tout le premier tiers du XXe siècle, il n’en fut pas de même au début
du processus de colonisation à proprement parler, car cette religion était
considérée comme un moindre mal par rapport à l’animisme : « Cette attitude procédait d’une conception évolutionniste un peu
sommaire selon laquelle l’islam représentait une étape intermédiaire sur le
chemin qui menait de la "sauvagerie" primitive, et animiste, à la "civilisation"
occidentale, et chrétienne. Puisque les Nègres de la Forêt ne pouvaient sauter
deux étapes successives d’un coup, il fallait au moins leur en faire franchir
une, qui les rendrait plus ouverts aux bienfaits de la civilisation[4]. » D’ailleurs : « [c’est] la situation coloniale elle-même qui créait les conditions
favorables au ralliement des populations conquises sous la bannière de l’islam
– comme au Sénégal. Persécuté, l’islam incarnait les aspirations populaires ou
aristocratiques à la résistance; comblé de faveurs, il profitait des allées du
pouvoir pour consolider son autorité sur les masses. Dans les deux cas, et
parfois successivement, il était gagnant[5] ». La question musulmane s’imposera
désormais avec plus de force à la nation ivoirienne en gestation, alors qu’au
début du processus colonial cette religion était très faiblement et
superficiellement présente[6].
La charte du nord : acte
fondateur d’une stratégie de pouvoir
Le rêve d'un Anschluss |
En
1991, paraît une Charte nordiste anonyme[7],
intitulée Le Grand Nord en marche, largement diffusée sous forme de tract, puis
reprise en tant qu’extraits dans différents journaux[8]. Elle
se prononce, dès la première page, pour un « Grand Nord uni, fort, crédible,
partenaire à part entière et arbitre des situations futures[9] ».
Cette
charte tire argument du sous-développement du Nord pour y victimiser les
populations et tente de faire de semblable posture un ressort de mobilisation
important. Par ailleurs, elle insinue qu’alors que les Akan du Sud boudaient le
RDA (Rassemblement démocratique africain dont faisait partie le PDCI, le Parti
démocratique de Côte d’Ivoire, ancien parti unique), les populations du Nord et
leur leader de l’époque, Gbon Coulibaly, auraient été jadis à la pointe du
combat anticolonial[10].
La
charte du Nord participe d’une arrogance de certains « Sahéliens »
majoritairement issus des élites à l’encontre des « bushmen » : « Ils ont le sentiment de leur supériorité
culturelle et religieuse et n’hésitent pas à dire qu’ils auraient accompli des
fonctions civilisatrices en colonisant le Sud si les Européens ne les avaient
pas précédés[11]. » Une seconde charte du Nord répond, en 2002, à ce que ses
auteurs considèrent comme une mise en cause des origines des « Nordistes » par
l’« ivoirité » élaborée au Sud : « Les Nordistes
ne sont-ils pas les premiers à avoir foulé la terre d’Éburnie dès le XIIIe
siècle ? La Côte d’Ivoire, notre Côte d’Ivoire appartient avant tout au
Nordiste qui a toujours su défendre ses intérêts[12]. »
Quant
à Gaoussou Ouattara, le frère aîné d’Alassane Ouattara, il entretient ce
sentiment – ou complexe (?) – de supériorité traduit dans la charte : « Je vais dire pourquoi les chefs du Nord et
du Sud ne s’entendent pas souvent. C’est simplement parce que ceux du Sud, pour
des raisons historiques, on leur a donné une primauté sur la chefferie du Nord.
Oubliant que les vrais chefs de ce pays, en définitive, quand on regarde bien,
sont d’ici. J’ai souvent dit aux gens qu’on naît chef, on ne le devient pas.
Vous avez à Abidjan des chefs-cuisiniers qui, à la fin, deviennent des chefs
traditionnels. Ils portent leur couronne pour aller nous embêter au palais
présidentiel. Ils n’ont même pas un millier de personnes derrière eux. Moi,
j’ai derrière moi des territoires qui s’étendent jusqu’au fleuve Niger[13]. »
Le
1er octobre 1992, Alassane Ouattara, au plus fort de sa lutte contre Henri
Konan Bédié (HKB), ira lui-même, sous couvert de panafricanisme, dans le même
sens lors d’une visite officielle au Nord : «
Je suis fier d’être du Nord, de cette grande région du Nord qui faisait partie
d’un autre pays, la Haute-Volta, à un moment donné. La Côte d’Ivoire allait, à
l’époque, de Korhogo à Bobo Dioulasso. Peut-être qu’en l’an 2000, la Côte
d’Ivoire ira encore jusqu’à Niamey. C’est cela l’Afrique, et c’est ce que nous
devons rechercher et non le micronationalisme qui donne une localisation
régionale de la nationalité de la personne[14]. »
Le
chercheur Coulibaly Tiémoko, quant à lui, analyse la tournée d’Alassane
Ouattara au Nord comme point de départ de sa stratégie national-régionaliste : « [Alassane Ouattara] commença à courtiser
très tôt l’électeur nordiste musulman, allant jusqu’à effectuer une tournée
dans le nord du pays au plus fort de la guerre de succession avec le dauphin
constitutionnel. Plusieurs de ses anciens ministres ont affiché leur
appartenance à ce parti dirigé par Djény Kobina, un des anciens animateurs de
l’aile rénovatrice du PDCI. La propagande du RDR s’appuie sur deux registres :
affirmer la nécessité de la démocratie, d’élections transparentes, tout en
militant pour une alternance dans laquelle les populations du Nord, qui
constituent officiellement plus du tiers, devraient jouer un rôle essentiel.
L’objectif est donc de séduire l’électorat des "démocrates" et des
musulmans du Nord. La question se pose de savoir quel est l’enjeu majeur :
démocratiser le pays ou assurer une alternance politique à caractère
ethnico-religieux ?[15] »
La
charte du Nord veut, par ailleurs, obtenir une réhabilitation des régions
septentrionales et aspire donc à un retour à l’ordre ancien par le
rétablissement des structures de pouvoir traditionnelles.
Les
auteurs dénoncent encore, comme la plupart des acteurs politiques, le régime de
la propriété foncière qui subordonne théoriquement la terre à l’État; mais ils
affirment qu’au Sud l’autochtone aurait des droits de propriété, alors qu’on
appliquerait au Nord le droit commun de l’appartenance de la terre à l’État. Il
est frappant que la charte avance de tels arguments, alors que toutes les
batailles des autochtones du Sud tendent à la « récupération » des terres que
les allochtones ivoiriens ou étrangers se seraient, selon eux, appropriées.
Mais ce passage paraît moins surprenant si l’on veut bien se remémorer que les
relations tendues entre autochtones et allochtones ne sont pas l’apanage du
seul Sud. Le Nord aussi a vécu de fortes tensions entre autochtones et
allochtones, surtout dans les années 1970, à la suite de l’immigration dans le
Nord ivoirien de milliers de Burkinabé, Maliens et Nigériens, surtout éleveurs,
en raison de terribles sécheresses. Ces derniers, accompagnés de leur bétail,
entraient en conflit avec des populations pastorales, et il y eut, dans la
région de Boundiali, en 1974,1980 et 1981, des affrontements avec mort d’homme[16].
Les
auteurs souhaitent « battre le rappel de
tout le Grand Nord en vue d’une action concertée résolument tournée vers une
option dont le principe directeur sera : "ni à droite, ni à gauche, mais
au milieu". » Et ils y insistent : «
[…] il importe désormais de situer le Grand Nord à l’écart du PDCI, très loin
du FPI (Front populaire ivoirien, composante de l’Internationale socialiste et
dont l’actuel président Laurent Gbagbo est membre) et de l’opposition, parce
que cette région doit emprunter sa propre voie, car la différence de zone
entraîne, ipso facto, une différence de compréhension et de comportement et une
différence d’intérêts, lesquels peuvent être complémentaires mais jamais
semblables ». Et enfin : « Le Grand
Nord entend donc s’organiser en fonction de ses intérêts bien propres. »
Mais
la charte ne se contente pas de l’affirmation d’une sorte de particularisme.
Les auteurs affichent une volonté de pouvoir absolu pour les ressortissants du
Grand Nord : « Jouer éternellement les
seconds rôles n’a absolument rien d’honorable pour ses fils. Se prêter à servir
toujours de supports aux autres pour la réalisation de leurs desseins ne peut
que déranger l’amour-propre et la conscience des uns et des autres, avec le
sentiment coupable de notre inaptitude à pouvoir s’entendre, à faire l’union et
l’unanimité autour d’un des nôtres. »
Les
choses se clarifiant par la suite : «
Faire bloc autour d’Alassane avait été notre intention première. Celle-ci date
de 1989, comme l’atteste l’en-tête de ce document, alors qu’Alassane n’était
encore que le président du comité ministériel. Lui prêter main-forte dans le
bras de fer qui l’oppose à la gauche devient une nécessité absolue que nous
envisageons de prendre à notre compte le moment venu. L’assister de notre
concours afin qu’il ne tombe pas dans les pièges que lui tendent certains
ténors du Régime s’inscrit en bonne place de nos prochaines activités. La
défense d’Alassane figure en bonne place parmi nos objectifs. Cependant, nous
tenons à préciser, tout de suite, que nous ne connaissons pas le Premier
ministre, nous ne l’avons jamais approché ni de loin ni de près, et notre
intention n’est pas de le côtoyer et encore moins de l’intéresser à notre
projet. Nous préférons l’ignorer et le tenir à l’écart de nos futures activités
pour plusieurs raisons, dont la principale demeure notre position face au
problème de la succession, afin qu’il ne puisse lui être reproché d’être à
l’instigation ou le commanditaire de notre projet. Qu’Alassane réussisse sa
mission et sorte la Côte d’Ivoire du marasme économique que connaît notre pays,
il doit être tout indiqué comme celui devant assurer la succession et prendre
le relais, car il serait inconcevable qu’Alassane tire les marrons du feu et
qu’un autre s’en régale[17]. »
Après
avoir longuement tenté de démontrer à quel point les « fils du Grand Nord »
sont délaissés, la charte du Nord revendique le pouvoir pour l’un des siens.
Une stratégie qui va dans le sens des thèses du chercheur Paul N’Da : D’emblée,
notons que l’ethnicité se présente comme l’expression d’un besoin de pouvoir,
d’un désir d’hégémonie politique. Et si l’on l’élève au-dessus du
circonstanciel pour aller au substantiel, le problème de l’ethnicité apparaît
sous un angle de combat double sinon trouble, pour ne pas dire fourbe.
La
perfidie, mais aussi le pervertissement se donnent à voir dans un double
langage : d’abord, l’acharnement à étriller, sur un ton dolent, un système de
domination politique soupçonné de se fonder sur l’ethnie, de combler la
prétention de groupes ethniques à croire qu’à eux sied le gouvernement de la
République; ensuite, l’engagement à revendiquer, en même temps, pour l’ethnie
d’appartenance, plus de participation politique, plus de pouvoir et peut-être
le pouvoir.
Le
combat de l’ethnicité apparaît donc comme une lutte pour s’imposer et en
imposer aux autres; ce qui a pour conséquence d’engendrer des conflits
d’intérêt pour participer en position avantageuse à la nationalité et à la
citoyenneté. Seulement, ces conflits d’intérêt se donnent l’apparence d’être
essentiellement des conflits ethniques[18].
La
charte du Nord et la production de kystes identitaires
La
diffusion massive de la charte contribuera à renforcer le kyste identitaire
Nord-Dioula-Ouattara.
Un kyste renforcé aussi par l’association Nord-étrangers
sahéliens, déjà plus ou moins présente dans l’esprit d’un grand nombre
d’Ivoiriens : « Au fur et à mesure que le
Sud devenait le pôle d’attraction croissante du pays et, après l’indépendance,
la manifestation concrète d’un certain "miracle ivoirien", les gens
du Nord représentent de plus en plus davantage qu’eux-mêmes. Car, tout en étant
originaires de régions ayant toujours relevé, depuis sa création, du territoire
ivoirien et fait normalement partie de nationaux à part entière, ils n’en
furent pas moins également associés, du point de vue des gens du Sud, à une
sorte de Grand Nord duquel provenaient quantité d’immigrants guinéens, maliens
et burkinabé[19]. » Juliette Carle voit aussi apparaître, en particulier chez
certains Sénoufo, plutôt jeunes, diplômés et urbains, l’aspiration à un Petit
Nord ivoirien, par opposition à un Grand Nord sahélien transnational; une
représentation qui a pour objectif de se distinguer des immigrants[20].
La Côte d'Ivoire coupée en deux après le 19 septembre 2002 |
En
tout état de cause, la charte du Nord recommande à tout ressortissant du Grand
Nord et à tout ami du Grand Nord de faire de l’appel son livre de chevet. Les
auteurs de ce document, dont nous venons de citer de larges extraits, ont donc
grandement contribué à la crise identitaire actuelle en accentuant avec force
la confusion Grand Nord/Dioula/étranger/Alassane qui préexistait. De plus, les
réponses ambiguës d’Alassane Ouattara aux questions concernant cette charte
donneront l’impression qu’il y était plus ou moins associé, ou qu’il en
partageait au moins l’esprit.
La
charte constitue sans doute le début d’une mobilisation politique sur bases
essentiellement régionalistes et ethniques, que le RDR, puis la rébellion du
MPCI, sauront utiliser et améliorer en vue de peser toujours plus fortement sur
la politique ivoirienne et tenter de conquérir le pouvoir. Elle produit et
renforce le ressentiment des « nordistes » envers le pouvoir, de façon à
pouvoir mobiliser ceux-ci comme une masse de manœuvre homogène. Le wishful
thinking d’Y. Konaté résume cette volonté politique : « Dans les faits comme dans l’imagination, nordistes et musulmans,
musulmans et nordistes tendent à se confondre, la mobilisation de la majorité
des Ivoiriens du Nord et de la quasi-totalité des musulmans pour la cause
d’Alassane le dote d’un instrument politique puissant et redoutable[21]. »
Jean-Jacques
Béchio, dirigeant du RDR, poussera le raisonnement encore plus loin de manière
subreptice : « En Côte d’Ivoire, malgré
notre majorité sociologique, tout le monde sait que nous sommes les plus
nombreux, nous avons subi trop de sortes de brimades : injures, humiliations,
massacres. Nous sommes des orphelins parce que nous ne sommes pas encore au pouvoir[22]. »
Qui
est ce « nous » ? Sont-ce seulement les électeurs du RDR ? Pourtant, même les
municipales favorables au RDR ont montré que ce dernier était loin de
représenter une majorité. Sont-ce alors les musulmans ou les Sahéliens en
général, nationaux et étrangers confondus ? Ou est-ce tout cela à la fois ? Les
déclarations de Béchio et d’autres dirigeants du RDR et de ses satellites
entretiennent ainsi, dans les représentations de ses partisans comme dans
celles de ses adversaires, l’image d’un Grand Nord, libérateur pour les uns,
menaçant pour les autres.
Il
est d’ailleurs à noter que ce discours est peu ou prou légitimé par nombre de
médias occidentaux qui considèrent l’accession du RDR au pouvoir comme
inéluctable, compte tenu de la supposée majorité sociologique des musulmans et
des Sahéliens nationaux et étrangers. Le « tout le monde sait » de Béchio
s’adresse sans doute autant à ses partisans qu’à nombre d’observateurs et de
journaliste occidentaux[23].
Mais
le « nordisme » ne présente pas seulement un aspect politique. Il comporte
aussi un aspect paramilitaire. La fin des années 1990 sera notamment marquée
par un regain de l’activité et du nombre des dozos auxquels on prête des
pouvoirs magiques. À l’origine chasseurs traditionnels du Nord, et plus
généralement de la zone sahélienne (Mali, Burkina Faso), ils sont de plus en plus
souvent devenus des miliciens et mercenaires qui proposent leurs services aux
plus offrants, et sont souvent employés à des missions de surveillance et de
gardiennage[24]. Un nombre croissant de
paysans Gur, Sénoufo en particulier, deviendront dozos par appât du gain.
Au
fil du temps, ces dizaines de milliers de dozos sont toujours plus difficiles à
contrôler et favorables à la cause du Grand Nord incarnée par Alassane Ouattara.
En 1998, Henri Konan Bédié encadre strictement leur activité par une loi, sans
parvenir à casser cette dynamique paramilitaire nordiste. Après son coup d’État
du 24 décembre 1999, le général Guéi réhabilite les dozos et leur confie des
fonctions de police. Il libère ainsi une force de frappe favorable à la
dynamique nordiste qu’Henri Konan Bédié avait tenté d’endiguer.
Le
25 janvier 2001, peu après l’accession au pouvoir de Laurent Gbagbo, les
ministres de la Défense du Conseil de l’entente se rencontrent, notamment, pour
« sensibiliser les chasseurs
traditionnels, dont les actes déviants constituent une menace pour la sécurité
des États ». On parle alors de plus de 40 000 dozos recensés en Côte
d’Ivoire ! À partir de septembre 2002, les dozos seront des milliers à affluer
de toute la sous-région vers le nord de la Côte d’Ivoire pour donner un coup de
main à la rébellion[25].
Cette dernière se présentant comme une branche paramilitaire plus classique,
encadrée par des officiers ivoiriens et burkinabé.
En
tout état de cause, le RDR et ses organisations satellites ont évincé le FPI de
tout le Nord à l’exception d’une petite partie du Nord-Est. À tel point qu’en
2001, lors des élections municipales, certains supposent même une politique
d’exclusion des non-nordistes à l’œuvre dans le nord de la Côte d’Ivoire : « À ce jeu, le nord se présente aujourd’hui
comme une zone d’exclusion politique, ou ZEP. Non seulement les Ivoiriens
originaires d’autres régions du pays ont été déclarés personae non gratae au
lendemain de l’invalidation de la candidature d’Alassane Ouattara, mais les listes
en compétition ne comportent que des noms à consonance nordique[26]. »
De
plus : le boycott actif, mais en dernière minute après dépôt des dossiers de
candidature, des législatives de 2000 par le RDR, ne doit pas non plus faire
oublier la forte proportion de « nordistes » candidats, y compris et surtout,
au Sud. Sur 957 candidats retenus, 258 sont originaires du Nord ou ont des noms
à consonance nordique. Et puis le RDR présentait 94 candidats du Nord sur 214,
le PDCI 59 sur 219, le FPI 44 sur 208. Sur 32 candidatures rejetées, 8
seulement étaient du Nord[27].
L’argument de l’exclusion des ressortissants du Nord, qui pouvait sembler
pertinent à l’élection présidentielle où avaient été exclus tous les candidats
aux noms à consonance nordique, perd ici de sa force. À moins que le Nord ne se
résumât à Alassane Ouattara, qui fut exclu des deux élections !
En
tout état de cause, la progression du RPR au nord de la Côte d’Ivoire est
d’autant plus notable que le FPI y avait conquis, au début des années 1990, une
certaine influence au détriment du PDCI, et avec l’appui d’une partie des
notables locaux[28]. Sans la propagation
massive de la problématique initiée par la charte du Nord et l’éternelle
polémique autour de son éligibilité, Alassane Ouattara et ses « FMI boys »,
auteurs d’une politique impopulaire, auraient sans doute été vite oubliés, y
compris au Nord !
La
dynamique « nordiste » ne s’est mise en place que progressivement. Elle
n’arrive pas à convaincre immédiatement tous les « fils du Nord » : « Défavorisé, le Nord ? On a du mal à le
croire. Certes, la radio n’arrive pas jusque-là, et la télévision offre des
images le plus souvent striées de bandes blanches ou constellées de points
gris. Le téléphone, en cette fin de 1993, est coupé depuis une semaine, ce qui
arrive, paraît-il, épisodiquement. [Mais] nous n’envions pas les gens du Sud,
et je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire qu’on les avait favorisés, estime
un médecin malinké, je préfère vivre ici qu’à Bingerville, à quelques
kilomètres d’Abidjan[29]! »
C’est
seulement au milieu des années 1990 qu’une grande partie des chefs du Nord,
jusqu’alors divisés entre PDCI, RDR et FPI, feront d’Alassane Ouattara leur
leader incontesté, poussés en cela par les imams de la mouvance Ouattara[30].
Les
auteurs de la charte prévoyant cependant une solution de repli sur le
secrétaire général du PDCI, le Sénoufo Laurent Dona Fologo[31].
Pour
en finir avec les origines d’Alassane Ouattara, lui-même se dit
significativement descendant du roi de Kong, Sékou Ouattara, lequel réussit à
établir un empire qui tomba quelque peu en déliquescence après sa mort, en
1745. Ce dernier, soutenu par les commerçants et les partisans de l’islam,
était parvenu à soumettre, mais aussi à intégrer les populations rurales souvent
de langue sénoufo. Alassane Ouattara entretient sans doute cette image de
descendant du roi de Kong pour témoigner du caractère incontestable de ses
origines ivoiriennes, et en même temps apparaître comme le nouveau leader des
peuples du Nord, voire de l’espace sahélien en Afrique de l’Ouest et de ses
ressortissants[32].
En
tout état de cause, le processus susceptible de constituer un bloc autour d’Alassane
Ouattara n’est pas aussi abouti que le souhaiteraient probablement les
dirigeants du RDR et de la rébellion, puisqu’une grande partie du Nord-Est et
une fraction des électeurs musulmans, ou considérés comme tels, leur échappent
encore. Ils peinent à élargir leur sphère d’influence. Par ailleurs, le RDR est
confronté comme tous les partis politiques ivoiriens, au faible taux de
participation électorale, même si son électorat semble mieux se mobiliser que
celui des autres partis. Un récent article[33] énonce
au demeurant l’hypothèse que la refondation restrictive de la citoyenneté et de
l’identité ivoirienne des dernières années aurait, par effet inverse, accéléré
les changements de nom, notamment parmi les Sénoufo jeunes, urbains et
diplômés, du dioula au sénoufo. Un processus cependant enclenché de manière
déterminante chez les Sénoufo, depuis les années 1980 avec J’ai changé de nom,
de Valy Charles Tuho (1987); le livre connut un grand succès.
Mis
à part ces contradictions secondaires, force est de reconnaître que la
stratégie de pouvoir déclenchée par la charte du Nord a permis la constitution d’un
courant d’opinion extrêmement fort qui va très au-delà de l’électorat ivoirien.
Elle a aussi contribué, à sa façon, à une division de plus en plus profonde du
pays et de la population entre « nordistes » et « sudistes », entre musulmans
et non-musulmans, entre Dioula et « bushmen ».
Cette
stratégie ethniciste a gagné en efficacité au fur et à mesure que les pouvoirs
successifs, partie prenante des politiques de régression sociale prônées par
les institutions financières internationales, se sont révélés incapables de
faire émerger d’autres pôles d’identités collectives orientés vers la
satisfaction des besoins sociaux et démocratiques des populations, notamment
étrangères.
Cependant,
tout en perpétuant la logique ethniciste contenue dans la charte du Nord, Alassane
Ouattara semble avoir dernièrement modifié en superficie sa stratégie. La
charte du Nord affirme qu’il y avait eu entre FHB et Gbon Coulibaly une sorte
de pacte secret prévoyant le transfert du pouvoir à un Nordiste, une fois le
premier chef de l’État décédé; or, Alassane Ouattara, qui par tous ses actes
donnait l’impression de s’inscrire dans pareille logique, s’est récemment
prononcé en faveur d’une poursuite de l’alliance qui aurait existé entre
Baoulé, Agni, Sénoufo et Malinké : « L’avenir
passe par la reconstitution des grandes alliances qui ont fait la stabilité de
ce pays », explique-t-il, avant de se livrer à une comptabilité à ses yeux
indiscutable : « Les Baoulé et les Agni
représentent 35 % de la population, les Sénoufo et les Malinké 35 % également.
Bédié et moi sommes donc l’émanation de 70 % des Ivoiriens[34]. »
Quoi
qu’il en soit, une telle approche ethniciste qui enferme tout membre
autoproclamé ou assimilé d’un groupe dans une opinion politique préalable est
loin d’être isolée et participe à la mise en place d’un scénario : nombre
d’acteurs politiques d’aujourd’hui imposeront de nouveau, à l’approche des
élections de 2005, une logique identitaire qui s’est révélée extrêmement «
rentable ». Elle n’exige pas, en effet, des programmes très différents et
ignore la question sociale, tous se partageant les parts d’un gâteau auquel
n’accèdent que ceux qui disposent de la force brutale. Cependant, le sentiment
des populations, victimes des conséquences directes et indirectes de la guerre
et, dans les zones occupées par les rebelles, de l’absence d’État et
d’administration, peut redistribuer les cartes du jeu politique et identitaire
ivoirien, avec une issue plus incertaine que jamais.
Christophe
Sandlar (Outre-Terre 2005/2
(no 11) | 295-307)
en
maraude dans le web
Sous cette
rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne
seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et
des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la
« crise ivoirienne ».
Source : www.cairn.info
[1] - Cf. O. Dembélé, « La construction économique
et politique de la catégorie “étranger” en Côte d’Ivoire », dans M. Le Pape, C.
Vidal (sous la direction de), Côte d’Ivoire, L’Année terrible 1999-2000, Paris,
Karthala, 2002, p. 142.
[2] - Le taux élevé de l’analphabétisme limitant
évidemment la diffusion des idées contenues dans la Charte. Mais celle-ci est
sans doute plus accessible que les textes fondateurs de l’ivoirité qui restent
cantonnés à une petite élite. Par ailleurs, point de débats compliqués, ici, ou
de points de vue contradictoires, mais des axes de combat clairement énoncés en
vue d’un seul objectif : la prise du pouvoir.
[3] - Cf. J.-P. Chauveau, J.-P. Dozon, « Au cœur
des ethnies ivoiriennes… L’État », dans E. Terray (sous la direction de),
L’État Contemporain en Afrique, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 282.
[4] - Cf. J.-L. Triaud, « La question musulmane en
Côte d’Ivoire (1893-1939) », dossier « Société française d’outre-mer », Revue
française d’histoire d’outre-mer n° 225, Paris, 1974, p. 550.
[5] - Ibid p. 566.
[6] - Cf. E. Terray, Une histoire du royaume abron
du Gyaman, Des origines à la conquête coloniale, Paris, Karthala, 1995, p.
79-84.
[7] - FHB, déjà très affaibli, entra, après avoir
pris connaissance de cette charte, dans une colère noire. Il ne réussit pas à
en identifier formellement les auteurs. Plusieurs sources concordantes donnent
Lamine Diabaté, dirigeant du RDR (Rassemblement des républicains, parti
d’obédience libérale) et mari d’Henriette Diabaté, actuelle ministre de la
Justice et secrétaire générale, comme l’auteur, ou du moins l’inspirateur de
cette charte. Quant à Alassane Dramane Ouattara (Alassane Ouattara), au départ
plutôt réticent, il se serait laissé convaincre de jouer le rôle de leader que
d’autres, parmi lesquels son grand frère Gaoussou Ouattara, lui assignaient.
[8] - Nous nous référons au tract de 1991 et non à
sa reproduction dans Fraternité matin du 21 octobre 2003.
[9] - La problématique national-régionaliste
initiée par la charte du Nord connut, en 1992, un « pic » sécessionniste avec
l’appel du chanteur Alpha Blondy en faveur de la « République des peuples du
nord de la Côte d’Ivoire (Les Malinké, les Sénoufo, les Tagbana, les Djimini,
les Lobi, les Mahouka, les Dioula, les Koulango etc.) ». Car : « Nous ne
voulons plus faire partie de la république de Côte d’Ivoire après
Houphouët-Boigny » et de manière prémonitoire : « Qui veut la paix prépare la
guerre. » Le 4 décembre 2000, Le Patriote, soit la voix quasi officielle du
RDR, anticipera également sur les événements en publiant une carte divisant la
Côte d’Ivoire en deux moitiés, Nord et Sud; le journal accusant le pouvoir
d’avoir produit la coupure. La carte annonçait, exception faite de la partie
Nord-Est, la zone d’occupation de la rébellion de septembre 2002 et incluait
Bouaké, capitale du Centre, dans le Nord.
[10] - La charte du Nord laisse entendre que Gbon
Coulibaly était le leader de toutes les populations du Nord. Or, une partie des
populations du Nord, notamment malinké, soutinrent Sékou Sanogo jusque dans les
années 1950. Gbon Coulibaly (1860-1962) avait dû se soumettre à Samory et
ensuite aux colons français, non sans avoir chaque fois essayé de s’aménager
des marges de manœuvre pour asseoir un pouvoir personnel. Il fut l’allié de FHB
au PDCI-RDA. Il contribuait de manière importante à mobiliser en particulier
les populations sénoufo, dont il faisait partie, aux côtés du PDCI-RDA, surtout
après que ce parti eut opté, en 1950, pour une ligne plus conciliante à l’égard
du pouvoir colonial.
[11] - O. Dembélé, « La construction », op. cit.,
p. 166.
[12] - Fraternité Matin, 21 octobre 2003.
[13] - Soir Info, 13 décembre 2000.
[14] - Soir Info, 1er août 2000.
[15] - Cf. C. Tiémoko, « Démocratie et surenchères
identitaires en Côte d’Ivoire », dans Politique Africaine n° 58, juin 1995, p.
14.
[16] - Pour une analyse récente des conflits
fonciers actuels au nord de la Côte d’Ivoire, cf. T. Le Guen, « Le
développement agricole et pastoral du nord de la Côte d’Ivoire : problèmes de
coexistence », dans Les Cahiers d’Outre-Mer, Revue de Géographie de Bordeaux,
Tome LVII, n° 226-227, avril-mai 2004.
[17] - P. 9-10. En décembre 2000, peu après l’accession de Gbagbo au pouvoir,
lorsque la Cour suprême déclara ADO inéligible parce qu’il n’avait pu, selon
elle, apporter la preuve de sa nationalité, on se rendit compte à quel point il
n’y avait pas là des paroles en l’air. En effet, selon Soir Info du 2 décembre 2000, Alphonse Soro, président du Forum
des associations du Grand Nord déclare : « Nous donnons 72 heures aux autorités
afin qu’elles prennent leurs responsabilités, sinon nous allons nous déchaîner.
Il n’y aura pas de campagne électorale dans le Grand Nord. » Le boycott sera
effectivement des plus efficaces. Lorsque quelques semaines plus tard, le
scrutin put y avoir lieu, le taux de participation y était de 13 % ! Ce taux
d’abstention extrêmement élevé des partisans du RDR et des électeurs intimidés
par le boycott permit au PDCI, avec ce qui lui restait de ses réseaux, de
remporter la mise et de faire jeu égal avec le FPI à l’Assemblée nationale.
Seul le siège de Kong où se présentait ADO reste jusqu’aujourd’hui vacant.
[18] - Cf. P. N’Da, Le drame démocratique africain
sur scène en Côte d’Ivoire, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 266-267.
[19] - Cf. J.-P. Dozon, « La Côte d’Ivoire entre
démocratie, nationalisme et ethnonationalisme », dossier « Côte d’Ivoire : La
tentation ethnonationaliste », Politique Africaine n° 78, Paris, Karthala,
2000, p. 57-58.
[20] - Cf. J. Carle, « Quand la crise influe sur
les pratiques nominales, Les changements de nom chez les Sénoufo de Côte d’Ivoire
», Politique Africaine n° 95,2004.
[21] - Cf. Y. Konaté, « Le destin d’Alassane
Dramane Ouattara », dans M. Le Pape et C. Vidal, Côte d’Ivoire, L’Année
terrible 1999-2000, op. cit., p. 290.
[22] - Soir Info, 21 mai 2002.
[23] - Ces
derniers tribalisant bien souvent le débat politique à la manière de monsieur
Jourdain.
[24] - Le caractère transnational des Dozo est
souligné sur leur site par les Forces nouvelles (nouvelle appellation des
rebelles du MPCI) : « L’histoire des Dozo remonte au Moyen Âge, lorsque le Dozo
Soundjata Keïta créa l’empire mandingue qui s’étendait sur une grande partie du
Sahel actuel. »
[25] - Cf. le site des Forces nouvelles : « Dès le
début des événements du 19 septembre 2002, les Dozo ont rejoint les rangs du
MPCI. Considérant leur territoire agressé depuis trop longtemps, leur
historique mission de protection les a conduits à s’impliquer aux côtés des
éléments du MPCI (actuelles Forces Nouvelles). Ils ont créé leur propre section
: la Compagnie des guerriers de la lumière, avec à sa tête le charismatique
commandant Bamba. Nombre des éléments de cette section sont détachés au sein de
la Compagnie Guépard. »
[26] - Soir Info, 19 mars 2001.
[27] - Soir Info, 9 décembre 2000.
[28] - Cf. G. Faes, « Faut-il avoir peur des
Nordistes ?», Jeune Afrique, n° 1724 du 26 janvier 1994.
[29] - Ibid., p. 33-34.
[30] - Ibid.
[31] - Mais sans doute ses positions hostiles à
Ouattara et au RDR feront que son nom disparaît dans la version 2002 de la
charte du Nord.
[32] - Alassane Ouattara a, qui plus est passé, une
grande partie de sa vie en Haute-Volta; il reçut une bourse d’études attribuée
au titre de la Haute-Volta et occupa de hautes fonctions à la Banque centrale
des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en qualité de ressortissant de ce pays;
il allait acheter des biens immobiliers en Côte d’Ivoire avec un passeport
burkinabé. Tous ces faits constituent, aux yeux de ses adversaires, autant de
preuves de son extranéité, tandis que ses partisans et lui-même n’y voient pas
d’effet sur sa nationalité ivoirienne.
[33] - Cf. J. Carle, « Quand la crise », op. cit.
[34] - Jeune Afrique, l’Intelligent, 21 novembre
2004.
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