J.-M. Simon avec le couple Ouattara et G. Soro. Mission accomplie... |
« Cet homme fait partie des
ambassadeurs-barbouzes dont disposent l’Elysée et le Quai d’Orsay pour
déstabiliser les pays africains dont les dirigeants affichent une indépendance
vis-à-vis de Paris ». C’est en ces termes qu’une source diplomatique
en poste dans la sous-région ouest-africaine nous a présenté Jean-Marc Simon,
actuel ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Mais surtout un des acteurs-clé,
avec l’ambassadeur des Etats-Unis, Philip Carter 3 et le représentant spécial
du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, Young J. Choi, de la fraude
massive dans le nord du pays puis du hold-up électoral visant à installer
illégalement Alassane Dramane Ouattara, candidat de l’étranger, à la tête de la
Côte d’Ivoire. Précédemment ambassadeur au Gabon, M. Jean-Marc Simon a atterri
en Côte d’Ivoire en mission commandée par l’Elysée. Le chef de l’Etat français,
Nicolas Sarkozy, qui a visiblement juré de réussir là où son prédécesseur
Jacques Chirac a échoué (c’est-à-dire renverser par tous les moyens le président
ivoirien souverainiste, Laurent Gbagbo), a confié à Jean-Marc Simon, les rênes
du complot interne contre Gbagbo. Pour avoir réussi une telle mission de 2001 à
2003 en Centrafrique face au chef d’Etat centrafricain d’alors, Ange-Félix
Patassé, M. Jean-Marc Simon avait le profil de l’emploi.
J.-M. Simon et François Nelson Ndjadder, le coordonnateur-délégué de Seleka pour l’Europe. Une vraie vocation ! |
En
effet, alors qu’il était ambassadeur de France en Centrafrique, Jean-Marc
Simon, a chapeauté, sous le contrôle de l’Elysée de Jacques Chirac, le renversement
d’Ange-Félix Patassé par un coup d’Etat. La France reprochait au Président
Patassé, soutient une source proche du dossier, son attachement à la
souveraineté de la Centrafrique et son engagement pour le contrôle du pétrole
centrafricain par le pays. Paris qui avait « toléré », quelques
années auparavant, la tenue d’élections transparentes aux termes desquelles
Patassé avait battu André Kolingba, le président sortant, a pris la décision
dès 2001 de remettre en selle Kolingba parce qu’Ange-Félix Patassé affichait un
souverainisme qu’abhorrait la France dans sa volonté de faire une main basse
totale sur les richesses de la Centrafrique. Patassé dénonçait, par exemple,
l’exploitation sauvage et illégale des mines d’or menée par des entreprises
françaises sur tout le territoire centrafricain. Coaché par les services
français et l’ambassade de France à Bangui (la capitale de la République Centrafricaine),
André Kolingba tente en 2001 un coup d’Etat contre Ange-Félix Patassé. La
tentative échoue au grand désarroi de Paris. Les armes découvertes au domicile
de Kolingba, contigu à celui de l’ambassadeur Jean-Marc Simon à Bangui, sont
toutes estampillées « Ambassade de France en Centrafrique ». La
télévision nationale centrafricaine les présente à l’opinion publique en guise
de témoignage de l’implication de Paris dans le coup.
Avant
la tentative du coup d’Etat, la France via ses médias, dont RFI, soutient
activement l’idée d’une guerre civile entre les ethnies Baya et Yakoma. Chose
souhaitée, chose obtenue. L’échec du coup d’Etat donne lieu à des affrontements
sanglants entre les Baya (ethnie de Patassé) et les Yakoma (ethnie de Kolingba)
qui font plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés. Bangui est à
feu et à sang. André Kolingba est exfiltré avec l’aide de Jean-Marc Simon vers
le domicile de l’ambassadeur de France d’où il lance un appel via RFI à
l’endroit de Patassé.
De
2001 à 2003, la Centrafrique vit une instabilité profonde orchestrée par Paris.
L’Elysée met à profit cette période pour rechercher un nouvel adversaire à
Patassé. Chirac le trouve en la personne du général François Bozizé, ex-chef
d’état-major de l’armée, limogé par Patassé pour diverses raisons. François
Bozizé lance une rébellion armée avec la bénédiction de Paris. Le Tchad en
devient la base arrière.
Le
15 mars 2003, alors qu’Ange-Félix Patassé est en visite officielle à
l’extérieur du pays, la rébellion gagne Bangui. L’avion du Président Patassé
est interdit d’atterrir à l’aéroport de la capitale. C’est le coup d’Etat réussi.
Une situation dans laquelle, précisent les sources, l’ambassadeur Jean-Marc
Simon a joué un rôle déterminant. Paris évacue ses ressortissants vers le Gabon
et abandonne les Centrafricains à leur sort. Après avoir réussi sa « mission »
en Centrafrique, Jean-Marc Simon est muté au Gabon pour un « repos ».
Avant d’être ré-envoyé en « mission » en Côte d’Ivoire par l’Elysée.
Comme
à Bangui, le schéma est le même : une rébellion armée parrainée par l’hexagone,
un pion
(Alassane Dramane Ouattara), une base arrière (le Burkina Faso), un président
(Laurent Gbagbo) gênant à cause de son attachement à la souveraineté de son
pays, et un enjeu (le contrôle du pétrole et de toutes les matières premières).
Mais contrairement en Centrafrique, Jean-Marc Simon rencontre des difficultés
sur le terrain en Côte d’Ivoire. A cause d’une population ivoirienne déterminée
et aussi souverainiste que son Président, Laurent Gbagbo. Ainsi que
l’interpénétration des ethnies qui rend quasi impossible l’éclatement d’une
guerre interethnique voulue en vain par l’Elysée.
D. Kablan Duncan décorant J.-M. Simon Pour services rendus à qui ? |
Autre
obstacle majeur, l’homme de la France, Alassane Ouattara, n’est pas accepté par
la majorité de la population ivoirienne à cause de son passé et sa propension à
la violence. En dépit de tout, Jean-Marc Simon et l’Elysée ne baissent pas les
bras…
Didier Depry
Titre original :
« La face cachée de l’ambassadeur Jean-Marc Simon ».
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