"Le briscard annonce la couleur"
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Le 11 avril, c’est le dénouement, mais est-ce
que l’explication finale n’a pas commencé la veille, le dimanche 10 ?
Ecoutez, le dimanche 10, on sait que dans la
soirée des décisions avaient été prises de recommencer les frappes. Ce sont des
décisions qui ont été prises conjointement entre le président de la République
et le secrétaire général des Nations Unies (…) Quand les FRCI ont tenté de
s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo, elles se sont heurtées à une
résistance extrêmement forte parce qu’il y avait des mouvements absolument
démentiels autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody, si bien
que les FRCI se sont retrouvées en difficultés. Au petit matin, elles ne
parvenaient pas à franchir les lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes
en matériel, mais aussi en vies humaines. C’est donc à ce moment là que des
décisions ont été prises d’en finir avec cette tragédie qui menait le pays vers
une véritable guerre civile. Et donc l’intervention de la force Licorne s’est
faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux FRCI d’avancer vers
la résidence de Cocody. Et donc l’ordre a été donné de déployer la forces
Licorne dans Cocody. Ce qui n’était pas une décision facile à prendre parce
qu’il fallait prendre de grands risques. Il fallait traverser toute la ville,
de Port-Bouët jusqu’à Cocody ; passer à proximité du Plateau où il y avait des
tireurs embusqués. Et nous risquions forts de perdre des éléments blindés,
leurs équipages. Donc cette décision a été une décision très courageuse qui
honore tous ceux qui l’ont prise à Paris.
Et elles
ont été prises au plus haut niveau, je l’imagine ?
Oui ! Au plus haut niveau naturellement, par
Nicolas Sarkozy.
Mais est-ce que les forces pro-Gbagbo qui
étaient en surplomb sur la colline du Plateau n’auraient pas pu tirer sur les
blindés français ?
Bien sûr qu’elles auraient pu le faire. Elles ne
l’ont pas fait. La colonne a pu avancer sans difficultés.
Et comment
s’est passé alors le deuxième assaut de la résidence de Laurent Gbagbo ?
Eh bien ! Dès lors que les carrefours ont pu
être sécurisés, les FRCI ont pu faire leur approche jusqu’à la résidence de
Laurent Gbagbo (…) Nous étions en liaison permanente avec le président Ouattara
et le Premier ministre Guillaume Soro pendant tous ces moments-là. Il ne
fallait pas faire prendre le moindre risque à la vie de Laurent Gbagbo et de
ses proches.
Et quel
rôle ont joué les blindés français dans cette dernière phase ?
Les blindés français ont permis aux FRCI
d’avancer et de pénétrer dans la résidence de Laurent Gbagbo. Et ce que je
tiens à dire, c’est qu’à aucun moment, avant 13h 08, l’heure de l’arrestation
de Laurent Gbagbo, aucun élément français civil ou militaire n’a pénétré à
l’intérieur de cette résidence présidentielle.
Les troupes françaises
déployées à Abidjan. (AFP)
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Dans son livre « Abobo la guerre », notre
consœur Leslie Varenne affirme que des gendarmes français du GIGN sont entrés
dans la résidence de Laurent Gbagbo ?
J’ai lu le livre de Leslie Varenne qui est un
livre très intéressant ; c’est une enquête de terrain. Malheureusement, j’y ai
relevé beaucoup d’inexactitudes, notamment celle-là.
A la suite de cette action à Abidjan, vous avez
été élevé à la dignité d’Ambassadeur de France et promus au grade de commandant
de la Légion d’honneur. Mais est-ce qu’il y a quelque chose que vous regrettez
?
Ecoutez, lorsque j’ai appris à 13 h 10 que
Laurent Gbagbo venait d’être arrêté et qu’il avait la vie
sauve, ainsi que tous
ses proches, ça été un grand soulagement. Mais ce grand soulagement était aussi
doublé d’une angoisse parce que, rappelez-vous que nous avions depuis l’après-midi
du 4 avril, 4 expatriés dont 2 de nos ressortissants qui avaient été pris en
otage à l’hôtel Novotel et dont nous étions sans nouvelles. Et aussitôt après a
capture de Laurent Gbagbo, nous nous sommes employés à les rechercher jours et
nuits, jusqu’à ce que finalement nous apprenions malheureusement qu’ils avaient
été exécutés dans les pires conditions et vraisemblablement avant même les
premières frappes du 4 avril.
A l'approche de l'heure "H", plus barbouze qu'ambassadeur, J.-M. Simon ôta la cravate et tomba la veste... |
Et ça,
c’est un souvenir qui vous hante encore aujourd’hui ?
C’est un souvenir douloureux.
Propos retranscrits par D. Yala
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Source : Connectionivoirienne.net 12 avril 2012
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