dimanche 20 octobre 2013

Bondoukou : les victimes du manganèse crient leur colère à l’occasion d’une visite ministérielle

photo d'archives
utilisée ici seulement comme illustration
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Accompagné de ses collègues, des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandama, et du préfet de la région du Gontougo, Goun François, le ministre de l’Industrie et des mines, Jean-Claude Brou, s’est rendu, le jeudi dernier, sur le site d’exploitation de manganèse de Bondoukou qui est à l’origine d’un conflit qui oppose la société Bondoukou manganèse Sa et les populations riveraines. Et à cette occasion, le ministre Jean-Claude Brou a vraiment touché de très près les réalités du terrain qui prévalent entre les parties « belligérantes ». Lesquelles réalités n’ont d’ailleurs pas rendu assez aisée, la visite des membres du gouvernement et leur délégation. L’accueil réservé par les villageois de Similimi, Séréoudé et Pougouvagne s’est voulu très révélateur. Vieux, femmes et jeunes se sont réunis à un carrefour (une vingtaine de km de Bondoukou) avant l’accès aux différents sites, munis, pour certains d’entre eux, de pancartes avec des messages du genre : « Similimi, village de pauvreté ; le manganèse, pas mieux que l’homme ; Bondoukou, richesse du sous-sol rime avec appauvrissement des villageois ; au secours, nous mourons… ». Ils ont obligé le cortège des autorités et des responsables de la société exploitante à marquer cet arrêt pour leur exprimer leur détresse. Après une demi-heure d’échanges, la délégation a pu se rendre sur le site d’extraction de Similimi qui se trouve sur des montagnes de près de 2000 m à environ 5 km du carrefour. Sur le site, les visiteurs ont trouvé des engins en plein travail. C’est là que le directeur général de Bondoukou manganèse SA, Ansu Bajla, a expliqué que sa société exploite uniquement sur le site le manganèse et que dans cette activité, l’entreprise découvre en ces lieux généralement 30% de manganèse pour 70% de terre. Il a aussi précisé que les plantations touchées ont été dédommagées. Après une brève visite dans le village de Similimi qui, visiblement, reflète la misère à quelques centaines [de mètres] d’où travaillent les engins, la délégation s’est vue freinée à nouveau par les mêmes populations qui l’ont interceptée en arrivant. Les villageois ont exigé que la délégation prenne la direction d’un autre village. Malgré les explications des uns et des autres pour leur faire comprendre que cela n’était pas possible pour une question de calendrier du ministre de l’Industrie, ils n’ont pas voulu entendre raison. Pis, ils se sont rués sur le véhicule du Dg de Bondoukou manganèse SA comme pour lui « faire la peau ». Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre, suivie de l’explication subtile du ministre Adjoumani (fils de la région) en koulango pour permettre au cortège de reprendre son parcours après un peu plus d’une demi-heure chaude en ces lieux. Le cap a été mis sur le village de Kouassi N’dawa où attendaient également les chefs et des personnes des 7 villages concernés par l’exploitation du manganèse dans la région. Là encore, la rencontre s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Mais avec beaucoup de tact, le ministre Jean-Claude Brou et ses collègues ont pu calmer les villageois visiblement remontés et qui ont fini par remettre un livre blanc traduisant leurs revendications. Le ministre de tutelle a promis de revenir, le 8 novembre prochain, pour tenter de résoudre définitivement le problème entre les villageois et les exploitants. Cela n’a cependant pas empêché certains jeunes zélés de faire subir à l’une des voitures du cortège un jet de pierres. Rappelons que les villageois ont dressé, le 7 octobre dernier, des barrages sur la voie des sites pour empêcher l’exploitation des minerais.

François Bécanthy, Envoyé spécial.
Titre original : « Conflit autour de l’exploitation du manganèse à Bondoukou : Le Gouvernement en pompier ». 

 
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Source : Le Nouveau Réveil 19 octobre 2013

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