DECLARATION DE LA COORDINATION DU FPI EN EXIL
Depuis quelques temps, des informations, parfois contradictoires, sont livrées
à travers la presse aux Ivoiriens sur le retour des exilés ivoiriens de la
crise postélectorale de 2010-2011.
Dr Assoa Adou |
Afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale
et surtout les militants du Fpi qui s’interrogent, la coordination Fpi en exil
tient à faire connaitre sa position sur cette question. Pourquoi les Ivoiriens que
nous sommes, si attachés à notre chère patrie la Côte d’Ivoire, sommes-nous
toujours en exil, trois ans après l’arrivée par effraction de monsieur Alassane
Ouattara au pouvoir, au moment où d’autres cadres de notre parti ont décidé à
titre individuel, de rentrer sur la base des seules déclarations d’Hamed Bakayoko,
sans attendre la suite formelle des négociations avec le pouvoir ? Est-ce parce
que nous avons plus de choses à nous reprocher par rapport à ceux qui rentrent
? Est-ce parce que nous sommes plus craintifs que ceux qui ont choisi de
retourner en négociant directement avec le pouvoir en place les conditions de
leur retour ? Ou bien, comme le pensent certains, est-ce parce que nous sommes
simplement des extrémistes ? Non, rien de toutes ces supputations n’expliquent notre
position d’attente. Les raisons sont toutes simples.
Premièrement, de notre exil, nous contribuons auprès
de la direction du parti à la lutte pour la reconquête des libertés
démocratiques en Côte d’Ivoire et au combat pour la libération du Président
Laurent Gbagbo dans la vérité de l’histoire récente de notre pays. C’est ainsi
que notre apport, si modeste soit-il, a consisté dans les activités ci-dessous
à l’élaboration et la publication d’un manifeste de la coordination. Production
de plusieurs documents sur la sortie de crise et la conduite de la lutte à
l’attention la direction du parti. Production de plusieurs déclarations sur la
situation socio-politique en Côte d’Ivoire. Production de trois ouvrages aux
éditions L’Harmattan (un 4ème est en préparation) : «Laurent Gbagbo au centre d’un complot, le rapport du groupe d’experts
de l’Onu mis à nu», «Le Président
Laurent Gbagbo à la Cpi, Justice ou imposture ?», «Cpi, l’introuvable preuve contre le Président Laurent Gbagbo».
Contacts permanents avec les avocats du Président Laurent Gbagbo pour
documenter leurs dossiers. Deux audiences avec feu le Président John Atta
Mills, ex-Président de la République du Ghana. Des contacts noués avec le Ndc,
parti au pouvoir au Ghana. Contacts réguliers avec le nouveau Président du
comité Afrique de l’Internationale socialiste. Initiative de la mission auprès
du Président Macky Sall du Sénégal. Actions sociales en faveur des réfugiés des
camps par le biais de l’Arid (Association des réfugiés ivoiriens de la
Diaspora).
Deuxièmement, nous sommes encore en exil parce que notre lecture de la situation actuelle du pays et de la réconciliation est différente de celle du gouvernement. Pour nous, le calme apparent actuellement observé dans notre pays n’est pas synonyme d’apaisement, car il en faut beaucoup plus pour cela, et les «bonnes nouvelles» annoncées çà et là ne sont en réalité que des effets d’annonce destinées à faire croire à l’opinion internationale que la réconciliation est en marche en Côte d’Ivoire alors qu’en vérité, la division s’approfondit de jour en jour. En effet, comment peut-on parler d’apaisement alors que le dialogue avec le Fpi piétine depuis 2011 ; que la Cdvr (Commission dialogue, vérité et réconciliation) après trois ans d’activité, n’a pu réconcilier personne ; que les prisons de Ouattara détiennent encore plus de 700 prisonniers politiques et que les arrestations se poursuivent sur le mobile imparable d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; que les tueries de Duékoué-carrefour et les massacres de Nahibly n’ont à ce jour, fait l’objet d’aucune enquête et que des témoins-clés sont assassinés ? Comment peut-on parler d’apaisement, alors que les libertés démocratiques sont loin d’être garanties, que des obstacles sont mis à leur exercice par la violence et par les menaces, comme en témoigne l’interdiction du meeting du président Affi N’Guessan à Abobo sous l’action combinée des «com-zones en armes et du com-zone en cravate» qui régentent cette commune, les interdictions de sortie du territoire qui frappent Laurent Akoun,… Michel Gbagbo ?
Deuxièmement, nous sommes encore en exil parce que notre lecture de la situation actuelle du pays et de la réconciliation est différente de celle du gouvernement. Pour nous, le calme apparent actuellement observé dans notre pays n’est pas synonyme d’apaisement, car il en faut beaucoup plus pour cela, et les «bonnes nouvelles» annoncées çà et là ne sont en réalité que des effets d’annonce destinées à faire croire à l’opinion internationale que la réconciliation est en marche en Côte d’Ivoire alors qu’en vérité, la division s’approfondit de jour en jour. En effet, comment peut-on parler d’apaisement alors que le dialogue avec le Fpi piétine depuis 2011 ; que la Cdvr (Commission dialogue, vérité et réconciliation) après trois ans d’activité, n’a pu réconcilier personne ; que les prisons de Ouattara détiennent encore plus de 700 prisonniers politiques et que les arrestations se poursuivent sur le mobile imparable d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; que les tueries de Duékoué-carrefour et les massacres de Nahibly n’ont à ce jour, fait l’objet d’aucune enquête et que des témoins-clés sont assassinés ? Comment peut-on parler d’apaisement, alors que les libertés démocratiques sont loin d’être garanties, que des obstacles sont mis à leur exercice par la violence et par les menaces, comme en témoigne l’interdiction du meeting du président Affi N’Guessan à Abobo sous l’action combinée des «com-zones en armes et du com-zone en cravate» qui régentent cette commune, les interdictions de sortie du territoire qui frappent Laurent Akoun,… Michel Gbagbo ?
Comment peut-on dire que la réconciliation est en
marche alors que le Président Laurent Gbagbo est en prison, et que le pouvoir
s’en réjouit ?
Troisièmement, nous n’oublions pas que le phénomène de
l’exil touche environ 100 000 Ivoiriens et concerne, certes, des cadres Lmp, des
responsables et des militants du Fpi, mais aussi des militaires (officiers,
sous-officiers et hommes du rang), des élèves et étudiants, des jeunes
patriotes, des dizaines de milliers de personnes de modestes origines dont le
seul tort est d’être proches de Lmp ou originaires de régions considérées comme
des fiefs de Laurent Gbagbo, notamment les Wê qui en constituent le gros lot.
Ces exilés, qui bénéficient du statut de réfugiés,
sont disséminés dans plusieurs pays africains : Liberia, Ghana, Togo, Bénin,
Cameroun, Maroc, Algérie, Tunisie, etc., mais aussi en Europe, notamment en France.
Ces femmes et hommes, enfants et vieillards, malgré les difficiles conditions
de vie sous des tentes dans les camps de réfugiés, malgré la maladie et les
nombreux décès enregistrés en leur sein, continuent pourtant de tenir et
d’exprimer leur solidarité avec le Président Laurent Gbagbo dont ils entendent
ainsi contribuer à porter la croix. Ces personnes qui ont quitté la Côte
d’Ivoire pour préserver leur vie et leur liberté, apprennent chaque jour que
des assassinats et exactions sans suites judiciaires sont commis par les Dozos
et les Frci, que les arrestations de militants Lmp par la Dst continuent. Pour
ces personnes, le mot «retour sécurisé», et nous ajoutons «organisé», revêt un
sens non ambivalent : quelles sont les garanties formelles que donne le
gouvernement Alassane Ouattara ? Bref, ces personnes ne demandent qu’à être
rassurées, ce que ne fait pas le pouvoir en place. Voilà donc les raisons pour
lesquelles les membres de la coordination Fpi en exil sont encore là où ils
sont. Pour nous, les conditions pour un retour sécurisé et organisé des exilés
se déclinent comme suit :
·
libération du Président Laurent Gbagbo ;
· libération de tous les prisonniers politiques civils et militaires avec
l’obtention de garanties institutionnelles et légales ayant pour effets, entre
autres ;
· restitution des biens et le dégel des avoirs ;
· réintégration des fonctionnaires et agents de l’Etat, des travailleurs du
secteur parapublic dans leurs emplois et grades respectifs avec rappel de solde
pendant tout le temps d’exil ;
· réintégration des corps habillés avec reconstitution de carrière et rappel
de solde pendant tout le temps d’exil ;
· réintégration des employés et ouvriers du secteur privé dans leurs emplois ;
· réinsertion des étudiants, élèves et écoliers dans leurs différents
circuits de formation ;
· rétrocession des terres et plantations des planteurs et agriculteurs avec
le retour des dozos dans leur zone d’origine ;
·
dédommagement des responsables des entreprises du
secteur privé.
Nous n’entendons donc pas retourner en Côte d’Ivoire
sans l’obtention d’un accord entre la direction du parti et les autorités en
place, accord donnant de vraies garanties à l’ensemble des réfugiés dont nous
demeurons solidaires parce que nous avons une responsabilité politique
vis-à-vis d’eux.
Comme le capitaine d’un navire naufragé, nous devons
être les derniers à rentrer et non les premiers. C’est le minimum que nous leur
devons à défaut de ne pouvoir leur apporter une assistance matérielle
quotidienne et soutenue parce que nous-mêmes [sommes] démunis. C’est pourquoi,
la coordination Fpi en exil regrette les récents retours d’exil opérés sur des
bases strictement individualistes, qui dénotent d’un manque de solidarité
manifeste vis-à-vis des autres réfugiés et condamne les déclarations
intempestives dans la presse de certains camarades récemment rentrés d’exil. En
effet, si l’on peut comprendre que le gouvernement Ouattara traite avec
désinvolture la question des réfugiés, que la Cdvr s’en désintéresse royalement
(aucune visite rendue aux réfugiés en trois ans de mandat dit de
réconciliation), il nous parait inacceptable que des responsables politiques du
Fpi négocient des conditions individuelles de leur retour sans en référer au parti,
et en abandonnant à leur sort ces milliers de personnes qui connaissent aujourd’hui
l’exil pour avoir épousé la cause du Fpi et de Laurent Gbagbo dont ces cadres
se disent être des proches.
On reste d’ailleurs surpris de l’attitude curieuse de
ces camarades qui s’inquiètent de l’extrême précarité de vie dans les camps de
réfugiés et qui n’ont pourtant pas hésité à abandonner ces réfugiés à leur
triste sort en rentrant au pays sans se préoccuper de ce qui pourrait advenir à
ces derniers après leur départ. Ces camarades ont-ils conscience, que par leurs
retours individuels arrangés et leurs déclarations intempestives et infondées,
ils mettent en péril l’existence de ces réfugiés qui pourraient se voir
supprimer le maigre soutien apporté par le HCR ? Par ailleurs, nous nous
insurgeons contre les propos malveillants tenus par ces camarades envers la
coordination à laquelle ils attribuent «des propos et attitudes de défiance vis-à-vis
de la direction du parti», appelant par la même occasion des sanctions de
celle-ci à l’encontre des exilés, membres de la coordination. En effet, des
membres de la coordination en exil qui conditionnent leur retour sécurisé et
organisé à l’aboutissement des négociations engagées par le parti avec le
pouvoir et des camarades qui rentrent sur des initiatives individuelles
arrangées directement avec le régime Ouattara, quels sont ceux qui font preuve
d’indiscipline et de défiance vis-à-vis de la direction et qui méritent d’être
interpellés par elle ? Ces camarades, dont on sait que certains, et non des
moindres au vu des fonctions qu’ils occupaient dans l’appareil d’Etat, ont
quitté le pays bien avant le 11 avril 2011, c’est-à-dire avant même
l’arrestation du Président Laurent Gbagbo ; qui durant leur temps d’exil
se sont toujours tenus éloignés de la coordination, cadre organisationnel que
se sont donnés les militants du Fpi afin d’aider au combat sur le terrain tout
en organisant l’entraide des réfugiés ; qui affirmaient à qui voulait les
entendre n’être pas venus en exil pour lutter parce que ne devant plus rien au
Président Laurent Gbagbo ; et qui sont aujourd'hui rentrés d’exil dans des
conditions aux contours obscurs ; ces camarades, disons-nous, gagneraient
à se faire discrets et à se taire. La Coordination
Fpi en exil, quant à elle, demeure très sceptique quant à la sincérité du
gouvernement et récuse fermement toute démarche individuelle, qui non seulement
dénote d’un manque de solidarité envers l’ensemble des réfugiés, mais tend à
affaiblir notre parti au moment où celui-ci est résolument engagé dans le
combat pour le règlement des conséquences de la crise postélectorale, dont la
question du retour des exilés.
C’est pourquoi, les militants Fpi en exil, membres de
la Coordination, saluent la mission du parti dépêchée récemment au Ghana et au
Togo, à l’effet d’échanger avec les réfugiés et d’harmoniser les positions. Ils
réaffirment leur entière confiance au président Pascal Affi N’Guessan et à la
direction de notre parti, le Fpi, pour régler de façon formelle et responsable
la question du retour des exilés. Il est du devoir de notre parti, le Fpi, d’œuvrer
pour mettre fin aux souffrances de tous ceux et toutes celles, qui, pour leur
militantisme au Fpi ou pour leur soutien au Président Laurent Gbagbo,
connaissent la prison ou l’exil, ou ont tout perdu. Nous encourageons, par
conséquent, la direction du parti à poursuivre les discussions en vue de la
libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques,
du retour sécurisé et organisé de tous les exilés où qu’ils se trouvent, de la
libération des maisons, forêts et plantations occupées, des comptes bancaires
saisis, du libre exercice des droits et libertés. Nous exhortons le Fpi à agir
pour un retour véritable de l’ensemble des exilés, pour une vraie normalisation
et une vraie réconciliation dans notre pays.
Vive le Front populaire ivoirien, uni, solidaire et
indestructible pour que vive une Côte d’Ivoire démocratique, libre, souveraine
et prospère.
Pour la coordination Fpi en exil, le coordonnateur et porte-parole :
Dr Assoa Adou
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique,
nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : panafricain.com 4 mars 2014
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