samedi 8 mars 2014

La terre appartient à celui qui a la kalache

Sangaré Mamadou, directeur général de la Sodefor, a craqué, pris de remords et de honte, sous la pression de ses génies. Surprise des surprises. A Gagnoa, au Centre de gestion de la Sodefor où il était récemment, il s’est confessé : « Notre image est écornée pour tout ce qui concerne la gestion forestière. Je demande à chacun de se démarquer des pratiques qui font honte à la Sodefor ». Le monde s’effondre. On peut se traîner au sol, mort de rire car le patron de la Sodefor rate sa cible et déverse ses billes de bois sur les pauvres agents de la Sodefor : « Je vous demande de vous mettre à l’écart des ventes de terrain, les complicités avec les opérateurs économiques. Tous ceux qui vont se faire prendre seront sévèrement sanctionnés ». Coup de fusil dans l’eau dribblé par les poissons. Qui, dans ce Dramanistan ne sait pas que la Sodefor n’est pas maîtresse des forêts ? Qui ne sait pas que depuis que Magellan est au pouvoir, et que le pays a changé de nom de baptême, les terres appartiennent à ceux qui possèdent la kalache ? Qui ne sait pas que la philosophie du Vieux Bélier de Yakro, à savoir « la terre appartient à celui qui la met en valeur » s’est vue attacher une déclinaison plus précise liée à la possession d’une arme de guerre ? Qui ne sait pas que la terre et les forêts n’appartiennent plus aux propriétaires terriens ni aux autochtones mais aux conquérants vainqueurs de la guerre postélectorale ?
 
(Dessin de Bôlkotch 7 au 13 mars 2014)
Le gars de la Sodefor-là fait forcément exprès. Il sait qui fait quoi à qui dans les forêts. De sa position centrale dans le dispositif, il sait comment la répartition du butin forestier et terrien a été organisée avant le déclenchement de la conquête. Aujourd’hui, il sait que les anciens chefs de guerre dont le célèbre Amadé Ouérémi, un Burkinabé, sont détenteurs de vastes portions de terre et de forêt dans l’Ouest. Ces gros bras, porteurs de longs fusils, sont même entrés au cœur des forêts classées du Cavally, de Goin Débé, de Scio, du Mont Péko... où ils défrichent, labourent et plantent du cacao, du café, de l’hévéa, du vivrier, sous l’œil des directeurs de la Sodefor incapables de réagir !
D’ailleurs, ces conquérants ne se gênent pas pour défier quiconque les rappellent à l’ordre : « Ces terres nous appartiennent désormais. Nous avons fait la guerre. Nous vous avons vaincus. Un des nôtres est roi chez vous. Si vous n’êtes pas contents, ouvrez vos sales gueules, nous nous ferons un grand plaisir de décharger les balles de nos kalaches dedans ». Les populations de ces régions ont peur. Elles se sont plaintes à la Sodefor, et elles ont crié leur douleur d’être ainsi malmenées sur leurs propres terres.
C’est donc sur le terrain de la rétrocession des terres et des forêts à leurs vrais détenteurs qu’on attend le DG, Sangaré Mamadou. Qu’il dégage la légion étrangère qui accapare les terres et détruit les forêts sans retenue ! Qu’il arrache la carte blanche attribuée aux vainqueurs de la guerre venus d’ailleurs voler les terres et piller les forêts ! Qu’il laisse en paix les agents de la Sodefor qui eux-mêmes se cherchent devant les nouveaux propriétaires du pays !
Les auteurs et coauteurs de la destruction des forêts sont connus de tous. Ils ont les bras armés. Or, quand tu as les armes, tu es le plus fort. Alors, ça suffit la plaisanterie… 

Yaoly Sié 

 
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Source : Bôlkotch 7 au 13 mars 2014

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