Sangaré
Mamadou, directeur général de la Sodefor, a craqué, pris de remords et de
honte, sous la pression de ses génies. Surprise des surprises. A Gagnoa, au
Centre de gestion de la Sodefor où il était récemment, il s’est confessé : « Notre image est écornée pour tout ce qui
concerne la gestion forestière. Je demande à chacun de se démarquer des
pratiques qui font honte à la Sodefor ». Le monde s’effondre. On peut se
traîner au sol, mort de rire car le patron de la Sodefor rate sa cible et
déverse ses billes de bois sur les pauvres agents de la Sodefor : « Je vous demande de vous mettre à l’écart
des ventes de terrain, les complicités avec les opérateurs économiques. Tous
ceux qui vont se faire prendre seront sévèrement sanctionnés ». Coup de
fusil dans l’eau dribblé par les poissons. Qui, dans ce Dramanistan ne sait pas
que la Sodefor n’est pas maîtresse des forêts ? Qui ne sait pas que depuis que
Magellan est au pouvoir, et que le pays a changé de nom de baptême, les terres
appartiennent à ceux qui possèdent la kalache ? Qui ne sait pas que la
philosophie du Vieux Bélier de Yakro, à savoir « la terre appartient à celui qui la met en valeur » s’est vue
attacher une déclinaison plus précise liée à la possession d’une arme de guerre
? Qui ne sait pas que la terre et les forêts n’appartiennent plus aux
propriétaires terriens ni aux autochtones mais aux conquérants vainqueurs de la
guerre postélectorale ?
(Dessin de Bôlkotch 7 au 13 mars 2014) |
Le
gars de la Sodefor-là fait forcément exprès. Il sait qui fait quoi à qui dans
les forêts. De sa position centrale dans le dispositif, il sait comment la
répartition du butin forestier et terrien a été organisée avant le
déclenchement de la conquête. Aujourd’hui, il sait que les anciens chefs de
guerre dont le célèbre Amadé Ouérémi, un Burkinabé, sont détenteurs de vastes
portions de terre et de forêt dans l’Ouest. Ces gros bras, porteurs de longs
fusils, sont même entrés au cœur des forêts classées du Cavally, de Goin Débé,
de Scio, du Mont Péko... où ils défrichent, labourent et plantent du cacao, du
café, de l’hévéa, du vivrier, sous l’œil des directeurs de la Sodefor
incapables de réagir !
D’ailleurs,
ces conquérants ne se gênent pas pour défier quiconque les rappellent à l’ordre
: « Ces terres nous appartiennent
désormais. Nous avons fait la guerre. Nous vous avons vaincus. Un des nôtres
est roi chez vous. Si vous n’êtes pas contents, ouvrez vos sales gueules, nous
nous ferons un grand plaisir de décharger les balles de nos kalaches dedans ».
Les populations de ces régions ont peur. Elles se sont plaintes à la Sodefor,
et elles ont crié leur douleur d’être ainsi malmenées sur leurs propres terres.
C’est
donc sur le terrain de la rétrocession des terres et des forêts à leurs vrais
détenteurs qu’on attend le DG, Sangaré Mamadou. Qu’il dégage la légion
étrangère qui accapare les terres et détruit les forêts sans retenue ! Qu’il
arrache la carte blanche attribuée aux vainqueurs de la guerre venus d’ailleurs
voler les terres et piller les forêts ! Qu’il laisse en paix les agents de la
Sodefor qui eux-mêmes se cherchent devant les nouveaux propriétaires du pays !
Les
auteurs et coauteurs de la destruction des forêts sont connus de tous. Ils ont
les bras armés. Or, quand tu as les armes, tu es le plus fort. Alors, ça suffit
la plaisanterie…
Yaoly Sié
EN MARAUDE
DANS LE WEB
Sous cette rubrique,
nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, et
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source :
Bôlkotch 7 au 13 mars 2014
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