© Mikhaïl Gamandiy-Egorov |
L’élite politique occidentale tremble.
Elle ne s’attendait certainement pas à cela. Pourtant, la Russie avait prévenu
maintes fois les Occidentaux que s’allier avec des extrémistes est un jeu bien
dangereux. Que ce soient des intégristes salafistes ou des révisionnistes
néo-nazis. Pourtant, l’Occident politique a confirmé une nouvelle fois que tant
que cela sert ses intérêts géopolitiques et que cela peut déstabiliser les
Etats qui mènent une politique indépendante, il est prêt à s’allier y compris
avec le diable. Mais il y a une ligne rouge à ne plus dépasser désormais.
Aujourd’hui, nous y voilà. Revenons à
l’Ukraine puisque c’est l’actualité phare en ce moment. Où en est-on ? Pour
résumer la situation brièvement (bien que cela soit difficile) : un putsch a eu
lieu dans la capitale ukrainienne Kiev, à la suite duquel est destitué le
président légitime du pays, reconnu par la communauté internationale (dont fait
partie également la communauté occidentale), Viktor Ianoukovitch. Le tout, dans
la violation totale des accords conclus entre Ianoukovitch et « l’opposition ».
Cet accord de sortie de crise signé le 21 février à Kiev en présence des «
médiateurs » français, allemands et polonais, prévoyait notamment une élection
anticipée du chef de l’Etat, la formation d’un gouvernement d’unité nationale,
ainsi qu’une réforme constitutionnelle qui diminuerait les pouvoirs du
président au profit du Premier ministre.
Evidemment et dès le départ, c’était une
erreur stratégique de la part de Ianoukovitch, qui d’ailleurs n’en est de loin
pas à sa première erreur dans l’histoire plus ou moins récente de l’Ukraine.
Cela sans parler de la mauvaise gestion. Manque de caractère, faiblesse
personnelle ? Que ce soit l’un ou l’autre, voire autre chose, la question n’est
pas là. Des accords ont été conclus sous supervision et garanties de
représentants de pays de l’Union européenne et devaient être appliqués. Et que
se passe-t-il après ? Des menaces sont proférées à l’encontre de Ianoukovitch,
ainsi que des membres de sa famille. Plus encore, une tentative d’assassinat
aurait été organisée alors qu’il se rendait dans la nuit du 21 février à
Kharkov pour participer au forum du Parti des régions (dont il est membre) :
des extrémistes armés ont tiré sur son cortège. Au matin du 22 février, son
service de sécurité lui annonce la présence de groupes extrémistes radicaux
dans la ville. Parallèlement à Kiev et sous pression des groupes radicaux
armés, les députés votent un décret transférant les pouvoirs du chef de l’Etat
au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov, en violation donc des
accords signés précédemment. Ianoukovitch fuit en Russie.
Les élites politiques occidentales
pensaient alors « avoir gagné » et avoir accompli leur « mission », à savoir
(au moins) destituer un chef d’Etat qui avait « osé » se retourner contre leurs
intérêts en refusant au dernier moment de signer un accord d’association avec
l’UE (sa principale faute vis-à-vis des occidentaux). Mais que se passe-t-il
par la suite ? Toute la Crimée et l’Ukraine du Sud-Est se révoltent massivement
: Sébastopol, Simferopol (capitale de la Crimée), Donetsk, Kharkov, Odessa,
Lougansk, Marioupol, Dnepropetrovsk, Kherson, Nikolaïev,…. Le Sud et l’Est du
pays montrent clairement qu’ils ne comptent nullement reconnaitre les autorités-putschistes
de Kiev. Les extrémistes des organisations ultra-nationalistes et néo-nazies de
l’ouest ukrainien (PraviySektor, Svoboda, UNA-UNSO…) qui font désormais
la loi dans les rues, aussi bien dans la partie occidentale du pays que dans la
capitale également, menacent alors directement les régions pro-russes de «
descentes armées » massives afin de « mâter toute résistance Moskal » (Moskal :
terme péjoratif signifiant « Russe »).
La Crimée organise des groupes
d’auto-défense, l’Est du pays suit le pas. La République autonome de Crimée
demande la protection de la Russie. Le président russe Vladimir Poutine soumet
la demande au Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement russe). Les
sénateurs donnent une réponse positive pour l’autorisation de l’utilisation des
forces armées de la Fédération de Russie en Ukraine jusqu’à la normalisation de
la situation politique dans le pays. Ils demandent par ailleurs au président
russe de rappeler l’ambassadeur de Russie aux USA, suite aux menaces étasuniennes.
La Crimée est sécurisée mais la Russie n’a pas encore fait usage de la
possibilité d’envoi de troupes russes supplémentaires. A ce propos, une
défection massive se poursuit dans les rangs des forces armées ukrainiennes, et
ce à différents niveaux. Fait majeur : le commandant de la marine ukrainienne,
l’amiral Denis Berezovski, a prêté tout dernièrement serment à la Crimée.
Sans oublier la frégate Hetman
Sahaidachniy, le navire amiral de la flotte ukrainienne qui revenait d’une
patrouille dans le golfe d’Aden. Ayant refusé de reconnaitre et de suivre les
ordres du nouveau pseudo-gouvernement ukrainien, le navire a hissé le drapeau
de la flotte militaire maritime de Russie. Un coup très dur pour les autorités
improvisées de Kiev. D’autre part et à l’heure actuelle, plus de 3000
militaires des forces armées ukrainiennes ont déjà prêté allégeance au peuple
de Crimée. Apparemment, ce n’est que le début. Peut-on d’ailleurs parler de
défection ? Certainement pas. Plutôt d’un engagement moral lorsque le pays (ou du
moins une partie dont la capitale) est aux mains de forces et de marionnettes
néo-fascistes. La Crimée elle, est devenue le pôle de résistance par
excellence, à l’image de sa glorieuse histoire : que ce soit lors de la
résistance face à la coalition du Royaume-Uni, la France et l’Empire ottoman au
XIXème siècle ou la résistance farouche aux occupants nazis durant la Seconde
Guerre mondiale.
L’Ukraine est donc divisée plus que
jamais. A qui la faute ? La Russie et ses canaux diplomatiques ont prévenu
tellement de fois les « partenaires » occidentaux de ne pas attiser la haine et
la division dans un pays déjà tellement divisé. Une division qui ne date pas
d’hier car l’Ukraine dans sa forme actuelle est un Etat (faut bien le dire)
artificiel avec des composantes qui trop souvent ont une interprétation de
l’histoire, du passé, du présent et du futur totalement opposée. Si les
Occidentaux avaient écouté, l’Ukraine aurait peut-être pu garder ne serait-ce
qu’un semblant d’unité. Ont-ils écouté ? Non, ils ont préféré poursuivre leurs
plans maléfiques et néfastes dans la déstabilisation du pays, en espérant par
la même occasion prendre une revanche sur la Russie pour tous leurs échecs plus
ou moins récents.
Aujourd’hui et on le voit bien, cela est
tout simplement impossible. Le pays est partagé entre des populations voyant
leur avenir d’une manière entièrement différente. La Russie continue pourtant
de demander à ce qu’il y ait un véritable dialogue en Ukraine. Le problème,
c’est que tant qu’il y a un gouvernement illégitime à Kiev, qu’une partie du
pays est contrôlée par des éléments racistes et xénophobes et qu’il y a une
menace ouverte vis-à-vis des populations russophones et russophiles d’Ukraine,
vraisemblablement le dialogue est très peu probable.
Maintenant, revenons aux « menaces
occidentales », en premier lieu des USA (on s’abstiendra de parler des
satellites). Obama a menacé la Russie en déclarant « qu’elle paiera cher son
intervention (éventuelle) en Ukraine». La seule chose à dire ici est
qu’avant de parler de paiement, les USA devraient commencer par rembourser leur
colossale dette extérieure, le pays le plus endetté du monde se nourrissant des
ressources et du sang des autres Etats. Quant aux déclarations du secrétaire
d’Etat étasunien John Kerry qui a affirmé que « la Russie serait isolée au
sein de la communauté internationale », cela avait bien l’air d’une très
mauvaise blague, surtout suite aux échanges en ce 3 mars entre le ministre
russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue chinois Wang Yi,
desquels il ressort que la Chine soutient la position de la Russie. « Les
ministres ont procédé à un échange de vues sur les événements en Ukraine et
constaté la similitude des positions russe et chinoise face à la situation qui
règne dans ce pays et autour de lui », indique le communiqué publié sur le
site ministériel russe… Une position qui est et qui sera certainement soutenue
par les autres alliés, et ce au niveau global. En protégeant la vie de tous
ceux qui ont demandé son aide et assistance, de même que ses intérêts, la
Russie évite justement qu’il y ait un bain de sang aujourd’hui en Ukraine. Une
mission qu’elle remplit en ce moment avec succès. Et ses alliés et partenaires
honnêtes le savent parfaitement. Donc parler « d’isolement » est véritablement
une bien grande farce.
Pour revenir aux USA et mis à part
l’alliance de ce pays avec des extrémistes, que ce soit les salafistes en Libye
et en Syrie, et maintenant avec les néo-nazis en Ukraine, ce pays a vraiment du
culot d’oser parler de justice alors que son rôle dans l’histoire de l’humanité
a justement été non pas d’éviter les bains de sang mais au contraire de les
accroître. Un pays responsable des pires crimes contre l’humanité : seules
utilisations d’armes nucléaires contre la population à ce jour, guerre du
Vietnam, putschs criminels en Amérique latine, soutien actif des régimes
racistes d’apartheid en Afrique du Sud et Israël, bombardement de la
Yougoslavie et de la Libye. Financement, soutiens armés et logistiques de
rébellions responsables de crimes contre l’humanité, comme en Côte d’Ivoire et
plus récemment en Syrie, maintes tentatives de déstabiliser aujourd’hui les
alliés de la Russie en Amérique latine, comme en ce moment au Venezuela, des
victimes aux quatre coins du monde parmi lesquelles beaucoup de femmes,
d’enfants et d’hommes de tous les âges. La liste est loin d’être exhaustive.
Maintenant, on dit stop !
Quant aux « menaces » de faire sortir la
Russie du G8, il est à croire que cela ne pourrait être que positif. Ce groupe
ne représente aucunement les intérêts de la Russie à l’heure actuelle. Le temps
du G7 + 1 (où la présence russe était comme une sorte de « bienfaisance » de la
part des Occidentaux) est aujourd’hui complètement révolu. La priorité de la
Fédération de Russie est aujourd’hui le développement de l’alliance au sein des
pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ainsi qu’au sein
de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui compte en son sein la
Russie, la Chine et les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan,
Kirghizistan, Tadjikistan), de même que plusieurs Etats observateurs, dont
l’Iran. Sans oublier bien évidemment l’intégration au niveau eurasiatique avec
l’Union douanière et le projet d’Union eurasiatique. C’est cela la priorité. Pour
finir, rappelons-nous que l’Occident politique n’est aucunement représentatif
de toute la communauté internationale, très loin de là, et surtout pas de toute
l’humanité. Plus vite ses élites politiques et financières le comprendront,
mieux ce sera pour elles-mêmes.
Titre original :
« Yougoslavie, Irak, Libye, Syrie,
Venezuela, Ukraine… : trop, c’est trop ! »
Source :
La Voix de la Russie 04
mars 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire