Démonstration de force de l'opposition à Ouagadougou le 18 janvier 2014 |
Malgré
tous les échafaudages du comité de suivi de la mise en œuvre des réformes
politiques, l’opérationnalisation du sénat demeure problématique. La tension
est toujours perceptible dans l’air. Aujourd’hui, les responsables
religieux sont sur la sellette. C’est à un véritable jeu musical (sic) que l’on
assiste.
Les
protestants n’expriment pas clairement leur point de vue même s’ils semblent
plutôt pour.
Les
musulmans, eux, sont divisés. Le 14 septembre, la Fédération des
Associations Islamiques du Burkina (FAIB) a été reçue par le président du
Faso. A sa sortie d’audience, le secrétaire général de cette structure,
Souleymane Compaoré a déclaré en substance, au nom de l’ensemble des musulmans
du Burkina Faso, ceci : « Nous sommes prêts à aller au sénat parce que
les musulmans trouvent leurs intérêts dans le sénat (...) ».
Cette déclaration est battue en brèche par l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans
au Burkina (AEEMB) et le Cercle d’Etudes, de Recherches et de Formation
Islamiques (CERFI), tous deux membres de la FAIB. « En tant qu’organisations autonomes, membres de la Fédération des
Associations Islamiques du Burkina (FAIB), nous faisons le constat que l’idée
du Sénat constitue un sujet qui divise toujours les Burkinabè. Par conséquent,
nos deux structures très surprises par les propos devant la presse du
Secrétaire Général de la FAIB, au sortir de l’audience accordée à la Fédération
par le Chef de l’Etat, le 14 septembre 2013, se démarquent desdits propos qui
ne reflètent pas la position de tous les Musulmans, encore moins celle adoptée
de façon consensuelle au sein de la Fédération. Du reste le Secrétaire général
de la FAIB en tant que porte-parole désigné, n’a pas été mandaté pour tenir de
tels propos. » Voici ce que les responsables de ces deux
associations écrivent dans une lettre ouverte datée du 15 septembre. Faut-il
s’attendre à des déclarations d’autres membres de la fédération soutenant les
propos du SG ? Rien n’est à exclure. Dans ce cas de figure, quelle image
l’opinion aurait-t-elle de la communauté musulmane ?
Les
catholiques de leur côté essaient « d’être cohérents ». Selon
Mgr Paul OUEDRAOGO, Président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, « L’Eglise
catholique, fidèle à sa nature et à sa mission, ne participe pas aux organes
délibératifs, exécutifs, législatifs ou judiciaires. L’Eglise catholique offre
ses services dans les structures consultatives et ses prières pour la cohésion
sociale, la justice et la paix. » Elle n’est donc pas partie prenante du
sénat. »
Le « consensus »
sur le sénat évoqué par le CCRP, dont les contours sont encore loin
d’avoir été définis, se révèle un véritable labyrinthe. C’est quasiment un
retour à la case départ. Le Burkina Faso est dans l’impasse sur cette question
du sénat. Faut-il contre vents et marées mettre en place cette
institution ? Faut-il au contraire courageusement la supprimer afin
de préserver la paix sociale ?
Une chose
est certaine. La plus-value que le sénat apportera à la démocratie burkinabè
n’a pas encore été démontrée. Malgré les récentes réformes, l’institution
demeure budgétivore pour un pays où « tout est prioritaire ». Le pays
surfe actuellement sur une vague dangereuse qui pourrait se solder par des confrontations
interreligieuses. Les fidèles des différentes religions sont déjà
étiquetés. Ça sent le roussi. Les Burkinabè attendent donc une décision sans
équivoque du chef de l’Etat sur le sénat, au terme de ses différentes
consultations.
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