lundi 3 mars 2014

BURKINA FASO : LA TENTATION DU PIRE…

Démonstration de force de l'opposition
à Ouagadougou le 18 janvier 2014
Jamais institution n’aura autant divisé les Burkinabè.
Malgré tous les échafaudages du comité de suivi de la mise en œuvre des réformes politiques, l’opérationnalisation du sénat demeure problématique. La tension est toujours perceptible dans l’air. Aujourd’hui, les responsables religieux sont sur la sellette. C’est à un véritable jeu musical (sic) que l’on assiste.
Les protestants n’expriment pas clairement leur point de vue même s’ils semblent plutôt pour.
Les musulmans, eux, sont divisés. Le 14 septembre, la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB) a été reçue par le président du Faso.  A sa sortie d’audience, le secrétaire général de cette structure, Souleymane Compaoré a déclaré en substance, au nom de l’ensemble des musulmans du Burkina Faso, ceci : « Nous sommes prêts à aller au sénat parce que les musulmans trouvent leurs intérêts dans le sénat (...) ».
Cette déclaration est battue en brèche par l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) et le Cercle d’Etudes, de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI), tous deux membres de la FAIB. « En tant qu’organisations autonomes, membres de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB), nous faisons le constat que l’idée du Sénat constitue un sujet qui divise toujours les Burkinabè. Par conséquent, nos deux structures très surprises par les propos devant la presse du Secrétaire Général de la FAIB, au sortir de l’audience accordée à la Fédération par le Chef de l’Etat, le 14 septembre 2013, se démarquent desdits propos qui ne reflètent pas la position de tous les Musulmans, encore moins celle adoptée de façon consensuelle au sein de la Fédération. Du reste le Secrétaire général de la FAIB en tant que porte-parole désigné, n’a pas été mandaté pour tenir de tels propos. » Voici ce que les responsables de ces deux  associations écrivent dans une lettre ouverte datée du 15 septembre. Faut-il s’attendre à des déclarations d’autres membres de la fédération soutenant les propos du SG ? Rien n’est à exclure. Dans ce cas de figure, quelle image l’opinion aurait-t-elle de la communauté musulmane ?
Les catholiques de leur côté essaient « d’être cohérents ». Selon  Mgr Paul OUEDRAOGO, Président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, « L’Eglise catholique, fidèle à sa nature et à sa mission, ne participe pas aux organes délibératifs, exécutifs, législatifs ou judiciaires. L’Eglise catholique offre ses services dans les structures consultatives et ses prières pour la cohésion sociale, la justice et la paix. » Elle n’est donc pas partie prenante du sénat. »
Le « consensus » sur le sénat  évoqué par le CCRP, dont les contours  sont encore loin d’avoir été définis, se révèle un véritable labyrinthe. C’est quasiment un retour à la case départ. Le Burkina Faso est dans l’impasse sur cette question du sénat. Faut-il contre vents et marées mettre en place cette institution ? Faut-il au contraire courageusement la supprimer afin de préserver la paix sociale ? 
Une chose est certaine. La plus-value que le sénat apportera à la démocratie burkinabè n’a pas encore été démontrée. Malgré les récentes réformes, l’institution demeure budgétivore pour un pays où « tout est prioritaire ». Le pays surfe actuellement sur une vague dangereuse qui pourrait se solder par des confrontations interreligieuses. Les fidèles des différentes religions sont déjà étiquetés. Ça sent le roussi. Les Burkinabè attendent donc une décision sans équivoque du chef de l’Etat sur le sénat, au terme de ses différentes consultations.  

Source : www.lestratege.net 29 octobre 2013

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