Quand on parlait de théâtralité victimaire, qui
visait à profiter politiquement de la compassion suscitée par un état morbide,
certains avaient encore des doutes. Voilà que la prochaine étape de la
scénographie se met en place: il s’agira de convoyer à l’aéroport, pour
accueillir et applaudir le président, des milliers de désœuvrés ainsi que des
professionnels du spectacle protocolaire qui y seront transportés dans des bus
et minicars, contre de l’argent, des boites de sardine et du pain.
Le but étant de marquer les esprits en donnant à
l’opinion nationale et internationale l’image du président bien-aimé qui est
accueilli par son peuple qui se serait déplacé massivement et spontanément pour
lui marquer son attachement indéfectible. Une façon de donner une impression de
soutien populaire en prélude aux prochaines élections, mais aussi une façon
fort ingénieuse de faire passer sous silence les nombreux scandales de
corruption, de surfacturations et les actes de népotisme flagrants qui
éclaboussent le président et son gouvernement.
Voilà qui sera une belle façon de créer un écran de
fumée pour noyer l’échec de la politique du gouvernement qui n’a visiblement
aucune solution pour résoudre le problème du chômage qui devient endémique avec
un chiffre de près 7 millions de chômeurs selon les dernières estimation du
BIT.
En manipulant les émotions on noie ainsi la grogne
contre les scandales de favoritisme et de népotisme dont s’est rendu coupable
le président lui-même qui, dans un mélange de genre sans précédent au monde, a
nommé son frère comptable à la présidence avec rang et traitement de ministre
et a fait octroyer des marchés publics de gré à gré aux membres de sa famille
dont il participe ainsi à l’ enrichissement sur le dos du peuple.
En noyant ainsi le poisson par cette cynique
stratégie de communication politique qui instrumentalise la maladie et la
compassion que cela pourrait susciter, on croit parvenir à passer sous silence
les multiples reniements et trahison de sa propre-parole du Président Ouattara,
qui a pourtant juré sur tous les cieux qu’il n’y aurait pas d’impunité sous son
régime, alors qu’il continue de protéger et de promouvoir socialement de
nombreux auteurs de crimes économique et crimes de sang qui se déclarent
proches de lui.
Nous réitérons notre souhait de prompt
rétablissement au président Ouattara, dont nous ne nions point la banale
maladie qui a nécessité une opération légère ! Mais il faut avouer que nous
sommes choqué par toute cette orchestration scénographique indigne de lui, qui
conduit jusqu’au point de faire organiser son accueil à l’aéroport par les
populations.
Cette récupération politique de son état de
morbidité qu’il qualifie lui-même de bénin nous semble indigne de lui qui
voudrait pourtant se présenter comme un président moderne. Les victimes de
sciatiques et de hernies discales, il y en a des milliers en Côte d’Ivoire ;
ils n’ont pas tous l’occasion, encore moins les moyens d’utiliser l’argent
public pour aller se soigner en France ! Quand on a utilisé l’argent public
ainsi que le carburant du contribuable pour aller se soigner à l’étranger au
moment où ces derniers sont privés de soins dans nos hôpitaux, la décence voudrait
qu’on rentre discrètement.
Monsieur le président, vous nous avez promis la
transparence dans la gestion des affaires publiques, la lutte contre la
corruption et l’impunité, la justice équitable et des solutions à nos problèmes
d’emplois et de survie quotidienne, c’est sur ces terrains qu’on vous attend et
non sur le terrain d’organisation de spectacles politico-morbides.
Doumbia Major (In ivoireinfo.com)
Doumbia Major (In ivoireinfo.com)
Titre original : « Retour triomphal planifié du chef de
l’état: Une analyse du Docteur Doumbia Major »
en maraude
dans le web
Sous cette rubrique, nous vous
proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source :
La Dépêche d'Abidjan 1er Mars 2014
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